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Text submitted to CC-BY-SA license. Source: by Wikipedia (Historical)



Rojava


Rojava


Le Rojava (« l'ouest » en kurde), ou Kurdistan occidental (kurde : Rojavayê Kurdistanê) ou Kurdistan syrien (arabe : کردستان السورية (Kurdistan Al-Suriyah)) ou Fédération démocratique du nord de la Syrie (arabe : الاتحاد الديمقراطي لشمال سوريا (Al-Ittiḥad A-dimuqraṭi Li Šamāli Surye)) (kurde : Federaliya Demokratîka Bakûrê Sûriyê), est une région rebelle autonome de fait dans le nord et le nord-est de la Syrie.

Depuis 2012, la majorité du Kurdistan syrien est contrôlée par des milices kurdes. En , des représentants kurdes, arabes, assyriens et d'autres minorités ont formé un gouvernement de facto dans la région autoproclamé sous le nom d'Administration transitoire intérimaire. Deux millions de Kurdes vivent sur ce territoire.

Les partisans de la région soutiennent une politique laïque, fondée sur des principes démocratiques, une forme de socialisme démocratique, l'égalité des sexes et l'écologie, qui transparaissent dans sa constitution.

Le , les Kurdes de Syrie proclament une entité « fédérale démocratique » dans les zones contrôlées et qui comprennent notamment les trois « cantons » kurdes d'Afrine, de Kobané et de la Djézireh, dans ce qui était jusqu'à présent une zone d’« administration autonome ». Cette entité est également dénommée Fédération démocratique du Rojava-Syrie du Nord. Dans sa constitution de , son nom officiel est celui de Système fédéral démocratique de Syrie du Nord (kurde : Sîstema Federaliya Demokratîka Bakûrê Sûriyê, arabe : النظام الاتحادي الديمقراطي لشمال سوريا (alnizam alaitihadiu aldiymuqratiu lishamal suria)). Cette déclaration a été faite à Rmeilane par le Parti de l'union démocratique (PYD) en présence d'autres partis kurdes, arabes et assyriens.

Le , à la suite d'une opération militaire turque, l'enclave d'Afrine passe aux mains de la Turquie et des forces rebelles syriennes de l'ANS. En , l'entité prend le nom d'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie, réduite une seconde fois à l'issue de l'intervention turque d'octobre 2019.

Histoire

Le terme est employé par certains mouvements nationalistes kurdes pour désigner une zone géographique, historiquement peuplée par les Kurdes, et incluse dans l’État syrien par les autorités françaises après la Première Guerre mondiale.

En effet, par l'accord franco-turc du 20 octobre 1921 la France avait annexé à la Syrie, placée sous son mandat, les provinces kurdes de la Djézireh et de Kurd-Dagh.

Immigration kurde vers la Syrie

De grands groupes de Kurdes ont quitté la Turquie tout au long de la première moitié du vingtième siècle (notamment entre les deux guerres mondiales) au cours desquels la campagne turque pour assimiler sa population kurde était à son apogée. En référence à cela, l'expert en études kurdes Jordi Tejel revendique :

« Néanmoins, les partis politiques kurdes n'ont jamais entrepris de contester les frontières nationales syriennes. Dans les années 1920, les militants kurdes tournent leur regard vers le Kurdistan turc, leur région d'origine. »

Jusqu'au début du 20e siècle, le gouvernorat d'Al-Hasakah (alors appelé province de Jazira) était un "no man's land" essentiellement réservé aux pâturages sous le contrôle des nomades et semi-sédentaires Shammar et Tayy tribus arabes. Ces premières vagues de Kurdes sont arrivées avec la pose de la partie Alep-Bagdad du chemin de fer Berlin-Bagdad. Lorsque Maurice Abadie, un général français, supervisait l'occupation française de la Syrie, il a fait des observations sur l'histoire de la colonisation kurde en Syrie et sur la région à l'ouest de l'Euphrate en général :

« Au cours du siècle dernier, les Kurdes ont immigré et se sont répandus dans le nord de la Syrie. »

Aujourd'hui[Quand ?], les populations kurdes occupent le long de la frontière turque trois zones étroites séparées, les régions d'Afrine, de Kobané et de Qamichli, raison pour laquelle certains auteurs ne parlent pas d’un « Kurdistan syrien » mais plutôt de « régions kurdes de Syrie ».

En 1962, 20 % des Kurdes de Syrie sont privés de la citoyenneté syrienne à la suite d'un recensement controversé.

Pendant la guerre civile syrienne

Prise de contrôle des régions kurdes par le PYD

En 2011, les premières manifestations contre Bachar el-Assad dans le Kurdistan syrien éclatent le 1er avril à Qamichli, Amouda et Hassaké. Les protestataires réclament alors la « citoyenneté » mais aussi la « liberté ». Le régime syrien ménage cependant les Kurdes et l'armée évite de tirer à balles réelles dans les villes où ils sont majoritaires. Le , Bachar el-Assad promulgue un « décret octroyant à des personnes enregistrées comme étrangères dans le gouvernorat de Hassaké la citoyenneté arabe syrienne ». La mesure concerne 300 000 personnes,. Le gouvernement tolère également l'ouverture par le PYD de trois centres culturels à Alep, Qamichli et Malikiyeh et de quatre écoles en langue kurde. « Inimaginable il y a peu » selon Le Monde.

Les manifestations se poursuivent cependant,. Le , Mechaal Tamo, un important responsable politique kurde engagé dans la révolution syrienne, fondateur du Courant du futur (en), est assassiné à Qamichli,,. Le lendemain, 50 000 personnes assistent à ses funérailles. L'armée syrienne tire et tue deux personnes,.

Le principal parti kurde, le Parti de l'union démocratique (PYD), mouvement inspiré par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mène une politique ambiguë entre le régime et l'opposition. En quelques mois, le régime libère la moitié des 640 militants du PYD emprisonnés. Le président du PYD, Salih Muslim, réapparaît également au grand jour alors qu'il était auparavant recherché par les autorités. Le , il participe à Damas à une réunion d'opposants tolérés par le régime. Il devient également le vice-président du Comité national pour le changement démocratique, une structure rivale du Conseil national syrien (CNS) qui demande le démantèlement de l'appareil répressif mais pas le départ du président Assad. D'autres formations kurdes rejoignent en revanche le CNS.

Avant même de proclamer son autonomie, le Kurdistan s'attribue des pouvoirs marquant un contrôle de fait, par exemple la création de plaques d'immatriculation distinctes des plaques syriennes.

En , la bataille d'Alep débute. L'armée syrienne retire alors ses forces du Kurdistan syrien pour renforcer ses troupes à Alep. Les loyalistes maintiennent des garnisons dans les villes de Qamichli et d'Hassaké, mais les miliciens du PYD prennent sans tirer un coup de feu le contrôle d'Afrine le , de Kobané le et de plusieurs autres localités,. La région passe alors sous le contrôle du PYD et de sa branche armée, les YPG. Ces derniers écartent les partis du Conseil national kurde (CNK) liés à Barzani et proches du Conseil national syrien, dont les dirigeants sont contraints de s'exiler au Kurdistan irakien.

Proclamation d'autonomie

En 2012, le régime d'Assad prend peur et décide d'envoyer ses troupes vers Alep ou Damas, ce qui permet de laisser l'insurrection se développer dans les villes d'Afrine, Kobané et Al-Hasaka.

Depuis le , le Kurdistan syrien dispose de sa propre administration autonome. L’annonce a été faite par le principal parti kurde syrien, le Parti de l'union démocratique (PYD), proche, sur le plan des idées, du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le PYD se donne pour objectif de gérer les questions « politiques, militaires, économiques et de sécurité dans la région et en Syrie ».

Cette annonce a été faite unilatéralement par le PYD sans l’accord explicite du Conseil national kurde qui reproche au PYD « d’aller dans la mauvaise direction ». Le PYD, pour sa part, reproche à l’opposition syrienne non islamiste de n’avoir rien fait pour défendre les localités kurdes attaquées depuis le printemps par des groupes djihadistes comme l’État islamique, le Front al-Nosra, et même des formations salafistes comme Ahrar al-Cham.

Le , le Parti de l'union démocratique proclame une constitution du Rojava.

L'enclave de Kobané

En automne 2014, l'État islamique conquiert les régions syriennes entourant Kobané et marche sur la ville. La population fuit en Turquie, alors que les combattants kurdes défendent la ville.

La résistance kurde fait de Kobané une bataille d'usure et un symbole majeur dans la lutte contre l'EI. La coalition anti-EI se concentre sur les forces de l'EI participant à cette bataille (voir Opérations aériennes de la coalition internationale en Syrie), et l'opinion publique occidentale soutient largement les Kurdes.

Finalement, en , les djihadistes sont repoussés de la ville en ruines, mais les combats continuent dans la région environnante. Au mois de juin de la même année, le blocus du canton de Kobané est définitivement rompu après la victoire des YPG à la bataille de Tall Abyad.

Depuis la prise de Tall Abyad, et hormis le poste-frontière de Qamichli tenu par les Forces armées syriennes, les Kurdes contrôlent la quasi-totalité de la frontière turco-syrienne située entre le fleuve Euphrate et la frontière irakienne.

En décembre, un Conseil démocratique syrien est formé dans le Rojava.

Proclamation d'une région fédérale

Le , à Rmeilane, le PYD et des factions arabes et assyriennes annoncent la création d'une région fédérale dans le nord de la Syrie. Cette annonce est aussitôt rejetée par le régime syrien, l'opposition syrienne, les États-Unis et la Turquie,,,. La Russie, elle, avait proposé une solution fédérale le ,.

Cependant le , Haytham Manna (en), co-président avec Ilham Ahmad (en) du Conseil démocratique syrien, démissionne et critique la proclamation de la région fédérale.

Le , le ministre des Affaires étrangères du régime syrien, Walid al-Mouallem déclare que les Kurdes syriens « veulent une forme d'autonomie dans le cadre de la République arabe syrienne. Cette question est négociable et peut faire l'objet d'un dialogue ». Ce type de déclaration et l'emploi du terme d'« autonomie » est une première pour Damas, mais il annonce dans le même temps son opposition au référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien « totalement inacceptable à nos yeux »,.

Perte d'Afrine par les Kurdes

Une offensive est lancée le 20 janvier 2018 par l'armée turque et les rebelles syriens de l'Armée syrienne libre contre les forces kurdes des YPG, avec l'objectif de chasser ces derniers de la ville et de la région d'Afrine, sous leur contrôle depuis 2012. Au cours de la bataille, les Kurdes opposent initialement une forte résistance, mais l'armée turque finit par prendre l'avantage grâce à son artillerie lourde et à ses frappes aériennes. La Russie, qui occupe une dizaine de positions militaires et a jusqu'ici protégé les YPG dans la région, laisse le champ libre à la Turquie. Les États-Unis ne réagissent pas à l'offensive turque. Abandonnée par sa population, la ville d'Afrine est prise presque sans combat le par les Turcs et les rebelles,,. Cependant, les Forces démocratiques syriennes déclarent avoir déjà entamé la reconquête de la province en développant des actions de guérilla.

Les forces turques et leurs supplétifs conduisent une politique de déforestation afin de lutter contre la guérilla kurde.

Organisation socio-politique

Le système politique du Rojava est inspiré par le confédéralisme démocratique théorisé depuis le début des années 2000 par Abdullah Öcalan, le leader idéologique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) emprisonné à vie. Öcalan a été partiellement influencé par les thèses d'un militant et intellectuel anarchiste américain, Murray Bookchin, qui a théorisé le municipalisme libertaire.

Les cantons de Djézireh, de Kobané et d’Afrine se sont dotés d’une structure administrative fédérale regroupant les délégués des « conseils populaires », élus par les assemblées de communes. La fédération est chargée des commissions pour la défense, la santé, l’éducation, le travail et les affaires sociales. Chaque conseil gère les ressources agricoles et énergétiques de manière autonome, coopérative et écologique.

En , le Rojava s'est doté d'un Contrat social, qui fait office de constitution. Celui-ci « rejette le nationalisme et prône une société égalitaire, paritaire, respectueuse des droits des minorités ». Depuis la mise en place du Contrat social, l'idéologie portée par Abdullah Öcalan se propage à travers tout le territoire autonome, principalement portée par les femmes. Elles essaient de s'affirmer contre la société patriarcale et de s'émanciper du pouvoir masculin. Cela se fait par un système de cours et de séminaires, où elles apprennent à connaître leur histoire, leur propre personnalité et leurs droits. Il est aussi fait mention de la parité au pouvoir, où il doit avoir au moins 40 % de femmes dans les nouvelles institutions.

L'organisation politique du Rojava, admirée par une partie de la gauche radicale occidentale, lui vaut le soutien de plusieurs militants internationaux dans la lutte contre l’État islamique. Quelques Français parmi eux font l'objet de poursuites judiciaires à leur retour en France depuis leur arrestation le 8 décembre 2020.

Cantons de la Confédération

Le Rojava est composé de sept cantons autonomes fédérés.

Aspects démographiques et ethniques

En 2018, la population administrée par le Rojava compte environ 6 millions d'habitants. Près de 30 % de celle-ci est kurde. La proportion de Kurdes varie selon les cantons : elle est majoritaire (55%) dans le canton de Kobané, ce qui n'est pas le cas dans la région de Djazireh ou d'Afrine. En fonction de son extension plus ou moins grande vers la frontière turque, la proportion de Kurdes se situera entre 30 et 40 %. Les trois langues officielles du Rojava sont l'arabe, le kurde et le syriaque.

Dans un rapport publié le , Amnesty International accuse les YPG de « crimes de guerre » pour avoir rasé des villages et chassé des populations arabes. Redur Xelil, porte-parole des YPG parle d'« accusation fausse, tout simplement ». Le commandement des YPG et des Assayech reconnaît des déplacements forcés qu'il ne qualifie que d'incidents isolés. Amnesty réfute en revanche le terme de « nettoyage ethnique » et affirme que des Arabes et des Turkmènes continuent de vivre dans des territoires contrôlés par les YPG,,. Un rapport de du Conseil des droits de l’homme des Nations unies rejette les accusations de nettoyage ethnique : « La commission n’a trouvé aucune preuve étayant les accusations selon lesquelles les forces YPG ou FDS aient jamais ciblé les communautés arabes sur des bases ethniques ». D'après les Nations unies, des villages, arabes ou non, ont effectivement été évacués de force mais en raison des engins piégés et bombes dissimulés par l’État islamique.

En 2018, les autorités du Rojava ne veulent pas conserver sur leur sol les djihadistes prisonniers venus de pays extérieurs. Elles exigent que ces pays rapatrient leurs ressortissants, à part pour la France, ce pays ayant passé des accords spéciaux avec elles. Selon elles, seraient détenus sur leur territoire 9 000 combattants, plusieurs centaines de femmes et 1 000 enfants de mouvance djihadiste, tous issus de 44 pays. La situation spéciale de la France vient de l'aide apportée militairement aux Kurdes, avec un budget de 50 millions d'euros pour les aider à gérer les réfugiés venus d'Afrine et les djihadistes prisonniers. Les autorités de Rojava ne veulent pas conserver ces prisonniers car elles estiment être dans une situation fragile, et qu'ils leur font courir un grand risque, et pèsent sur leurs ressources. Elles utilisent ce sujet des djihadistes étrangers pour faire poids et gagner une reconnaissance politique. Cependant, peu de pays suivent les injonctions des autorités de Rojava,,.

Aspects économiques

Avant la guerre : les cantons d’Afrine et de Kobanê produisent essentiellement des olives (utilisées pour la fabrication du savon d’Alep) et des fruits. Le canton de Cizîrê (Djezireh) concentre 50 à 60 % du pétrole syrien, c’est en outre un canton de production de blé et de coton.

Lors de l’hiver 2012-2013, l'insécurité alimentaire est grande. Une des premières mesures économiques, dès le début de l’autonomie, est le contrôle des prix des produits rares pour éviter la spéculation. La construction de moulins permet de résoudre les problèmes d'approvisionnement en farine. Le pétrole est en majorité exploité par Damas, après avoir payé une taxe au PYD. En 2013, un début de raffinage améliore la chaîne de production. Le secteur du bâtiment reprend, avec du ciment local ou importé. Les paysans se déplacent à la ville pour y vendre leurs produits. Les terres agricoles étatiques sont communalisées et transformées en coopératives. Dès 2013, se développent les premières coopératives (pain, fromage, vêtements, arachides, lentilles et produits d’entretien). Les institutions du Rojava prélèvent un tiers des revenus de ces coopératives.

Des projets expérimentaux pour l’autonomie alimentaire et la lutte contre la dépendance aux produits phytosanitaires sont mis en œuvre. Les cantons cherchent à s'extirper de la monoculture, qui a longtemps été la règle, et des cultures par rotation sont mises en place. Le projet agricole du Rojava se veut écologique mais aussi égalitaire. Les coopératives sont rattachées aux communes. Ses membres ont des parts qui tendent à être égales. Les gestionnaires sont élus tous les deux ans avec mandat renouvelable une fois et révocable.

L’objectif affiché est d’être auto-suffisant, des académies économiques forment les entrepreneurs à ces nouvelles pratiques. Cependant, le système local de micro-initiative a une productivité faible.

En outre, l’embargo de la Turquie et l’embargo ponctuel du Gouvernement régional du Kurdistan irakien ne favorisent pas l'économie. De plus, cela entraîne un ralentissement à la reconstruction de l'autonomie et des villes du Rojava tels que Kobanê et Raqqa. La Turquie s'emploie à laisser le niveau de l'Euphrate bas afin que le barrage de Tabqa ne puisse pas fonctionner. Aussi, ni le régime de Bachar El Assad ni la coalition menée par les États-Unis ne veulent le restaurer afin de fournir de l'électricité à une grande partie de la Syrie. Pour ce qui est des habitants de la ville de Raqqa, beaucoup sont dans des camps situés à plusieurs kilomètres. Un an après la libération de la ville par les forces kurdo-arabes, elle est encore inhabitable. 95 % des bâtiments sont détruits et la maire Leila Mustafa s’efforce de réparer les infrastructures publiques, telles que l'accès à l'eau ou encore les écoles afin de faire revenir les habitants.

