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Mousquetaire


Mousquetaire


Le mousquetaire est un militaire armé d'un mousquet. Des corps d'armée de ce type ont existé dans plusieurs pays, mais le plus célèbre a été formé par les mousquetaires français, qui ont existé principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles. Dans les arts, les mousquetaires ont été rendus célèbres au XIXe siècle par plusieurs œuvres littéraires, dont le roman Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas et la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, qui s'inspirent librement des vies respectives de l'homme de guerre d'Artagnan et de l'écrivain libertin Savinien de Cyrano de Bergerac. Ces œuvres ont elles-mêmes alimenté le genre du roman de cape et d'épée, ensuite décliné sur d'autres supports.

Les mousquetaires en France

Les débuts du corps

Le corps des mousquetaires de la maison militaire du roi de France est créé en 1622 lorsque Louis XIII dote de mousquets, arme plus puissante que l'arquebuse, une compagnie de chevau-légers de la Garde, créée par Henri IV. Elle est connue sous le nom de compagnie des mousquetaires du roi.

De 1622 à 1627, les mousquetaires dépendent du capitaine-lieutenant des chevau-légers. Le premier occupant du poste en 1622 est Charles de Bérard, marquis de Montalet (décédé en 1627, et non pas son père, Jean, marié en 1576 en Languedoc - erreur courante faite entre les deux générations.). Louis XIII le fait capitaine-lieutenant de la compagnie des mousquetaires, le titre de capitaine revenant au roi. Le commandement effectif est assuré par Jean-Armand du Peyrer, comte de Tréville. Ce corps est nommé d'abord Compagnie de Mousquetons du Roi, puis des Mousquetaires du Roi.

Les mousquetaires sont recrutés uniquement parmi les gentilshommes ayant déjà servi dans les Gardes. L'accès aux mousquetaires, corps d'élite et de parade, proche du roi, représente une promotion. En quittant ses rangs, on est nommé enseigne ou lieutenant dans les Gardes ou officier dans les régiments. En l'absence d'école militaire, le passage sous les yeux du souverain permet de vérifier la compétence et la fidélité de chaque homme. Les mousquetaires sont d'abord des combattants à cheval, puis indifféremment à pied ou à cheval. Chaque compagnie utilise donc un porte-drapeau à pied et un porte-étendard à cheval. Ils forment la garde habituelle du roi à l'extérieur, la garde à l'intérieur des appartements royaux étant assurée par les gardes du corps et des gardes suisses.

Les mousquetaires du Cardinal

Richelieu étant menacé de mort, notamment par Gaston de France, Louis XIII lui ordonne de se créer des gardes personnels qui deviennent progressivement un corps de mousquetaires pour son service. Il préféra avoir sa propre garde aux couleurs de l'Église, c'est-à-dire le rouge. Les mousquetaires du roi dépendaient du capitaine des mousquetaires, alors que ceux du cardinal dépendaient de lui directement.

Le règne de Louis XIV

En 1646, Mazarin fait dissoudre la compagnie des mousquetaires du roi, sous prétexte qu'ils sont trop turbulents. Elle réapparaît[pourquoi ?] en 1657 avec un effectif de 150 hommes.

À la mort de Mazarin en 1661, la compagnie des mousquetaires du cardinal passe au service du roi. En 1664, elle est réorganisée sur le modèle de la première compagnie et reçoit le surnom de « mousquetaires gris » dû à la robe de leurs chevaux, alors que la deuxième compagnie créée en 1663 est appelée « mousquetaires noirs », ces derniers ayant des chevaux noirs. La devise des mousquetaires gris est « Quo ruit et letum » (« Où elle tombe [allusion à la bombe représentée], la mort aussi », « Où elle tombe la mort vient avec elle ») et celle des noirs « Alterius Jovis altera tela » (« Les autres traits d'un autre Jupiter »).

Chaque compagnie dispose d'un fourrier, d'un aumônier, d'un apothicaire, d'un sellier, d'un maréchal-ferrant, de six tambours et de quatre hautbois. Chaque mousquetaire doit se monter, s'habiller et s'équiper à ses frais. Le roi ne fournissait que le fusil et le mousquet, les pistolets et les épées devaient être achetés. Si au début les mousquetaires n'avaient pas d'uniforme (ils portaient pour se distinguer une casaque bleue ornée de 4 croix de velours blanc qui leur servaient de manteau, mais était peu pratique lors des combats), par la suite, une tenue est fixée. L'habit est rouge écarlate et brodé d'or avec des manches et un col satinés de blanc et de dentelle ainsi qu'un chapeau au panache blanc. Les bottes sont demi-fortes (ce qui les rend plus commodes que les grosses bottes de cavalerie qu'avaient les mousquetaires au début). Selon François Bluche, au début du XVIIIe siècle, un mousquetaire avait besoin de 1 000 livres pour s'équiper en temps de paix et de 2 000 livres en temps de guerre.

