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The Tortured Poets Department


The Tortured Poets Department


The Tortured Poets Department est le onzième album studio de l'auteure-compositrice-interprète américaine Taylor Swift, sorti le chez Republic Records. Swift annonce son lancement lors de la 66e cérémonie des Grammy Awards, le . Quelques heures après sa sortie, elle révèle qu'il s'agit en réalité d'un double album, et dévoile The Tortured Poets Deparment: The Anthology, qui compte 15 chansons supplémentaires.

Lorsque l'album est sur le point de sortir, Swift atteint le plus haut niveau de célébrité de sa carrière, alors longue de près de 20 ans. Décrite comme une icône et un « phénomène » par la presse française et étrangère, elle est considérée comme la pop star la plus puissante de la planète, et The Tortured Poets Department comme l'album le plus attendu de l'année.

En 31 chansons, cet album introspectif, et traversé par des émotions négatives extrêmes, aborde le thème des relations amoureuses, mais aussi celui de la célébrité, de la santé mentale, et de l'interaction de ces trois éléments. Swift commente le statut d'icône qu'elle a atteint à ce stade de sa carrière. Si, à travers le titre de l'album et les nombreuses références qui le parsèment, l'auteure se place sous l'égide des poètes maudits, elle se range, finalement, dans le dernier titre de l'album initial, Clara Bow, dans la longue lignée des icônes pop féminines jetables, ou, selon d'autres analyses, montre sa capacité à se redéfinir à son gré, par sa plume.

Le style d'écriture sarcastique, vif, cru, détaillé et mordant, qui ne lui vaut pas que des éloges, est accompagné par une musique lente et minimaliste, de genre majoritairement synthpop, bien que d'autres genres coexistent sur l'album, en premiers lieux le rock et l'électro.

La sortie du double album suscite un tourbillon médiatique. Bien que les critiques, explosives et divisées, l'accueillent de façon plus mitigée que les œuvres précédentes de Taylor Swift, il connaît le meilleur démarrage commercial de l'ère de la diffusion. Le jour de sa sortie, The Tortured Poets Department bat le record de l'album le plus écouté en 24 heures sur Spotify, avec plus de 300 millions de diffusions. En moins de 6 jours, The Tortured Poets Department est diffusé plus d'un milliard de fois sur la plateforme Spotify, établissant ainsi un nouveau record absolu. Moins de deux semaines plus tard, il devient ensuite l'album le plus rapide à atteindre deux milliards, puis trois milliards d'écoutes sur la plateforme.

Contexte de sortie

Annonce

Taylor Swift sort son dixième album studio, Midnights, le  ; il remporte un succès critique et commercial généralisé, devenant ainsi l'album le plus vendu de 2022.L'année suivante, elle sort deux albums réenregistrés, Speak Now (Taylor's Version) et 1989 (Taylor's Version), dans le cadre de son projet de réenregistrement. Midnights est nommé pour six Grammy Awards lors de la 66e cérémonie annuelle des Grammy Awards, le .

Au matin de la cérémonie, elle remplace sur tous ses réseaux sociaux sa photo de profil, représentant Midnights, par une version en noir et blanc de la pochette de cet album,,. Les fans spéculent en ligne sur ce qui pourrait être l'avant-goût de l'annonce de Reputation (Taylor's Version), un réenregistrement prochain de son sixième album studio, Reputation (2017),.De plus, le site web de la chanteuse semble dysfonctionner, et remplacé par un site inexistant. Il affiche le code HTTP 321, et le code d'erreur « hneriergrd », que les swifites déchiffrent comme une anagramme de « red herring » (« hareng rouge »). Pour mémoire, un hareng rouge est un procédé, tel qu'un indice ou une information, visant à mener le public vers une fausse piste,,.Les fans analysent aussi le code source de son site web, et dénichent des mots cachés en langue étrangère. Traduits en anglais par leurs soins, ils se révèlent être des mots écrits à la main par Swift pour l'album.

Le soir, Swift assiste à la cérémonie des Grammy et remporte le Grammy Award du meilleur album vocal pop et de l'album de l'année pour Midnights. Lors de son premier discours de remerciement, elle révèle que son onzième album studio, qu'elle avait gardé secret pendant près de deux ans, s'intitulera The Tortured Poets Department et fixe sa date de sortie au 19 avril 2024,,. Après cette annonce, qui provoque la surprise des fans, la chanteuse dévoile la pochette de l'album sur ses réseaux sociaux, devenant ainsi la publication à dépasser le plus rapidement le million de « J'aime » dans l'histoire d'Instagram,.

Sur le site de sa boutique officielle, il est révélé que l'album contiendra 16 chansons dans son édition standard et un morceau bonus intitulé The Manuscript. Dans les semaines suivantes, quatre nouveaux variants de l'album sont annoncés, contenant chacun une chanson bonus : The Bolter lors de son concert à Melbourne, le 16 février, The Albatross, à celui de Sydney le 23 février, puis The Black Dog à Singapour le 3 mars,.

Contexte d'écriture et développement de l'album

Le 7 février, en concert au Japon pour le Eras Tour, la chanteuse déclare travailler sur The Tortured Poets Department depuis environ deux ans, et avoir commencé ce nouveau projet immédiatement après Midnights, son album précédent. Elle aurait poursuivi l'écriture de son album tout le long de la section états-unienne de sa tournée.

Au cours des quelques années précédentes, Swift a atteint un niveau de célébrité rare. À l'apogée de ses plus de dix-sept ans de carrière,, elle est qualifiée, régulièrement, de phénomène, et d'icône par la presse étrangère, française,,, ou belge, et considérée comme la plus grande star internationale de la pop,,,.Elle fait l'objet d'une attention médiatique extrême, qui la rend omniprésente, et inévitable dans les discussions sur la pop culture,,. Le Eras Tour, pendant lequel elle déclare avoir continué d'écrire l'album, est une tournée triomphale, la plus lucrative de tous les temps.

