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Henri III (roi de France)


Henri III (roi de France)


Henri III, né le à Fontainebleau et mort assassiné le à Saint-Cloud, est souverain de la nouvelle république des Deux Nations de 1573 à 1575 − sous les noms d'Henryk Walezy, roi de Pologne et de Henrikas Valua, grand-duc de Lituanie − et roi de France de 1574 à 1589. Il est le dernier monarque de la dynastie des Valois et le premier Capétien mort assassiné.

Quatrième fils du roi Henri II et de la reine Catherine de Médicis, Henri n'est pas destiné à la couronne. Sous le règne de son frère Charles IX, il s'illustre comme chef de l'armée royale en remportant sur les protestants les batailles de Jarnac et de Moncontour. À l'âge de 21 ans, il se porte candidat pour le trône de la nouvelle république des Deux Nations et est élu. Son règne est bref, puisqu'à l'annonce de la mort de son frère, sans descendant mâle, il abandonne son royaume pour lui succéder sur le trône de France.

En devenant roi de France, Henri III hérite d'un royaume divisé où son autorité n'est que partiellement reconnue. Son règne est marqué par d’importants problèmes religieux, politiques et économiques. Quatre guerres de Religion se déroulent sous son règne. Henri III doit faire face à des partis politiques et religieux soutenus par des puissances étrangères qui finissent par venir à bout de son autorité : le parti des Malcontents, le parti des protestants et, enfin, la Ligue. Il meurt à Saint-Cloud après avoir été poignardé par le dominicain Jacques Clément.

Son emblème est constitué de trois couronnes, symbolisant les royaumes de France et de Pologne ainsi qu'une devise qui explique la troisième couronne : « Manet ultima cælo » (« La dernière se trouve au ciel »).

Premières années

Jeunesse

Quatrième fils du roi Henri II et de la reine Catherine de Médicis, le nouveau-né est baptisé le dans la chapelle haute Saint-Saturnin (Fontainebleau) sous le prénom d'Alexandre Édouard (prénoms de ses deux parrains, le cardinal Alexandre Farnèse, allié des Français en Italie, et le jeune roi Édouard VI d'Angleterre ; il a pour marraines Jeanne d'Albret, duchesse de Vendôme, et Marguerite de Montferrat, duchesse de Mantoue) et est titré duc d'Angoulême. En 1560, à l'avènement de son frère Charles IX, il devient duc d'Orléans. Il prend lors de sa confirmation à Toulouse, le , le prénom de son père : Henri. Le , il devient duc d'Anjou.

Jusqu'à la mort de son père, Henri grandit avec ses frères et sœurs aux châteaux de Blois et d'Amboise. Au sortir de la petite enfance, il est confié à deux précepteurs connus pour leur humanisme, Jacques Amyot et François de Carnavalet. C'est auprès d'eux qu'il apprend à aimer les lettres et les discussions intellectuelles.

Il exerce très tôt son rôle de prince royal. À 9 ans, il siège à côté de son frère le roi Charles IX aux états généraux de 1560. Il l'accompagne ensuite dans son grand tour de France et en 1565, à l'âge de 14 ans, il se voit chargé, à l'occasion de l'entrevue de Bayonne, d'aller en Espagne chercher sa sœur la reine Élisabeth.

En grandissant, il devient l'enfant préféré de sa mère Catherine de Médicis, qui désire qu'Henri devienne le plus ferme appui de la royauté. Le , jour de la mort du connétable Anne de Montmorency, le jeune prince est nommé lieutenant général du Royaume, haute charge militaire qui fait de lui le chef des armées royales. À 16 ans, le duc d'Anjou devient ainsi « une sorte d’alter ego du monarque », destinataire des doubles de toutes les dépêches. Bien qu'Henri commande officiellement l'armée, l'autorité effective reste toutefois assumée par Gaspard de Saulx-Tavannes, lieutenant général de Bourgogne et seigneur catholique rompu à l'art de la guerre. Cette nomination contrarie les ambitions politiques du prince Louis de Condé, qui convoitait également cette charge. Leur mauvaise entente pousse Condé, également chef des protestants, à quitter la cour et à rouvrir les hostilités.

Henri s'investit alors personnellement durant les deuxième et troisième guerres de Religion. Adroitement conseillé par Gaspard de Saulx-Tavannes, il s'illustre en remportant la bataille de Jarnac, au cours de laquelle Condé est assassiné en 1569 par Joseph-François de Montesquiou, capitaine de ses gardes, puis celle de Moncontour. Henri laisse la dépouille princière être tournée en ridicule par le peuple et promenée pendant deux jours sur une ânesse, s'attirant ainsi la rancœur d'Henri Ier de Bourbon-Condé, le fils et successeur de Louis.

