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Boulevard Saint-Michel (Paris)


Boulevard Saint-Michel (Paris)


Le boulevard Saint-Michel est une voie de Paris séparant les 5e et 6e arrondissements depuis la Seine jusqu'au quartier de Port-Royal.

Situation et accès

Le boulevard s'étend du pont Saint-Michel à l'avenue de l'Observatoire. Il est appelé familièrement « Boul’Mich’ », par contraction de « boulevard Saint Michel », qui lui fut jadis conféré par les étudiants, peut-être par anticléricalisme.

C'est la partie nord du boulevard qui est aujourd'hui la plus animée, grâce à ses nombreuses librairies et boutiques de vêtements, dont la librairie Gibert Joseph.

Il longe le jardin du Luxembourg.

Il donne notamment accès à l'entrée principale de la Sorbonne et du square Samuel-Paty, via la rue des Écoles, ainsi qu'au musée de Cluny, via la rue Du Sommerard.

Origine du nom

Cette voie doit son nom au pont Saint-Michel à laquelle elle mène et qui était situé au voisinage de la chapelle Saint-Michel du Palais.

Historique

Le boulevard Saint-Michel fut percé suivant les directives du baron Haussmann au XIXe siècle, parallèlement à la rue Saint-Jacques qui marque l'axe nord-sud historique. En 1855, un décret déclare d'utilité publique la création du boulevard Saint-Germain et le redressement et l'élargissement à trente mètres de la rue de la Harpe — qui finissait alors sur la place Saint-Michel, au carrefour de la rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel et de la rue d'Enfer —, destinée à prolonger le boulevard du Centre (actuel boulevard de Sébastopol) sur la rive gauche.

Le , la ville de Paris et l'État signent une convention prévoyant l'exécution dans un délai de dix ans, à partir du , du prolongement du boulevard de Sébastopol à travers à l'île de la Cité (actuel boulevard du Palais) et entre la place Saint-Michel et le carrefour de l'Observatoire,.

Le prolongement du boulevard Sébastopol (rive gauche), de la place Saint-Michel au carrefour de l'Observatoire, par l'élargissement à 30 mètres de la rue d'Enfer et de la rue de l'Est et l'isolement du jardin du Luxembourg du côté de la rue d'Enfer est déclaré d'utilité publique le 30 juillet 1859.

Le percement du boulevard entraîne la disparition partielle ou complète d'un certain nombre de rues existantes, telles la rue Mâcon, la rue Poupée et la rue Percée-Saint-André.

Il constituait, avec le boulevard de Sébastopol, le nouveau grand axe nord-sud de la capitale et fut tout d'abord appelé « boulevard de Sébastopol rive gauche » avant de changer de nom en 1867,.

En juillet 1880, un affaissement du sol dans une zone d'anciennes carrières a pour effet la formation d'un gouffre de 11 mètres de profondeur sous les immeubles portant les nos 79 et 81 (voir ci-dessous).

Le 30 janvier 1918, durant la première Guerre mondiale, le no 60 boulevard Saint-Michel est touché lors d'un raid effectué par des avions allemands.

En décembre 1958, entre 6000 et 7000 manifestants étudiants du Quartier latin qui voulaient marcher en direction du palais Bourbon sont stoppés par des gardiens de la paix au carrefour des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Peu après, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité un vœu condamnant des violences policières.

En mai 68, de par sa proximité avec la Sorbonne, le « boul' Mich' » est l'un des principaux lieux d'affrontement entre la police et les étudiants. Il a été bloqué de barricades et de fourgons de CRS pendant plus d'un mois.