Sa vie amoureuse est aussi l'objet de toutes les attentions de la presse. Dans l'intervalle séparant la sortie de Midnights et celle de The Tortured Poets Department, sa relation de plus de six ans avec l'acteur John Alwyn prend fin,. S'en suit une brève liaison supposée avec le chanteur Maty Healy, puis le début d'une relation avec le footballer américain Travis Kelce.Toutes ces relations sont commentées abondamment par la presse. Sa possible aventure avec Healy est décriée par les fans de la chanteuse. Quant à sa relation avec Kelce, elle est relayée avec encore plus d'intensité, et, selon Vox, la présence de Swift dans le public des matchs hebdomadaires du sportif devient même un sujet d'intérêt à part entière, et la chanteuse attire parfois des commentaires misogynes.

Selon la critique postérieure à la sortie de l'album, son exposition médiatique, le Eras Tour et ses relations amoureuses avec Joe Alwyn, Matty Healy et Travis Kelce, qui se sont déroulée dans cette période, auraient inspiré la chanteuse dans l'écriture de l'album,,. Avant sa sortie, il est en revanche essentiellement pressenti comme un disque de rupture amoureuse concernant Joe Alwyn.

Devant son public à Melbourne, en février, Swift explique les raisons de l'écriture de The Tortured Poets Department, et de sa sortie rapide,,, :

« Je pense que j’avais besoin de faire cet album plus que n’importe lequel de mes précédents disques. C’était vraiment une question de survie pour moi. Toutes les choses que je traversais, il fallait que je les écrive [...]. Ça m’a en quelque sorte rappelé pourquoi l’écriture de chansons est quelque chose qui me guide dans la vie, et je n’ai jamais eu d’album où j’ai eu autant besoin d’écrire des chansons que sur Tortured Poets. »

Libération analyse cette déclaration comme un narratif lui permettant de rapprocher son travail de la musique rock - à qui est lié le mythe du « coeur qui signe à l'encre sur la page » - tenue en plus haute estime que la pop par la critique.

Composition

Paroles

Toutes les chansons sont écrites ou co-écrites par Taylor Swift. Les co-auteurs sont, selon les pistes, Jack Antonoff, Aaron Dessner, et, pour le titre sur lequel ils sont chacun en featuring, Post Malone et Florence Welch. Swift est l'auteure unique de My Boy Only Breaks His Favorite Toys, Who's Afraid Of Little Old Me ?, The Black Dog, Peter et The Manuscript,.

L'album commence par une poème inédit de Stevie Nicks, chanteuse américaine que le titre You're on your own kid de Taylor Swift (Midnights, 2022) avait particulièrement ému.

Durant environ deux heures, il s'agit d'un album long.

Thèmes

Propos généraux

L'œuvre a pour thèmes principaux les déconvenues amoureuses de la chanteuse,,,, ses doutes, et les conséquences de sa célébrité sur sa vie,. Il traite aussi de « la difficulté de se relever dans les moments les plus difficiles », de « la tentation de masquer son mal-être derrière des sourires feints », de la drogue et de la santé mentale,.

Comme la plupart des albums de Taylor Swift, plusieurs chansons sont autant de variations sur un même sujet. Si les thèmes sont habituels,chez Swift, selon Vogue, leur assemblage a ceci de particulier qu'il participe « à forger la mythologie contemporaine de l'artiste ».

Il s'agit d'un album de confessionset d'introspection,, intime et complexe. Pour Le Devoir, fidèle à elle-même, Swift ne cherche pas à montrer à son public le monde sous un jour nouveau, mais à décrire son monde intérieur.Selon le magazine musical Tsugi, The Tortured Poets Department appartient au genre de l'autofiction. TTPD est l'un des albums les plus personnels de Taylor Swift, mais aussi l'un des plus tristes.

Des émotions et sentiments tels que la rage, la colère et l'urgence, la confusion, l'amertume, la vengeance, la détresse, la douleur , la passion et la vulnérabilité irriguent la majorité des titres de l'album, bâti sur l'auto-critique et des émotions extrêmes allant jusqu'à l'altération mentale selon Le Monde et Vogue,. Mais, Stéphanie Burt, critique littéraire et professeur d'anglais à Harvard, analyse que Swift montre finalement dans la majorité de l'album qu'elle sait qu'il ne vaut mieux pas laisser sa vie se faire détruire par l'amour, et comment s'échapper quand l'amour est mortifère. Selon, Les Échos, les états d'âmes décrits dans cet album sont souvent contradictoires, et Swift s'engagerait pleinement et consciemment dans cette contradiction. Par ce déluge d'émotions, elle chercherait à se montrer sous son jour le plus complet, et à « disséquer l'humaine derrière la diva de la pop ». Elle serait en quête d'absolu.

Par l'intitulé et le contenu de The Tortured Poets Department, l'auteure s'inscrit dans l'archétype des poètes maudits, torturés, tout en s'en détachant pour le commenter, s'en moquer, et se moquer d'elle-même. Dans le titre éponyme de l'album, elle prend, avec autodérision, de la distance avec ce mythe :« You're not Dylan Thomas, I'm not Patty Smith. This ain't the Chelsea Hotel, we're modern idiots. » (« Tu n'es pas Dylan Thomas, je ne suis pas Patty Smith. Ce n'est pas l'Hôtel Chelsea, nous sommes des idiots modernes. »),. Selon Burt, Taylor Swift, à l'instar du poète maudit, se trouve dans une détresse émotionnelle extrême qu'elle transforme en art. Mais, à l'inverse des poètes maudits comme Charles Baudelaire, pour qui leur douleur est une condamnation personnelle, celle de Swift lui a été infligée par le monde extérieur. De là viendrait le thème de la vengeance, que Burd analyse, de plus, comme une vengeance féministe.

Quant à l'auteure, Taylor Swift, elle déclare ceci à propos à propos de son album,:

Les relations amoureuses, envisagées pour elles-mêmes et sous l'angle de la célébrité et de la santé mentale

Dans The Tortured Poets Department, Swift examine un amour mélancoliqueet déchu, entamé par sa notoriété presque ingérable, alternant entre des phases obsessionnelles et des retours difficiles à la réalité, et l'ayant conduite aux rivages de la folie,.