À la même époque, l'effectif des compagnies est doublé afin de satisfaire une demande de la noblesse. Depuis les réformes de Le Tellier, les nobles sont obligés de passer un certain temps dans la troupe avant d'accéder au grade d'officier. Nombre d'entre eux préfèrent effectuer ce service dans un corps des plus prestigieux, ne rassemblant que des nobles en principe : « en principe ».

Parmi les mousquetaires devenus célèbres, on trouve aussi bien des militaires comme le maréchal de Montesquiou que des écrivains comme le duc de Saint-Simon.

La première compagnie s'installe dans une caserne, rue du Bac. C'est la première caserne construite à Paris. Elle sera supprimée par Louis XVI en 1775. Vendus en 1834, les bâtiments les plus anciens seront détruits dont il reste quelques vestiges que l'on peut voir de la rue de Verneuil, de la rue de Beaune ou de la rue du Bac.

La seconde compagnie s'installe dans une seconde caserne à l'emplacement de l'hôpital des Quinze-Vingts.

Le XVIIIe siècle

La couleur donnée aux compagnies de mousquetaires correspond à celle de la robe de leurs chevaux. La compagnie des Mousquetaires Noirs est plus recherchée que celle des Mousquetaires Gris.

Les compagnies de mousquetaires sont dissoutes, selon les sources, en 1775 par le comte de Saint-Germain, dans le cadre des réformes de l'armée, ou en 1776, par Louis XVI, pour des raisons d’économie.

Il est reformé en 1789 et dissous à nouveau en 1792, en même temps que l'ensemble de la Maison du roi.


Le XIXe siècle

Louis XVIII reconstitue le corps des mousquetaires le 6 juillet 1814, et les dissout définitivement le 1er janvier 1816.

Les mousquetaires dans le monde

Perse

En Perse, c'est sous la dynastie Séfévide, en particulier sous l'égide de Abbas Oskuizadeh Ier le Grand (1571-1629), qu'un groupe de 12 000 mousquetaires, les tofangtchis, est créé. Leur dirigeant, un gholam (soldat esclave), est l'un des six personnages les plus importants de l'Empire.

Représentations dans les arts

Littérature

Les Trois Mousquetaires et le roman de cape et d'épée

Alexandre Dumas les a immortalisés dans la trilogie Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne, en s'inspirant de la devise des mousquetaires : Tous pour un, un pour tous.

Ce roman a rendu populaires les mousquetaires, mais ne doit en aucun cas être considéré comme une œuvre historique, tant les libertés prises avec l'histoire sont nombreuses. S'appuyant sur un ouvrage de Gatien de Courtilz de Sandras publié en 1700, Mémoires de Monsieur d'Artagnan ; dans ces mémoires apocryphes, l'auteur présente une vision très romanesque du règne de Louis XIII.

Romans de cape et d'épée

Les mousquetaires forment un type de personnage récurrent du genre romanesque populaire appelé le roman de cape et d'épée, qui s'inspire souvent des combats à l'escrime pratiqués au XVIIe siècle et aime à mettre en scène des mousquetaires parmi ses héros. Nourris d'une base historique, ces romans prennent souvent des libertés avec la réalité historique, de la même façon que Dumas. Ils peuvent intégrer des éléments de fantastique ou de merveilleux. Les Lames du cardinal, cycle romanesque de fantasy historique publié par Pierre Pevel entre 2007 et 2010, a pour personnages principaux des mousquetaires au service du cardinal de Richelieu, sur le même principe que les gardes du Cardinal historiques, mais dans un univers alternatif où la magie et les dragons existent et où le siège de la Rochelle en 1627-1628 a échoué.

La Semaine sainte

Louis Aragon dans La Semaine sainte, paru en 1958, met en scène des mousquetaires gris, dont le peintre Théodore Géricault, lors de la fuite de Louis XVIII au début des Cent-Jours.

Peinture

Iconographie

Le peintre Pablo Picasso a peint plusieurs tableaux représentant des mousquetaires : Femme nue et mousquetaire (1967), Mousquetaire assis (1967), Mousquetaire et amour (1969), Tête de mousquetaire (1971) ou encore Mousquetaire aux oiseaux (1972).

Sculpture

Gustave Doré a sculpté une statue représentant D'Artagnan, située sur la place du Général-Catroux, à Paris.

Cinéma

Le genre cinématographique du film de cape et d'épée met régulièrement en scène des mousquetaires, souvent par l'intermédiaire d'adaptations plus ou moins fidèles de romans de cape et d'épée, en premier lieu Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas et ses suites. Le cinéma invente des suites aux aventures des mousquetaires dumasiens. Le réalisateur américain Richard Lester crée une trilogie Les Trois Mousquetaires (1973), On l'appelait Milady (1974) et Le Retour des Mousquetaires (1989, librement inspiré de Vingt Ans après). En France, Bertrand Tavernier réalise La Fille de d'Artagnan en 1994.