Les hauts faits militaires d'Henri durant la guerre développent sa réputation en Europe tout en attisant la jalousie du roi son frère, à peine plus âgé que lui. Sa grâce et sa popularité, ainsi que sa pratique de l'ingérence politique, irritent Charles IX, avec qui Henri s'entend de plus en plus mal.

Très tôt, le duc d'Anjou est confronté à la politique. Plus proche des Guise que des Montmorency, il prône au sein du conseil royal — où sa mère l'a introduit — une politique de rigueur contre les protestants. Son ambition de gouverner et ses aptitudes à le faire font de lui, aux yeux de ses contemporains, un successeur potentiel très attendu. Catherine de Médicis nourrit l'ambition de lui faire épouser une haute princesse, mais Henri n'a d'yeux que pour la belle Marie de Clèves. Tandis que la reine mère persiste à vouloir donner à son fils une couronne royale en Europe, les tractations avec Élisabeth Ire, reine d'Angleterre, échouent à cause des exigences religieuses du prince.

Durant les épisodes de la Saint-Barthélemy, Henri prend parti pour une action contre les chefs protestants : s'il n'est pas possible de prouver sa présence dans les rues au moment du massacre, il est en revanche certain que ses hommes participent activement au meurtre des militaires protestants,,.

En , le roi lui confie le commandement de l'armée pour s'emparer de la ville de La Rochelle, capitale du protestantisme français. Malgré les moyens utilisés et huit tentatives d’assaut meurtrières, le siège s'avère un échec. Les pertes du côté catholique sont importantes (environ 4 000 hommes) et Henri lui-même est blessé. La trêve est sonnée quand Henri apprend de sa mère qu'il a été élu roi de Pologne.

Roi de Pologne et grand-duc de Lituanie

La reine Catherine envoie l'évêque de Valence, Jean de Monluc, accompagné de son secrétaire Jean Choisnin, conseiller du roi, en ambassade extraordinaire pour soutenir devant la Diète la candidature de son fils au trône polonais, lors de l'élection libre de 1573. Grâce à son talent de diplomate, l'évêque iréniste Monluc réussit à convaincre les 40 000 nobles électeurs (catholiques et calvinistes, malgré la nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy qui compromet les chances d'Henri). Le , Henri est élu roi de la Rzeczpospolita de Pologne-Lituanie sous le nom d'Henri de Valois (Henryk Walezy). Le , une grande délégation polonaise composée de 10 ambassadeurs et 250 gentilshommes est expédiée en France pour aller le chercher. Le nouveau roi est obligé de signer la première Pacta Conventa et Les Articles du Roi Henry (Artykuły Henrykowskie), que tous les souverains polono-lituaniens de l’avenir auront à respecter. Selon ces documents Henri doit arrêter les persécutions contre les protestants en France et estimer la tolérance religieuse en Pologne conforme à la Confédération de Varsovie (Konfederacja Warszawska, 1573). Henri, aucunement pressé de quitter la France, fait traîner son départ mais doit s'exécuter devant les exigences du roi son frère, à qui il fait ses adieux en .

Parti de Fontainebleau, il arrive à Cracovie le après une traversée assez difficile des pays allemands. Il est accompagné par une troupe nombreuse de gentilshommes de qualité : Albert de Gondi, René de Villequier, Louis de Gonzague, Charles de Mayenne, François d'O.

Le , le jeune prince de 23 ans est sacré roi dans la cathédrale Saint-Stanislas, mais refuse d'épouser Anna Jagellon, sœur de Sigismond II Auguste, une femme quinquagénaire qu'il juge « laide ».

Il apprend par une lettre le la mort de son frère Charles, et songe alors à quitter la Pologne. Un roi de Pologne ne jouit pas d'autant de pouvoir qu'un roi de France et Henri regrette la cour de France réputée dans toute l'Europe pour ses fêtes. Sans la permission de la diète de Pologne, il s'échappe en catimini dans la nuit du du palais royal du Wawel. Il fut poursuivi jusqu'à la ville silésienne de Fryštát, où il passa la nuit, puis continua à travers la Moravie jusqu'à Paris.

À des égards, la culture polonaise aurait eu une influence sur la France.[non neutre] À Wawel, les Français furent initiés aux nouvelles installations septiques, dans lesquelles la litière (excréments) est emportée à l'extérieur des murs du château. De retour en France, Henri aurait voulu ordonner la construction de telles installations au Louvre et dans d'autres palais.[source insuffisante] ,,,,,.