Des titres de l'album abordent la célébrité de l'artiste, et l'interaction que celle-ci peu avoir avec sa vie personnelle, dans des domaines tels que sa vie sentimentale et sa santé mentale. Par exemple, la chanson Who's Afraid of Lttle Old Me? traite, selon Burt, de la détresse émotionnelle intense que lui a causé la fin, rendue publique par sa célébrité, d'une histoire d'amour. Dans But Daddy I Love Him, Swift riposte contre les fans qui cherchent à lui dicter la conduite de sa vie sentimentale. La Croix propose une autre interprétation de cette chanson, selon laquelle Swift défendrait son amoureux face à son père, tandis qu'elle le défendrait devant ses amies dans I Can Fix Him (No Really I Can).

Le thème d'une relation amoureuse asphyxiée par le manque d'attention et le sentiment d'abandon est habituel chez Taylor Swift, traité par exemple par High Infidelity (2022), Tolerate it (2020) et You're Losing Me (2023). Dans TTPD, il est abordé dans So Long London, How Did It End? et lolm ,.Selon Vogue, l'attention de l'auteure est plus portée sur l'effet du temps sur les sentiments et sur « l'érosion des émois du début » que sur la rupture en elle-même.Dans How Did It End? , Elle analyse que Swift poursuit le récit médical qu'elle avait commencé dans You're Losing Me. Tandis qu'elle utilise la métaphore de son cœur qui ne pas battrait plus dans cette dernière (« Stop, you’re losing me / I can’t find a pulse / My heart won’t start anymore for you » (« Arrête, tu es en train de me perdre / Je ne trouve plus mon pouls / Mon cœur ne démarrera plus pour toi »), elle fait l'autopsie de sa relation amoureuse dans How Did It End ? : « We hereby conduct this post mortem » (« Par la présente, nous menons cette autopsie »), ou encore : « Our maladies were such/ We could not cure them/ And so a touch that was my birthright became foreign » (« Nos maladie étaient telles/ Que nous ne pouvions les guérir/ Et ainsi un toucher qui était mon droit inné est devenu étranger »).

Elle traite aussi d'une rupture amoureuse dans My Boy Only Breaks His Favorite Toys.Pour Le Devoir Swift porte un œil neuf voire caustique sur les relations amoureuses.

Quand à Down Bad, Swift y enferme ses instants les plus dépressifs et ses pensées les plus immatures : « everything comes out teenage petulance. I might just die, it would make no difference ».

La réflexion sur sa propre notoriété et sa carrière

Dans The Tortured Poets Department, Swift se montre pleinement consciente d'elle-même et de sa célébrité,.Elle construit un récit convoquant des mythes, des personnages et des références littéraires, et, selon Vogue, construit sa propre mythologie, notamment à travers les titres Cassandra, qui convoque le personnage mythologique de Cassandre, Chloe or Sam or Sophia or Marcus et Clara Bow. Elle renforce son statut d'icône au moyen d'un champ lexical religieux omniprésent. Le magazine relève l'imagerie de Dieu qu'emploie, distord, voire se réapproprie Swift. Si Dieu est une figure fréquente dans sa discographie, qu'elle implore habituellement, l'usage qu'elle en fait est nouveau. De plus, par ses procédés de réappropriation de son histoire, elle se positionne en narratrice toute-puissante.

Selon les analyses, la chanson Clara Bow parle, du gouffre, du double-tranchant que peut représenter la célébrité entre gloire, surexposition et solitude, de la légende qu'elle devient, de la précarité du statut d'icône féminine, ou encore de la capacité de Swift, par le pouvoir de l'écriture, à se redéfinir comme elle le souhaite en dépit son exposition médiatique. Selon le texte de Swift, les icônes pop féminines sont adulées, puis jetées et sans cesse recyclées. À travers cette chanson, elle se place dans cette lignée. Elle commence par citer Clara Bow, une actrice des années 1920, à qui elle a souvent été comparée, puis à la chanteuse Stevie Nicks, des années 1970, avant de se citer elle-même. Selon les Inrockuptibles, l'auteure montre qu'elle est lucide et qu'elle sait qu'un jour, une nouvelle jeune femme sera, à son tour, comparée à elle.Elle chante : « You look like Taylor Swift / In this light, we're loving it. / You've got edge, she never did. / The future's bright, dazzling » (« Tu ressembles à Taylor Swift / Dans cette lumière, on adore ça. / Tu as un avantage qu'elle n'a jamais eu / L'avenir est radieux... éblouissant. »). Elle utilise également cet album pour régler ses comptes, et notamment tordre le cou à Kim Kardashian et Kanye West, qui l'avaient beaucoup décriée, dans le titre thanK you aIMee.

De plus, à travers le titre électropop, I Can Do It With A Broken Heart, Swift fait la critique du culte de la performance, en se mettant « musicalement à nu ». La chanson aborde la pression sociale à la productivité et à la performance professionnelle, au mépris de la santé mentale. Bien qu'elle traite de ses blessures de star, évoquant la pression ressentie à être constamment opérationnelle lors du Eras Tour alors qu'elle vivait une rupture amoureuse, Swift prétend rendre son message universel. Elle s'inscrit dans sa génération, celle des millenials, qui, comme la génération Z, remet en cause le carriérisme et valorise la vulnérabilité. Du même coup, elle y affirme, avec ironie, sa capacité à divertir les foules alors qu'elle vit des épisodes dépressifs.

Écriture

Style et registre

Le style d'écriture employé par Taylor Swift est cru, direct, mordant et sarcastique,et, ce qui le rapproche de l'album folklore (2020), détaillé. Selon Le Devoir, son style d'écriture s'apparente, dans cet album, à celui de Lana Del Rey.

Le registre, selon Vogue, s'étend du tragique au sublime, en passant par l'épique et la comédie.

Dans le titre Down Bad, Swift utilise une demi rime dans laquelle elle concentre ses instants les plus éprouvants et immatures.

L'album est écrit avec humour noir et ironie.

Une écriture chargée de références et de métaréférences

L'album se construit sur de nombreuses références, à des personnages, des mythes, ou des œuvres culturelles,. Swift fait aussi reference à ses chansons passées en maniant l'intertextualité de façon sophistiquée, avec une intensité d'enchevêtrement qu'elle n'avait pas atteinte jusque là. Elle crée également un jeu de piste en lançant des références, qui sont autant d'indices, sur sa vie privée. Toutes ces références, qui mènent bien souvent à des énigmes à décoder, sont des éléments du lore (de l'univers) de Taylor Swift, dont les fans raffolent, et qu'elle ne cesse de complexifier album après album,. Selon Vogue, les références extérieures permettent à Swift d'affirmer plus encore sa légende.