Jeux de société

Plusieurs jeux de rôle sur table, relevant principalement du genre de cape et d'épée, mettent en scène des compagnies de mousquetaires librement inspirés de la réalité historique (en général du XVIIe siècle). Les Trois Mousquetaires (Flashing Blades), jeu américain paru en 1984, adapte librement le roman de Dumas en autorisant les joueurs à incarner aussi autre chose que des mousquetaires. La gamme des Swashbuckling Adventures, pour le d20 System, parue en 2002-2003, propose règles et décors pour des aventures de cape et d'épée génériques inspirées de l'Europe du XVIIe siècle. Mordiou !, du Grümph, paru en France en 2016, se déroule dans un Paris imaginaire au XVIIe siècle.

Certains de ces jeux de rôle relèvent de l'historico-fantastique, comme Tous pour un ! Régime diabolique (All for One - Régime Diabolique), paru au Royaume-Uni en 2010, où l'on incarne des mousquetaires ayant affaire à des sorciers et à des créatures issues de l'imaginaire chrétien, comme des démons ou des gargouilles. Certains jeux mélangent les codes du genre de la fantasy à une inspiration générale puisée dans la Renaissance, le XVIIe siècle et les romans de cape et d'épée, comme le jeu de rôle américain Les Secrets de la septième mer, parue en 1999, dont l'univers de jeu, Théah, est une Europe du XVIIe siècle alternative où l'équivalent de la France, appelé Montaigne, fait la part belle aux personnages de mousquetaires. Les Lames du cardinal, qui adapte en 2014 le cycle de romans français du même nom publié par Pierre Pevel, permet en revanche de jouer des soldats-espions au service du cardinal de Richelieu.

D'autres univers de jeux de rôle mêlent à la réalité historique des éléments de science-fiction. Mousquetaires de l'ombre, paru en France en 2004, permet d'incarner des membres d'une compagnie secrète de mousquetaires d'élite chargés de faire face aux Évadés, qui ne sont autres que des extra-terrestres échappés d'un vaisseau pénitentiaire écrasé en pleine forêt de Fontainebleau.

Spectacle

Les Mousquetaires de la reine est un opéra comique que Fromental Halévy composa sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges.

Le compositeur français Louis Varney crée en 1880 l'opérette Les Mousquetaires au couvent, sur un livret de Jules Prével et Paul Ferrier, basée sur un vaudeville d'Amable de Saint-Hilaire et Paul Duport, L'habit ne fait pas le moine (1835).

Liste de mousquetaires français

Expositions

  • Mousquetaire, jusqu'au , Hôtel des Invalides, Musée de l'Armée 19 rue de Grenelle, Paris.
Collection James Bond 007

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Abbé Jacques Paul Migne, Encyclopédie théologique, t. III, p. 146 et suivantes.
  • Pascal Brioist, Hervé Drévillon et Pierre Serna, Croiser le fer : violence et culture de l'épée dans la France moderne (XVIe – XVIIIe siècle), Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », , 429 p. (ISBN 2-87673-352-8, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Brigitte Postel, Mousquetaires, Archéologia, no 522, p. 50-57.
  • Rémi Masson, Les mousquetaires ou La violence d'État, Paris, Vendémiaire, coll. « Le Temps de la guerre », , 156 p. (ISBN 978-2-36358-117-4).
  • Rémi Masson, Défendre le roi : la Maison militaire au XVIIe siècle, Ceyzérieu, Champ Vallon, coll. « Époques », , 415 p. (ISBN 979-10-267-0530-7, présentation en ligne).
  • Joseph Miqueu, Le Béarn des Mousquetaires et des Soldats du Roi, Paris, Cercle Historique de l'Arribère (C.H.Ar.), (lire en ligne)
  • Olivier Renaudeau (dir.), Mousquetaires !, Paris, Gallimard / Musée de l'Armée, , 271 p. (ISBN 978-2-07-014470-9, présentation en ligne).
  • Julien Wilmart, « Des chevaux et des mousquetaires dans le Paris du XVIIe et du XVIIIe siècles », Histoire urbaine, no 44,‎ , p. 21-40 (lire en ligne)

Articles connexes

  • Caserne des Mousquetaires-Noirs
  • Compagnie des Mousquetaires du Roi

Liens externes

  • Les Gentilshommes de la Brette - Association d'Escrime Mousquetaire
  • Site consacré à d'Artagnan et aux Mousquetaires
  • Les Mousquetaires du Béarn
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Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Mousquetaire by Wikipedia (Historical)