Amadeus est un film américain réalisé par Miloš Forman, sorti en 1984, et repris en 2002 dans une version director's cut rallongée de vingt minutes. Adaptation de la pièce de théâtre homonyme de Peter Shaffer, qui signe également le scénario du film, l’histoire s'inspire librement d'une courte pièce de Pouchkine, Mozart et Salieri (1830).
Le film est nommé pour 53 prix et en reçoit 40, dont huit Oscars (incluant l’Oscar du meilleur film), quatre British Academy Film Awards, quatre Golden Globes, et un DGA Award. En 1998, l’American Film Institute a classé Amadeus 53e sur son top 100 des films.
Vienne, . Au beau milieu de la nuit, un vieil homme égaré crie : « Pardonne, Mozart, pardonne à ton assassin ! ». Sa chambre étant verrouillée, ses serviteurs tentent de l’allécher avec des pâtisseries mais n’entendent que des sons étouffés suivis d’un cri tranchant. Ils enfoncent la porte et tombent sur leur maître tenant un couteau dans la main et la gorge ruisselante de sang. Cet homme n'est autre qu'Antonio Salieri, jadis musicien réputé et compositeur de la Cour. Sa tentative de suicide le conduit tout droit à l'hôpital psychiatrique, où il est entendu en confession par un prêtre, le Père Vogler.
Dès l’enfance, malgré son père qui désapprouve ses ambitions musicales, il s’est voué tout entier au service de Dieu, s’engageant à le célébrer par sa musique au prix d’un incessant labeur et de sa chasteté. Pour prix de ses sacrifices, il réclame la gloire éternelle. La mort accidentelle de son père permettra à Antonio Salieri de prendre sa revanche et d’entamer une carrière au faîte de laquelle on le nomme compositeur de la cour de l’empereur mélomane Joseph II. Son talent lui vaut durant quelques années les plus hautes distinctions.
C’est alors que le monde entend parler d’un jeune garçon du nom de Wolfgang Amadeus Mozart, promu à travers toute l’Europe par son père Léopold. Son brio enchante les plus grands personnages et les cours les plus brillantes. En 1781 cependant, le jeune Mozart fait irruption à Vienne, précédé d’une flatteuse réputation, mais sans grande éducation et d’une spontanéité qui détonne dans l'univers compassé de la cour. Mozart est en voie de devenir le plus grand compositeur du siècle. Salieri en est le premier convaincu. Quand on a du talent mais qu’on est confronté au génie, comment survivre ? Comprenant la menace que représente pour sa carrière le jeune Mozart, Salieri, fou d'orgueil, rejette Dieu et essaie d’évincer Mozart tout en l’approchant pour savoir pourquoi il est si doué.
Légende : Doublage de la version cinéma (1984) / Doublage de la version Director’s cut (2002)
En 1979, Miloš Forman se voit proposer contre son gré d'aller voir la pièce Amadeus de Peter Shaffer. Il est conquis dès le premier acte puis, appréciant encore plus le second, décide d'en faire un film. Il rencontre alors Peter Shaffer et les deux hommes se mettent à travailler sur l'adaptation dans le Connecticut. Trouvant que la pièce impose un aspect très stylisé, Miloš Forman insiste pour que les scènes soient retranscrites de façon bien plus réaliste. De son côté, Peter Shaffer souhaite que le film utilise plusieurs musiques de Mozart. Tout en écrivant le script, les deux hommes écoutent diverses compositions pour les intégrer aux scènes correspondantes.
Forman choisit de tourner le film à Prague en raison de son architecture du XVIIIe siècle. Bien que l'action se déroule à Vienne, Prague offre des éléments moins contemporains. Le cinéaste renoue ainsi avec ses origines mais évite de fréquenter des militants locaux.
Miloš Forman insiste également pour n'avoir aucun acteur connu dans le film, jugeant que le public ne doit voir que Salieri et Mozart à l'écran.
Plus de 1 400 figurants postulent pour divers personnages. Alors qu'il doit auditionner un énième candidat pour le rôle de Mozart, Forman contacte F. Murray Abraham pour que celui-ci lise les répliques de Salieri face au candidat. En l'écoutant lire les dialogues, Forman se rend compte qu'Abraham est parfait pour incarner le grand rival d'Amadeus. Mais, entre-temps, l'acteur part tourner Scarface avec Brian de Palma. Miloš Forman le recontacte pour lui annoncer qu'il l'engage pour le rôle de Salieri.
Tom Hulce est choisi pour le rôle du jeune et talentueux compositeur. Pour être plus convaincant, l'acteur s'exerce au piano trois à quatre heures par jour (il ne sait jouer que de la guitare à l'origine).