Certains chansons font directement référence à des artistes, des icônes populaires et des lieux emblématiques antérieurs : Clara Bow, Stevie Nicks, Dylan Thomas, Patti Smith et l'Hôtel Chelsea sont directement mentionnés. Les références sont également littéraires. Des références Shakespeariennes, notamment à Hamlet, sont relevées dans la presse. La chanson The Albatross aurait été écrite en référence à au poète Samuel Taylor Coleridge. But Daddy I Love Him évoque La Petite Sirène. Taylor Swift fait également des allusions à sa vie personnelle à travers ses chansons. Cela donne lieu à des spéculations sur quel ancien compagnon pourrait avoir inspiré certains titres. Par exemple, le magazine Elle attribue des chansons telles que How Did It End? , So Long London et lolm à Joe Alwyn.

Les chansons sur des thèmes récurrents de l'œuvre de Taylor Swift comprennent des clins d'œil à son travail antérieur, qu'analyse le magazine Rolling Stone comme un dialogue entre son âme d'adolescente et son âme d'adulte. Par exemple, la chanson éponyme The Tortured Poets Department fait écho à White Horse, qui figure sur l'album Fearless (2008), que Swift a sorti alors qu'elle n'avait que 18 ans. En effet, les deux chansons traitent d'une romance qui, contrairement à ce que les amoureux auraient pu penser, n'est ni légendaire ni féérique. De plus, le poète Dylan Thomas, cité dans The Tortured Poets Department est décédé dans un bar nommé White Horse Tavern,.

Selon le magazine The New Yorker, L'usage des références, et de certaines bizarreries d'écriture, est une façon pour Taylor Swift d'étendre son lore (son univers), qu'elle construit depuis onze albums avec des récits complexes et séquentiels, contextualisés par des changements multiples de perspectives. Par exemple, au moyen de plusieurs éléments dont une rime, décriée par la critique, de wife (« épouse ») avec bike (« vélo ») , les fans ont connecté la chanson de TTPD Iamgonnagetyouback (2024), à la chanson Fallingforyou de The 1975, écrite par Matty Healy, ex-petit-ami de Swift, ainsi qu'à la chanson Blank Space (2014) de Swift, amenant ainsi une seconde lecture de celle-ci, selon laquelle elle aurait été écrite à propos de Matty Healy.

Musique

Propos généraux

Les chansons sont toutes co-produites par Taylor Swift, avec le concours soit de Jack Antonoff, soit d'Aaron Dessner (en), soit des deux, pour les titres But Daddy I Love Him et ThanK you aIMee. En revanche, I look into people windows est aussi co-produite par Patrik Berger. Enfin, les titres Clara Bow et The Prophecy sont accompagnés par les cordes du London Contemporary Orchestra dirigé par Robert Ames (chef d'orchestre) (en), chef d'orchestre et violoniste britannique.

Du point de vue du genre musical, l'album, patiné de sonorités synthpopeighties, qui évoquent Midnights et donnent une teinte reconnaissable à l'identité sonore de Swift, est versatile. Majoritairement pop, il emprunte à différents genres, classés ici par ordre décroissant de fréquence : la musique pop, le folk, le rock, comme dans la chanson Florida !!!, l'électro et la country. Tous les genres que Swift avait déjà épousés sont représentés, à l'exception du RnB, qui, toutefois, a toujours été minoritaire dans son œuvre. La pop y est classiquement majoritaire. Les titres typiquement de genre synthpop sont par exemple The Tortured Poets Department, My Boy Only Breaks His Favorite Toys ou I Can Do It With A Broken Heart. But Daddy I Love Him est composé avec des effets de réverbérations importants.

L'album emprunte des éléments caractéristiques de l'album Midnights, notamment la synthpop, mais aussi à l'album Folklore (2020) sa folk douce et minimaliste ,,. En effet, les pistes co-produites par Antonoff usent de synthétiseurs et de programmations rythmiques. Celles co-produites par Dessner sont davantage acoustiques,,,. Selon le magazine Vogue, l'intention de Swift est de faire se côtoyer la synthpop scintillante d'Antonoff, plutôt présente dans la première partieet la mélancolie folk de Dessner, plutôt présente dans la seconde, afin refléter la dualité de l'album, qui est un double album.

Le son de l'album est majoritairement intimiste. La plupart des chansons sont des ballades. Une seule piste de la première partie a un tempo rapide : I Can Do It With A Broken Heart.. Selon Le Devoir, Swift ne cherche pas à utiliser des mélodies entraînantes, mais plutôt à trouver « l'air nuancé qui s'incruste discrètement dans nos tympans ».

Ressemblances et références

Musicalement, l'album est typique de l'œuvre de Taylor Swift,. Pour The New Yorker, l'analyse de la musique et sa ressemblance avec l'album The 1975, co-écrit par son ex Matty Healy, pour la fréquentation duquel elle a été très critiquée par ses fans, indique que cet album est « a grenade that Swift has thrown into her fan universe, and the most poetic thing about it is that it feels like a parallel to the grenade that Healy presumably threw into her life. This grenade has prompted fans to reevaluate the entire past decade of Swift’s work, inspiring millions of people to comb through every lyric of every song in her previous albums » (« une grenade que Swift a jetée dans son lore, et la chose la plus poétique, c'est qu'on la ressent comme le parallèle de la grenade que Healy a vraisemblablement jetée dans sa vie. Cette grenade a invité les fans à réévaluer l'entièreté de la dernière décennie de l'œuvre de Taylor Swift, incitant des millions de gens à passer au crible chaque parole de chaque chanson de ses anciens albums »).