Après un interrègne de dix-huit mois, la diète élit un nouveau roi de Pologne en la personne d'Étienne Báthory, prince de Transylvanie (1575).

Retour en France

Henri arrive à Vienne en Autriche, le où il rencontre l'empereur Maximilien II. La capitale autrichienne l'accueille avec faste et il y dépense près de 150 000 écus. Il atteint ensuite l'Italie et s'y arrête plus longuement.

La magnificence avec laquelle la république de Venise le reçoit à son tour émerveille le jeune souverain. Il a peut-être là une brève liaison avec la courtisane Veronica Franco.[évasif]

Il passe ensuite à Padoue, Ferrare et Mantoue. En août, il est à Monza où il rencontre Charles Borromée qui l'impressionne vivement. À Turin, il retrouve sa tante Marguerite de France, puis le duc de Savoie vient le chercher pour l'emmener à Chambéry. Il traverse donc les Alpes à bord d'une litière vitrée. Il rapporte certaines modes, notamment - selon la légende - celle de la fourchette.

Il arrive à Chambéry le où il retrouve son frère François d'Alençon et son cousin Henri de Navarre. Le il est accueilli à Lyon par sa mère. Il souhaite l'annulation du mariage de Marie de Clèves afin de l'épouser, mais le , alors qu'il vient d'arriver à Avignon, il apprend la mort de celle-ci. Cette nouvelle l'anéantit et il refuse de s'alimenter pendant dix jours.

Le , Henri troisième du nom, est sacré dans la cathédrale de Reims par le cardinal de Guise. Lors du sacre, la couronne de sacre manque à plusieurs reprises de tomber de la tête du nouveau souverain, et les célébrants oublient de faire jouer le Te Deum. Le , il épouse Louise de Vaudémont-Nomény, princesse de Lorraine. Il n'a pas d'enfant de ce mariage d'amour.

Roi de France

Le début d'un règne marqué par la guerre

Dès son avènement, Henri III se voit confronté à la guerre menée par Henri de Montmorency, comte de Damville, dit roi du Languedoc. À la Cour, il doit faire face aux complots fomentés par son frère François d'Alençon, qui mène le parti « des Malcontents », et le roi de Navarre, le futur Henri IV, lesquels finissent par s'enfuir de la cour et prendre les armes. Tandis qu'Alençon s'allie avec le parti protestant, le roi de Navarre retourne à la religion calviniste. La campagne qui s'engage alors s'avère désastreuse pour le roi. Le prince de Condé a fait appel au fils du comte palatin du Rhin Jean Casimir, qui vient avec ses mercenaires menacer Paris. Malgré la victoire du duc de Guise à Dormans sur l’avant-garde, Henri III doit s'incliner. Le , il accorde l'édit de Beaulieu, autrement appelé la paix de Monsieur dont son frère François sort principal gagnant. Henri III lui accorde le titre de duc d'Anjou. Les protestants obtiennent quant à eux de très nombreux avantages, ce qui renforce la rancœur des catholiques et contribue à faire naître les premières ligues.

Humilié, Henri III ne cherche qu'à prendre sa revanche. Il doit tout d'abord réunir à la fin de l'année les états généraux à Blois dans le but de combler les déficits budgétaires causés par la guerre. Sous la pression des députés catholiques, Henri III décide de reprendre la guerre contre les protestants. Auparavant, il a pris soin de se réconcilier avec son frère qui, comblé de bienfaits, marche à ses côtés. Henri de Montmorency se rallie également à la cause royale. Ainsi débute la 6e guerre de Religion qui se déroule principalement en Languedoc. La ville de Montpellier, prise par les protestants, voit sa citadelle rasée par les troupes catholiques. Le , la paix de Bergerac est signée entre les belligérants et l'édit de Poitiers restreint quelque peu les libertés accordées aux protestants dans l'édit précédent.

Une puissance encore fragile

Henri III laisse à sa mère Catherine de Médicis le soin de parfaire la paix. Elle effectue un séjour à Nérac où elle réconcilie le couple Navarre et signe le , un édit accordant aux protestants trois places de sûreté en Guyenne et onze places en Languedoc, pour une durée de six mois. Elle entame ensuite un grand tour du royaume de France.

Les efforts de la reine-mère n'empêchent pas la guerre de se rallumer très brièvement. En 1580, la 7e guerre de Religion appelée « guerre des Amoureux », éclate en France. Elle sera de très courte durée et le frère du roi François, duc d'Alençon et d'Anjou, négocie la paix du Fleix le . Les négociateurs prévoient une trêve de six ans.