Le rôle de Constanze Mozart est d'abord confié à Meg Tilly. Mais peu avant le début du tournage, l'actrice se déchire un ligament en jouant au football avec des enfants et doit s'arrêter pendant cinq semaines. De retour à New York, Miloš Forman et Peter Shaffer se retrouvent avec 60 candidates venant auditionner. Ils hésitent entre deux postulantes et décident finalement de les emmener en Europe. Une fois sur place, ils tranchent pour l'une d'elles, Elizabeth Berridge.
Miloš Forman contacte aussi Vincent Schiavelli (après l'avoir déjà dirigé dans Vol au-dessus d'un nid de coucou) pour incarner le valet de Salieri, le temps de la scène d'ouverture. Malgré un planning serré, l'acteur fait un aller-retour à Prague pour filmer un plan extérieur sous la neige tandis qu'un autre plan intérieur serait filmé plus tard en studio.
Simon Callow, engagé pour jouer Shikaneder, connaît bien le scénario puisqu'il avait lui-même incarné Mozart dans une représentation de la pièce au Royal National Theatre en 1979.
Mark Hamill, ayant lui aussi interprété le jeune compositeur sur scène, a auditionné pour le même rôle mais Forman l'a refusé. Le réalisateur a déclaré à l'acteur « Mark, personne ne peut croire que Luke Skywalker est Mozart ».
Les trois premières semaines sont uniquement consacrées aux séquences avec Salieri âgé et hospitalisé. F. Murray Abraham se lève chaque jour à 4 heures du matin pour subir par la suite 4 heures 30 de maquillage afin d'être vieilli. Pour éviter le laisser-aller, l'acteur en profite pour répéter son texte et travailler sa gestuelle. L'extérieur de l'hôpital est en fait un bâtiment dont le rez-de-chaussée est occupé par un mouvement communiste et le premier étage comporte des archives de la police. Un couloir est rempli de plus de 75 canons disposés face à face. Miloš Forman demande qu'ils soient tous retirés pour pouvoir filmer.
Bien qu'il se soit entraîné au piano, Tom Hulce joue dans le vide pour la scène de la rencontre de Mozart avec la cour de l'empereur Joseph II. À un moment donné, le personnage lève son regard vers le souverain et ses membres alors qu'il continue de jouer du piano-forte. Pour ce faire, Hulce fut guidé à l'aide d'une oreillette par une musique préenregistrée.
Elizabeth Berridge commence le tournage avec la scène où Constanze s'entretient avec Salieri tout en dégustant un mamelon de Vénus. À l'inverse de son personnage, l'actrice déteste tellement cette friandise qu'elle a du mal à jouer sa scène. De ce fait, Forman lui demande de recommencer en mangeant un autre gâteau. À la fin, Berridge en sort malade.
Les costumes étaient très pénibles à porter selon les dires d'Elizabeth Berridge et Jeffrey Jones.
Quasiment inchangé depuis le XVIIIe siècle, c’est le théâtre baroque Tyl de Prague, où s’est déroulée la première de l’opéra Don Giovanni en 1787, qui fut utilisé pour les séquences d’opéra. Par ailleurs, le décor n'est filmé qu'avec des éclairages naturels, autrement dit des chandeliers avec une centaine de bougies.
Alors que Miloš Forman tourne la séquence de l'opéra Don Giovanni, l'un des chanteurs qui porte une plume de paon sur son chapeau se positionne en arrière et sa plume prend feu contre une bougie. Parmi les figurants dans la salle, une soixantaine de pompiers surgissent sur les planches pour secourir l'acteur.
Seuls quatre lieux furent tournés en studio : la chambre de Salieri à l'asile, l’appartement de Mozart, l’escalier et le théâtre de vaudeville. Les autres prises de vue ont été faites en décor naturel.
La scène de la dictée du Requiem fut en grande partie improvisée, ce qui lui donne un caractère unique. Tom Hulce et F. Murray Abraham avaient chacun une oreillette qui leur transmettait la musique. À un moment, on a l’impression que Mozart est perdu dans ses pensées, mais Hulce a dit que le son ne venait pas et qu’il oubliait ses répliques, d’où les nombreuses interruptions de Abraham/Salieri qui cherchait à reprendre le fil du scénario (dans le film, Mozart dit à Salieri « Est-ce que vous y êtes ? », Salieri lui répond qu'il est perdu).