Aussi, la coalition internationale n'engage pas de fonds pour réparer les dégâts causés lors des bombardements sur les villes de Raqqa et de Kobané.

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Christophe Ayad, « En Syrie, les Kurdes prennent le large », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  • Pierre Bance, « Sans nationalités ni frontières, s’éveille un Kurdistan libertaire », Les Possibles, revue du Conseil scientifique d'Attac, no 15,‎ (lire en ligne).
  • P. B., « De la Turquie à l’Iran, vol au-dessus du Kurdistan », L'Humanité,‎ (ISSN 0242-6870, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Michael Gunter, Out of Nowhere : The Kurds of Syria in Peace and War, Hurst Publishers, .
  • Soulayma Mardam Bey, « Il était une fois le Rojava... », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne).
  • Aurélie Moreau, « Bons baisers du Kurdistan - Silence ! Ça révolutionne », Le Soir,‎ (lire en ligne).
  • Sophie Nivelle-Cardinale, « Le Kurdistan syrien, une zone épargnée par les combats » [vidéo], sur arte.tv, Arte, (consulté le ).
  • Guillaume Perrier (texte) et Olivier Touron (photos), « Syrie : Le nouvel horizon des Kurdes », Geo, no 408,‎ , p. 96-109 (ISSN 0220-8245).
  • Agnès Rotivel, « Les Syriens dans l’équation kurde », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  • Jonathan Steele, « Le quasi-État kurde de Syrie », Books,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Jordi Tejel Gorgas, « Les Kurdes de Syrie, de la “dissimulation” à la “visibilité” ? », Remmm, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, nos 115-116,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Collectif (préf. Michael Löwy), La commune du Rojava : l'alternative kurde à l'État-nation, Syllepse, (lire en ligne).

Liens externes

  • Représentation du Rojava en France

Vidéographie

  • [vidéo] ROJAVA : une utopie au cœur du chaos syrien, Orient XXI, .
  • [vidéo] Syrie : Rojava, la révolution par les femmes, ARTE, , par Mylène Sauloy.

Radio

  • Florian Delorme, Du Rojava à la Zad, l’autogestion en partage, Cultures Monde, Territoires d'exception (4/4), France Culture, , écouter en ligne.

Articles connexes

  • Kurdistan
  • Mandat français en Syrie et au Liban
  • Conseil national kurde
  • Conseil suprême kurde
  • Région d'Afrine
  • Conflit du Rojava
  • Portail de la Syrie
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Syrie


Syrie


La Syrie (en arabe : سوريا / sūriyā), de son nom complet la République arabe syrienne (en arabe : الجمهورية العربية السورية / al-jumhūriyya al-ʿarabiyya as-sūriyya), est un pays d'Asie de l'Ouest. Située sur la côte orientale de la mer Méditerranée, elle possède des frontières terrestres avec la Turquie, l'Irak, la Jordanie, Israël, le Liban et une frontière maritime avec Chypre. Sa capitale et sa plus grande ville est Damas, qui fut historiquement la capitale du Califat omeyyade de 661 à 744.

En français, la Syrie était autrefois synonyme du « Levant » ou de la « Grande Syrie » (bilad el-Cham, en arabe : [بلاد الشام]). Durant l'Empire ottoman, cette région fut un temps regroupée, comprenant les États actuels de la Syrie, d'Israël, du Liban, de la Jordanie et de la Palestine. Durant l'Antiquité, ces pays étaient distinctement la Phénicie, les royaumes d'Israël et de Juda, la province romaine de Judée puis de Syrie-Palestine, l'Assyrie et une partie de la Mésopotamie occidentale.

Plus récemment, de 1920 à 1946, un mandat français fut instauré sur le pays. De février 1958 à fin septembre 1961, l'Égypte et la Syrie s'unissent brièvement dans la République arabe unie, jusqu'au coup d'État du général Haydar al-Kouzbari.

En 1970, après une série de dictatures militaires instables, Hafez el-Assad, alors ministre de la Défense, prend le pouvoir par un nouveau coup d'État. Son régime fortement autoritaire, structuré autour d'un parti unique, le Baas, a mis en place un contrôle de l'ensemble de la vie politique syrienne. Il est notamment responsable du massacre de Hama.

À sa mort en 2000, son fils, Bachar el-Assad, lui succède et maintient le régime instauré par son père, avec un certain relâchement des libertés en début de mandat. Début 2011, la guerre civile syrienne se déclenche dans le cadre du Printemps arabe. De 2011 à septembre 2016, le conflit a fait près de 500 000 morts et deux millions de blessés.

Étymologie

L’origine du nom « Syrie » n'est pas certaine. Il pourrait venir du grec ancien et désignerait à l’origine la terre d’Aram, mais Hérodote y voyait plutôt une forme abrégée d’Assyrie, tandis que les historiens modernes le font remonter à divers toponymes locaux.

Il apparaît pour la première fois en grec et n’a pas d’antécédents identifiables, ni dans la forme ni pour le contenu, dans les textes pré-hellénistiques. Bien établi dans l’usage officiel romain et byzantin, il disparaît au VIIe siècle avec la conquête musulmane, mais continue à être utilisé en Europe.

Le Pr Wallace B. Fleming affirme que le nom Syrie est dérivé de Tyr, le nom de la plus importante cité Phénicienne : « De toutes les cités Phéniciennes, Tyr était la plus importante; elle était si importante que les Grecs donnèrent son nom à toute la région, l'appelant Συρια, de צור Tsour, Tyr, et ce nom grec s'est perpétué jusqu'à nos jours avec notre mot Syrie. Hérodote parle de la Syrie comme une abréviation d'Assyrie, mais en cela, il a été trompé par la similitude entre les mots. Elle (la cité) prit son nom Tyr (grec Τυροσ, phénicien 𐤑𐤓, arabe صور, assyrien et babylonien Sur-ru, hébreu צור ou צר, égyptien Dara ou Tar, ou Taru dans les lettres de Tell El Amarna, ancien latin Sarra) de l'île, la Sour sémitique, qui signifie Roc ».

Mais cette affirmation peut être discréditée par le fait que le nom de « Tyr » en assyrien ou araméen « ܨܘܪ » (ṣur ou tsour) est grammaticalement différent de « sur » « ܣܘܪ » puisque le ܨ (ṣade) et le ܣ (semkat) de l’araméen sont deux lettres bien nuancées et que Syrie s’écrit Sūrīā (ܣܘܪܝܐ) en araméen (syriaque = ܣܘܪܝܝܐ sūryāyā).

En revanche, le phénomène de traduction imparfaite de l’araméen au grec ou de l’araméen à l’arabe donnent un même résultat intéressant. En effet, le grec ou le latin antique n’employant pas le son « sh » ou « ch », la lettre araméenne « ܫ » (shin) était ainsi interprétée comme un s en occident (sabbat pour shabat ܫܒܬ, Samuel pour shmouel ܫܡܘܐܝܠ, Simon ou Siméon pour shem`on ܫܡܥܘܢ etc.).

Quant à l’arabe, il figure une différence habituelle entre ce dernier et l’araméen étant que le « ܫ shin » araméen correspond au « ﺱ sin » arabe, de même que le « ﺵ shin » arabe correspond au « ܣ semkat » araméen. (Shlama-salam, Yesho`-Yasu` (Jesus), shlemon-sliman (Salomon) etc.).

Ainsi, l’empire assyrien du nom de sa ville Assur (ܐܫܘܪ Ashur puis ܐܬܘܪ Ator en araméen) deviendrait systématiquement Assuria (Assyria). Nom qui se rapproche bien plus de Suria (Syria) (le « y » étant la lettre grecque Upsilon prononcée u).

La théorie d’Hérodote, affirmant que « Syria » serait la désignation grecque de la partie occidentale de l’antique empire Assyrien devient alors davantage plausible.

Dans le monde arabo-musulman, la région autrefois appelée « Syrie » portait le nom de Cham (شام), qui était aussi celui de sa capitale, Damas.

Le nom « Syrie » (en arabe : سوريا / sūriyā) était inconnu jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle où il ressurgit sous l’influence européenne.

En 1865, il devient le nom officiel d’une province, celle du vilayet de Damas. C’est après l’établissement du mandat français en 1920, qu’il désigne l’État syrien actuel.

Histoire

Les archéologues ont démontré que la Syrie accueillait l’une des plus anciennes civilisations et les Amorrites (un des plus anciens peuples de l'Antiquité).

Dans la ville excavée d’Ebla, dans le nord-ouest de la Syrie, les archéologues ont découvert en 1975 les vestiges d’un grand empire sémite, qui va du nord de la mer Rouge à la Turquie et jusqu'en Mésopotamie dans sa partie orientale.

Cet empire remontant de 2500 à 2 400 ans av.J.-C. fait de la langue d’Ebla l'une des langues sémitiques les plus anciennes avec l'akkadien. La Syrie compte d’autres grands sites archéologiques comme celui de Mari où fut retrouvé un code comparable au Code de Hammourabi à Babylone, Ougarit et Doura Europos.

La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu'au Liban, les conditions d'une future indépendance politique.

La Syrie géographique est le lieu où seraient apparues les premières formes d'urbanisation.

La Syrie est un pays significatif dans l’histoire du christianisme. Paul de Tarse, le futur saint Paul, a été converti au christianisme sur la route de Damas, et a établi une Église d’abord à Antioche en Syrie antique (aujourd’hui en Turquie). C’est de ce port qu’il est parti pour plusieurs de ses voyages de mission.

Damas a été fondée au IIIe millénaire av. J.-C. ; c'est une des villes les plus anciennes du monde et elle a été habitée sans interruption (comme Bénarès et Jéricho). Après l’arrivée des conquérants musulmans, Damas est devenue la capitale de l’Empire omeyyade, et a atteint un prestige et une puissance encore inégalés dans l’histoire syrienne. Cet empire s’étendait de l’Espagne à l’Asie centrale (661 à 750 ap. J.-C.). Après la chute des Omeyyades, un nouvel empire fut créé à Bagdad, l’Empire abbasside.

En 1260, Damas est devenue la capitale provinciale de l’empire des Mamelouks. En 1400, la ville fut détruite en grande partie par Tamerlan : Damas a été presque entièrement incendiée, et les artisans damascènes furent enlevés pour travailler à Samarcande. Une fois reconstruite, Damas a servi de capitale jusqu’en 1516. En 1517, la ville et le pays tombent sous occupation ottomane. Les Ottomans régnèrent sur le pays pendant plus de 400 ans jusqu'en 1918, excepté la brève période où l’Égyptien Ibrahim Pacha occupa le pays de 1832 à 1840.

Mandat français

Le pays se libéra de l’occupation ottomane après la Révolte arabe, les forces arabes entrèrent à Damas en 1918. Un royaume arabe syrien indépendant fut alors créé. Fayçal, issu de la famille hachémite, frère d’Abdallah bin al-Hussein, en fut le premier et dernier roi.

En effet, l’indépendance du royaume cessa après l’occupation du pays par les forces françaises en 1920. Après la bataille de Khan Mayssaloun en juillet 1920, la colonne du général Goybet entra à Damas. Les Français imposèrent leur mandat dans le pays, ce qui entraîna l’exil de Fayçal en Irak. La France et le Royaume-Uni, qui se disaient alliés des forces arabes de Fayçal, s’étaient mis d’accord pour se partager le Proche-Orient.

Après l’accord Sykes-Picot, les Français et les Britanniques se répartissent administrativement les territoires de l'Empire ottoman déchu, créant artificiellement des pays distincts. L’accord met fin à la Syrie historique, Bilad al-Cham, qui comprenait la Syrie actuelle, le Liban, la Jordanie, la Palestine (actuels territoires palestinien et israélien). La période du mandat voit la montée du nationalisme et de la révolte contre l’armée française.

C'est en septembre 1920 qu'est créé l'État du Grand Liban, appuyé sur les chrétiens maronites. La création d'un État côtier des Alaouites autour de Lattaquié et d'un État d'Alexandrette achève d'enclaver la Syrie. De plus, celle-ci est divisée entre un État de Damas et un État d'Alep, les Français jouant de la rivalité historique des deux villes. La naissance du Liban est vécue comme un échec par les Syriens. Jusqu'au XXe siècle, le mot « Liban » désigne la chaîne de montagnes parallèle à la côte qui sépare une partie du littoral de la plaine de Bekaa. Pour compléter ce morcellement sont séparés un État du djebel druze au sud et le plateau de la Djézireh, peuplé de Kurdes. Cela n'anéantit pas le nationalisme syrien, et la France doit livrer d'importants combats en 1925-1927, bombardant Damas en 1925 (environ 10 000 Syriens et 2 500 Français y laissent la vie).

En 1930 est constituée pendant le mandat français la République syrienne, régime qui perdure jusqu'en 1958, date de l'entrée en vigueur du traité d'union syro-égyptienne et de la disparition de la République par fusion avec l'Égypte en République arabe unie (jusqu'en 1961).

Après la défaite de la France en Europe lors de la campagne de France en juin 1940, ce sont les Britanniques, et les Forces françaises libres, qui prennent le contrôle du pays (campagne de Syrie, juin-juillet 1941) redonnant le pouvoir à la France libre. Les Syriens continuent à réclamer le départ des Français, avec l’appui des Britanniques. De Gaulle engage un bras de fer avec Churchill et les Syriens qui se solde par le bombardement de la Syrie par la France gaullienne. Après plus de 2 000 morts, l'interposition de la Grande-Bretagne interrompt le conflit[source insuffisante]. L’indépendance de la Syrie s'ensuivra en 1946.

Indépendance

Les premiers pourparlers entre la France et la Syrie en vue de la rédaction d’un traité d’indépendance avaient débuté en septembre 1936. Mohammed Ali Bey el-Abed, premier président syrien du mandat français, incarne alors dans le pays l'empreinte de la France, mais celle-ci ne continue pas la négociation du traité et maintient sa présence dans le pays jusqu’en 1946. Quand une semi-indépendance est accordée aux Syriens et aux Libanais, en 1943 sous la conduite du général Catroux, Haut-commissaire au Levant nommé par le général de Gaulle en 1941, Choukri al-Kouatli est élu président de la République.

Coup d’État de Chichakli

La fin du mandat français est suivie d'une très grande instabilité en Syrie. Après la guerre israélo-arabe de 1948, le colonel Housni al-Zaïm procède à un coup d'État en mars 1949, mettant fin au système parlementaire syrien. Antoun Saadé, le président-fondateur du Parti social nationaliste syrien (PSNS) doit fuir le Liban où il a été condamné à mort et se réfugie en Syrie où le colonel Zaïm lui promet protection. Toutefois, quelques mois plus tard Zaïm livre Saadé aux autorités libanaises et Saadé est fusillé.

Après sa trahison, Zaïm est lui-même victime d'un coup d'État en août 1949 lorsque le colonel Sami al-Hinnaoui, membre du PSNS, l'arrête et le fait exécuter. La femme de Saadé reçoit une lettre d'al-Hinnaoui lui indiquant que la mort de son mari a été vengée.

En décembre 1949, Al-Hinnaoui est renversé par un troisième coup d'État, mené par Adib Chichakli. Celui-ci se proclame président de la République en 1951 et dissout le Parlement la même année [réf. souhaitée]. Les États-Unis et le Royaume-Uni portent un intérêt considérable à Chichakli ; les Britanniques espèrent même l'amener à adhérer au pacte de Bagdad. Les Américains, dans l’espoir qu’il signe un traité de paix avec Israël, lui offrent par ailleurs une aide étrangère considérable [réf. souhaitée].

Mais en contrepartie, les États-Unis voudraient que le gouvernement syrien fasse des réfugiés palestiniens des Syriens à part entière : durant les négociations entre les États-Unis et la Syrie en 1952, le gouvernement américain va jusqu'à proposer la somme de 400 millions de dollars américains pour intégrer dans le pays - dans les plaines fertiles de la Djézireh - 500 000 Palestiniens. [réf. souhaitée]

Or certains partis politiques syriens - le Parti socialiste arabe d’Akram Hourani, ou encore le parti Baas de Michel Aflak - s’en prennent violemment à cette proposition, qui représente à leurs yeux, la vente du droit au retour des Palestiniens.[réf. souhaitée]

Avec l’alliance entre le Parti socialiste d’Hourani et le parti Baas d’Aflak, le nouveau parti Baas arabe socialiste tente ainsi, en 1952, de renverser Chichakli. Devant l’agitation, Chichakli refuse l'accord avec les États-Unis [réf. souhaitée].

République arabe unie (1958-1961)

Les civils reprennent le pouvoir en 1954, après le renversement du président Chichakli. Mais une grande instabilité politique régnait alors dans le pays, le parallélisme des politiques syrienne et égyptienne et l’appel à l’union du président égyptien Gamal Abdel Nasser à la suite de la crise du canal de Suez en 1956 a créé des conditions favorables à l’union entre l’Égypte et la Syrie.

Le , l'Égypte et la Syrie s’unissent, créant la République arabe unie, ce qui entraîne, de facto, l’interdiction des partis politiques syriens.

Les premières mesures de nationalisation et de réforme agraire datent de cette période de 1958-1961.

Mais l’union cesse rapidement d’exister. Le général Haydar al-Kouzbari fait un coup d’État le , la Syrie faisant sécession, et rétablit la République arabe syrienne.

République arabe syrienne (depuis 1961)

Les dix-huit mois suivants seront marqués par une grande instabilité politique, avec divers coups ou tentatives de coup d’État. Le , un nouveau coup d’État a lieu, installant le Conseil national de commande révolutionnaire au pouvoir, avec à sa tête Amine al-Hafez. Ce conseil est constitué d’un groupe de militaires et de civils, tous socialistes, qui ont assumé les fonctions exécutives et législatives. Le coup d’État est l’œuvre du parti Baas, et la majorité des membres de ce conseil étaient membres du Baas.