L’extension jusqu’à la mer

Un candidat politique nommé Duconnaud proposa en 1928, en guise de promesse électorale, de prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer. L'idée fut ensuite reprise par Ferdinand Lop qui aurait, à la suite d'une question de savoir par quel bout il serait prolongé, répondit non sans panache : « Il sera prolongé jusqu'à la mer par les deux bouts »,.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Les principaux édifices du boulevard Saint-Michel sont :

  • les vestiges des thermes de Cluny (Ier siècle ou IIe siècle).
  • angle no 2, rue Racine et rue de l'École-de-Médecine : l'hôtel des Étrangers fut le lieu de réunion du Cercle des poètes zutiques.
  • no 5 : immeuble de rapport de l’architecte Benjamin Tremblay, acheté en 1867 par l’archéologue Heinrich Schliemann, découvreur de Troie.
  • no 31 : Zahari Stoyanov y décède le .
  • no 34 : annexe de la librairie Gibert Joseph depuis 1996.
    En 1938, le cinéma Le Latin ouvre à cet emplacement, précédemment occupé par un restaurant. Doté de 400 places, comportant un balcon, ce cinema est d'abord spécialisé dans les actualités et les courts-métrages puis dans les films policiers. En mai 68, une barricade est dressée à proximité. En 1972, il se reconvertit dans le cinéma pornographique, plus lucratif. La désaffection du genre dans les salles conduit à sa fermeture en septembre 1994. Deux ans plus tard ouvre l'annexe de la libraire Gibert Joseph, toujours présente en 2021.
  • no 44 : le lycée Saint-Louis.
  • nos 51 et 53 : entre ces deux numéros, la rue Cujas aboutit sur le côté est du boulevard Saint-Michel. Celui-ci passe un peu plus au sud par l'emplacement occupé du XIIIe siècle à 1684 par la porte d'Enfer (ou de Saint-Michel) de l'enceinte de Philippe Auguste. Cette porte de ville fortifiée, qui marquait, côté extra-muros, le point de départ de la rue du même nom en direction du sud, ayant pris le nom de porte Saint-Michel à la fin du XVe siècle, on donna ce nom au carrefour qui fut aménagé à sa place à la fin du XVIIe siècle et disparut à son tour dans les années 1860.
Après l'intersection avec le carrefour giratoire de la place Edmond-Rostand (à l'ouest), orné d'une fontaine, et la rue Soufflot (côté est), le boulevard longe les grilles du jardin du Luxembourg.
  • Nos 60-62 : hôtel de Vendôme, site principal de l'École des mines de Paris.
    À cet emplacement, en 1265, l’Hôtel-Dieu reçu en donation un terrain sur lequel se tenait un moulin à vent, considéré comme le premier construit à Paris.
  • No 63 faisant angle avec la rue Soufflot : ancien café Capoulade qui vit, le 10 février 1934, la création du groupe Nicolas Bourbaki, composé de mathématiciens (plaque commémorative).
  • Nos 64 et 64 bis : immeubles relevant du patrimoine immobilier affecté au Sénat.
  • No 64 : immeuble occupé par la conservation des Jardins du Luxembourg, dont le personnel dispense dans le pavillon Davioud (au sud-ouest du jardin) les cours gratuits de l'École d'horticulture du jardin du Luxembourg. Celle-ci fut ouverte en 1809 sur l'ancienne pépinière impériale du Luxembourg, à l'emplacement de celle des Chartreux.
    Une plaque indique que le poète Leconte de Lisle (1818-1894) habita cette maison de 1872 à sa mort.
  • No 69 : à l’angle avec la rue Gay-Lussac était située l’entrée de la station de la ligne de Sceaux, appelée gare Médicis. Elle était surmontée d’un auvent métallique et d’une horloge.
  • Nos 79 et 81 : immeubles haussmanniens situés dans une zone d'anciennes carrières ayant fait l'objet d'une consolidation au moyen de piliers prenant pied au sol même de la galerie située en dessus. Cette mesure conservatrice et de mise en sécurité des occupants a été prise et mise en exécution après un affaissement du sol et un effondrement spectaculaire qui se sont produits dans l'après-midi du , par temps d'orage, avec formation d'un gouffre de 18 mètres de long, de 7 mètres de large et de 11 mètres de profondeur. Malgré l'éboulement des fondations des façades de ces deux immeubles, les parties supérieures, suspendues sur le vide, étaient restées intactes, par un hasard extraordinaire.