Toujours sur les conseils de sa mère, Henri III soutient les ambitions du duc d'Alençon aux Pays-Bas, tout en le désavouant devant l'ambassadeur espagnol. Conscient des fragilités du pays, le roi ne veut pas se risquer à un conflit ouvert avec l'Espagne. Ses relations avec Philippe II d'Espagne sont alors au plus bas. En 1582, la France soutient Antoine, prétendant au trône du Portugal, alors que Philippe II occupe le pays. Commandée par Philippe Strozzi, la flotte française est lourdement mise en échec à la bataille des Açores, permettant l'annexion de l'Empire portugais par l'Espagne. Les Français sont exécutés sans pitié et Strozzi trouve la mort.

La même année, les Français échouent également aux Pays-Bas avec la retraite désastreuse de François d'Anjou. Après la furie française d'Anvers, le prince français doit se retirer faute de moyens, ce qui amène les Espagnols à reprendre le contrôle de la Flandre, qu'ils avaient perdu. Devant la montée en puissance de l'Espagne, Henri III resserre plus que jamais l'alliance avec la reine Élisabeth Ire d'Angleterre et reçoit l'ordre de la Jarretière.

Sa façon de gouverner

Henri III est un chef d'État qui aime prendre connaissance des affaires du royaume et entend être au courant de tout. Dans son conseil, il s'entoure de juristes compétents, comme le comte de Cheverny ou Pomponne de Bellièvre.

À la cour, il aime promouvoir des hommes de noblesse moyenne, à qui il va donner de très hautes responsabilités, à l'image des ducs Anne de Joyeuse et d'Épernon. Henri III veut s'appuyer sur ces hommes neufs, qui lui sont complètement dévoués, pour régner. De cette façon, Henri III marginalise les plus grandes familles nobles, qui pourraient constituer un obstacle au pouvoir royal. Sa cour voit donc apparaître des favoris qui connaissent, grâce au roi, une fortune fulgurante et qu'on va appeler vulgairement les mignons. Pour concrétiser ce projet il crée en 1578 l'ordre du Saint-Esprit, un ordre de chevalerie très prestigieux qui rassemble autour de la personne royale les gentilshommes les plus distingués de la haute société.

Le roi aime impressionner ses sujets et organise des fêtes somptueuses, comme celles données en l'honneur du duc Anne de Joyeuse en 1581. À cette occasion, on joue à la cour le somptueux Ballet comique de la reine.

Le souverain offre également d'importantes sommes d'argent en récompense aux serviteurs les plus zélés. Toutes ces dépenses, fortement critiquées ne manquent pas d'approfondir la dette du Royaume mais, pour le roi, qui n'hésite pas à emprunter d'importantes sommes au Grand Prévôt Richelieu (père du cardinal de Richelieu) ou au financier Scipion Sardini, la restauration de la puissance royale demeure la priorité.

Par ailleurs, Henri III organise plusieurs réformes importantes, notamment des réformes monétaires devant régler les problèmes financiers du Royaume.

Le souverain rend également l'étiquette de la cour plus stricte, préfigurant ainsi celle de Versailles un siècle plus tard. Comme Louis XIV ultérieurement, Henri III cherche à mettre sa majesté en valeur. C'est ainsi qu'apparaissent les barrières qui empêchent les courtisans de s'approcher de la table et du lit royal.

La Ligue

La paix relative accommodée pendant quelques années dans le Royaume se voit minée lorsque François, le frère du roi, meurt de tuberculose en 1584 sans enfant. Henri III lui-même ne parvient pas à en avoir. Enceinte au début de son mariage, la reine Louise n'a conçu que de faux espoirs. La dynastie des Valois est donc condamnée à s'éteindre. Selon la loi salique, l'héritage de la couronne reviendrait à la maison de Bourbon dont le chef, protestant, s'avère Henri, roi de Navarre. Pour les catholiques, l'accession au trône d'un huguenot demeure rédhibitoire ; même la réconciliation entre le roi de France et le roi de Navarre est inacceptable.

Le duc Henri Ier de Guise, craignant l'arrivée sur le trône d'Henri de Navarre, signe avec l'Espagne un traité secret. Contre 50 000 écus mensuels, le duc s'engage à empêcher Henri de devenir roi de France et à placer plutôt le cardinal de Bourbon, catholique, sur le trône.