Gouvernement baassiste

Aspects politiques

À quelques mois d’intervalle, le parti Baas procède également à un coup d’État en Irak. Le gouvernement syrien réfléchit, à nouveau, à l'éventualité d'une union entre l’Égypte, l’Irak et la Syrie. Un accord fut signé au Caire le , pour mettre en œuvre un référendum sur l’union qui devait se tenir en septembre 1963.

Mais des désaccords sérieux entre les trois partis apparurent rapidement, et finalement le projet d’union fut abandonné.

En mai 1964, le président Amine al-Hafez promulgue une constitution temporaire prévoyant l’établissement d’un Conseil national de la révolution (CNR), des parlementaires désignés composés de travailleurs, de paysans et de syndicalistes.

Le , un groupe de militaires, toujours issus du parti Baas, avec à leur tête Salah Jedid, réussit à renverser le gouvernement d’Amine al-Hafez. Celui-ci est emprisonné. Le nouveau gouvernement dissout le CNR, abroge la Constitution, et chasse les fondateurs historiques du parti Baas de Syrie (Michel Aflak, Salah Eddine Bitar et Akram Hourani), ce qui leur permet d’avoir une politique régionaliste et non plus panarabe comme le voulait le parti Baas. Les chefs du coup d'État parlent alors de « rectification » des principes du parti. Mais la guerre des Six Jours, perdue par les Égyptiens et les Syriens, affaiblit du même coup le gouvernement de Salah Jedid.

Le , profitant de l'impasse due à l'implication de l'armée syrienne dans la crise en Jordanie entre le roi Hussein et l'OLP (Septembre noir), le ministre de la Défense Hafez el-Assad procède à un coup d’État. Déposant Salah Jedid, il devient grâce à sa « révolution corrective » le nouveau premier ministre, et l’homme fort de la Syrie.

Aspects économiques

Durant les années 1960, les domaines de l’agriculture, de l’industrie, de l’éducation et de la santé, ont connu un développement important. Le PIB agricole enregistre une forte croissance pendant les années 1960 et 1970, les travaux d'irrigation ayant été considérés comme une priorité de l'action publique. L'Etat s'est vu accorder le rôle de moteur principal dans la secteur de l'agriculture, de même que les bourgeoisies urbaines, tandis que les paysans disposaient d'une marge d'initiative faible. L'objectif de l'Etat était de permettre l’autosuffisance alimentaire.

Dynastie el-Assad

Aspects politiques

Hafez el-Assad, chef de l’État de 1970 à sa mort en 2000, est confirmé dans ses fonctions de chef de l’État par cinq référendums successifs où il est chaque fois l'unique candidat. Il est, après le roi Hassan II du Maroc, le chef d’État arabe qui est resté le plus longtemps au pouvoir. Cette longévité provient essentiellement du fait du verrouillage complet de la vie politique. Il était soutenu par des minorités religieuses, dont la minorité religieuse alaouite. Il est aussi soutenu par beaucoup de fermiers et par les Syriens vivant dans les milieux ruraux. L’expansion de la bureaucratie a créé une classe moyenne fidèle au gouvernement. Mais l’essentiel de sa puissance venait de l’armée syrienne et de son appareil de sécurité omniprésent. Un autre facteur de son maintien au pouvoir est le nationalisme, dont entre autres les conflits qui l’opposaient et opposent la Syrie aux États-Unis, à Israël et à l’Irak de Saddam Hussein.

Bachar el-Assad succède à son père le , après une modification de la constitution qui abaisse l'âge minimum pour la candidature à la présidentielle de 40 à 34 (âge de Bachar),. Seul candidat, il est élu par référendum. Les Syriens évoquent alors une « république-monarchie » pour qualifier la république héréditaire. Certains, et en particulier les militants pour les droits de l’homme espèrent cependant alors une certaine libéralisation du pays, de même que l'espèrent de nombreux responsables politiques étrangers ; c’est ce que l’on appelle le printemps de Damas.

Ce premier printemps ne dure pas longtemps : il se termine en février 2001, lorsque les services de sécurité gèlent l'activité des forums intellectuels, culturels et politiques, et avec la poursuite des militants pour les droits de l'homme et leur emprisonnement. Dans cette courte période de six mois, le printemps de Damas aura vu des débats politiques et sociaux intenses, d'une part, et d'autre part il a conservé un écho qui sonne dans les débats politiques, culturels et intellectuels jusqu'en 2011.

Aspects économiques

Hafez el-Assad met en œuvre une politique d'industrialisation dans les années 1970 ; toutefois cette politique échoue à porter ses fruits, et les années 1980 sont des années de stagnation économique. Les causes de cette situation sont liées à des choix inadaptés concernant les usines et leur localisation, ainsi qu'à la corruption qui sévit dans les milieux dirigeants. Malgré cela, les emplois industriels permettent à des catégories populaires de subsister économiquement.

Pendant la période 1977-1987 la Syrie bénéficie du soutien économique des pays du Golfe, d'un montant de 2 milliards de dollars par an.

Le régime prend un tournant libéral (sur le plan économique) dès 1986-1987 dans l'espoir de redresser l'économie du pays. Les difficultés sont accrues par le tarissement dès 1987 de l'aide des pays du Golfe eux-mêmes en proie à des difficultés financières.

Le secteur privé est longtemps négligé par les idéologues socialistes du régime (ceci alors même qu'il emploie 60% de la main-d'œuvre industrielle dans les années 1970), mais il se maintient et connaît même un certain développement dans les années 1970 et 1990.

Un deuxième tournant libéral est pris en 2005 (Bachar el-Assad ayant alors succédé à son père) ; le régime parle alors d'"économie sociale de marché".

Aspects sociaux

Dans les années 1990, 30% des Syriens travaillent dans l'agriculture, qui fournit 26% du PIB. 26% des Syriens travaillent dans l'industrie, qui représente 27% du PIB. 43% des Syriens travaillent dans le secteur des services, dont la moitié dans le secteur public (de l'Etat).

Durant cette même période, près de 30% des Syriens actifs travaillent dans le secteur public (soldats non compris). Dès le milieu des années 1990, la proportion de Syriens travaillant dans le secteur public diminue ; celle travaillant dans le secteur privé passe de 63% en 1994 à 79% en 2004.

La croissance démographique est de 2,6% par an entre 1994 et 2004.

Selon la sociologue Élisabeth Longuenesse, «la Syrie se trouvait, en 2011, confrontée aux contradictions découlant de la mise en œuvre des politiques de libéralisation économique, dans un contexte autoritaire gangrené par la corruption. En optant pour le « modèle chinois » d’une croissance économique sans mise en place d’amortisseurs sociaux, le régime a laissé se creuser les écarts sociaux de façon dramatique». La hausse du chômage et l'augmentation de la pauvreté ont favorisé la contestation sociale.

Guerre civile syrienne

Début 2011, le printemps arabe atteint la Syrie. Des manifestations en faveur de la démocratie et pacifiques ont lieu dans tout le pays contre le régime baasiste du président Bachar el-Assad. Ces manifestations sont réprimées brutalement par le régime et peu à peu, le mouvement de contestation se transforme en une rébellion armée.

De nombreux belligérants participent au conflit. L'Armée syrienne libre, nationaliste, est le premier mouvement à mener la rébellion mais à partir de 2013, elle est supplantée par des groupes islamistes sunnites comme Ahrar al-Cham, Jaych al-Islam ou le Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda. Les groupes rebelles sont soutenus principalement par la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite. De son côté, le régime syrien se maintient grâce à l'aide de l'Iran et de la Russie. L'Iran déploie en Syrie des forces du Corps des Gardiens de la révolution islamique dès le début du conflit, par la suite des dizaines de milices islamistes chiites parrainées par Téhéran gagnent à leur tour la Syrie ; comme les Libanais du Hezbollah, les Afghans hazaras de la Division des Fatimides ou les Irakiens de l'Organisation Badr et du Harakat Hezbollah al-Nujaba. De son côté la Russie intervient militairement en septembre 2015 et commence une campagne de frappes aériennes en soutien du régime, notamment dirigée par le général russe Alexandre Dvornikov.

Venu d'Irak, l'État islamique (EI) apparaît en Syrie en 2013, initialement allié aux groupes rebelles syriens, il entre en conflit avec ces derniers à partir de janvier 2014. Dès septembre 2014, l'EI est la cible d'une campagne de frappes aériennes effectuée par une coalition menée par les États-Unis.

De leur côté, les Kurdes du Parti de l'union démocratique (PYD) et sa branche armée, les Unités de protection du peuple (YPG), liés au PKK, combattent pour l'autodétermination du Rojava.

De mars 2011 à février 2016, le conflit a fait de 260 000 à 470 000 morts d'après les estimations de diverses ONG et de l'ONU. De nombreux massacres, crimes de guerre et crimes contre l'humanité ont été commis, principalement par le régime syrien et l'État islamique. Le camp loyaliste est responsable de la majorité des victimes civiles de la guerre, souvent par le fait de bombardements aériens. Entre 100 000 et 200 000 personnes ont disparu dans les prisons du régime, au moins 12 000 à 60 000 y ont été torturées à mort. Des armes chimiques ont également été employées. La moitié de la population syrienne a été déplacée pendant le conflit et entre cinq et six millions de Syriens ont fui le pays, soit le quart de la population.

Fin 2019, dans le but de régler la guerre civile, le Comité constitutionnel syrien est créé sous l'égide de l'ONU.

En juin 2020, le président Assad démet de ses fonctions le Premier ministre Imad Khamis pour le remplacer par Hussein Arnous.

Le , la Turquie lance l’Opération Source de paix sur les territoires au nord de la Syrie, qui sont en majorité des territoires kurdes, ayant pour objectif de créer une bande de 32 km pour neutraliser les bases kurdes au bords de la Turquie. L’opération se transforme en conflit entre d’un côté la Turquie et l’Armée nationale syrienne et de l’autre les Forces démocratiques syriennes et la République arabe syrienne.

Au début des années 2020, le régime contrôle les deux tiers du territoire syrien, y compris les huit villes principales du pays, ainsi que 12 millions de personnes sur une population résidente totale de 17 millions d’habitants (7 autres millions de Syriens vivant en dehors du pays en tant que réfugiés). De plus, l’armée syrienne ne contrôle que 15 % des frontières terrestres internationales du pays, le reste étant sous contrôle d’acteurs étrangers.

Institutions

Armée

D’après le site de statistiques Nationmaster, la Syrie se trouve au 13e rang mondial pour les effectifs militaires et au 5e rang mondial pour les effectifs militaires par tête (2008).

FNP et parti Baas

L'ancienne constitution syrienne investit le parti Baas des fonctions nécessaires pour conduire l’État et la société. Celle-ci a été abrogée par la nouvelle constitution de février 2012.

Huit partis politiques ont été légalisés dans le pays, ils font en réalité tous partie du Front national progressiste, dominé par le parti Baas. En plus de celui-ci, en sont membres : le Mouvement des socialistes arabes, le Parti communiste tendance Bagdach, le parti communiste tendance Faysal, le Parti social-nationaliste syrien (Grand-syrien), l’Union socialiste arabe (nassérienne), l’Union démocratique arabe (nassérienne), Le Parti unioniste socialiste (nassérien) et le parti unioniste socialiste démocratique (nassérien).

Présidence

La constitution confère par ailleurs de larges compétences au président.

Celui-ci est officiellement élu après un référendum pour un mandat de sept ans. En plus d’exercer la charge de chef de l’État, il est le secrétaire général du parti Baas et le chef du Front national progressiste, qui regroupe toutes les organisations politiques légales.

Le président peut nommer les ministres, déclarer la guerre et l’état d'urgence. Il a aussi le pouvoir d’amnistie, il peut modifier la Constitution et nommer les fonctionnaires et le personnel militaire.[réf. nécessaire]

C’est avec le Front national progressiste que le président peut décider des questions de relations internationales, c’est aussi le FNP qui approuve la politique économique de l’État[réf. nécessaire]. Le FNP se veut aussi officiellement un « forum d’idées » dans lequel la politique économique et l’orientation du pays seraient débattues.

Gouvernement et députés

Chacune des trois branches du gouvernement est guidée par les objectifs du parti Baas, dont l’importance dans les institutions d’État est assurée par la constitution.

C’est la même chose pour le parlement, le Conseil du peuple (Majlis al-Chaab).

Les députés sont élus pour une durée de quatre ans, mais le Conseil n’a aucune autorité indépendante. Bien que les parlementaires puissent critiquer des lois et modifier des projets de loi, ils ne peuvent pas faire de proposition de loi, et les décisions finales sont prises par la branche exécutive.

Société et liberté publique

Revendications territoriales

En plus des territoires contrôlés par la Syrie, le pays revendique deux territoires frontaliers contrôlés par des pays étrangers voisins :

  • le plateau du Golan, région du sud-ouest de la Syrie occupée par Israël à la suite de la guerre des Six Jours de 1967 et annexée par l’État israélien le au travers de la loi du plateau du Golan. L'annexion de cette région formant pour les Syriens l'essentiel du gouvernorat de Qouneïtra (capitale : Qouneïtra), a été condamnée par le Conseil de sécurité des Nations unies et n’a jamais été reconnue par la communauté internationale ;
  • le Hatay, aujourd'hui province rattachée à la Turquie (depuis le 23 juillet 1939 à la suite d'un accord franco-turc) qui fut une république indépendante durant près d'un an de 1938 à 1939 sous le nom d'État du Hatay.

Subdivisions

La Syrie est divisée en quatorze gouvernorats, ou mohafazate (singulier : mohafaza), portant chacun le nom de leur chef-lieu. Les gouverneurs sont proposés par le ministère de l’Intérieur au gouvernement, lequel annonce leur nomination par décret exécutif. Dans ses fonctions, le gouverneur est assisté par un conseil provincial élu. Une partie du gouvernorat de Qouneïtra est sous occupation israélienne depuis 1967 (voir Golan). Le Golan est un des principaux sujets de discorde entre Israël et la Syrie. Ce dernier et l'ONU le considèrent comme territoire syrien occupé, alors qu'Israël le considère comme annexé. Les gouvernorats sont subdivisés en districts puis en sous-districts.

Géographie

L’essentiel du territoire syrien est constitué par un vaste plateau calcaire (hamada) surmonté de quelques anciens reliefs volcaniques (djebel druze), et traversé au nord-est par le fleuve Euphrate.

Hydrographie

Le pays est en dessous du niveau du seuil de pénurie puisque la ressource par habitant s’établit à 947 m3 par an (le seuil de stress hydrique est généralement fixé à 1 700 m3 par an et par habitant et le seuil de pénurie à 1 000 m3). La Syrie reçoit de plus son eau des pays voisins : 50 % des réserves proviennent de Turquie, 20 % du Liban. Autre facteur inquiétant, l’exploitation des nappes phréatiques dépasse leur capacité de renouvellement. La Syrie exploite ainsi aujourd’hui plus de 50 % des ressources renouvelables, alors que le seuil maximum communément admis est de 30 %. Le nord-est du pays (« Djézireh ») et le sud (« Haurane ») sont des zones agricoles importantes.

Climat

La Syrie est un pays majoritairement aride, en particulier à l’intérieur et dans la partie orientale. Le niveau de pluviométrie moyen est de 318 mm par an mais tombe à moins de 150 mm dans le nord-est, contre plus de 800 mm à proximité de la côte et près de 1 400 dans les montagnes.

La Syrie connaît un climat tempéré composé de quatre saisons. La température moyenne estivale atteint les 32 °C et la température moyenne hivernale est de 10 °C. Au printemps et en automne la moyenne des températures est de 22 °C.

Environnement

La Syrie est un pays situé à l'extrémité orientale de la mer Méditerranée. Outre son littoral, le pays possède une plaine côtière, des chaînes de montagnes à l'ouest, une steppe semi-aride au centre occupant la majeure partie du pays et une zone désertique à l'est. Chacune de ces zones a ses propres animaux et plantes caractéristiques.

Environ 3 100 espèces de plantes à fleurs ont été répertoriées en Syrie, ainsi que 112 gymnospermes. Le pays peut être considéré comme un carrefour entre différentes zones de végétation et la flore montre des influences de trois continents : l’Europe, l’Asie et l’Afrique.

La Syrie possède une faune diverse avec 125 espèces de mammifères, 394 d'oiseaux, 127 de reptiles, 16 d'amphibiens et 157 espèces de poissons d'eau douce recensés dans le pays.

Villes

Les principales villes du pays incluent Damas dans le Sud-Ouest, Alep dans le Nord, et Homs. Les autres villes importantes sont situées pour la plupart sur la côte.

Économie

Entre 2010 et 2014, l'économie syrienne s'est rétractée de 62 %, dû à la Guerre syrienne, qui a détruit les infrastructures et des lieux de production et empêché les échanges. Une contraction de 12 à 20 % de l'activité économique est attendue pour l'ensemble de 2011. Le chômage a quintuplé et la devise syrienne a perdu les 5/6 de sa valeur,.

Avant le début de la guerre syrienne, l'Union européenne achetait 95 % du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représentait entre un quart et un tiers des recettes de ce pays. En septembre 2011, pour faire pression sur le régime, l'Union européenne décrète un embargo total sur le pétrole syrien. En avril 2013, la guerre s'éternisant, l’Europe lève « partiellement » son embargo sur le pétrole syrien : « les ministres européens des Affaires étrangères souhaitant ainsi aider les rebelles syriens, qui contrôlent une partie des champs pétroliers ».

De 2011 à 2014, la guerre a coûté 502 milliards de livres syriennes (3 milliards de dollars américains) aux secteurs du pétrole et des mines du pays. En mai 2014, alors que la Russie fournit surtout des armes, l'Iran livre plutôt du pétrole à Bachar el-Assad.

Le conflit a détruit fin 2014, environ 791 000 logements, destructions qui ont eu lieu à 58 % à Alep, à 20,5 % à Homs et à 12,92 % à Hama. Au niveau agricole, la superficie cultivée est passée de 8 millions d'hectares à 3,6 millions entre 2010 et 2015. Au total entre 2011 et 2016, la guerre civile aurait coûté près de 260 milliards de dollars au total.

