La rue Huysmans est une voie du 6e arrondissement de Paris.
Elle relie le boulevard Raspail, au niveau de la rue du Montparnasse, à la rue Duguay-Trouin. Elle est à sens unique pour la circulation automobile et pourvue d'un double-sens cyclable ; le stationnement y est unilatéral.
La rue Huysmans est emblématique de l'architecture parisienne des années 1910.
La rue Huysmans est desservie par les lignes 4 à la station Saint-Placide et 12 à la station Notre-Dame-des-Champs.
Il a été attribué à la rue le nom de l'écrivain Joris-Karl Huysmans (1848-1907) qui naquit, vécut et mourut — cinq ans avant l'ouverture de la rue — à diverses adresses du 6e arrondissement, en 1912. L'idée de donner son nom à une voie parisienne a été formulée en conseil municipal dès sa mort en 1907 (Cf. La création de la rue Huysmans).
Avant le XIXe siècle, l'emprise de la rue Huysmans est occupée par des jardins non bâtis. Au XVIIIe siècle, des carrières de pierre à bâtir calcaire sont exploitées dans le sous-sol de ces terrains.
Le bâtiment abritant la foire Saint-Germain brûla en 1762 et, celui reconstruit l'année suivante ne donnant pas satisfaction, on envisagea dans les années 1780 d'en élever un nouveau sur un vaste terrain gagné sur le jardin du Luxembourg et compris entre celui-là, la pépinière des Chartreux, le cul-de-Sac Notre-Dame-des-Champs (c'est-à-dire la partie australe de la rue de Fleurus actuelle) et la rue de Vaugirard. Le terrain se serait étendu pour partie sur l'emplacement de la rue Huysmans et aurait modifié la physionomie du quartier. Le marché fut finalement rebâti entre 1813 et 1818 par Jean-Baptiste Blondel et Auguste Lusson sur son emplacement originel, le long de la rue Mabillon.
Le banc de calcaire se trouve à une profondeur relativement faible de 9 mètres, si bien que la rue Duguay-Trouin est ouverte sous la Révolution, non pour la circulation comme le démontre son tracé, mais pour l'extraction des pierres par un puits situé dans son coude, sous l'actuel no 2 de la rue Huysmans. Ainsi, les immeubles des nos 1 à 7, côté impair, et 2 à 10, côté pair, sont sous-minés. La carrière qui s'étendait sous cette emprise a fait l'objet d'un effondrement presque généralisé entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle.
Dès la première moitié du XIXe siècle, les équipes de l'atelier du Luxembourg de l'Inspection générale des carrières avaient consolidé les cloches de fontis et remblayé la carrière selon la méthode dite par hagues et bourrages et, en 1855, il ne subsistait plus qu'une galerie d'inspection sous l'actuel côté pair de la rue Huysmans. Seule la galerie d'inspection sous la rue Duguay-Trouin existe encore aujourd'hui.
Dès l'achèvement du boulevard du Montparnasse, un projet visant à le relier au jardin du Luxembourg est émis. L'« avenue projetée » d'un plan projet de 1768 emprunte strictement le tracé finalement donné à la rue Huysmans. Sous le Premier Empire, un nouveau projet de transversale connectant les rues Notre-Dame-des-Champs et « de l'Ouest » (c'est-à-dire d'Assas) est formé, malgré l'ouverture récente de la rue de Fleurus jouant ce rôle. La voie, toujours arborée, devait aboutir à l'ouest de la rue Duguay-Trouin, presque à l'angle des rues Madame et de l'Ouest. L'entreprise resta à l'état de projet.
C'est finalement la percée d'un autre boulevard, plus proche — le boulevard Raspail — qui concrétisa la liaison entre les deux pénétrantes rue d'Assas et rue Notre-Dame-des-Champs, au début du XXe siècle.
Le quartier Notre-Dame-des-Champs est historiquement occupé par des congrégations religieuses, dont un certain nombre a des activités d'enseignement ou d'accueil des malades. Aussi, les parcelles comprises entre la rue Notre-Dame-des-Champs et la rue longtemps nommée « de l'Ouest » — actuelle rue d'Assas —, sont des terrains bâtis de maisons anciennes en bordure de voie publique derrière lesquelles s'étendent de grands jardins. L'achèvement du percement du boulevard Raspail entre les rues Stanislas et de Vaugirard en 1905 a entraîné la destruction d'un certain nombre de bâtiments sur la rue Notre-Dame-des-Champs ; l'emprise de la future rue Huysmans concerne quatre parcelles :
Le bâti, alors bien moins dense qu'aujourd'hui, se trouvait généralement en bordure de la voie publique plutôt qu'en fond de parcelle. Aussi, les constructions se trouvaient le long de la rue Notre-Dame-des-Champs et donc, pour les parcelles concernées, pour l'essentiel sur l'emprise du boulevard. Au nord de la percée se trouvaient leurs jardins ; séparés des bâtiments ou même désormais sans constructions, ces derniers devinrent dès lors à affecter. L'esprit de la percée haussmannienne ne souffrant aucune rupture dans l'alignement des immeubles bordant les boulevards, les terrains furent lotis puis vendus pour être bâtis.