Sous la pression de la Ligue et de son chef, le très populaire duc de Guise, Henri III se voit contraint de signer le traité de Nemours le . Le roi s'y engage à « bouter les hérétiques hors du royaume » et à faire la guerre à Henri de Navarre, son propre héritier. La huitième et dernière guerre de Religion commence. On la nomme « guerre des Trois Henri », car Henri de Guise, Henri III de France, et Henri III de Navarre incarnent les trois belligérants.

En , Henri reçoit une lettre de Marie Stuart sur le point d'être exécutée par Élisabeth Ire, reine d'Angleterre. Quelque temps plus tard, la France rend hommage à son ancienne reine, Marie. En , alors qu'il est en visite à Saint-Germain-en-Laye, Henri III manque de se faire enlever par la faction de la Ligue catholique et du roi d'Espagne. Cette conspiration bientôt découverte, échoue,.

Dernières années de règne

Le , à la bataille de Coutras, les troupes catholiques du roi dirigées par le duc Anne de Joyeuse se heurtent à celles d'Henri de Navarre, en route depuis La Rochelle pour rallier une armée de 35 000 huguenots qui doit marcher sur Paris. Pour l'armée catholique, la confrontation tourne à la catastrophe : 2 000 de ses soldats y périssent, alors qu'Henri de Navarre n'en perd que quarante. Le duc de Joyeuse est tué, ainsi que son frère Claude de Saint-Sauveur.

Les ambitions de la Ligue catholique et l'ampleur du mouvement qu'elle représente font ombrage au roi qui la prend en haine. Henri III tente par tous les moyens de freiner son expansion. Très vite, un fossé se creuse entre lui et les milieux catholiques urbains. Les catholiques lui reprochent son manque de vitalité et d'utilité dans la guerre contre les protestants. Henri III, en effet, se préoccupe davantage des ambitions de la Ligue que des protestants. L'image du roi, ridiculisé par les pamphlets de la Ligue et par les sermons des curés parisiens, se détériore considérablement dans les milieux populaires. Le , le duc Henri de Guise, malgré l'interdiction qui lui en avait été faite, entre à Paris. Craignant une prise de pouvoir des ultra-catholiques, Henri III fait, le , entrer les Suisses et les Gardes-Françaises dans la capitale, ce qui déclenche une insurrection. C'est la journée des barricades. Le , le roi quitte Paris pour Chartres.

Le , Catherine de Médicis et Henri de Guise se rendent à Chartres et demandent au roi de revenir à Paris. Il refuse. Dissimulant son intention de se débarrasser de la Ligue, il signe à Rouen l'édit d'union qui fait siennes les intentions de la Ligue. Dans le but d'obtenir des crédits pour poursuivre la guerre, il convoque les états généraux à Blois et congédie les membres de son conseil les plus fidèles, Bellièvre, Cheverny et Villeroy, même le duc d'Épernon, bête noire de la Ligue, est officiellement disgracié.

Croyant rétablir son autorité par un « coup de majesté », il fait assassiner le duc de Guise le au matin et le lendemain, son frère le cardinal de Guise, jugé aussi dangereux que son frère, à coups de hallebarde. À Blois, il fait arrêter les ligueurs et les membres de la famille des Guise. Le , il est au chevet de sa vieille mère qui meurt dans la nuit. L'assassinat du duc de Guise provoque le soulèvement immédiat de la France ligueuse. À Paris, la Sorbonne délie de son serment de fidélité le peuple de France, alors que les prêcheurs appellent au meurtre. Toutes les villes et les provinces suivent, à l’exception de Tours, Blois et Beaugency, proches du roi, et Bordeaux (tenue par Matignon), Angers (d’Aumont) et le Dauphiné (d’Ornano). Abandonnant Blois, le roi se réfugie à Tours le . Isolé, traqué par le duc de Mayenne près d’Amboise, Henri III se voit contraint de se réconcilier et de traiter avec le roi de Navarre le . Les deux hommes (Henri III et Henri de Navarre futur Henri IV) se rencontrent au Plessis-lèz-Tours le . Troupes royales et troupes protestantes s'unissent alors pour combattre la Ligue. Henri de Navarre s'étant porté sur Chinon, le chef de la Ligue Charles de Mayenne lance son offensive contre Tours le . Alors qu'il s'est rendu à l'abbaye de Marmoutier, sur la rive droite de la Loire, pour entendre la messe, Henri III manque d'être surpris par l'avant-garde ligueuse menée par le chevalier d'Aumale. Les assaillants donnent l'assaut contre le faubourg Saint-Symphorien, qui est sauvagement pillé. Dans les Îles de la Loire et sur le pont, l'engagement se montre d'une extrême violence. Bien que les royaux aient perdu deux fois plus d'hommes que les ligueurs, ils restent maîtres de la ville de Tours grâce aux renforts huguenots de François de Coligny (fils du fameux amiral Gaspard II de Coligny). Les royalistes se rallient peu à peu, et permettent aux rois de France et de Navarre de faire campagne pour aller assiéger Paris, plongé dans un délire fanatique. Les deux rois ont réuni une armée de plus de 30 000 hommes qui s'apprête à assiéger la capitale. Le duc d'Épernon les rejoint avec un renfort de 15 000 hommes principalement composés de Suisses. Paris est alors défendue par 45 000 hommes de la milice bourgeoise, armée par le roi d'Espagne Philippe II.