Production de drogue

Système horaire

L’horaire d’hiver prend effet du mois de novembre au mois de mars (UTC+02:00). L’horaire d’été est appliqué du mois d’avril au mois d’octobre (UTC+03:00).

Enseignement et scolarité

L’éducation est gratuite et obligatoire de l’âge de 6 ans à l'âge de 15 ans, soit de la première à la neuvième classe (réforme de 2002, l'équivalent français de CP à la 3e). La scolarité se compose de six ans d’études primaires, de quatre années d'études préparatoires (équivalent du collège français), puis d’une formation générale ou professionnelle de trois ans (lycée). La durée des études supérieures est variable : deux ans pour les instituts moyens (études professionnelles ou techniques), quatre ans pour une licence générale, cinq ans pour un diplôme d’ingénieur, etc. Le nombre d’inscrits dans les établissements d’études supérieures est de plus de 150 000 élèves. L’alphabétisation chez les Syriens est de 90 % chez les garçons et de 80 % chez les filles.

Les politiques d'alphabétisations ont connu une forte avancée avec l'arrivée du parti Baath au pouvoir dans les années 1960.

Démographie

La plupart des Syriens (22,5 millions d'habitants en 2011) vivent non loin de l’Euphrate et le long de la côte, une bande de terre fertile entre les montagnes côtières et le désert, entre Alep au nord, et Damas au sud, en passant par Hama et Homs. Ces quatre villes regroupent environ 8,5 millions d'habitants sur les 22 millions de la Syrie, soit un peu moins de 40 % de la population du pays.

La mortalité infantile serait inférieure à 23 pour 1 000 naissances[réf. nécessaire]. L'espérance de vie serait 75 ans[réf. nécessaire] et l'indice de développement humain (IDH) de 0,577 au 150e rang mondial en 2021 sur 191 pays.

Ethnies et religions

Le régime syrien se voulant un État laïc, aucun recensement confessionnel n'existe en Syrie. Il en est de même pour le décompte des appartenances ethniques non arabes, comme les Kurdes notamment, celui-ci s'opposant à l'idée de nationalisme arabe.

Musulmans

La population de la Syrie compte environ 78 % de musulmans sunnites et 12 % d'alaouites,.

Il n'y a plus de recensement confessionnel en Syrie depuis 1958, et les estimations des répartitions des différents groupes religieux reprennent, ou s'inspirent des statistiques établies au temps du mandat français, en 1936. Les estimations de répartitions des différents groupes confessionnels sont difficiles, car depuis 1936, la population syrienne a plus que quadruplé, passant d'environ 5 millions d'habitants en 1936, à plus de 22,5 millions en 2011.

Chrétiens

Environ 10 % de la population Syrienne est chrétienne,. Les chrétiens sont répartis en plusieurs confessions : les syriaques (appelés syrian en arabe, ou suryoyo ou souraya en syriaque moderne) sont de loin les plus nombreux, suivis par les grecs-orthodoxes (environ 250 000, chrétiens de rite byzantin), viennent ensuite les grecs-catholiques melkites (environ 200 000, chrétiens de rite byzantin unis à Rome depuis 1724), les maronites, les syriaques, les assyriens et les chaldéens (aachouriyine et kaldane en arabe), les protestants et les catholiques-romains (rite latin).

Il existe aussi une importante communauté arménienne vivant principalement à Alep, issue de rescapés du génocide de 1915 perpétré par les ottomans lors de la 1re guerre mondiale. Les Arméniens étaient environ 250 000 en Syrie au début des années 1960, ils sont maintenant (2010) 190 000.

Juifs

La Syrie a abrité depuis l'Antiquité une importante population de juifs. De nombreux juifs sont arrivés bien plus tard à partir de la fin du XVe siècle, après l'expulsion des juifs d'Espagne. Ainsi, les juifs syriens tirent leur origine de deux groupes : des juifs qui habitaient la Syrie actuelle depuis les temps anciens (parfois classés comme juifs Mizrahim, un terme générique désignant les Juifs ayant une longue histoire en Asie occidentale ou en Afrique du Nord) ; et des Juifs séfarades qui ont fui vers la Syrie à la suite du décret de l'Alhambra en 1492. Il y avait de grandes communautés à Alep (« Juifs Halabi », Alep se dit Halab en arabe) et à Damas (« Juifs Shami ») pendant des siècles, et une plus petite communauté à Qamichli à la frontière turque près de Nusaybin. Dans la première moitié du XXe siècle, un grand pourcentage de Juifs syriens ont immigré aux États-Unis, en Amérique latine et en Palestine. Le processus s'est achevé avec la création de l'État d'Israël en 1948. La plupart des Juifs restants sont partis dans les 28 années qui ont suivi 1973, en partie du fait de l'action de Judy Feld Carr, qui affirme avoir aidé quelque 3 228 Juifs à émigrer ; l'émigration a été officiellement autorisée en 1992. En 2021, il n'y avait plus de Juifs en Syrie[réf. nécessaire].

Kurdes

Les Kurdes, qui sont linguistiquement un peuple indo-iranien, représentent une minorité ethnique, avec environ 10 % de la population. La plupart des Kurdes vivent dans le nord-est de la Syrie, et beaucoup parlent la langue kurde. Quelques Kurdes vivent aussi dans les grandes villes syriennes, comme Hasakah, Qamichli ou Al-Boukamal.

Israéliens

Plus de 12 000 Israéliens (sur 28 000 habitants) sont installés dans le Golan, occupé par l’armée israélienne depuis la guerre des Six Jours (1967), puis annexé par l'État hébreu, annexion non internationalement reconnue[réf. nécessaire].

Langues

La langue arabe est la langue officielle du pays, la grande majorité des Syriens parlent l'arabe syrien, variante dialectale de l'arabe, également utilisée au Liban, en Autorité palestinienne, et dans une moindre mesure en Irak et en Jordanie. De nombreux Syriens instruits parlent l’anglais, le russe et le français (surtout dans la bourgeoisie et la communauté chrétienne, il y a moins de 4 500 francophones de nos jours), mais l’anglais est plus largement compris (de 650 000 à un million de locuteurs, en seconde langue).

L’arménien, le kurde, le tcherkesse et le turkmène sont aussi parlés dans le pays par les minorités nationales.

L’araméen (la langue biblique, celle de Jésus-Christ) à travers le néo-araméen occidental au nord de Damas et le touroyo en particulier dans la Jaziré. Le turc est encore parlé en seconde langue, surtout pour des raisons historiques, au nord, vers la frontière turque, et à Alep : le nombre de locuteurs est inconnu, du fait de relations difficiles de la Syrie avec son voisin turc, pour des raisons politiques, et aussi en raison du passé de la Syrie au sein de l'Empire ottoman. Il y a des contentieux aussi en ce qui concerne la région du Sandjak d'Alexandrette (hui Iskandaroun), annexé par la Turquie en 1939, et qui comprend encore aujourd'hui une majorité d'arabes. La Syrie revendique toujours cette région. Autrefois parlé, et langue importante, le grec a disparu depuis les années 1950, mais reste une langue historique, la langue véhiculaire sous l'Empire byzantin, et son héritage se retrouve à travers les Chrétiens grecs orthodoxes. La langue kurde est parlé par plus de trois millions de personnes. De 1932 à 1945, il y avait trois revues kurdes publiées en langue kurde à Damas, par Jaladat Badir Khan, Haouar, en 1932, Ronahi, en 1941 et la revue Stere, en 1943 (Damas).

Du fait de liens importants avec la Russie, le russe est parlé en seconde langue par 15 000 à 20 000 personnes. Il existe une diaspora de Syriens en Russie (plus de 10 000 Syriens). Le russe est enseigné à l'université et dans certains lycées, tout comme le chinois, parlé cependant dans une moindre mesure. Le russe est la seconde langue enseignée dans les collèges, après l'anglais. En 2018, environ 250 000 élèves Syriens étudieraient le russe, du lycée à l'université, des effectifs toutefois moins importants que l'anglais. Le chinois est une langue de plus en plus choisie à l'université, notamment du fait d'échanges importants avec la Chine. Le persan et l'allemand sont également enseignés.

Avant le début de la guerre civile syrienne, environ 8 000 élèves étudiaient dans les établissements catholiques francophones.

Culture

Les premières traces d’agriculture ou d’élevage furent trouvées en Syrie. Le premier alphabet du monde fut inventé en Syrie, à Ougarit.

Les réalisations artistiques et culturelles de la Syrie antique sont nombreuses. Les archéologues ont découvert que la culture syrienne rivalisait avec celles de la Mésopotamie et de l’Égypte, surtout autour d’Ebla. De plus, beaucoup d’artistes syriens ont contribué à la pensée et à la culture hellénistique romaine. Cicéron était un élève d’Antiochos d'Ascalon à Athènes. Et les livres de Posidonios ont beaucoup influencé Tite-Live et Plutarque.

Les Syriens ont aussi contribué à la littérature et à la musique arabe et ont une grande tradition de la poésie orale et écrite. Les intellectuels syriens émigrés en Égypte ont joué un rôle fondamental dans la nahda, la renaissance culturelle et littéraire des Arabes au XIXe siècle.

Il faut ici souligner le rôle des Syriens d'Égypte, appelés Chouam Masr en arabe, issus de l'émigration du XIXe siècle (en particulier après les massacres des chrétiens à Damas en 1860). La communauté syrienne d'Égypte, essentiellement chrétienne (grecs-catholiques en majorité mais aussi grecs-orthodoxes, maronites ou syriaques) a joué durant un siècle un rôle de premier plan dans l'essor de l'Égypte moderne. Ses membres ont été très actifs dans la haute fonction publique (Mikhaïl Kahil Pacha, Habib Sakakini Pacha), les douanes, les banques, l'ingénierie (Farid Boulad Bey), le commerce (les grands magasins de la famille Sednaoui), l'industrie (coton, savon), les transports, la presse, le théâtre (Georges Abyad), le cinéma (le réalisateur Henri Barakat). Francophone et éduquée, la communauté des Syriens d'Égypte a constitué une bourgeoisie prospère et moderne. Elle s'est considérablement réduite sous le mandat de Nasser, ayant particulièrement souffert des lois de nationalisations de 1961, et ses membres ont pour la plupart émigré au Liban, en Europe ou en Amérique du Nord. Parmi les familles syriennes chrétiennes ayant joué un rôle remarquable dans les affaires et la haute administration en Égypte on peut citer les familles Assouad, Anhouri, Ayrout, Barakat, Boulad, Kassab, Debbané, Fattal, Ghorra, Kahil, Lakah, Medaouar, Messadiyé, Michaca, Pharaon, Rathle, Sabbagh, Sakakini, Sednaoui, Toutoungi, Zananiri, Zemokhol.

Les auteurs syriens les plus célèbres sont Adonis, Haidar Haidar (en), Ghada al-Samman, Nizar Kabbani et Zakaria Tamer.

Les artistes syriens les plus célèbres sont Fateh Moudarres (en), Louay Kayyali, Nahed Koussa, et Saad Yagan.

Les chanteurs syriens célèbres sont entre autres Georges Ouassouf, Ouadih Mrad, Majd el Kasem, Assala Nasri, Rabi Al Asmar, Elias Karam… à préciser aussi que les stars Farid El Atrache et sa sœur Asmahan ont fait leur carrière en Égypte sont d'ascendance syrienne (famille princière druze Al Atrach originaire de Jebel ed druz).

La Syrie possède une petite industrie cinématographique, dont la production est entièrement contrôlée par l’Organisation nationale du cinéma d’État, qui emploie des réalisateurs de films sous le statut de fonctionnaires. Il n’y a qu’un seul film qui peut sortir par an, il est néanmoins souvent salué par les festivals internationaux. Le feuilleton télévisé syrien de Bab El Hara, très connu dans le monde arabe, a eu un énorme succès.

La numération utilise les chiffres arabes : ٠ (0), ١ (1), ٢ (2), ٣ (3), ٤ (4), ٥ (5), ٦ (6), ٧ (7), ٨ (8) et ٩ (9).

Damas, la capitale de la Syrie, a été élue capitale culturelle du monde arabe en 2008.

Fêtes et jours fériés

Foires et festivals

Sports

Le niveau sportif syrien n'est pas très élevé mais on peut tout de même citer quelques sports pratiqués. Parmi les sportifs syriens les plus titrés on trouve Ghada Chouaa championne olympique (Jeux olympiques d'été de 1996 à Atlanta) et championne du monde (1995 à Göteborg) en heptathlon.

Football

La vie sportive syrienne est rythmée par son championnat semi-professionnel de football, le Championnat de Syrie de football, ainsi que par sa coupe, la Coupe de Syrie de football et l'Équipe de Syrie de football. Cependant, le niveau syrien reste assez faible.

Basketball

C'est le deuxième sport national en Syrie. Le niveau s'est amélioré dans les années 2000 à son entrée dans le professionnalisme. La Syrie a de bonnes équipes comme Aljalaa, Alitihad, Aljaych et Alouahda.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Mohamed al-Dbiyat (préf. Jean-François Troin), Homs et Hama en Syrie centrale, Presses de l'Institut français du Proche-Orient, (lire en ligne).
  • Gilbert Achcar, Le peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, Arles, Actes Sud, 2013.
  • Samir Amin, Irak et Syrie (1960-1980) ) - Du projet national à la transnationalisation, 1982.
  • Fabrice Balanche, La région alaouite et le pouvoir syrien, Paris, Karthala, 2006.
  • Xavier Baron, Histoire de la Syrie–De 1918 à nos jours, Tallandier, 2013 (édition actualisée en 2019, collection Texto).
  • Adam Baczko, Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie - Anatomie d'une guerre civile, C.N.R.S. Éditions, 2016.
  • Souhaïl Belhadj, La Syrie de Bashar Al-Asad - Anatomie d'un régime autoritaire, Belin, 2013.
  • Souhail Belhadj, « La Syrie d’al-Assad : de la résistance du régime », Revue Moyen- Orient, no 21, janvier-mars, 2014.
  • Françoise Burgat, Bruno Paoli éd., Pas de printemps pour la Syrie. Les clefs pour comprendre les acteurs et les défis de la crise (2011-2013), La Découverte, 2013.
  • Caroline Donati, L’exception syrienne. Entre modernisation et résistance, Paris, La Découverte, 2009.
  • Jean-Yves Gillon, Les anciennes fêtes de printemps à Ḥomṣ, en ligne IFPO, 1993 pour la première édition 2015.
  • Jérôme Bocquet, La France, l’Église et le Baas. Un siècle de présence française en Syrie (de 1918 à nos jours), Les Indes savantes,
  • Joseph Kessel, En Syrie, Paris, Folio, , 87 p. (ISBN 978-2-07-045956-8).
  • Philippe Gouraud, Le général Henri Gouraud au Liban et en Syrie - 1919-1923, préface de Jean-Francois Deniau de l’Académie française, L’Harmattan, 1993.
  • Albert Hourani, Histoire des peuples arabes, Seuil, 1993.
  • Akram Kachee, « Syrie : d’un régime de prédation institutionnalisée à une économie de guerre », dans Mohamad Salhab ed., Etat, rente et prédation - L’actualité de Veblen, Beyrouth, IFPO, 2016, en ligne.
  • Akram Kachee, « L’opposition syrienne - de l’incohérence au désastre », Chaos International, 24 déc., en ligne, 2016.
  • Akram Kachee, « Syrie, une nation inachevée, entre imaginaire et réalités », Actuel Marx, 2020/2 (n° 68), p. 78-91.
  • Wissam Samia, “Antun Saadeh's Social-Nationalist Doctrine. Presenting and Reconstructing an Original Economic and Social Theory”, Economic Alternatives 3, 2020.
  • Michel Seurat, Syrie, L’État de barbarie, Seuil, 1989.
  • Régina Sneifer, Une femme dans la tourmente de la Grande Syrie (d’après les mémoires de Juliette Antoun Saadé), préface par Georges Corm, Riveneuve, 2019.
  • Nikolaos Van Dam, The Struggle for Power in Syria. Politics and Society under Asad and the Ba'ath Party, Taurus,1996.
  • Zakaria Taha, Syrie, Louvain-la-Neuve, De Beck, , 137 p. (ISBN 978-2-8073-0647-9).

Articles connexes

  • Syrie (région), Grande Syrie, Al-Châm, Levant.
  • Aéroport de Kamechli
  • Armes de destruction massive en Syrie
  • Droits de l'homme en Syrie

Liens externes

  • Site officiel
  • Syrie : relecture de la crise Entretien de Romain Aby avec Isabelle Feuerstoss
  • Données de la Banque Mondiale sur la Syrie
  • Souria.net, site officiel de la république de Syrie
  • Fiche Syrie sur Populationdata.net
  • « Centre Culturel Arabe Syrien de Paris » (version du sur Internet Archive)
  • Article de Thomas Pierret dans Politique étrangère (4/2011) intitulé « Syrie : l’islam dans la révolution »

  • Site officiel
  • Ressource relative à la vie publique :
    • Parlement du Royaume-Uni
  • Ressource relative à la santé :
    • Medical Subject Headings
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    • Marine Gazetteer
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Raqqa


Raqqa


Raqqa, Racca, Rakka, Raqa, Raqqah, ar-Raqqa ou ar-Raqqah selon les systèmes de translittération (en arabe : الرقة), est une ville du centre de la Syrie. C'est la capitale éponyme du gouvernorat de Raqqa. Elle a également été la « capitale » syrienne de l'organisation djihadiste État islamique de 2014 à 2017 : c'est à Raqqa qu'ont été planifiés la plupart des attentats terroristes qui ont frappé l'Europe, et notamment ceux du 13 novembre 2015 à Paris. La ville est en grande partie détruite lors de la bataille de Raqqa ; depuis octobre 2017, elle est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes.

Géographie

Situation

Située dans le Nord du pays, la ville de Raqqa est établie sur les rives de l'Euphrate en aval du lac el-Assad, à 170 km à l'est d'Alep.