Beaucoup des caractéristiques musicales typiques de l'œuvre de Taylor Swift sont présentes dans cet album. S'y retrouvent en effet les mélodies sur une seule note qui visent à mettre en valeur les paroles et à créer un effet explosif lorsque la note change. L'usage de mesures à quatre temps et d'un rythme syncopé en sont d'autres illustrations. Une syncope permet de décaler l'accentuation, ce qui peut servir à créer un effet de surprise et à mettre en valeur une parole, un effet recherché par Swift, ainsi qu'à rendre la musique plus dansante.

De plus, Swift utilise sur cet album une progression et des suites d'accord récurrentes dans sa discographie. En effet, 40% des chansons de l'album, comme The Prophecy, Peter ou The Bolter, sont construites sur la suite d'accords suivante : do majeur, sol majeur, la mineur et fa majeur. Cette suite d'accord se retrouve dans plusieurs dizaines de chansons de Swift, dont plusieurs de ses tubes : Tim McGraw (2006), Love Story (2008), All Too Well (2012), Out of the Woods (2014), Gorgeous (2017), The Man (2019), betty (2020), Champagne Problems (2020) ou encore Anti-Hero (2022). Selon le compositeur pop au Conservatoire de Genève Bruno Dias, une telle répétition est habituelle chez les artistes pop. Elle présente l'intérêt de ne pas gêner l'oreille des auditeurs et de rendre la musique accessible à tous. L'efficacité est préférée à l'expérimentation vers des sonorités plus originales.

Alors que les thèmes qu'aborde l'album sont sombres, plus de 80% des chansons de l'album sont composées dans un mode majeur. Cela crée un contraste entre des paroles plutôt tristes et la mélodie plutôt joyeuse qui les accompagne, qui est particulièrement flagrant dans I Can Do It With A Broken Heart, avec un sens particulier : la musique optimiste s'y fait le miroir des paroles qui décrivent des émotions négatives derrière des sourires feints.Cette dichotomie est typique de Taylor Swift. De plus, la mode majeur serait plus commercial.

Si des références sont présentes dans les paroles des chansons, c'est aussi le cas dans la musique.

The New Yorker note des références musicales aux travaux antérieurs de Taylor Swift, mais aussi et à ceux de Matty Healy, chanteur britannique, et ancien petit-ami dont la fréquentation avait été mal perçue. Le magazine estime que ces ressemblances ne sont pas un manque de créativité mais sont intentionnelles et que, comme pour les références dans les paroles, elles servent à étendre le lore de Swift et à donner une nouvelle dimension à ses titres. Par exemple, So Long London présente des motifs similaires à ceux de la chanson Dress, issue de l'album Reputation (2017). Alors que So Long London marque la fin de sa relation avec Joe Alwyn, Dress figure sur l'album du début de sa relation avec lui. Swift dessine, par ces références jugées subtiles, des ouroboros. Aussi, Guilty As Sin est semblable musicalement à About You, de Matty Healy, un titre considéré par le public comme étant à propos de Swift. Elle semble ainsi indiquer, non par les paroles mais par la musique, que Guilty As Sin est à propos de Healy. Le magazine note de nombreuses autres similitudes musicales entre TTPD et The 1975. Par ces procédés, Swift suscite alors de nouvelles interrogations sur l'étendue de l'impact de Matty Healy, qu'elle connaissait sans le fréquenter depuis 2014, sur l'ensemble de sa discographie. À titre d'exemple, certains fans, se fondant sur plusieurs indices, font l'hypothèse que Blank Space(2014) aurait été inspirée par le chanteur britannique.

Selon le musicologue Pierre-Do Bourgnket, But Daddy I Love Him une référence Everytime de Britney Spears, ainsi qu'un timbre de voix proche. Il décèle également un écho au générique de la série Friends (I’ll be there for you des Rembrandts) dans la chanson The Albatross. Bourgnket explique qu'en tant qu'artiste pop, Swift emploie le vocabulaire de la pop, que les acteurs de la pop culture partagent et réutilisent.

Identité visuelle et promotion

Titre, pochette et prologue

L'album s'intitule The Tortured Poets Department.

La pochette de l'album affiche, à l'avant, une photographie en noir et blanc, réalisée par la photographe américaine Beth Garrabant (en), qui travaille avec Swift depuis déjà plusieurs années. La pochette est dévoilée dès l'annonce de l'album. La photographie, montre la chanteuse, vêtue de noir, allongée sur un lit de draps blancs. Selon Entertainment Weekly, il s'agit de sa pochette d'album la plus sensuelle, et la pose évoque une artiste torturée. Au dos, une seconde photographie de Swift la montre courbée avec la main sur son front, et comporte ce vers : « I love you, it's ruining my life » (« Je t'aime, ça détruit ma vie. »).

Promotion avant la sortie de l'album

L'annonce de l'album initial aux Grammys est considéré comme un coup promotionnel de grande ampleur,. Elle dévoile ensuite différents variants au cours des concerts de sa tournée mondiale. Par ailleurs, l'édition de variants est une technique permettant de multiplier les ventes, car certains fans achètent plusieurs variants du même album. Le dos de la pochette de chaque variant est assortie d'une citation différente.

Le 17 avril, deux jours avant sa sortie, toutes les chansons de l'album ainsi que les chansons bonus des quatre variants, fuitent sur les réseaux sociaux. Cette fuite entraîne le bannissement des mots-clefs « Taylor Swift leak » (« Taylor Swift fuite ») de la fonction recherche de l'application Twitter.

Deux heures après la sortie de The Tortured Poets Department sur les applications de diffusion, Taylor Swift annonce une édition 2AM intitulée The Tortured Poets Department :The Anthology comprenant 15 chansons supplémentaires,.

L'album est considéré comme l'album le plus attendu de l'année, sans compétition réelle. D'aucuns considèrent que Swift est attendue au tournant pour ce onzième album, et qu'elle est victime d'une surexposition médiatique. De la part des journalistes français, qui comme le public, avaient tardé à s'intéresser à la chanteuse,,, son phénomène intrigue,.

Faible promotion initiale

En dehors des annonces de l'album et de ses variants, Swift ne promeut presque pas l'album jusqu'à la dernière semaine avant sa sortie, et, même dans cette dernière semaine, n'accorde pas le moindre interview.

Taylor Swift se présente comme « la présidente du département des poètes maudits ».The Tortured Poets Deparmtent (TTPD) est alors pressenti comme une disque de rupture amoureuse.