Assassinat

Installé à Saint-Cloud dans l'attente du siège de Paris, ce , vers huit heures du matin, Henri III accueille sur sa chaise percée, le procureur général accompagné d’un dominicain ligueur, Jacques Clément, qui se dit porteur de nouvelles en provenance du Louvre. Devant l'insistance du religieux à vouloir parler en privé avec le souverain, Roger de Bellegarde, premier gentilhomme de la Chambre, laisse le moine s'approcher du roi. Selon les versions des chroniqueurs de l'époque, le roi reste sur sa chaise percée ou se lève pour s'entretenir dans l'embrasure d'une fenêtre,. Jacques Clément en profite pour frapper le roi au bas ventre avec le couteau qu'il tient dissimulé sous son habit. Henri III s'exclame : « Ah, mon Dieu ! », puis arrache le couteau de son intestin perforé et frappe son assaillant au visage en s'écriant : « Méchant, tu m'as tué ! ». Ce sont deux soldats du régiment de Comblanc qui introduisirent Jacques Clément dans le camp d'Henri III.

Au bruit, les gardes du roi, les fameux Quarante-cinq, accourent, transpercent le moine de leurs épées et le jettent par la fenêtre. Dans un premier temps, les médecins minimisent la gravité de la blessure, remettent les intestins en place et recousent la plaie. Henri III parvient à dicter des lettres aux villes qui lui obéissent afin de couper court aux rumeurs. À sa femme restée à Chenonceau, il affirme même que dans quelques jours, il pourra monter de nouveau à cheval. Toutefois, à l'occasion d'une visite de son cousin Henri de Navarre, le roi de France aurait harangué ses serviteurs de respecter les règles de passation de pouvoir en reconnaissant le roi de Navarre comme son successeur légitime.

Le soir venu, la péritonite progresse et ses souffrances augmentent. Après une douloureuse agonie, il meurt le vers 3 heures du matin. Henri de Navarre lui succède sous le nom d'Henri IV.

Henri III est le dernier souverain de la maison capétienne de Valois, laquelle a régné sur la France de 1328 (avènement de Philippe VI de Valois) à 1589.

Le mystère Henri III

« Ce Roy étoit un bon prince, s’il eût rencontré un meilleur siècle. » Ce sont les mots utilisés par le chroniqueur Pierre de L'Estoile à la mort du roi pour rappeler qu'en dépit de sa personnalité particulière et de l'explosion de haine qu'il a pu susciter, Henri III avait démontré aussi ses qualités. Aujourd'hui encore, sa personnalité fait l'objet de discussions, notamment à propos de sa sexualité.

Sa personnalité

Henri III s'affirme comme un homme de contrastes, présentant plusieurs facettes. Fier, il se distingue par des manières distinguées et solennelles mais, homme extravagant, il prise les divertissements et les plaisirs. Sa personnalité s'avère complexe : une apparente douceur cache un esprit nerveux et inflexible.

Homme élégant, il incarne la grâce et la majesté d'un roi. Il apprécie la mode et ses extravagances (boucles d'oreilles et fraise imposante). Homme d'une grande douceur, abhorrant la violence, il évite toute confrontation belliqueuse et délaisse les activités physiques bien qu'il soit une des plus fines lames du Royaume. Son dégoût de la chasse et des activités guerrières, privilèges des nobles, et son goût pour la propreté et l'hygiène, lui valent des critiques acerbes de la part de ses contemporains qui le considèrent comme un roi efféminé.

Formé dans un milieu humaniste, le roi encourage le monde des lettres en protégeant des écrivains (Desportes, Montaigne, du Perron). Il s'adonne lui-même à la philosophie et, malgré son opposition politique aux protestants, il fait venir l'imprimeur Estienne à Paris.