L'ampleur de la parcelle du 27, rue Notre-Dame-des-Champs, la configuration de la rue Duguay-Trouin et le besoin de logements à Paris incitèrent à ouvrir une voie selon un axe sud-ouest/nord-est.
La création d'une voie partant de la rue Duguay-Trouin dans le cadre des travaux du boulevard Raspail est évoquée dès le mois de . Le « raccordement de la rue du Montparnasse et de la rue Duguay-Trouin » est résolu en Conseil municipal le . Une enquête est alors ouverte à la mairie du 6e arrondissement pour évaluer l'intérêt du projet. « Considérant que l'ouverture de cette voie nouvelle rendra des services appréciables à la circulation générale et que l'utilité, à cet égard, justifie amplement la dépense […] prévue pour cette opération », le Conseil municipal du autorise le Préfet de la Seine à provoquer un décret déclarant d'utilité publique l'ouverture de la rue projetée, permettant à la rue Duguay-Trouin de retrouver une utilité dans le réseau viaire : depuis un siècle, elle naissait et aboutissait à la même rue d'Assas. Dans le cadre d'un grand emprunt municipal de 900 millions de francs visant à mener des opérations d'urbanisme dans toute la ville, un million est affecté à la création de cette voie nouvelle et à l'élargissement de la rue Madame, parmi lesquels seuls 181 000 francs servent à l'ouverture de la future rue Huysmans, dont 52 000 francs sont consacrés à la viabilisation.
C'est ainsi qu'en 1912, à la faveur des travaux du boulevard Raspail, une voie, d'abord privée et presque aussitôt publique, est ouverte sur une parcelle tout en longueur qui reliait à l'origine la rue Notre-Dame-des-Champs au coude que forme la rue Duguay-Trouin, en vue de la border d'immeubles d'habitation.
« Considérant que le romancier Huysmans a honoré grandement les Lettres », le conseiller municipal de Paris Pierre Quentin-Bauchart formule en 1907, au nom de ses collègues Fortuné d'Andigné et Adrien Mithouard, la proposition d'attribuer le nom de Joris-Karl Huysmans à une rue de Paris, sans qu'il soit décidé laquelle. Henri Galli reprend la proposition en 1912 et, avec l'accord des propriétaires qui venaient d'acquérir les terrains à bâtir, il est attribué à la rue le nom de l'écrivain qui naquit, vécut et mourut — cinq ans avant l'ouverture de la rue — à diverses adresses du 6e arrondissement (il est né 9, rue Suger, a vécu 11, rue de Sèvres et est mort 31, rue Saint-Placide).
La construction des immeubles d'habitation s'est faite aussitôt, ce qui donne une homogénéité urbanistique et architecturale à l'alignement. La rue est de ce fait signalée au PLU pour son intérêt patrimonial et paysager en tant qu'« ensemble architectural cohérent d'immeubles d'habitation du tournant du XXe siècle ».
La rue est viabilisée (eau, gaz, électricité, égouts, pavage) en 1913. Les premiers immeubles sont achevés la même année. Le numérotage définitif des immeubles de la rue est décrété en 1915. Les travaux de ceux qui ne l'étaient pas en 1914 ont été suspendus jusqu'à l'armistice de 1918. Pavés de bois avant la Première Guerre mondiale, les 1 100 m2 de chaussée de la rue ont été asphaltés en 1921.
Le stationnement bilatéral est abandonné en 2021 au profit d'un double-sens cyclable, simultanément avec la partie est-ouest de la rue Duguay-Trouin.
La rue est bordée de onze immeubles : six du côté pair et cinq du côté impair. Leur gabarit est de 25 m ; y compris les étages en retrait de la façade, ils ont tous une hauteur comprise entre 24 et 27 m. Aucune destruction ni aucune construction n'étant intervenue depuis le lotissement de la rue, l'alignement originel de 1912 est respecté. Soulignée par le PLU, la singularité de l'unité architecturale est également relevée par l'historien de l'architecture François Loyer, qui note que l'immeuble posthaussmannien est « organisé en ensembles, il détermine un espace original, très prégnant visuellement », et qui illustre son propos entre autres photos par celle de la rue Huysmans. Fait singulier, aucune porte de service ne donne sur la rue Huysmans côté pair alors que la plupart des immeubles du côté impair permettent un accès séparé aux voies de circulation prévues à l'origine pour la domesticité. Tous sont néanmoins pourvus d'un escalier de service menant aux chambres de bonne, dont l'usage est encore généralisé dans la bourgeoisie parisienne du début du XXe siècle.
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