Histoire

Antiquité

Selon la légende, elle aurait été fondée par Alexandre le Grand au vu de sa situation avantageuse sur l'Euphrate.

En réalité, elle doit sa fondation sous le nom de Nikephorion (en grec Νικηφόριον, latinisé en Nicephorium), au roi Séleucos Ier qui règne de 305 à 281 av. J.-C. Vers 244, Séleucos II fait agrandir la ville et la renomme d'après son surnom Kallinikos (en grec : Καλλίνικος, latinisé en Callinicum) signifiant « grand vainqueur ». Elle fait alors partie de l'Osroène.

En 388 de notre ère un événement survenu dans la ville est le prétexte de l'une des premières manifestation de la lutte d'influence entre l'évêque Ambroise de Milan et l'empereur Théodose. Des moines chrétiens encouragés par l'évêque local y ont en effet brûlé la synagogue de la ville ; sollicité, Théodose prononce initialement le châtiment des incendiaires et le financement de la reconstruction par l'évêque mais Ambroise parvient à le faire céder sur ces deux décisions.

Par la suite, elle porte successivement le nom de Léontopolis sous le règne de l'empereur byzantin Léon Ier le Thrace puis Constantinopolis.

Période byzantine

Les Byzantins en font une forteresse défensive contre le danger perse mais perdent la ville lors de la bataille de Callinicum, le . Les armées sassanides de Kavadh Ier dirigées par Sepahbod Azarethes (en) battent les troupes de Bélisaire, général de l'empereur Justinien.

Période musulmane

Pendant la conquête musulmane du Levant, Iyad ibn Ghanam (en) envoie Souhail ibn Adi (ar) assiéger la ville, qui finit par se rendre. Iyad ibn Ghanam accepte la reddition de la ville et accorde l'aman à ses habitants. Ces derniers peuvent conserver leurs églises à condition qu'ils n'en construisent pas de nouvelles, qu'ils s'acquittent de la djizîa, qu'ils ne ne se rebellent pas, qu'ils ne fassent pas sonner les cloches, qu'ils n'effectuent pas de processions religieuses en public et qu'ils n'exhibent pas de crucifix. Une fois cela acquis, Iyad ibn Ghanam quitte Balis pour Raqqa avant de faire route vers Ras al-Aïn pour y affronter le gouverneur romain de la Djézireh.

Raqqa gagne en splendeur sous les califes Hicham, qui y fait construire deux palais, et Al Mansour, qui restaure la ville en 754 avant d'en faire la capitale du califat abbasside, remplaçant Bagdad. Sa position stratégique lui permet de protéger Bagdad face à la menace byzantine. Plus belle que jamais et prospère, la ville attire le calife Hâroun ar-Rachîd qui y établit sa résidence d'été et donne à l'élue son nouveau nom d'Al Rafiqa. Un programme de construction est mis en place pour renforcer la ville et en faire un symbole de l'hégémonie abbasside. Posterieurement, l'invasion mongole de 1258 met un terme définitif à cette époque de gloire.

Sous l'Empire ottoman, Raqqa est rattachée à l'eyalet de Raqqa dont la capitale est, en fait, Urfa. En 1864, elle devient un centre de colonisation militaire pour les Bédouins sédentarisés et pour les réfugiés (muhacir (en)) tcherkesses venus du Caucase russe.

De 1922 à 1946, la région est sous mandat français en Syrie et au Liban.

Période contemporaine

Raqqa et sa région restent relativement calmes au début de la guerre civile syrienne ; le président Bachar el-Assad se rend même dans la ville le pour célébrer l'Aïd-el-Kébir,. Le régime syrien tente alors d'acheter les principaux chefs de tribus pour obtenir leur soutien, mais de nombreux jeunes de la région finissent par prendre les armes. En décembre 2012, plusieurs groupes rebelles, dont certains affiliés à l'Armée syrienne libre, forment une alliance appelée le Front de libération de Raqqa.

Dans le contexte de la guerre civile syrienne, la ville tombe le aux mains des rebelles d'Ahrar al-Cham, du Front de libération de Raqqa et du Front al-Nosra, ce qui en fait la première capitale provinciale à passer sous le contrôle de l'opposition depuis le début du conflit en 2011. Les rebelles mettent alors en place une administration, avec un Comité municipal et un Comité judiciaire. En mai de la même année, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) fait son apparition dans la ville. Après l'annonce de sa formation en avril, la plupart des combattants du Front al-Nosra à Raqqa lui prête allégeance, tandis que les autres se retirent sur Tabqa,. Le 13 mai, des hommes du groupe djihadiste exécutent publiquement trois habitants alaouites sur la place de l'Horloge. Le 28 juillet, le père jésuite Paolo Dall'Oglio, venu à Raqqa effectuer une médiation avec l'EIIL, est enlevé par les djihadistes,. Rapidement, des combats ponctuels éclatent et l'EIIL s'impose grâce au manque de coordination des autres groupes rebelles. L'EIIL s'oppose d'abord au Front al-Nosra, puis aux groupes de l'Armée syrienne libre, comme la Brigade al-Farouq et la Brigade Ahfad al-Rassoul qui sont chassés de la ville, sans qu'Ahrar al-Cham n'intervienne. À l'automne 2013, l'EIIL tient les sorties de Raqqa, tandis qu'Ahrar al-Cham demeure la faction la plus puissante dans le centre-ville.

Début , 14 chefs de tribus de Raqqa prêtent allégeance à l'EIIL.

Le , l'imam Abdel-Azim Chaykho est tué devant sa mosquée de Raqqa par l'EIIL. C'était lui qui avait dirigé la prière de l'Aïd-el-Kébir lors de la venue du président Bachar el-Assad dans la ville en 2011, avant de prononcer une khotba élogieuse à son égard,. Son cadavre et ceux de onze autres personnes exécutées par le groupe (majoritairement des soufis suspectés de sympathies progouvernementales) sont enterrés à la va-vite à Tell Bi'a, le cimetière et point le plus haut de la ville.

En janvier 2014, un conflit général éclate entre les rebelles et l'EIIL : le 6 janvier, Ahrar al-Cham, l'Armée syrienne libre, et le Front al-Nosra assiègent le quartier-général de l'EIIL et parviennent à prendre le contrôle de la ville le 8 janvier,. Mais les djihadistes contre-attaquent ensuite et reprennent la ville quelques jours plus tard. Raqqa devient alors la principale base, puis la capitale officieuse de l'EIIL en Syrie,,.

Appelée le « Point 11 », la partie souterraine du stade de football (ar) est utilisé comme siège des services secrets de l'État islamique, là où sont retenus ses otages et ses prisonniers les plus importants,.

Le , huit frappes aériennes de l'aviation syrienne tuent 53 personnes, dont au moins 31 civils,,,,. Foued Mohamed-Aggad, futur auteur des attentats du 13 novembre, survit coup sur coup à deux de ces bombardements dans la rue Tall Abyad,,. Le suivant, de nouveaux bombardements particulièrement massifs de l'aviation syrienne font au moins 95 morts dont 52 civils au moins.

En , une centaine de djihadistes étrangers auraient été exécutés à Raqqa par l'État islamique pour tentative de désertion,.

C'est à Raqqa, que sont également planifiés les attentats du 13 novembre 2015 en France. En représailles à ces attaques, dix chasseurs de l'armée de l'air française larguent vingt bombes sur Raqqa dans la soirée du 15 novembre,. Ce premier raid fait douze morts parmi les djihadistes et aucune victime civile. Le 17 novembre 2015, la France bombarde Raqqa avec la Russie.

Le , les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les forces aériennes de la coalition internationale lancent une offensive baptisée Colère de l'Euphrate avec pour objectif de prendre la ville à l'État islamique. Début 2017, 200 000 à 300 000 civils (dont 80 000 déplacés internes) vivent à l'intérieur,,. À la veille de l'entrée des FDS, ils sont encore 160 000 selon les Nations unies. Les FDS pénètrent dans Raqqa par l'ouest (quartier de Harqalah (ar)) et l'est (quartier d'al-Mashalab) le , et s'en emparent entièrement le . En quatre mois, les combats font plus de 3 000 morts, dont un tiers de civils, et la ville est détruite à 80 %, en raison des bombardements intensifs de la coalition. En juin 2018, la coalition internationale annonce un plan de reconstruction de la ville ainsi que de déminage[réf. nécessaire].

En , un charnier est découvert au sud-ouest de Raqqa, dans la banlieue agricole d'al-Foukheikha (ar). Il renfermerait jusqu'à 3 500 cadavres. Huit autres fosses avaient alors été exhumées autour de la ville et contenaient 900 cadavres.

Après sa prise par les FDS, Raqqa se reconstruit lentement. Le conseil civil de la ville est administré par deux maires : Leïla Mustapha, une Kurde, et Mouchloub Al-Darwich, un Arabe. En , 54 000 familles ont regagné Raqqa depuis la fin des combats — soit 40 % de la population initiale de la ville — et la maire Leïla Mustapha affirme que 8 000 mines ont été retirées du centre-ville, que 24 stations d'eau et 220 kilomètres de canaux d'irrigation ont été réparés et que 18 hôpitaux ou centres médicaux et 319 écoles ont été réhabilités. La population critique cependant la lenteur de la reconstruction, une centaine d'ONG travaille en coordination avec le conseil civil de Raqqa, mais ce dernier ne reçoit d'aides financière ni de la coalition internationale, ni de l'ONU. La France fournit deux enveloppes de 50 millions d'euros à des ONG en 2018 et 2019, qui sont notamment utilisés pour la réhabilitation des hôpitaux. Malgré cela, une certaine nostalgie de l'État islamique demeure au sein d'une partie de la population,,,.

Personnalités liées à la commune

  • Ruqia Hassan (1985-2015), journaliste citoyenne, exécutée pour « espionnage » sur l'ordre de l'État islamique à Raqqa.
  • Mohed Altrad (1948-), homme d'affaires français, dirigeant du Groupe Altrad et président du Montpellier Hérault Rugby, né dans le désert de Syrie, ayant passé sa jeunesse à Raqqa.
  • Abd al-Salam al-Ujayli (1918-2006), romancier, médecin et homme politique appartenant à la famille Al-Aajili et ayant très fortement contribué a l'essor de la ville.

Galerie

Références


Voir aussi

Bibliographie

  • Myriam Ababsa, Raqqa, territoires et pratiques sociales d'une ville syrienne, Institut français du Proche-Orient, Beyrouth, 2009, 362 p. (ISBN 978-2-35159-155-0) (texte remanié d'une thèse). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/ifpo/1021>. DOI : 10.4000/books.ifpo.1021.
  • Christophe Fourvel (texte), Raqa, l'histoire n'est encore qu'un regard d'enfant, Mediapopéd., Mulhouse, 2011, 44 p. (ISBN 978-2-918932-05-5) (photographies réalisées par un enfant syrien le 17 juillet 2010)
  • (en) Marilyn Jenkins-Madina, Raqqa revisited: ceramics of Ayyubid Syria, Metropolitan Museum of Art, New York ; Yale University Press, New Haven, London, 2006, 247 p. (ISBN 0-300-11143-6)
  • Adam Baczko, Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie : Anatomie d'une guerre civile, Paris, CNRS Éditions, , 412 p. (ISBN 978-2-271-09166-6).
  • Charles Lister, The Syrian Jihad : Al-Qaeda, the Islamic State and the Evolution of an Insurgency, Oxford University Press, , 540 p. (ISBN 978-0-19-046247-5, lire en ligne).
  • Hussam Mahmoud, Céline Martelet, L'Asphyxie : Raqqa, chronique d'une apocalypse, Denoël, , 181 p. (ISBN 978-2-207-16455-6).

Filmographie

  • Épisode 9 jours à Raqqa, premier épisode de la série La vie après Daech, d'une durée de 90 minutes. Réalisation de Xavier de Lauzanne. Diffusé pour la première fois le (en avant-première). Autres crédits : Ibrahim Maalouf.

Article connexe

  • Destruction du patrimoine culturel par l'État islamique

Liens externes

  • Fanny Arlandis, « Rakka occupe une place considérable dans l’histoire arabe », Le Monde, 7 octobre 2017.
  • Myriam Ababsa, Raqqa, territoires et pratiques sociales d'une ville syrienne, Presses de l'IFPO, Damas, 2009 [1]
  • Portail de la Syrie

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Raqqa by Wikipedia (Historical)



Forces démocratiques syriennes


Forces démocratiques syriennes


Les Forces démocratiques syriennes (arabe : قوات سوريا الديمقراطية ; kurde : Hêzên Sûriya Demokratîk ; syriaque : ܚܝ̈ܠܘܬܐ ܕܣܘܪܝܐ ܕܝܡܩܪܛܝܬܐ), abrégé FDS en français (ou QSD - قسد -en kurde/arabe), sont une coalition militaire formée le pendant la guerre civile syrienne. Actives dans le nord de la Syrie, les FDS visent surtout à chasser l'État islamique et la Turquie de la zone. Largement dominées par les kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), les FDS regroupent également des rebelles arabes proches de l'Armée syrienne libre, des tribus locales comme l'Armée Al-Sanadid et des chrétiens du Conseil militaire syriaque.

Les FDS sont activement soutenues par la coalition internationale menée par les États-Unis qui leur fournit des formateurs, des armes et un appui aérien.

Fondation et composition

La création des « Forces démocratiques syriennes » est annoncée le lors d'une conférence à Hassaké. Les FDS consistent ainsi en un regroupement hétéroclite de divers groupes religieux et ethniques, surtout unis par leur hostilité commune à l'État islamique. Dominée initialement par les milices kurdes, le nombre des combattants arabes aurait ensuite augmenté. Début mars 2017, le général Stephen J. Townsend, chef militaire de la coalition, affirme que les YPG représentent 40 % des troupes des FDS, contre 60 % pour les groupes arabes.

Cette coalition regroupe notamment les mouvements suivants,,,, :

  • Les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ), branche armée du Parti de l'union démocratique. Elles forment la majeure partie de la coalition, soit environ 35 000 des 40 000 combattants revendiqués par la coalition fin 2015,
  • Le Conseil militaire syriaque (MFS) ;
  • L'Armée Al-Sanadid ;
  • Le Bataillon international de libération ;
  • Les Forces d'autodéfense ;
  • Des groupes affiliés à l'Armée syrienne libre, :
    • Jaych al-Thuwar, :
      • Les Bataillons Chams al-Chamal,
      • Jabhat al-Akrad,
      • La 99e Brigade d'infanterie
      • Liwa al-Salajiqah
      • Liwa Sultan Selim
      • Liwa Shuhada al-Atarib
    • Jaych al-Salam
      • Liwa al-Jihad fi Sabeel Allah
      • Liwa al-Tahrir (devient indépendant en 2016).
      • Liwa Jound al-Haramaïn (rallie les Bataillons Chams al-Chamal le 10 mars 2016),,
      • Jabhat Thuwar Tal Abyad
    • La Brigade des révolutionnaires de Raqqa,.
    • Liwa Ahrar Raqqa
    • Liwa Fursan al-Furat
    • Tajammu Kataib Furat Jarabulus
    • Enya Parastinen Jinën Sehba
    • Kataeb Thuwar Manbij
    • Liwa al-Owal Mafaoweer Homs 505
    • Liwa Shuhada Qabasin
    • Liwa al-Sahba
    • Liwa Suqour al-Raqqa
    • Liwa Chamal al-Democrati
    • Liwa Shuhada al-Raqqa
    • Liwa Tahrir al-Furat
    • Quwat al-Ashaïr
    • Volcan de l'Euphrate
      • Brigade de Jarablus
      • Jaych al-Qassas
    • Le Bataillon Nubar Ozanyan

Les FDS forment également des conseils militaires régionaux avec notamment :

  • Le Conseil militaire de Manbij, créé le ,,.
  • Le Conseil militaire de Jarablus, formé le , dirigé par Abdulsattar Al-Kadiri, tué le 23 août 2016,,.
  • Le Conseil militaire d'al-Bab, créé le . Après la prise d'al-Bab par la Turquie, le conseil militaire demeure actif, mais reste basé à Manbij ;
  • Le Conseil militaire de Deir ez-Zor.

Commandement

Le commandant en chef des Forces démocratiques syrienne est Mazloum Abdi.

Le porte-parole des Forces démocratiques syriennes était le général de brigade Talal Silo ; ce dernier fait cependant défection le et rejoint les groupes de l'Armée syrienne libre soutenus par la Turquie.

Le 22 juillet 2022, Salwa Yusuk, dite Ciyan Afrin, commandante des FDS chargée des opérations conjointes avec la coalition internationale, est tuée par une frappe de drone turc près de Qamichli. L'United States Central Command présente ses condoléances à sa famille et salue le rôle « essentiel » de la commandante kurde contre l'État islamique.

Batailles

La première offensive des Forces démocratique syriennes est lancée le 31 octobre dans la zone de al-Hol, au sud-est d'Hassaké,. Appuyées par l'aviation américaine, les FDS remportent une première victoire en prenant la petite ville de al-Hol le 12 novembre et plus de 1 000 kilomètres carrés le long de la frontière irakienne,. Un mois plus tard, le 26 décembre, les FDS s'emparent du barrage de Tichrine, sur l'Euphrate. Les Kurdes et leurs alliés peuvent alors franchir le fleuve à l'ouest, mais ils poursuivent également leur progression au sud, entre Aïn Issa et Raqqa, dans les premiers jours de janvier 2016,.

À Azaz, les FDS attaquent également les groupes rebelles — dominés dans cette région par l'Armée syrienne libre et Ahrar al-Cham — avec le soutien de l'aviation russe et s'emparent de l'aéroport de Menagh le 10 février,,,,. Ils avancent ensuite vers Azaz et Tall Rifaat. Le 13, l'artillerie turque postée à la frontière intervient et bombarde les positions kurdes dans le district d'Azaz,,. Malgré cela, les YPG prennent Tall Rifaat le 15 février.