Henri III préfère travailler dans son cabinet avec ses ministres plutôt que faire la guerre, d'autant plus que sa santé s'avère fragile. Il souffre de divers maux : gale, coliques néphrétiques, ophtalmies, fistules à l'oreille et au nez. Cela ne l'empêche aucunement de faire plusieurs campagnes militaires et de rester ferme quand il donne l'ordre de tirer sur le prince de Condé à Jarnac. Homme d'une vive intelligence, il fait généralement preuve de mansuétude vis-à-vis de ses adversaires et des villes rebelles qu'il reconquiert. De même, il recherche toujours les solutions diplomatiques, ce qui lui vaut parfois quelques revers.

La piété de cet homme pieux et profondément croyant se développe encore avec l'âge. Les malheurs qui l'accablent à la fin de son règne exacerbent sa foi catholique ; ainsi, il s'adonne de manière ostentatoire aux processions des pénitents. Séduit par la piété des confréries de pénitents lorsqu'il séjourna en Avignon ; à son retour de Pologne en 1574, il institue le la Confrérie des Pénitents blancs de l'Annonciation Notre-Dame dont il est un membre actif. De nature nerveuse, le roi s'avère un grand malade. Il croit que ses maux, l'absence d'héritier, de même que les afflictions de son royaume sont causés par ses péchés. Il passe donc son temps à se mortifier dans des monastères où, pendant quelques jours, il prend une retraite spirituelle.

Ses maîtresses

Les contemporains d'Henri III nous ont décrit le roi comme un homme appréciant beaucoup les femmes. Si ses amantes sont assez peu connues, c'est qu’Henri III ne leur a jamais conféré le titre de maîtresse officielle.

Dans sa jeunesse, Henri III se fait remarquer par une fréquentation assidue des femmes, au point que sa réputation et sa santé en pâtissent. En 1582, l'ambassadeur italien Lorenzo Priuli dit : « Le roi a aussi eu quelques maladies pour avoir fréquenté dans sa jeunesse trop familièrement les femmes. » Michelet attribue la dégénérescence des trois derniers Valois à la syphilis de François Ier, Henri II ayant pu transmettre la bactérie tréponème pâle de cette maladie à son fils.

Parmi ses maîtresses les plus célèbres figurent Louise de La Béraudière (de plus de vingt ans son aînée), Françoise Babou de la Bourdaisière (mère de Gabrielle d'Estrées) et Renée de Rieux, issues de la moyenne noblesse. Il fréquente également lors de son périple italien qui le ramène de Pologne en , Veronica Franco, une courtisane vénitienne fort renommée à l'époque. À la même date, il entretient aussi une relation platonique avec la princesse de Condé, Marie de Clèves, pour qui il éprouve une passion démesurée. Sa mort survenue brutalement en 1574 conduit le roi à prendre un deuil particulièrement ostensible qui étonne la cour.

Après son mariage avec Louise de Lorraine, les aventures d’Henri III paraissent plus discrètes. Par respect pour son épouse qu’il aime, il organise ses rendez-vous avec les dames galantes à l’écart du palais, dans des hôtels particuliers parisiens. Fait exceptionnel, Henri III a choisi Louise de Lorraine pour sa beauté et son esprit et non pas pour des raisons politiques, comme c’est le cas pour la plupart des mariages royaux. Louise de Lorraine tient une place très importante dans la vie sentimentale et spirituelle du roi. Un jour que Catherine de Médicis entre dans ses appartements sans se faire annoncer, elle la surprend en intimité sur les genoux de son mari. Cette intimité quasi exceptionnelle du couple royal n'empêche toutefois pas le roi de poursuivre ses aventures furtives avec une multitude de jeunes filles belles et enjouées (mesdemoiselles d’Assy, de La Mirandole, de Pont, de Stavay, ou encore une des sœurs de Gabrielle d’Estrées). Louise de Lorraine et Catherine de Médicis, toutes les deux fort pointilleuses sur la moralité à la cour, possèdent alors suffisamment d’influence sur le roi pour faire chasser ces maîtresses d’un jour.

Ses favoris

Longtemps, l'image véhiculée d'Henri III a été indissociable de celle de ses favoris plus couramment appelés « mignons », terme pourtant déjà en vogue au XVe siècle. Au XIXe siècle, c'est un thème à la mode et plusieurs peintres et auteurs romantiques s'y sont essayés. Henri III est alors décrit de manière caricaturale, représenté en compagnie d'éphèbes efféminés, aux costumes excentriques et aux passe-temps frivoles comme le jeu du bilboquet.

