La rue de Furstemberg est une voie située dans le quartier Saint-Germain-des-Prés du 6e arrondissement de Paris.
Origine du nom
Sur le plan général de l’Abbaye dressé par Sanvy, en 1723, elle est déjà dénommée et orthographiée « rue de Furstemberg », du nom du cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg (1629-1704), nommé abbé de Saint-Germain-des-Prés en 1697, et la place carrée, qui ne fait pas alors partie de la rue, est appelée « cour des Écuries ».
Il y a eu un flottement entre « Furstemberg » et « de Furstemberg » dans l'usage. Ce dernier odonyme, fixé par la nomenclature officielle de la ville de Paris, contrevient à la règle autrefois en usage d’omettre la particule initiale (« de ») lorsque la voie porte le nom d’une personne (ici d'un cardinal). Ce nom de voie est parfois orthographié à l'allemande, c'est-à-dire avec un « n » et avec le « ü » (u umlaut) : Fürstenberg. C'est néanmoins la graphie francisée qui est l'officielle : « Furstemberg ».
Dans l’usage, le carré arboré situé sur cette voie est parfois fautivement appelé « place de Furstemberg », sa partie centrale ayant la forme d’une place.
Historique
La voie est ouverte vers 1699 sur le terrain de l'enclos de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, dans la perspective du palais abbatial, Furstemberg souhaitant un accès au palais indépendant de celui de l'abbaye (il fera ouvrir également la rue Cardinale proche). À la fin du XVIIe siècle, c'est l'avant-cour du palais abbatial. Sous la Révolution, elle est nommée « rue de la Paroisse ».
En 1806, la voie est appelée « rue de Wertingen », en mémoire de la bataille de Wertingen, livrée le , où les Français détruisirent un corps considérable d’Autrichiens. En 1815, elle reprit son ancien nom.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
No 1 : pilier qui soutenait le portail d’entrée de la rue.
No 4 : pilier d’angle sommé d’un pot à feu qui soutenait le portail d’entrée de la cour d’honneur.
La rue comprend en son milieu une placette pittoresque, objet de nombreuses illustrations et photographies. Son périmètre correspond à celui de l’ancienne cour d’honneur et des écuries de l’abbaye. L'abattage d'un paulownia — le plus ancien de Paris — sur la placette en juillet 2023 « suscit[e] un certain émoi parmi les habitants du quartier ».
Les bâtiments des nos 6-8 ont une façade de briques et de pierres récentes réalisées dans les années 1990 inspirées du façadisme, afin de permettre une meilleure intégration au site. Plusieurs artistes y eurent leur atelier.
No 2 : résidence du compositeur russo-américain Alexandre Tcherepnine (1899-1977) ; une plaque lui rend hommage.
No 2 : Étienne Charavay y avait établi sa librairie.
No 3 ter : résidence de Jean François Asseline (1767-1832), sous-chef au bureau du ministère de la Guerre sous le Premier Empire et sous la Restauration. Il rédige des discours dans les ministères depuis la Révolution. Il y demeure avec sa seconde épouse Anne Nicole Suseron, née en 1785, et aussi avec leur fils, Adolphe Asseline (1806-1891), secrétaire du duc Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842) et de la duchesse d'Orléans, Hélène de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858).
No 4 : atelier du peintre Balthus de 1933 à 1936.
No 6 : atelier du peintre Eugène Delacroix de 1857 à 1863, année de sa mort. Delacroix y avait déménagé pour se rapprocher de l'église Saint-Sulpice dont il était chargé de décorer l'une des chapelles. Son atelier fut ensuite repris par Diogène Maillart de 1879 à 1890. Jusqu’en , Frédéric Bazille partagea avec Claude Monet un atelier situé un étage au-dessus, dont il a laissé une peinture intitulée Atelier de la rue Furstenberg (1865, Montpellier, musée Fabre). Il fut question de raser l'endroit pour y construire un garage et Paul Signac, admirateur de Delacroix, se mobilisa pour que l'atelier fût conservé. Le bâtiment abrite aujourd’hui le musée national Eugène-Delacroix.
No 8 : entre les deux guerres s'y installèrent les Ateliers d'art sacré, fondés par George Desvallières et Maurice Denis. Ils seront abandonnés pour laisser place à la Société de Saint-Jean.
No 8 bis : domicile et atelier de l'artiste peintre Augustine Cochet de Saint-Omer en 1832-1833.
No 8 ter : domicile d'Antoine Étex en 1831. Atelier de l'horloger Kellner en 1835.
L"écrivain Jean Anouilh s'y installe à partir de 1914.
Au cinéma
La rue apparaît dans le film Sans laisser d'adresse (1951), de Jean-Paul Le Chanois, avec Bernard Blier et Danièle Delorme.
L'acteur Louis Jourdan y fait une apparition en chanson dans le film Gigi (1958) de Vincente Minelli.
En 1993, Martin Scorsese y tourna la dernière scène de son film Le Temps de l'innocence.
Une brève scène du film 99 Francs (2007) de Jan Kounen y est tournée.
Le film L'Appartement (1996) de Gilles Mimouni.
La place centrale apparaît dans Les Animaux fantastiques : Les Crimes de Grindelwald (2019), une fontaine Wallace figurée à la place du lampadaire étant l'entrée du ministère des Affaires magiques français.
Une des dernières scènes de l'épisode 4 de la saison 4 de la série télévisée Dix pour cent (2020) est tournée de nuit sur la place.
Dans les arts
La rue a été représentée par de nombreux artistes à travers l'histoire, dont David Hockney, Louis Toffoli, Michel Delacroix et André Renoux.
Éléments architecturaux
Éléments architecturaux
Situation et accès
Le quartier est desservi par la ligne 4 à la station Saint-Germain-des-Prés.
Prix
Selon le journal Les Échos, la rue de Furstenberg est en 2024 la rue la plus chère de France avec un prix au mètre carré de 24 272 euros.