Miloš Forman et Peter Shaffer proposèrent à Neville Marriner de diriger la musique de Mozart pour le film. Le chef d'orchestre accepte à la seule condition de ne changer aucune note sur les œuvres du compositeur. Deux morceaux de musique de la bande originale éditée sur double CD n'apparaissent pourtant pas dans le film (quelle que soit la version) : la marche funèbre maçonnique K 427 et l'air de Zaïde Ruhe sanft. En revanche, bon nombre de musiques apparaissant dans le film sont absentes du double CD de la bande originale (cf. liste ci-dessous pour la liste complète des musiques).
Liste exhaustive de toute la musique de Mozart entendue dans le film, version cinéma et version director's cut.
Lors de la scène des funérailles du père de Salieri, on peut entendre un extrait du Stabat Mater de Pergolèse : Quando Corpus Morietur / Amen. On entend aussi dans le film l'opéra Axur, re d'Ormus de Salieri.
Le film a reçu un accueil critique très favorable, recueillant 93 % de critiques positives, avec une note de 8,6/10 sur Rotten Tomatoes, basé sur 96 avis. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 88⁄100 pour 28 critiques.
En France, le site Allociné propose une note moyenne de 4,5⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 8 titres de presse.
Outre ses huit Oscars et ses critiques extrêmement positives, Amadeus est classé parmi les 100 meilleurs films de tous les temps sur le site IMDB. Pour l’American Film Institute, ce film est classé à la 53e place sur la liste établie en 1998, des 100 meilleurs films américains de l’histoire du cinéma.
Le film a recueilli 51 millions de $ aux États-Unis et a réalisé 4 585 292 entrées au cinéma en France, lui permettant de se classer à la quatrième place du Box-office.
Hulce et Abraham furent tous deux nommés pour l’Oscar et le Golden Globes du meilleur acteur pour le même film. Abraham obtint la plupart des prix, dont l’Oscar et le Golden Globe.
Ce film ne doit pas être considéré comme une biographie, mais comme une fiction qui s’inspire librement de l’histoire de Mozart, ce qui explique les quelques différences par rapport aux faits.
Par exemple :
En conclusion, Mozart n'a jamais été un concurrent très sérieux pour Salieri (à part, peut-être, dans le domaine de l'opéra italien). En tout cas, jamais le succès de Mozart, très important à Vienne de 1783 à 1787, n'a pu gêner en quoi que ce soit Salieri dans sa carrière. Ce qui est vrai, et qui a probablement créé le fantasme et la légende, est que Salieri s'est accusé, dans sa grande vieillesse (il est mort en 1825 à 75 ans), d'être « responsable » de la mort de Mozart. Les spécialistes pensent qu'il s'agit plutôt d'un regret de ne pas avoir accueilli et reconnu assez vite le génie de Mozart (comme bien d'autres à Vienne) et d'avoir indirectement précipité la mort de Mozart en ne faisant pas tout pour qu'il ait un succès et un confort dignes de son talent. D'ailleurs, la mort de Mozart a terriblement choqué le monde musical viennois. Lorsque le jeune Beethoven, âgé de 22 ans, arriva à Vienne six mois seulement après, il fut accueilli comme un deuxième Mozart et profita de toutes les facilités que ces notables avaient refusées à Mozart. La preuve de ce retournement d'opinion est que le fameux grand protecteur de Beethoven, le prince Lichnowsky, en 1791, avait intenté et gagné un procès à Mozart pour dettes non recouvrées.
En revanche, le jeu de l’acteur correspond à quelques traits réels de Mozart : il était petit de taille (environ 1,62 m), « demeuré enfant » selon sa sœur, joyeux et plaisantant sans cesse, assez dur de jugement à l’égard de ses collègues, peu courtisan et peu diplomate selon Grimm, joueur invétéré de billard, de cartes (dont le fameux jeu du pharaon, jeu d'argent proche du black-jack) et fêtard.
Une version longue director’s cut de 2h53 a été présentée à la Berlinale 2002 puis distribuée internationalement avec des scènes supplémentaires, dont le personnage de Michael Schlumberg, interprété par Kenneth McMillan. Notons que la version originale de 2h33 est parfois diffusée également avec un intertitre "Director’s cut", ce qui peut prêter à confusion.
Pour la version française, au lieu de simplement doubler les passages inédits, il fut décidé de redoubler entièrement le film. Seuls Luq Hamet et Claude Giraud retrouvèrent leurs rôles de Mozart et Joseph II. Aucun des autres comédiens de l'époque n'a participé à cette nouvelle version, alors que beaucoup étaient alors encore vivants et en activité (exceptés Jean Michaud et Jacques Deschamps, décédés un an auparavant). Jean Topart, la première voix de Salieri, fut pour sa part bien contacté pour ce redoublage, mais déclina l'offre, déclarant qu'il « refusait de refaire ce qu'il avait déjà fait auparavant ».
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