En février, les Forces démocratiques syriennes reprennent leurs offensives contre l'État islamique dans le gouvernorat d'Hassaké : le 19 février, la ville d'Al-Chaddadeh est prise. Les djihadistes répondent le 27 février en menant un raid à l'intérieur des territoires tenus par les Kurdes à Tall Abyad et plusieurs villages de ses environs ; les affrontements font plus de 200 morts.

Le 24 mai, les FDS et la coalition lancent une vaste offensive contre l'État islamique au nord de Raqqa. Les FDS engagent 10 000 à 15 000 combattants dans les opérations, mais ils n'enregistrent pas d'avancée majeure lors des premiers jours,,. Jusqu'à ce que subitement, le 31 mai, ils étendent leur offensive à l'ouest sur la ville de Manbij, dans le gouvernorat d'Alep. Les FDS construisent un pont amovible avec l'aide des Américains et franchissent l'Euphrate près de Sarrine, tandis qu'au sud d'autres forces avancent depuis le barrage de Tichrine. Le 10 juin, Manbij est encerclée. À l'intérieur de Manbij, les djihadistes résistent deux mois, mais ils laissent au moins un millier de morts dans les combats et ne peuvent empêcher les Forces démocratiques syriennes de prendre entièrement le contrôle de la ville le 12 août,.

Après avoir pris Manbij, les Forces démocratiques syriennes menacent al-Bab à l'ouest et Jarablus au nord, villes que les Kurdes espèrent prendre à l'État islamique pour établir une continuité territoriale à leur région fédérale du Rojava. Le gouvernement d'Erdoğan décide alors de prendre les Kurdes de vitesse et le 24 août l'armée turque et des rebelles syriens franchissent la frontière et attaquent l'État islamique à Jarablus. Les djihadistes n'opposent qu'une faible résistance et se replient sur Al-Bab,,. Du 27 au 30 août, les forces turques et rebelles attaquent les positions des Forces démocratiques syriennes entre Jarablus et Manbij et progressent jusqu'à la rivière Sajour. Mais sur l'insistance des États-Unis, l'offensive sur Manbij s'arrête là et un accord de cessation des hostilités est conclu. L'armée turque et l'Armée syrienne libre se tournent alors contre l'État islamique et s'emparent d'al-Bab le , après plusieurs mois de combats.

Le , les Forces démocratiques syriennes lancent l'offensive générale pour prendre Raqqa à l'État islamique. Le 6 mars, elles coupent à l'est la route de Deir ez-Zor, puis elles se concentrent sur la ville de Tabqa, à l'ouest. Dans la nuit du 21 au 22 mars, des soldats américains et des membres des FDS sont héliportés au sud du lac el-Assad et attaquent Tabqa par le sud,. Le 26 mars, l'aéroport au sud de la ville est pris. Le 6 avril, Tabqa est encerclée et le 24 avril, les FDS entrent dans la ville. Tabqa et son barrage tombent entièrement aux mains des Forces démocratiques syriennes le 10 mai. Enfin, le , après sept mois d'offensive, les Forces démocratiques syriennes se concentrent sur l'objectif final et parviennent à entrer dans la ville de Raqqa. Le 29 juin, elles achèvent l'encerclement total de la ville ; début août, elles en contrôlent la moitié ; début septembre, les deux tiers. Finalement, Raqqa est entièrement conquise par les FDS le 17 octobre. En quatre mois, les combats ont fait plus de 3 000 morts, dont un tiers de civils, et la ville est détruite à 80 %.

En avril 2018, le général américain Jonathan Braga, directeur des opérations, déclare qu'il aurait fallu 60 000 GI's pour accomplir ce qu'ont réalisé les Forces démocratiques syriennes


Au terme de cinq années de combats, 10 000 djihadistes de l'État islamique sont faits prisonniers par les Forces démocratiques syriennes, dont 8 000 Syriens et Irakiens et 2 000 étrangers, auxquels s'ajoutent 70 000 femmes et enfants de djihadistes, dont 10 000 étrangers, selon James Jeffrey, le représentant spécial américain pour la Syrie.

Pertes

Selon les déclarations en avril 2018, du général américain Jonathan Braga, plus de 4 000 combattants des Forces démocratiques syriennes ont été tués contre l'État islamique. Après la chute de Raqqa, le , la coalition déclare que 1 100 membres des FDS ont été tués dans les régions de Raqqa et Deir ez-Zor. Le 2 novembre, le général James B. Jarrad, chef des opérations spéciales de la coalition internationale, donne pour sa part un bilan de 1 200 morts et 2 500 blessés pour les FDS.

Les Forces démocratiques syriennes donnent quant à eux les bilans suivants :

  • 613 morts pendant l'année 2016.
  • 968 morts et 2 112 blessés pendant l'année 2017, dont 793 tués pendant la campagne de Raqqa et 162 autres dans la région de Deir ez-Zor,. Elles revendiquent également 7 027 djihadistes tués, 12 000 blessés et 1 397 autres faits prisonniers,.
  • 508 morts, 1 547 blessés et 73 prisonniers contre la Turquie et l'Armée nationale syrienne et 256 morts contre l'État islamique en 2019.

Le , les Forces démocratiques syriennes annoncent qu'elles déplorent 11 000 morts et 21 000 blessés dans leurs rangs après cinq années de guerre contre l'État islamique.

Alliés et opposants

Les Forces démocratiques syriennes sont activement aidées par les États-Unis qui a impulsé leur création, aidé à la formation de ses combattants et a fourni des équipements et des armes ainsi qu'un appui aérien grâce à la coalition arabo-occidentale,,. Ainsi, par exemple, les États-Unis ont parachuté le cinquante tonnes de munitions pour les milices arabes de la région. Le , le président américain Barack Obama annonce avoir envoyé cinquante soldats des forces spéciales américaines afin d'entraîner et coordonner les FDS,.

La Russie est également une alliée des FDS, notamment depuis la destruction d'un avion russe en 2015 par l'armée turque à la frontière turco-syrienne. En soutenant de la sorte les Kurdes, la Russie pourrait chercher une revanche sur les Turcs. Ainsi, lors de la bataille de Nord d'Alep en février 2016, l'avancée des FDS sur les rebelles syriens est appuyée par des bombardements russes.

En revanche, la Turquie s'oppose très nettement à la coalition des FDS alors que sa principale composante, les Unités de protection du peuple (YPG), est considérée comme organisation terroriste par Ankara, qui l'accuse d'être une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui est en lutte armée avec l'État turc. L'aviation turque a ainsi bombardé plusieurs fois la coalition afin de stopper son avance le long de la frontière turco-syrienne déjà contrôlée en grande partie par les FDS. Le pouvoir turc craint en effet qu'un Kurdistan syrien autonome ou Rojava en cours de constitution devienne une base arrière du PKK à partir de laquelle cette organisation lancerait des attaques armées sur la Turquie.

Sur le plan interne, les Forces démocratiques syriennes ainsi que les Kurdes de manière générale, se sont largement opposés aux factions les plus islamistes des rebelles syriens. C'est notamment le cas de groupes comme Ahrar al-Sham, le Front al-Nosra ou le Front du Levant. Les FDS ont en revanche adopté une certaine neutralité envers le pouvoir syrien, alors que ce dernier a accordé aux Kurdes une autonomie de fait au début de la guerre civile syrienne en espérant ainsi qu'ils ne rejoignent pas les rebelles. Les FDS ont même coordonné certaines de ses actions avec l'armée syrienne, comme lors de l'offensive du nord d'Alep en février 2016 contre les rebelles syriens qui tenaient le corridor entre Azaz et Alep. Pourtant, les FDS comprennent plusieurs groupes rebelles anti-Assad à tendance « pro-démocratie », comme Jaych al-Thuwar qui a quitté les zones rebelles du fait de son opposition aux factions islamistes ou salafistes de la rébellion.

Le 31 janvier 2017, les Forces démocratiques syriennes annoncent avoir reçu pour la première fois des blindés américains.

Relations avec le régime syrien

En 2017, sans être en confrontation, les relations des Forces démocratiques syriennes avec le régime syrien sont tendues : les FDS réclament au régime la reconnaissance de l'autonomie de leur région fédérale, mais le 18 décembre Bachar el-Assad qualifie les milices kurdes de « traîtres »,,,,. Le , une délégation des Forces démocratiques syriennes se rend pour la première fois à Damas afin d'ouvrir des négociations avec le régime syrien,.

Le 15 octobre 2018, Walid al-Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères déclare : « Nous n'accepterons pas le fédéralisme », jugeant ce modèle de gouvernance « contraire à la constitution syrienne ». Il déclare à l'égard des membres des FDS : « S'ils veulent continuer à miser sur les promesses américaines (...), c'est leur problème, mais ils devront en payer le prix ». Le 18 mars 2019, le ministre syrien de la Défense, Ali Abdallah Ayyoub, déclare également que Damas « libérera » les zones contrôlées par les forces kurdes « par la force » ou par le biais d'« accords de réconciliation ». Les autorités kurdes diffusent alors un communiqué le même jour dans la soirée dans lequel elles dénoncent « le discours du ministre syrien de la Défense » qui « reflète la politique raciste et stérile qui a conduit la Syrie à cette situation désastreuse ».

Le 3 mai, les Forces démocratiques syriennes annoncent lors d'une conférence à Aïn Issa qu'elles sont prêtes à dialoguer avec le régime syrien, mais qu'elles refusent la mise en place d'un « accord de réconciliation »,. Mazloum Abdi, le chef de FDS, déclare : « Nous n'accepterons en aucun cas un retour à l'avant-2011 ». Il affirme également qu'« aucun règlement réel » ne peut émerger « sans une reconnaissance totale et constitutionnelle des droits du peuple kurde » et de la légitimité de « l'administration autonome ».

En décembre 2019, lors d'une visite dans la province de Qamishli, Ali Mamlouk, chef du bureau de la sécurité nationale syrienne, appelle les personnalités tribales syriennes de l'est de l'Euphrate à retirer leurs fils des Forces démocratiques syriennes (FDS). Le 6 décembre, Mamlouk avait rencontré le comité de sécurité dans le gouvernorat d'Hassaké, des personnalités tribales et des commandants des FDS soutenus par les États-Unis.

Économie et ressources financières

Selon Al-monitor, il est désormais bien établi que les Forces démocratiques syriennes (FDS), ont été impliquées dans la vente de pétrole produit dans des champs de l'est de la Syrie principalement dans des zones contrôlées par le régime. Selon un haut responsable kurde irakien, « une partie» du pétrole syrien provenant des champs contrôlés par les FDS est acheminé via le Kurdistan irakien vers la Turquie », un autre avançant que « la majeure partie du pétrole des FDS va en Turquie ». Les revenus pétroliers soutiennent l’administration autonome des Kurdes syriens, lui permettant de payer les salaires de ses personnels civils et militaires. Le contrôle des champs renforce également la main des FDS dans les négociations avec le régime. « Si nous perdons les revenus pétroliers, tout notre système s'effondrera ; c'est essentiel », reconnaît un responsable de la sécurité lié aux FDS.

Les revenus pétroliers sont devenus encore plus critiques depuis que Donald Trump a gelé quelque 200 millions de dollars de financement de stabilisation pour la Syrie en mars 2018, l'Union européenne refusant à son tour d'engager plus d'argent. Des injections de liquidités en provenance d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis d'un montant de 150 millions de dollars devraient s'achever au début de 2020.

Critiques

Les Forces démocratiques syriennes ont été critiquées, notamment parce qu'elles représentent un groupe très majoritairement composé de Kurdes s'étendant de plus en plus dans des régions majoritairement peuplées d'Arabes sunnites. Ces derniers ne composent qu'une faible part de l'alliance, à l'inverse des zones tenues par l'État islamique, et sont parfois marginalisés dans les prises de décision. De plus, les Unités de protection du peuple ont été ponctuellement accusées de crimes de guerre envers des populations arabes. Dans un article du New York Times, Ben Hubbard considère notamment que les forces arabes sont peu équipées, peu entraînées et qu'elles disposent d'un encadrement insuffisant. De même, l'auteur note que la « Coalition arabe syrienne », censée coordonner et unir les différents groupes arabes, est une création américaine peu effective sur le terrain. De plus, les forces arabes et kurdes ne partagent pas les mêmes objectifs, les seconds soutenant la création d'un État kurde autonome ou indépendant dénommé « Rojava ».

Références

Voir aussi

Articles connexes

  • Kurdistan

Liens externes

  • Première chaîne youtube
  • Deuxième chaine youtube
  • (en) Ben Hubbard, « New U.S.-Backed Alliance to Counter ISIS in Syria Falters », sur The New York Times,
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  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail de la Syrie

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Forces démocratiques syriennes by Wikipedia (Historical)



Monde arabe


Monde arabe


L'expression de monde arabe (arabe : العالم العربي, al-ʿālam al-ʿarabī ou الوطن العربي al-wațan al-ʿarabī) désigne un ensemble de pays couvrant la péninsule arabique, l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, ayant en commun la langue arabe. Bien qu'assez largement utilisé, ce terme ne renvoie pas à une liste définie de pays, et à la différence de la Ligue arabe par exemple, le monde arabe ne constitue pas une entité politique formelle. On peut néanmoins considérer plusieurs critères pour rattacher un État au monde arabe : l'importance de la langue arabe (critère linguistique), sa localisation (critère géographique) ou enfin l'appartenance à la Ligue arabe (critère politique).

Critère linguistique

Le monde arabe englobe les pays ayant comme langue officielle (ou co-officielle) la langue arabe.

Selon ce critère, le monde arabe correspond globalement à vingt-trois États, de la république islamique de Mauritanie à l'ouest, au sultanat d'Oman à l'est dont l'arabe porte également le statut de langue officielle. La diffusion de la langue arabe est due en majeure partie à l'expansion de l'Islam à partir de l'Arabie au VIIe siècle.

Toutefois, la linguistique distingue différents registres de la langue arabe. La diglossie oppose langue littéraire et langues vernaculaires. Il existe des langues vernaculaires orales, différentes l’une de l'autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal, les substrats, superstrats et emprunts différant selon les régions. Ces langues vernaculaires sont utilisées majoritairement au quotidien par les arabophones.

Critère géographique

Les pays du monde arabe sont généralement regroupés par les géographes en cinq espaces régionaux :

  • Maghreb : Mauritanie, Sahara occidental, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye ;
  • Vallée du Nil : Égypte et Soudan ;
  • Corne de l'Afrique : Djibouti, Somalie ;
  • Croissant fertile : Palestine, Liban, Jordanie, Syrie et Irak ;
  • Péninsule Arabique et pays du Golfe : Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Koweït.

Critère culturel

Les pays du monde arabe sont parfois regroupés en deux espaces régionaux, sans les pays de la Corne de l'Afrique :

  • Maghreb : Mauritanie, Sahara occidental, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye, soit l'espace culturel arabo-berbère.
  • Machrek : Égypte, Soudan, Palestine, Liban, Jordanie, Syrie, Irak, Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Koweït.

Critère politique

Liste des membres de la ligue arabe :

Vingt-deux pays arabes sont représentés au sein de la Ligue arabe, un organisme politique dont le siège est au Caire.

La simultanéité des révoltes du « Printemps arabe » peuvent s'expliquer par les régimes politiques du monde arabe : monarchies (Maroc, Jordanie, plusieurs États de la péninsule arabique) ou républiques (dont deux en Syrie et en Libye ont un régime à parti unique) sont caractérisées par une opposition muselée et une forte répression, une économie dans les mains de clans restreints proches du pouvoir, une corruption élevée (voir carte du monde de l'indice de perception de la corruption), une jeunesse nombreuse (les moins de quinze ans représentent le quart de la population totale), éduquée et diplômée (taux d'alphabétisation supérieur à 80 % dans certains pays) mais fortement touchée par le chômage de longue durée (taux de chômage moyen de 23 % pour les 15-25 ans) car le monde du travail est fermé. Cette jeunesse du monde arabe, demandeuse de libertés car ayant le sentiment d'être méprisée par les élites politiques ou économiques, a en commun dans tous les pays de retrouver sa dignité lors des révoltes en 2011.

De plus, sur le plan politique, la notion de « monde arabe » est fortement contestée par les nationalistes arabes qui lui préfèrent le terme de « nation arabe ». Selon eux, ce terme exprimerait l'idée que les Arabes forment une nation unie contrairement au terme de « monde arabe ». Ainsi l'intellectuel palestinien, Naji Alloush explique que « le terme de « nation arabe » signifie que la nation est une et que l’unité arabe est inéluctablement en devenir. En revanche, l’expression « monde arabe » est un terme colonial d’origine britannique. Il sous-entend que la nation arabe peut-être sujette à l’unité comme à la division. Il signifie également que cette nation arabe est plus proche et davantage prédisposée à la division ». Né à la fin du XIXe siècle, le nationalisme arabe tend à s'amoindrir.

Difficultés de définition

Trois pays africains de la ligue arabe – la Somalie, Djibouti et les Comores – se trouvent en dehors de l'aire arabophone, l'arabe y ayant un statut de langue co-officielle et religieuse. En effet, Djibouti ne compte qu'une petite minorité d'arabophones natifs et les Comores aucune et les seules populations qui se déclarent « arabes » dans ces trois pays vivent dans les grandes villes et sont principalement commerçantes.

Dans les autres États subsahariens, non-membres de la ligue arabe, l'arabe est une des « langues de travail » en Érythrée. Au Tchad, un pays plurilingue et officiellement bilingue, l'arabe est une langue officielle de second ordre, l'arabe tchadien est, avec le sara ngambay, la langue natale la plus parlée (environ 10 %) ; toutefois la moitié de la population l'utilise comme une langue véhiculaire.

Démographie

En 2022, la population totale du monde arabe est d'environ 463 millions d'habitants. Le pays arabe le plus peuplé est l'Égypte avec 104 millions d'habitants.