L'identité visuelle de l'album est alors baignée par un camaïeu de gris-beige. Une théorie populaire parmi les fans de la chanteuse expliquait que les différentes versions de l'album, et leurs nuances de gris-beige correspondantes, représentaient la lassitude et les étapes du deuil amoureux. Deux semaines avant la sortie de l'album, Taylor Swift publie sur Apple Music une série de playlist reprenant cette théorie. Elle poste 5 playlists constituées de ses anciennes chansons pour décrire les 5 étapes du deuil, donnant un avant goût du thème de ce nouvel album.

À l'occasion de l'éclipse solaire du 8 avril 2024, Swift publie un extrait des paroles d'une des chansons de l'album mentionnant une éclipse : « Crowd goes wild at her fingertips / Half moonshine, full eclipse » (« La foule se déchaîne du bout de ses doits/ Demi clair de lune, éclipse totale »).

Intensification d'une promotion énigmatique

La promotion s'intensifie dans la semaine de la sortie de l'album. Les messages cachés et le dévoilement d'indices via les réseaux sociaux sont une stratégie marketing dont Swift use depuis plusieurs années, et qui permet d'accroître l'engagement des fans.

Le 13 avril, Apple Music dévoile son partenariat avec Taylor Swift pour révéler un nouveau mot issu de l'album chaque jour. Un indice posté sur les réseaux sociaux dirige les internautes vers un morceau de l'album, différent chaque jour, et des lettres sont capitalisées. Jour après jour, les lettres assemblées épellent la phrase suivante : « We hereby conduct this post mortem » (« Par la présente, nous menons cette autopsie »),.

Le 14 avril, Swift annonce l'ouverture des précommandes d'un nouveau variant vinyle de l'album (« phantom clear » ), disponible en exclusivité dans les supermarchés Target, selon un partenariat qui remonte à l'album Fearless (2008). Cette édition comporte un livret relié des répliques des paroles écrites à la main par Taylor Swift, ainsi que des photos « rares » et la chanson bonus The Manuscript ,. Elle profite de l'annonce pour dévoiler une nouvelle citation :« I wish I could unrecall how we almost had it all » (« J'aimerais pourvoir oublier comme nous avions presque tout »).

Trois jours avant la sortie de TTPD, la chanteuse collabore avec Spotify pour monter une installation temporaire ressemblant à une bibliothèque dans le centre de Los Angeles. L'installation permet de présenter l'univers du futur album, et les visiteurs sont encouragés à déceler des indices concernant cet album, tels que des livres, des machines à écrire, des voiles en dentelle et des tambourins. Le pop up est un succès et il faut près de quatre heures d'attente pour y accéder. Spotify couvre l'événement sur ses réseaux sociaux et indique que les « fans should keep their eyes peeled at the event and on Taylor's countdown page for surprises leading into Friday's release. » (« fans devraient rester à l'affût de l'événement et du décompte, sur la page de Taylor, des surprise avant la sortie [de l'album] le vendredi »). Dans des vidéos mettant en scène la chanteuse et des machines à écrire, la plateforme a dévoilé des paroles supplémentaires la même semaine.

Le même jour, Taylor Swift lance un jeu de piste. Des affiches flanquées d'un code QR géant apparaissent dans plusieurs villes du monde comme Paris, Melbourne, Pinheiros ou encore Londres, chacun ouvrant un YouTube Shorts dévoilant une lettre,,. Mises bout à bout, les lettres forment l'expression « For a fortnight » (« Pendant une quinzaine de jours »), expression qui mène à une page sur son site internet avec un décompte dont la fin est prévue pour le 18 avril à 20h, heure française (2 pm. heure de l'Est). À la fin du décompte est annoncé le premier single de l'album, Fortnight en duo avec Post Malone.

Singles

Fortnight

Le premier single de l'album est Fornight, en collaboration avec Post Malone. La musique, douce, est de genre synthpop aux influences des années 1980.

Le clip, scénarisé et réalisé par Taylor Swift elle-même sort sur YouTube le 20 avril et cumule 33 millions de vues en trois jours. Uniquement en noir et blanc, il présente une esthétique très léchée et se déroule principalement dans un asile psychiatrique. Le magazine Première note des références à l'époque des Roaring Twenties, au film Métropolis (1927), au Cabinet du Dr Caligari (1920). Il décèle aussi une inspiration de la période victorienne et de Frankeinstein ou le Prométhée moderne.

Le jour de sa sortie, la chanson devient la plus diffusée en 24 heures, avec plus de 25 millions de diffusions, dépassant ainsi All I Want For Christmas Is You de Mariah Carey. Elle est également la chanson la plus rapide à atteindre les 100 millions de diffusions, en seulement 6 jours, battant le record jusqu'ici détenu par Miley Cyrus et sa chanson Flowers.

Un remix sort en le 21 mai. Il est effectué par la disc jockey Blond:ish.

Accueils critique et commercial

Division de la critique

La sortie de The Tortured Poets Department crée, en France comme dans le reste du monde, un tourbillon médiatique, et ce sans que la chanteuse accorde le moindre interview,.

Alors que Taylor Swift est, habituellement, acclamée par l'ensemble de la critique, l'accueil est cette fois-ci plus mitigé,. Certains journaux considèrent que cet album est moins réussi que les précédents, voire très mauvais, tandis que d'autres le portent aux nues. La division de la critique à la sortie de l'album s'illustre particulièrement au sein du magazine internet Sputnik, qui accorde trois critiques et trois notes différentes à l'album : une de 90/100, une autre de 48/100, et une dernière de 10/100. Généralement, Les critiques mitigées pointent l'album est trop similaires aux albums précédents de la chanteuse, trop long, répétitif et peu inspiré du point de vue des paroles.

Exemples de critiques positives

Le magazine Rolling Stone le qualifie de « Stunning », « widly ambitious and chaoctic », et The Independent le présente comme un « terrific reminder of [Taylor Swift] storytelling powers ».

Stéphanie Burt, critique littéraire américaine, considère que l'archétype du poète maudit, dont Swift s'emparerait et avec laquelle elle jouerait, est une métaphore puissante « powerful metaphor » (« métaphore puissante »). Elle estime que les vers de Down Bad sont élégants.