  • no 87 : Édouard Branly (1844-1940) y demeure de 1928 à sa mort,,,
  • no 91 : l'actrice de cinéma muet Maryse Dauvray (1891-après ), y demeure lors de son mariage en 1918
  • no 93 : Foyer international des étudiantes. En 2019, une plaque est apposée en hommage à sa fondatrice, Grace Whitney Hoff.
  • no 95 : immeuble de la première moitié du XIXe siècle au rez-de-chaussée duquel logea le compositeur César Franck (1822-1890), de 1865 jusqu'à sa mort.
  • nos 101 et 103 : place Louis-Marin, aménagée en 1967 sur le terre-plein devant ces deux immeubles et ornée de la fontaine de la Guérison. Située à hauteur de la rue Auguste-Comte, elle est délimitée à l'ouest par le boulevard. Sur le côté opposé aboutit la rue de l'Abbé-de-L'Épée. Au sud s'embranche une section de l'ancienne rue d'Enfer qui subsiste sous la dénomination rue Henri-Barbusse.
  • no 111 : immeuble signé ROSET & BOILLAT ARCHITECTES 1909 (au premier étage à droite, entre deux fenêtres), abritant le Centre culturel d'Égypte au rez-de-chaussée.
  • no 115 (anciennement 7, rue de l'Est) : site de construction du futur Centre culturel marocain (Oualalouchoi + Choi architectes) commandité par l'ambassade du Maroc en France.
    Il occupe l'emplacement d'une ancienne maison d'artistes datant de 1824[réf. nécessaire] comprenant deux ateliers — de peinture au quatrième étage, de sculpture au rez-de-chaussée — et un décor orientalisant, aménagé en 1865 par le sculpteur Charles Cordier pour mettre en scène ses œuvres lors de la vente de sa collection. Cette maison a accueilli de nombreux artistes avant d'abriter à partir de 1957 et jusqu'aux années 1980 le siège de l'Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA). Elle a été démolie en 2018.
    Liste des principaux artistes y ayant travaillé de 1824 à 1948 (par année de naissance) :
    — Pierre Cartellier (1757-1831), sculpteur, décédé en sa maison, rue de l'Est, no 7
    — Jean-Baptiste-Louis Roman (1792-1835), sulpteur
    — Louis Petitot (1794-1862), sculpteur
    — Bernard-Gabriel Seurre (1795-1867), sculpteur
    — Charles-Marie-Émile Seurre (1798-1858), sculpteur
    — Eugène Devéria(1805-1865), peintre (atelier du quatrième étage, il y peignit La naissance de Henri IV, présenté au salon de 1827)
    — Louis Boulanger (1806-1867), peintre (atelier du quatrième étage, il y peignit Le supplice de Mazeppa, présenté au salon de 1827)
    — Gustave Flaubert(1821-1880), écrivain
    — Charles Cordier (1827-1905), sculpteur (atelier du rez-de-chaussée)
    — Alexandre Falguière(1831-1900), peintre et sculpteur
    — Henri Regnault(1843-1871), peintre (atelier du quatrième étage)
    — Georges Clairin(1843-1919), peintre (atelier du quatrième étage)
    — Antonin Mercié(1845-1916), peintre et sculpteur (atelier du rez-de-chaussée)
    — Luc-Olivier Merson (1846-1920), peintre (atelier du quatrième étage)
    — Étienne Buffet (1866-1948), peintre (atelier du quatrième étage)
    — William Laparra (1873-1920), peintre (atelier du quatrième étage).
  • no 133 : le peintre Guillaume Fouace y vécut de 1885 à 1887.

Emplacements non localisés

  • Lucien Rudaux (1874-1947) était domicilié boulevard Saint-Michel.
  • Claude Rich (1929-2017) y a habité dans sa jeunesse.

Galerie

Plaques commémoratives

Notes et références

Notes
Références

Liens externes

  • Le Boul'Mich (1884) de Joseph Caraguel sur Wikisource
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  • Portail de la route

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Boulevard Saint-Michel (Paris) by Wikipedia (Historical)


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