Dans plusieurs pays arabes, après avoir largement diminué durant les années 90 conformément à la transition démographique attendue, les taux de fécondité sont repartis à la hausse (Égypte et Algérie) ou ont cessé de baisser et stagnent (Maroc, Tunisie, Syrie, Jordanie) sans que cela ne puisse être clairement expliqué,,. Parmi les explications avancées, les observateurs citent la stagnation de l’accès à l’éducation des femmes, la crise économique, le manque d’emploi, de grandes difficultés des couples pour trouver des logements ainsi qu'un rôle de la part des islamistes. Selon Françoise de Bel-Air, cette reprise de la fécondité pourrait être également liée à une reprise des mariages aux âges jeunes et à une stabilisation des niveaux de contraception. Les raisons sont cependant discutées et seraient différentes d'un pays à l'autre. En Égypte et en Jordanie, c’est la fécondité des plus éduquées qui augmente le plus et la hausse de la fécondité semble être donc plutôt choisie et ne pas être liée à l'absence d'accès à la contraception. Au Liban, en Palestine et dans les pays du Golfe la fécondité continue par contre de baisser.

La faim reste très répandue dans le monde arabe et tend même à progresser. En 2020, 69 millions de personnes souffraient de malnutrition dans le monde arabe, soit une hausse de plus de 90 % en 20 ans. Quelque 20,5 % des enfants de la région de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance.

Villes du monde arabe

Mouvements de population

Minorités ethniques

Dans plusieurs pays arabes vivent des minorités ethniques et religieuses. Les communautés non arabes sont largement arabisées, mais continuent de revendiquer leur spécificité et leur identité. Parmi elles, on compte les Kurdes, les Arméniens du Machrek, ainsi que les Doms. La cohabitation avec la majorité arabe est globalement pacifique. Mais le triomphe des régimes nationalistes après les indépendances et la construction des nations arabes modernes ont conduit à des conflits internes dans certains pays.

Au Maghreb, les berbérophones sont estimés aujourd'hui à plus de 30 % de la population du Maroc (Chleuhs, Amazighs du centre et Rifains) et à plus de 20 % de la population de l’Algérie (principalement Kabyles et Chaouis).

En Algérie, à la suite des revendications berbères, un Haut commissariat à l'amazighité existe depuis 1995. Le tamazight est une langue nationale depuis 2002 et officielle depuis 2016. Au Maroc, il est une langue officielle depuis 2011. En Algérie, il n’existe pas de formation formée autour des communautés berbérophones, les partis dit « kabyles » comme le RCD et FFS, militent parfois pour les revendications berbères, mais ne sont pas des partis communautaires. Toutefois, les revendications sont accompagnées du refus de l’arabisme et l’islamisme. Les Touaregs qui font partie de l’ensemble linguistique berbère, sont présents au Sud de deux États : l’Algérie et la Libye ; en plus des États voisins du Sahel où ils sont à l’origine de nombreuses rébellions.

Au Moyen-Orient, les Kurdes vivent dans deux pays arabes : l’Irak et la Syrie. Les communautés de ces deux pays sont souvent scolarisées en langue arabe qui constitue leur langue de travail et de culture, même s'ils préservent la langue et les traditions ethniques. L'Irak est confronté à un conflit ethnique qui oppose les Arabes aux Kurdes qui représentent six millions de personnes concentrés dans le Kurdistan irakien. Les Kurdes ont vécu une campagne de répression et d’extermination sous la présidence de Saddam Hussein. Ils parviennent à établir une zone autonome dans le Nord de l'Irak à la suite de la guerre du Golfe. La Constitution irakienne de 2005 reconnait une large autonomie au Kurdistan irakien et un kurde, Jalal Talabani est même élu président de la République.

Les pays du Machrek abritent également une forte communauté arménienne formée majoritairement de chrétiens orthodoxes qui se sont installés dans la région après le génocide de 1915 principalement à Alep en Syrie, Beyrouth au Liban et Alexandrie en Égypte. Ils s’intègrent pacifiquement, tout en préservant leur langue et leur culture. Toutefois, dans les années 1970, beaucoup d’Arméniens de Syrie et de Liban émigrent en Europe et en Amérique du Nord.

Les Doms du monde arabe (péjorativement appelés « Nawar » en arabe) vivent majoritairement en Égypte, mais aussi en Jordanie, dans les territoires palestiniens (et en Israël), au Liban, en Syrie.

Religions

Jusqu'au VIIe siècle l'Arabie était majoritairement polythéiste, avec des minorités monothéistes juives et chrétiennes ; l'expansion de l'islam dès le VIIe siècle entraîne des changements majeurs dans la région. Dans les territoires conquis par les Arabes musulmans, l'islam tend à devenir une religion majoritaire, avec des décalages dans le temps considérables, toutefois, d'une région à l'autre. Ainsi, dans un pays arabe multiconfessionnel comme le Liban, les chrétiens étaient encore majoritaires en 1932, date du dernier recensement officiel. Il faut se garder de confondre arabité et islam : aujourd'hui encore le monde arabe compte des chrétiens arabes et des juifs arabes.

Femmes

Sources

Bibliographie

  • Pierre Bonte, et alii, Emirs et présidents. Figures de la parenté et du politique dans le monde arabe, CNRS, 2001.
  • Samir Amin, Le Monde arabe dans la longue durée - le "printemps" arabe -, Le Temps des Cerises, 2011.
  • Mathieu Guidère, Atlas des pays arabes : Des révolutions à la démocratie ?, Autrement (Éditions), coll. « Atlas/Monde », , 95 p. (ISBN 978-2-7467-3206-3)
  • Mathieu Guidère, État du monde arabe, De Boeck (Éditions), coll. « Atlas/Monde », , 198 p. (ISBN 978-2-8041-9113-9)

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

  • Califat
  • Liste des pays de langue arabe
  • Monde arabo-musulman
  • Monde musulman
  • Moyen-Orient et Afrique du Nord

Liens externes

  • Ressource relative aux beaux-arts :
    • Musée national du Victoria
  • Ressource relative à la santé :
    • Medical Subject Headings
  • description sur le site web de l'Institut du monde arabe
  • Monde arabe
  • Jean-Paul Bord, « Modélisation du monde arabe » (Mappemonde 2/1995)
  • Portail du monde arabe
  • Portail du Moyen-Orient
  • Portail du Maghreb

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Palestiniens en Syrie


Palestiniens en Syrie


Les Palestiniens en Syrie (en arabe : الفلسطينيون في سوريا) sont des personnes d'origine palestinienne, dont la plupart résident en Syrie après avoir été déplacées de Palestine lors de l'exode palestinien de 1948 et sont considérés comme réfugiés. Les Palestiniens ont presque les mêmes droits que la population syrienne, mais ne peuvent pas posséder de terres ni obtenir la nationalité syrienne, sauf dans de rares cas,.

Histoire

La plupart des réfugiés palestiniens fuient vers la Syrie en 1948 depuis les districts du nord de la Palestine, Safad, Haïfa, Java, Acre, Tibériade et Nazareth. Certains réfugiés sont arrivés en Syrie via le Liban, d'autres de Galilée et de la vallée de Hula sur les hauteurs du Golan et d'autres encore sont arrivés directement de Palestine en Jordanie puis en Syrie.

À l'été 1948, il y a environ 70 000 réfugiés palestiniens en Syrie, la majorité concentrée le long de la zone frontalière avec Israël. Les réfugiés sont d'abord hébergés dans des casernes militaires désertes dans les gouvernorats de Soueïda, Alep, Homs et Hama.

En 1949, la loi 450 crée l'Institution des réfugiés palestiniens arabes (PARI), qui est ensuite remplacée par l'Autorité générale pour les réfugiés palestiniens arabes (GAPAR), pour gérer les affaires concernant les réfugiés palestiniens. Les responsabilités du GAPAR étaient l'enregistrement des réfugiés, l'aide humanitaire, la recherche d'emplois pour les réfugiés et la gestion des fonds qui leur sont destinés. Le GAPAR administre conjointement les camps avec l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine ou UNRWA. Environ 526 000 réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l'UNRWA. Il existe neuf camps officiels et trois camps non officiels pour les réfugiés.

En 1967, lors du conflit entre la Syrie et Israël, les réfugiés palestiniens fuient le gouvernorat de Qouneitra sur les hauteurs du Golan et environ 4 200 d'entre eux sont hébergés dans le camp d'urgence de Deraa. En 1970, à la suite de septembre noir, certains réfugiés palestiniens fuient la Jordanie vers la Syrie. En 1982, à la suite de la guerre du Liban de 1982, quelques milliers de réfugiés palestiniens quittent le Liban et se réfugient en Syrie.

L'afflux initial de Palestiniens est d'environ 90 000 à 100 000 personnes, et le gouvernement syrien, par une série de lois, ouvre progressivement la voie à leur intégration dans la structure socio-économique syrienne tout en préservant leur identité palestinienne distincte et sans leur donner accès à la citoyenneté.

Situation récente : depuis 2011

En raison de la guerre civile en Syrie qui débute en 2011, de nombreux Palestiniens en Syrie sont déplacés, soit à l'intérieur de la Syrie elle-même, soit ils fuient le pays. Leur propension à fuir inclut d'avoir été assiégés et bombardés par le régime dans des camps de réfugiés, comme le camp de Yarmouk, près de Damas, tandis que beaucoup ont choisi de faire le dangereux voyage vers l'Europe, car les conditions restent hostiles aux Palestiniens dans les États voisins du Moyen-Orient. Selon l'UNRWA, plus d'un demi-million de Palestiniens résidaient dans des camps de réfugiés en Syrie avant le début de la guerre. En 2019, on estime qu'au moins 120 000 Palestiniens ont été déplacés de Syrie depuis 2011.

Selon l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme, les Palestiniens qui vivaient dans des camps de réfugiés en Syrie se sont heurtés à des obstacles supplémentaires, puisqu'ils sont devenus « réfugiés pour la deuxième fois », ou sont parfois apatrides. L'organisation basée à Genève signale que plus de 160 000 réfugiés palestiniens de Syrie ont quitté leurs camps en Syrie, migrant vers des pays voisins ou vers l'Union européenne. Près de 80 000 réfugiés ont fui vers l'Europe, 57 276 ont fui vers les pays voisins, tels que le Liban, la Jordanie et la Turquie, et 7 000 autres réfugiés palestiniens de Syrie ont fui vers l'Égypte et la bande de Gaza.

Les résidents des camps palestiniens souffrent de raids aériens, de bombardements, de sièges et de malnutrition, en particulier dans le camp de Yarmouk dans la région de Damas, assiégé par le gouvernement jusqu'en 2018, entraînant le déplacement de plus de 100 000 personnes et de nombreux décès dus à la famine et au manque d'accès aux soins.

Au moins 3 987 Palestiniens de Syrie sont morts au cours des sept premières années de guerre, 1 651 Palestiniens ont été arrêtés et plus de 300 Palestiniens sont portés disparus,.

Selon le porte-parole de l'UNRWA, Chris Gunness, « les Palestiniens sont parmi les plus touchés par le conflit syrien ». Il explique que 95 pour cent des 438 000 Palestiniens ont « un besoin critique d'une aide humanitaire soutenue ». L'UNRWA est une agence qui travaille pour les réfugiés de Palestine et est principalement financée par des contributions volontaires et reçoit également leur financement sur le budget ordinaire des Nations unies, créé par la résolution 302 IV de l'Assemblée générale des Nations unies du 8 décembre 1949 pour exécuter des programmes de secours en faveur des réfugiés palestiniens.

Droits

Les enfants nés en Syrie de pères qui sont des ressortissants palestiniens, même s'ils sont eux-mêmes nés en Syrie, sont considérés comme des ressortissants palestiniens et non syriens. « Ce n'est que dans des circonstances très limitées, telles que l'absence ou l'apatridie d'un père, que la mère pouvait accorder à son enfant la citoyenneté syrienne ».

Les Palestiniens en Syrie ont le droit de posséder plus d'une entreprise ou entreprise commerciale ainsi que le droit de louer des propriétés. Ces droits s'étendent au commerce. Les Palestiniens sont libres de voyager dans toute la Syrie et ont le droit de s'établir dans les villages et villes syriens.

Il existe cependant une lacune importante dans les lois sur la propriété du logement et de la terre. Contrairement aux ressortissants syriens, les Palestiniens ne peuvent pas posséder plus d'une maison ou acheter de terres arables. Le droit d'entrée des Palestiniens leur donne uniquement le droit de rester pendant la période autorisée et aux fins pour lesquelles ils sont entrés, tant que les autorités ne conviennent pas du contraire.

Salim Salamah, le directeur de la Ligue palestinienne des droits de l'homme pour la Syrie affirme que « les réfugiés palestiniens en Syrie et ceux qui ont été doublement déplacés vers les pays voisins souffriront de cette décision. L'impact sera vraiment massif et tragique, pour les Palestiniens de Syrie, son aide vitale, surtout dans le contexte où de nombreux Palestiniens n'ont pas accès à de nombreux services de base, même [ceux qui ont fui] au Liban ou en Jordanie. Cela s'inscrit dans la longue tradition d'érosion de l'existence des Palestiniens ... et c'est tragique ".

Démographie

Selon les données du GAPAR, 85 000 réfugiés palestiniens se sont installés en Syrie à la fin de 1948. En 1960, leur nombre est passé à 126 662 et en 1989, la population de réfugiés est passée à 296 508. À la fin de 1998, le nombre de réfugiés était de 366 493. En 2011, l'UNRWA signale avoir enregistré 526 744 réfugiés.

En raison des conditions difficiles, le nombre de réfugiés enregistrés est tombé à environ 450 000 en raison de la fuite de nombreux Palestiniens au Liban, en Jordanie ou ailleurs dans la région. Depuis 2011, de nombreux Palestiniens syriens ont échappé à la guerre et sont allés en Europe en tant que réfugiés, en particulier en Allemagne et en Suède.

Voir aussi

  • Réfugiés palestiniens
  • Palestiniens

Notes et références

  • Portail de la Syrie
  • Portail de la Palestine
  • Portail des minorités

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Palestiniens en Syrie by Wikipedia (Historical)



Éric Denécé


Éric Denécé


Éric Denécé, né le dans le 15e arrondissement de Paris, est un auteur, spécialiste français du renseignement et de l'intelligence économique et directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), groupe de réflexion pro-russe qu'il a fondé en 2000.

Ses prises de position favorables à la Russie de Vladimir Poutine, voire relayant ouvertement sa désinformation, sont sources de controverse.

Biographie

Études

Il suit des études de géographie et d'histoire des relations internationales et obtient en 1988 un doctorat en science politique de l'université Panthéon-Assas avec une thèse sur les enjeux des rivalités maritimes et politiques en Asie du Sud-Est. Il obtient l'habilitation à diriger des recherches en 2011, consacrée au renseignement, à l'université Toulouse-I-Capitole.

Renseignement et intelligence économique

Éric Denécé commence sa carrière d'officier dans le renseignement au sein de la Marine nationale, puis au SGDSN entre 1986 et 1989,. À la fin des années 1980, il s'engage au Cambodge pour soutenir la résistance anticommuniste.

Il exerce par la suite dans le privé. Il commence au sein du groupe d'exportation automobile et aéronautique Matra Défense, chez qui il est ingénieur commercial export. Il se spécialise ensuite dans l'intelligence économique. Il devient ainsi responsable de la communication de la société NAVFCO, filiale du groupe Défense Conseil International[source insuffisante].

Au milieu des années 1990, il se rend en Birmanie, pour protéger les intérêts de Total contre la guérilla locale.

Après avoir été directeur des études du Centre d’Études et de Prospective Stratégiques (CEPS), un think tank indépendant, il crée et dirige le cabinet d'intelligence économique ARGOS.

Au sein d'ARGOS, il est notamment recruté en 2000 par HEC Paris pour mener une action de déstabilisation médiatique contre l'ESSEC, révélée par son ancien associé Ali Laïdi.

Il crée et dirige ensuite le département d'intelligence économique du groupe GEOS,.

En 2015, il s’associe avec Frédéric Pierucci, ancien cadre d’Alstom détenu un temps aux Etats-Unis, pour développer la société Ikarian afin d’aider les entreprises françaises à faire face aux contraintes de l’application extraterritoriale du droit américain,.

Recherche, enseignement et publications

En 1985, Éric Denécé crée la revue « Renseignement et opérations spéciales » aux Éditions L'Harmattan. En 1999, il crée la collection « Culture du renseignement » aux même éditions.[réf. à confirmer]

Il dirige également les collections « Poche Espionnage » aux éditions Ouest-France (de 2011 à 2013), « CF2R » chez Ellipses (de 2002 à 2015) et « Arcana Imperii » chez VA Editions, (de 2017 à 2019).[réf. à confirmer]

Au total, il est l'auteur de vingt-neuf ouvrages, dont certains ont été traduits en plusieurs langues, ainsi que de nombreux articles et rapports, consacrés au renseignement, à l'intelligence économique, au terrorisme et aux opérations spéciales,. Il dirige notamment la publication d’une Histoire mondiale du renseignement en 8 tomes, dont les trois premiers ont paru aux Éditions Ellipses,,.

Éric Denécé mène parallèlement une carrière dans l'enseignement. Il a enseigné à l’Université Bordeaux-IV Montesquieu l’étude du renseignement en France. Il enseigne ensuite à l'École de management de Bordeaux (BEM). Il a également enseigné le renseignement ou l'intelligence économique dans diverses autres institutions, comme le Collège interarmées de Défense, l'École nationale d’administration, l'université de Picardie-Jules Verne, l'université Notre–Dame de Beyrouth, HEG Genève.

Éric Denécé est lauréat du Prix 1996 de la Fondation pour les études de défense (FED) et du Prix Akropolis 2009 (Institut des Hautes Etudes de Sécurité Intérieure/IHESI),.

En 2008, il conseille le réalisateur et scénariste du film Secret défense, de Philippe Haïm.

Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R)

En 2000, il crée le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), cercle de réflexion privé, dont il assure la direction, avec « pour objectif avoué de créer une culture du renseignement » dans la société française,. L'organisme, qui rassemble une vingtaine de chercheurs, est parfois présenté par la presse comme le « think tank des espions » ou un « think tank indépendant ». Éric Denécé rejette le premier qualificatif et parle du CF2R comme un « centre de recherche » qui serait financé par sa propre société, vendant des services de conseil en gestion des risques et d'analyses géopolitiques au ministère de la Défense ainsi qu'à des entreprises du CAC 40,. Pour le Canard Enchaîné en 2016, le CF2R est une « simple association loi 1901 vitrine d'une SARL, le CF2R Services, qui - ça tombe bien - conseille les entreprises sur le "risque militant et terroriste" ».

Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, le CF2R, est régulièrement qualifié de think tank « pro-Kremlin »,,,,.

Interventions dans les médias

Éric Denécé intervient régulièrement dans des médias télévisés : France 5, LCI, RMC et BFM TV, sur différentes chaines de radio : France Inter, RTL, Sud Radio, Radio France et Europe 1. Il intervient également dans des médias audiovisuels d'extrême droite comme TV Libertés, CNews, Radio Courtoisie ainsi que le site web d'extrême droite Riposte laïque,[source insuffisante]. Enfin, il est régulièrement invité par la chaîne russe Russia Today.

Éric Denécé est publié par plusieurs revues scientifiques : la Revue française d'administration publique en 2011, la revue de l'institut Choiseul Geoéconomie en 2013 et Sécurité globale en 2011. Il a écrit des tribunes publiées sur le site Atlantico et par le quotidien Libération[source secondaire souhaitée].

Prises de position

Éric Denécé participe régulièrement à des colloques et événements avec le Dialogue franco-russe, lobby pro-Kremlin dirigé par Thierry Mariani,,,.

Printemps arabe et Syrie (2011)

Après s’être rendu avec un groupe d’experts internationaux francophones dans les pays concernés par le Printemps arabe,, il dirige la rédaction d'un ouvrage collectif soutenant que les différentes révolutions arabes auraient été préparées depuis longtemps avec le soutien des États-Unis. L'ouvrage avance par exemple que, dès 2007-2008, de manière analogue aux Révolutions de couleur, les leaders de ces mouvements assistaient à des conférences organisées par des ONG américaines, comme Freedom House, l’International Republican Institute ou Canvas, des propos repris directement par Éric Denécé dans une interview à La Tribune. Des thèses jugées « peu consensuelles » par le journaliste Défense et International de Challenges.

En juin 2011, il publie avec Yves Bonnet un rapport sur la Libye pendant la Première guerre civile libyenne, estimant que « les Occidentaux sont trop indulgents avec le Conseil national de transition » qui mène la rébellion contre la dictature de Mouammar Kadhafi. Il voit un « risque islamiste » chez les rebelles. Ce rapport est repris par la presse française à la suite de l'AFP. Le journaliste Quentin Girard dans Libération estime alors que « Ce qui surprend dans ce rapport est son grand écart avec les analyses de l'Otan ou des médias sur le terrain. [..] On a parfois l’impression que tout est fait pour décrédibiliser la rébellion. » Éric Denécé explique alors « qu'ils ne sont pas du tout pour Kadhafi » et que cette impression est due « à la désinformation pratiquée par les médias ».

En 2012, il coécrit un rapport sur la Syrie menacée de « libanisation », intitulé « Syrie : une libanisation fabriquée ». Le chercheur et ancien diplomate en Syrie Wladimir Glasman estime alors, sur son blog, que le rapport est « partiel, partial et « fabriqué » », comportant « erreurs et falsifications », et qu'il « embouche les trompettes du régime syrien » lorsqu'il dénonce des opérations de « désinformation » de la chaine Al Jazeera. 4 ans plus tard, en décembre 2016, sur la chaîne LCI, Denécé déclare qu'au sujet d'Alep, une « falsification de l'information » tend à minimiser la culpabilité des djihadistes et à exagérer les responsabilités de Bachar el-Assad (dont il dit cependant ne pas vouloir se faire le défenseur). Ses propos ont lieu au moment où Alep est « sous les bombardements indiscriminés des forces russes et syriennes », et sont repris dans le « blog pro-Kremlin » d'Olivier Berruyer, Les Crises,.

En mai 2014, il cosigne, avec Chérif Amir, auteur d'un livre intitulé l'Histoire secrète des Frères musulmans, une tribune dans Le Monde concernant l'élection présidentielle égyptienne, qu'il qualifie d'« expérience démocratique ». Le journaliste controversé Alain Gresh, sur son blog, affirme que le scrutin s'est déroulé dans des conditions de torture à grande échelle et d'arrestations de Frères musulmans. Il appuie ses affirmations sur les rapports de l'ONG Human Rights Watch. Aussi, selon Alain Gresh, l'affirmation d'un soutien officiel des Frères Musulmans au candidat Hamdine Sabahi - opposé à Abdel Fattah al-Sissi - serait « risible et [ferait] partie de la campagne de désinformation du régime »,[source insuffisante].

Affaire ALSTOM (2014)

À partir du mois de mai 2014, Éric Denécé critique dans la presse le rachat de la branche énergie de la société Alstom par l'américain General Electric. Selon le spécialiste en intelligence économique, le rachat de cette société « stratégique » poserait des risques pour la sécurité et l'indépendance nationale française,,,, et notamment dans la filière nucléaire, pour les centrales nucléaires, les turbines de sous-marins et des navires de surface tels que le porte-avion Charles de Gaulle. Il y voit une « vraie trahison des élites françaises » et publie également par son think tank avec Leslie Varenne, un rapport sur le sujet fin 2014. Les deux auteurs du rapport du think tank sont à ce titre auditionnés dans le cadre de la mission d'information sur l'extraterritorialité de la législation américaine par la commission des affaires étrangères et la commission des finances, le 3 février 2016.

Engagement en faveur de l'Arménie (2020)

En 2020, Éric Denécé cosigne, dans Le Figaro, « L'appel des artistes français en faveur de l'Arménie et de l'Artsakh ». En 2022, il cosigne la tribune « Refaire nation avec les Arméniens » dans L'Humanité[source secondaire souhaitée].

Guerre en Ukraine (2022)

En février 2022, quelques jours avant le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il affirme que des « spin doctors américains » mettent « en scène une menace et une agression russe qui n'existent pas ». En mars 2022, il accuse le gouvernement de Volodymyr Zelensky en Ukraine d'avoir « provoqué la situation dans laquelle se trouve la population ukrainienne », et d'avoir une responsabilité « au moins aussi importante que celle des Russes » dans la guerre. Interrogé par Challenges sur le sujet, Éric Denécé répond en avril 2022 : « J'assume de dire que nous ne crions pas avec les loups, car quand on regarde l'histoire, il est évident que l'on a poussé les Russes dans un piège. » Le magazine Challenges analyse les propos d'Éric Denécé comme pro-russe, et l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné le qualifie d'« idiot utile de Poutine », tandis que France Info affirme qu'il véhicule un « discours à sens unique très pro-russe » et propage des désinformations russes. Le spécialiste de géopolitique Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique accuse Éric Denécé et son organisme de n'être qu'une « officine utilisant les éléments de langage du Kremlin ». Le Conseil national de sécurité et de défense ukrainien le désigne en 2022 comme « auteur promouvant des récits conformes à la propagande russe », aux côtés d'autres membres ou auteurs associés au CF2R (Olivier Dujardin et Jacques Baud) et de 77 autres personnalités de 21 pays[réf. nécessaire]. La page en question est retirée du site internet en août 2022.[réf. à confirmer] Une intervention d'Éric Denécé est relayée sur twitter par l'ambassade de Russie en France, peu après qu'il a déclaré sur le plateau de CNews « que le président ukrainien Volodymyr Zelensky devrait s’excuser pour avoir provoqué la guerre en Ukraine »,.

Ce positionnement d'Éric Denécé envers la Russie amène Christophe Gomart, ex-directeur du renseignement militaire, à quitter le comité stratégique du CF2R en avril 2022, en déclarant : « Je ne cautionne absolument pas ce positionnement, dit-il. Dans cette guerre, il y a un agresseur et un agressé. Je ne vais pas prendre la défense de l'agresseur et soutenir Poutine ». En février 2023, un autre membre, Pierre Lellouche, ancien secrétaire d'État chargé des affaires européennes, démissionne du CF2R car il refuse d'être assimilé avec les prises de position d'Éric Denécé sur le massacre de Boutcha. Denécé maintient ses propos en février 2023 lors d'une interview de France Info. Le média affirme que lorsque des Ukrainiens ont été tués avec une balle dans la nuque et qu'il n'existe aucune preuve que ce soit l'Ukraine ou un montage, dire que cela est peut-être un montage est « virer un peu dans le complotisme ». Éric Denécé rétorque que ce n'est pas du complotisme mais une analyse des faits, que lorsqu'un crime a lieu il faut regarder l'enquête, que rien ne distingue une balle russe d'une balle ukrainienne, et que les enquêtes des gendarmes de l'institut de recherche criminelle sur les charniers à Boutcha n'ont apporté « aucun élément ». France Info rétorque que des enquêtes minutieuses des médias « permettent d'affirmer que ce sont des militaires russes qui ont massacré » des civils ukrainiens à Boutcha et que Éric Denécé propage là une désinformation russe.

Proximité avec les milieux d'extrême-droite et complotistes

En 2022, Conspiracy Watch et Le Canard Enchaîné soulignent la proximité d'Éric Denécé avec les milieux d'extrême droite et son succès auprès de la sphère complotiste. Conspiracy Watch écrit ainsi : « Fondateur d’un think tank remarqué pour son tropisme pro-Kremlin, l’ancien officier de renseignement fait le bonheur de la complosphère qui veut voir une manipulation médiatique derrière la guerre en Ukraine. [..] La complosphère et l’extrême droite n’ont [..] pas attendu l’invasion de l’Ukraine pour faire d’Éric Denécé un de ses porte-voix favoris ». Pour Conspiracy Watch, cela est par exemple illustré par le fait qu'Éric Denécé est cité une vingtaine de fois, en quinze ans, par le site d'Alain Soral,.

Dans un droit de réponse au magazine Challenges, Éric Denécé affirme n'avoir aucun lien, « ni avec le Rassemblement national, ni avec la DGSE, ni avec une quelconque puissance étrangère ».

Pour le magazine Politis, il est « réputé pro-Poutine et proche de l’extrême droite »

Ouvrages

  • Haut-Karabakh : le Livre noir (dir.), Ellipses, Paris, 2022.
  • La géopolitique au défi de l’islamisme (dir.), Ellipses, Paris, 2022, préface de Pierre Lellouche, ancien ministre.
  • Renseignement et espionnage du Premier Empire à l’affaire Dreyfus (dir.), Ellipses, Paris, 2021, préface du général Michel Masson, ancien directeur de la DRM.
  • La nouvelle guerre secrète : unités militaires clandestines et opérations spéciales, ouvrage rédigé en collaboration avec Alain-Pierre Laclotte, Mareuil éditions, Paris, 2021.
  • Renseignement et espionnage de la Renaissance à la Révolution (dir.), Ellipses, Paris, 2021, préface d’Yves Bonnet, ancien directeur de la DST.
  • Le renseignement au service de la démocratie, ouvrage rédigé en collaboration avec Jean-Marie Cotteret, Fauves éditions, Paris, 2019.
  • La menace mondiale de l’idéologie wahhabite (dir.), VA éditions, Paris, 2017.
  • Écoterrorisme ! Altermondialisme, écologie, animalisme : de la contestation à la violence, ouvrage rédigé en collaboration avec Jamil Abou Assi, Tallandier, Paris, 2016.
  • Les services secrets israéliens : Mossad, Aman, Shin Beth, ouvrage rédigé en collaboration avec David Elkaïm, Tallandier, Paris, 2014.
  • L’Espionnage en 365 citations, Le Chêne, Paris, 2013.
  • La Face cachée des « révolutions » arabes, (dir.), Ellipses, Paris, 2012.
  • Les Services secrets français sont-ils nuls ?, Ellipses, Paris, 2012, préface de Michel Rocard, ancien Premier ministre.
  • Commandos et forces spéciales, Ouest France éditions, Rennes, 2011.
  • Les Services secrets au Moyen Âge, ouvrage rédigé en collaboration avec Jean Deuve, Ouest France éditions, Rennes, 2011.
  • Dico-Atlas des conflits et des menaces, ouvrage rédigé en collaboration avec Frédérique Poulot, Belin, Paris, 2010.
  • Histoire mondiale de l’espionnage, ouvrage rédigé en collaboration avec Gérald Arboit, Ouest France éditions, Rennes, 2010.
  • Renseignement, médias et démocratie (dir.), Ellipses, Paris, 2009.
  • Mission : agent secret (Les techniques de l’espionnage expliquées aux enfants), ouvrage rédigé en collaboration avec Sophie Merveilleux du Vignaux, collection “Graine de savant”, Milan Jeunesse, Toulouse, 2009.
  • Les Services secrets, collection « Tout comprendre », EPA éditions, Paris, 2008.
  • Renseignement et contre-espionnage, collection « Toutes les clés », Hachette pratique, Paris, 2008 (Prix Akropolis 2009). Prix Akropolis 2009 (Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieure).
  • Histoire secrète des forces spéciales (de 1939 à nos jours), Nouveau monde, Paris, 2007 (traduit en polonais et en portugais),.
  • Tourisme et terrorisme. Des vacances de rêve aux voyages à risque, ouvrage rédigé en collaboration avec Sabine Meyer, Ellipses, Paris, 2006.
  • L’Autre Guerre des États-Unis. Économie : les secrets d’une machine de conquête, ouvrage rédigé en collaboration avec Claude Revel, Robert Laffont, Paris, 2005.
  • Al-Qaeda : les nouveaux réseaux de la terreur (dir.), Ellipses, collection “Géopolitique”, Paris, 2004.
  • Les Secrets de la guerre économique, ouvrage rédigé en collaboration avec Ali Laïdi, Seuil, Paris, 2004.
  • Forces spéciales, l’avenir de la guerre, collection « L’art de la guerre », éditions du Rocher, Paris, 2002.
  • Guerre secrète contre Al-Qaeda (dir.), Ellipses, collection « Géopolitique », Paris, 2002.
  • Le Nouveau Contexte des échanges et ses règles cachées. Information, stratégie et guerre économique, L'Harmattan, Paris, 2001, préface du préfet Bernard Gérard, ancien directeur de la DST.
  • Géostratégie de la mer de Chine méridionale et des bassins maritimes adjacents, L'Harmattan, collection “Recherches asiatiques”, Paris, 1999, préface d’Hervé Coutau-Bégarie.

En savoir plus

Notes et références

Liens externes

  • Ressource relative à plusieurs domaines :
    • Radio France
  • Publications d’Éric Denécé sur Cairn.info 
  • Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R)
  • Portail du renseignement

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Rachid ad-Din Sinan


Rachid ad-Din Sinan


Rachid ad-Din Sinan est une personnalité ismaélienne de la secte des Nizârites ayant repris à son compte le titre de Vieux de la Montagne durant sa chefferie en Syrie, autour de la forteresse de Masyaf en 1163. C'est le chef haschaschîn sans doute le plus reconnu et le plus craint après Hassan ibn al-Sabbah. À la mort de ce dernier, Rachid ad-Din Sinan prend à son tour le nom de "Vieux de la Montagne". Au cours du XIIe siècle, les alliances entre sunnites, chrétiens et nizarites se font et défont au gré des enjeux de chacun des partis. Saladin, à la suite de plusieurs tentatives d'assassinat contre lui, décide d'assiéger Masyaf en 1176, mais il renonce à prendre la ville après avoir conclu un pacte avec les Assassins dont le contenu reste secret.

Deux légendes existent autour de cet accord. Selon la première, Rachid ad-Din Sinan aurait envoyé une lettre à l'oncle de Saladin l'informant que toute la famille de ce dernier serait tuée si Saladin ne renonçait pas au siège. La seconde, plus romancée, raconte que Rachid ad-Din Sinan, absent au moment de l'encerclement de la forteresse, serait apparu non loin du camp des assaillants. Saladin, sachant cela, décida d'envoyer une troupe pour se saisir du chef rebelle. Mais en approchant de leur ennemi, les soldats furent soudain paralysés et incapables du moindre geste. Rentrant au camp, ils mirent au courant leur maître de leur mésaventure et l'informèrent que Rachid ad-Din Sinan souhaitait le rencontrer. Inquiet de ce présage, Saladin renforça sa protection et fit répandre autour de sa tente de la chaux et des cendres afin de détecter toute trace de pas. En pleine nuit, il se réveilla et aperçut un visage inconnu à proximité de sa couche, avant que la silhouette ne s'enfuie. Alertée, la garde entra dans la tente mais ne constata aucune présence, excepté celle d'une galette empoisonnée sur le lit, accompagnée d'un papier où Saladin put lire : "Tu es en notre pouvoir". Le lendemain il leva le siège.

Apparitions dans la culture populaire

  • Knight Crusader de Ronald Welch (1954)
  • Assassin's Creed
  • A Blaze Of Silver de K.M. Grant
  • Lion's Bride et * "The Treasure" d'Iris Johanssen
  • The Walking Drum de Louis L'Amour
  • Standard of Honor de Jack Whyte
  • Devil's bargain de Judith Tarr
  • Les Chevaliers du Royaume, roman de David Camus (2005)
  • Le Pendule de Foucault, roman d'Umberto Eco (1988)
  • Fate Stay Night, roman graphique du studio Type Moon (2004)
  • "Bones of the Hills", roman de Conn Iggulden (2008)

Bibliographie

  • Halm, Heinz, Die Schia, Darmstadt 1988, pp. 228f.
  • Runciman, Steven: A history of the Crussades Volume 2: The kingdom of Jerusalem and the Frankish East pp. 410
  • Janine Sourdel et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, PUF, coll. « Quadrige », , 1056 p. (ISBN 978-2-13-054536-1)

Liens externes

  • The Crusades Wiki

Notes et références

  • Portail de l’islam
  • Portail des croisades
  • Portail de la Syrie


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