Les Échos loue un « bijou inclassable et merveilleusement mélancolique », d'une interprétation et d'une écriture puissantes. Le quotidien estime qu'elle peint une fresque « impressionnante » de ses états d'âmes, avec une « plume acérée », et des émotions sincères et palpables. Cependant, il pointe de petites faiblesses dans la production, notamment celle de Jack Antonoff.

Le quotidien québécois Le Devoir estime que TTPD est une œuvre « colossale » à travers laquelle Swift « n'innove pas, mais se raffine » et « polit sa chanson pop avec succès ». Il considère néanmoins que les vers sont inégalement inspirés, que certaines chansons sont ne sont pas essentielles, et que la chanteuse a été trop prudente sur les thèmes abordés et la composition musicale. Enfin, le quotidien juge que les meilleurs morceaux se trouvent dans la première partie du double album.

Exemples de critiques mitigées et négatives

En France, Le Figaro déplore un album qui manquerait d'audace et de nouveauté, et critique la production de Jack Antonoff qu'il juge trop « balourde », à la différence de celle d' Aaron Dessner (en), autre coproducteur de l'album. Le journal estime que le titre de l'album, qui évoque des poètes maudits, détonne avec le statut de vedette de la chanteuse.

Le magazine Télérama fait également partie des critiques mitigées. Il accorde la mention « bof » à l'album, indiquant qu'il n'est certes pas désagréable, mais insignifiant, lisse, aseptisé, pompeux et puéril. Selon lui, Taylor Swift manque d'une signature artistique propre et n'accueille jamais la moindre émotion.

La Voix du Nord parle d'un album « extrêmement décevant » et « inoffensif » pour lequel la chanteuse n'a pas eu l'audace d'une musique à la hauteur de ses paroles, réussies.

Réactions aux critiques

Le traitement critique explosif de l'album révèle pour Jessica Karl un problème fondamental dans le fonctionnement actuel de la critique musicale. Elle argue que les critiques sont rédigées trop rapidement après la sortie des albums pour que la musique ait le temps d'être digérée. Elle estime également que trop de critiques se concentrent sur la vie personnelle des artistes, plutôt que sur la musique qu'ils proposent.

Elle est rejointe par Oliver Darcy de CNN. Au-delà de sa critique générale du traitement trop rapide que font les critiques musicales des albums, qu'il lie à un problème plus global de l'industrie du divertissement qui inciterait à la consommation rapide, le journaliste ajoute que The Tortured Poets Department appartient à cette catégorie d'albums qui demandent l'attention complète de son auditeur et un certain temps pour être compris et assimilés. The Tortured Poets Department ne se prêterait donc pas à offrir une satisfaction rapide.

Le New Yorker affirme que les critiques musicales habituelles ne sont plus pertinentes pour évaluer le travail de Taylor Swift, et qu'elles sont déconnectées de la façon dont les fans approchent sa musique. Alors que les critiques persistent à présupposer que Swift vend essentiellement de la musique et que les albums doivent être séparés les uns des autres, les fans cherchent à étendre et à comprendre le lore (c'est-à-dire l'univers) que Swift bâti depuis près de deux décennies, et comprennent l'ensemble des albums comme une franchise, de même nature que l'Univers cinématographique Marvel. Ainsi, alors que les critiques déplorent la trop forte ressemblance entre The Tortured Poets Department et ses travaux précédents, elles passent à côté de l'objet même de l'album, que les fans ont, quant à eux, bien compris. De même, elles soulignent que certains vers sont aisément améliorables par des rimes leur sautant aux yeux, ce à quoi le magazine rétorque que Swift fait justement le choix conscient de les avoir écrites ainsi, pour faire des références extérieures à l'album et attirer l'attention sur certains points. À la lumière de leur connaissance du lore, les fans décortiquent les ressemblances et les bizarreries, dans les paroles comme dans la musique, et décèlent un nouveau sens à des chansons, voyant ainsi le lore s'enrichir. Le magazine note que les critiques sont déconnectées des fans de Taylor Swift depuis une dizaine d'années.

Triomphe commercial et populaire

Qualifié de « succès monstre » par la presse, l'album connaît un démarrage commercial sans précédent sous l'ère du diffusion — et du vinyle depuis 1991 —, établissant de nouveaux records.

Diffusion

Le 18 avril 2024, la veille de la sortie de l'album, Spotify annonce que The Tortured Poets Department est l'album le plus préenregistré de l'histoire de la plateforme, puis devient l'album le plus écouté de l'année à peine 12 heures après sa sortie. Il est aussi annoncé qu'il est l'album ayant dépassé les 200 millions d'écoutes le plus rapidement de l'histoire de la plateforme, dépassant le record détenu auparavant par le précédent album de Swift, Midnights. Moins de 12 heures après sa sortie, l'album devient également le plus écouté en une journée sur la plateforme Amazon Music.

En 24 heures, l'album dépasse 300 millions de diffusions sur Spotify. Swift bat ainsi le record de l'album le plus écouté en une journée sur l'application, qu'elle avait elle-même établi avec son précédent album, Midnights. En 5 jours, l'album dépasse le milliard de diffusions sur Spotify. Il devient le premier album à atteindre un tel nombre lors de sa première semaine, ainsi que l'album le plus diffusé en une semaine de l'histoire de la plateforme,.

À l'échelle mondiale, l'album de Taylor Swift reçoit 1,76 milliard d'écoutes lors de sa première semaine, dépassant le record précédent qu'elle avait elle-même obtenu : 1,16 milliard d'écoutes pour Midnights, soit une hausse de 52 %. Cela s'explique en partie par le nombre plus élevé de chansons (31). 869,6 millions d'écoutes ne viennent pas des États-Unis (soit un peu moins de la moitié) et c'est plus que le record précédent détenu par l'album Un verano sin ti de Bad Bunny (704,2 millions en mai 2022). Taylor Swift et Bad Bunny se partagent d'ailleurs les six plus gros scores en première semaine pour les écoutes d'albums hors États-Unis.

Ventes et équivalents vente

Concernant les ventes, l'album s'écoule aux États-Unis à 1,4 million d'exemplaires le jour de sa sortie,. En une semaine, il totalise 2,6 millions d'équivalents vente. Cela en fait le deuxième album le plus vendu en une semaine de l'histoire américaine, derrière 25 de la chanteuse Adele, paru en 2015. Il s'agit aussi de l'album qui compte le plus de ventes de vinyles en une semaine depuis l'année 1991.

Dans d'autres pays anglophones, l'album est aussi un succès massif, avec les plus fortes ventes depuis l'album d'Adele (Australie, Canada) ou l'album ÷ d'Ed Sheeran en 2017 (Royaume-Uni). En France, c'est son 3e album no 1 avec la plus grosse vente de sa carrière : 46 160 équivalent-ventes, dont 34 200 ventes réelles. C'est à cette date le deuxième meilleur démarrage de l'année derrière l'album annuel des Enfoirés (85 000 exemplaires) et la meilleure vente pour une chanteuse internationale depuis 2016 (l'album en français de Céline Dion Encore un soir, vendu à 218 000 exemplaires).

Viralité

La chanson I can do it with a broken heart, qui n'est pas un single, devient virale sur la plateforme TikTok. Deux semaines après la parution de l'album, elle sert de bande-son à 115 000 contenus. Les créateurs, majoritairement féminins, mettent en scène les paroles de la chanson, et traitent de la pression sociale d'occulter leurs émotions pour faire face aux responsabilités de la vie quotidienne. Le succès rencontré par le chanson la place alors à la troisième place du Billboard Hot 100.

Tournée

Des titres de The Tortured Poets Department sont inclus pour la première fois au sein du Eras Tour, le 9 mai 2024 à la Paris la Défense Arena (Nanterre),, plus d'un an après le début de la tournée,, mettant fin aux interrogations sur la place de cet album au sein du spectacle, et celles sur sa présence même dans la tournée,,. Il s'agit de la première date européenne de cette tournée triomphale, et de la première représentation après la sortie de l'album. La section intervient après celle de 1989 et avant la scène acoustique des chansons surprises,. Le tableau de TTPD est rebaptisé : « Feminine Rage : The Musical » (« Colère de femme : la comédie musicale »).

Les chansons interprétées sont, dans l'ordre :

  1. But Daddy I Love Him
  2. So High School
  3. Who's Afraid Of Little Of Me ?
  4. Down Bad
  5. Fortnight
  6. The Smallest Man Who Ever Lived
  7. I Can Do It with a Broken Heart

Chapitre plus mélancoliqueet dramatique, il incorpore des visuels principalement en noir et blanc, des décors, des changements de costumeset des chorégraphies théâtrales. La scénographie se distingue par l'usage de machines à écrire, typiques de l'identité visuelle de l'album, et un style vaguement inspiré des vieux films hollywoodiens.

Swift est vêtue d'une robe corset blanche, et d' un ras-du-cou noir signés Vivienne Westwood. La robe porte des inscriptions poétiqueset évoque le clip de son single Fortnight. Pour Le Monde, cette tenue évoque à la fois son besoin vital d'écriture et un cadre hospitalier anxiogène, d'autant plus que des danseuses sont habillées en infirmières lorsqu'elle interprète Fortnight, dans un lit blanc tournant et chavirant, face à un autre danseur,.

Lors de Who's Afraid Of Little Me ?, Swift se mue en une femme folle de rage. L'interprète s'élève sur un module réfléchissant, mouvant, créant l'illusion qu'elle avance en lévitant au-dessus de la scène,. Sur les visuels, le visage de la chanteuse est recouvert d'un filtre qui blanchit ses yeux, lui donnant une allure démoniaque.

Les visuels de la chanson suivante, Down Bad, comptent un vaisseau spatial pour une scène d'enlèvement par un alien,. Quand vient le tour de The Smallest Man Who Ever Lived la chanteuse est entourée d'une fanfare qui défile avec gravité, sombrement.

L'interprétation de la dernière chanson, I Can Do It With A Broken Heart est précédée d'une saynète inspirée des films muets. Sur un musique jazzy, deux danseurs manipulent Swift comme une poupée, un pantin. Ils enlèvent sa robe, qui dévoile un short et une brassière à paillettes. Swift se voit affublée d'un veste pailletée, et commence la chanson, entourées de multiples danseurs et d'accessoires à plumes, marquant une inspiration plus franche de l'ancien Hollywood.

Critiques

Selon le magazine culturel Télérama, la section de The Tortured Poets Department est une rare incision de l'émotion au sein du spectacle, qui serait, dans l'ensemble, implacablement tiède.

Pour RTL, le tableau compte parmi les plus réussis et les plus élégants de la soirée, dans tous ses éléments : « Jeu d'acteur avec ses danseurs, sol incliné, robe blanche, machine à écrire... Tout fonctionne et on se prend à rêver d'un concert consacré à cet univers ».

Impact commercial

En France, les dates parisiennes de la tournée ont eu un impact dans le classement des albums mais un impact assez modeste : l'album reste à la deuxième place avec une légère progression de ses ventes (+ 8%, un peu plus de 8 000 équivalents-ventes) tandis que d'anciens albums progressent mais avec des ventes assez faibles : + 55 % pour 1989 (Taylor's Version) avec 2 160 unités vendues (no 13), + 47 % pour Lover avec 1 660 ventes (no 32), + 53 % pour Midnights avec un peu moins de 1 300 ventes (no 58). Au Royaume-Uni, l'impact est plus marqué. Lors de ses premiers concerts dans ce pays, à Édimbourg et Liverpool, l'album reste à la première place, avec une augmentation de ses ventes de 46 %, grâce aussi à la sortie de nouvelles éditions comportant des versions « live » de chansons, tandis que d'anciens albums reviennent dans le top 10 (Lover, 1989 (Taylor's Version)) ou le top 20 (Midnights, Folklore, Reputation). Elle classe onze albums dans le top 75, égalant le record détenu par Kate Bush pour une chanteuse en août 2014.

Liste des pistes

Classements hebdomadaires

The Tortured Poets Department : The Anthology

Distribution

Notes et références

Liens externes

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Text submitted to CC-BY-SA license. Source: The Tortured Poets Department by Wikipedia (Historical)