En raison des nombreux témoignages sur le côté entreprenant d'Henri III auprès des femmes, l'image longtemps répandue de l'homosexualité stricte du roi a été remise en cause par des historiens. Une source importante qui évoque des aventures masculines s'avère une source partisane, celle du diplomate savoyard Lucinge. Cet ennemi de la France, et par conséquent peut-être non retenu par un devoir de réserve ou par la flatterie, écrit que le roi a été initié aux amours masculines par René de Villequier. Les autres textes allusifs à l'homosexualité sont issus des pamphlets rédigés par des ligueurs radicaux, des calvinistes intransigeants ou encore par des membres du parti des Malcontents dans l'entourage du frère du roi François d'Alençon ayant perdu la faveur royale qui promeut alors des hommes nouveaux appartenant à la « noblesse seconde » du Royaume dans l'entourage du dernier Valois. Le raffinement des costumes, les nouvelles pratiques de cour, l'accès plus restreint au roi constituent autant d'éléments qui irritent la haute-noblesse traditionnelle et remettent en cause le mode de gouvernementalité prévalant jusqu'au milieu du XVIe siècle selon lequel le roi gouverne par conseil de sa noblesse. Les écrivains comme L'Estoile ou Brantôme, pourtant connus pour leurs informations scabreuses, n'accordent aucun crédit à ces rumeurs et mettent en exergue, quant à eux, la passion du roi pour les femmes. En revanche, D'Aubigné, calviniste forcené, et Ronsard, proche du duc d'Alençon, n'hésitent pas nombre de fois dans des vers à brocarder le roi sur le sujet :

L'ambiguïté de l'image d'Henri III trouve peut-être également son explication dans la propagande, particulièrement violente, suscitée contre lui par la Ligue. L'appel au soulèvement s'accompagne dans les derniers mois de son règne d'une violente vague de calomnies destinées à pervertir l'image du roi dans l'esprit des Français. Le changement de dynastie n'a pas vraiment permis d'établir le portrait le plus impartial de ce roi attaqué et l'image trouble d'Henri III a continué de se perpétuer. En dépit des efforts de sa veuve, la reine Louise, et sa demi-sœur, la duchesse d'Angoulême, pour obtenir un soutien en faveur du défunt roi, ni Henri IV, trop soucieux de ménager les Guise, ni l'Église n’ont examiné objectivement la vie privée de ce roi, ni cherché même à punir les coupables de son assassinat.

En l'état actuel des recherches, on ne peut trancher sur la nature exacte de la sexualité d'Henri III (hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel). Les perceptions contradictoires quant à la sexualité d'Henri III se retrouvent dans les œuvres de fiction : si, dans le roman La Reine Margot d'Alexandre Dumas, le prince est décrit comme hétérosexuel, l'adaptation cinématographique du roman réalisée en 1954 par Jean Dréville le représente, sous les traits de Daniel Ceccaldi, comme un homosexuel efféminé, tandis que la version suivante, réalisée en 1994 par Patrice Chéreau et où il est interprété par Pascal Greggory, en fait un pervers décadent, avant tout homosexuel mais également attiré par les femmes (en l'occurrence par sa sœur Marguerite).

Le film Elizabeth de 1998 le présente lors de son voyage pour courtiser la reine d'Angleterre comme un excentrique grivois, amateur de jeunes hommes et de travestissement. Dans sa fresque historique, Robert Merle (Le Prince que voilà, 1982) loue le sens de l'État d'Henri III et le défend contre les calomnies.

Titulature complète

Par ordre chronologique :

  • 1551-1574 : duc d'Angoulême
  • 1560-1574 : duc d'Orléans
  • 1566-1573 : duc d'Anjou
  • 1566-1574 : duc de Bourbon
  • 1566-1574 : comte de Forez, d'Agen, de Rouergue
  • -1573 : lieutenant général du royaume
  • 1569-1574 : comte d'Auvergne
  • 1573-1575 : roi de Pologne et grand-duc de Lituanie
  • 1574-1589 : roi de France
  • 1574-1589 : comte de Forcalquier

Armoiries

Ascendance

Notes et références

Notes

Références

Annexes

Sources primaires imprimées

  • Lettres d'Henri III, roi de France, recueillies par Pierre Champion, publiées avec des compléments, une introduction et des notes pour la Société de l'Histoire de France (Legs Pierre Champion) par Michel François.
    • Tome I, 1557 - , Paris, Librairie C. Klincksieck, 1959, 386 p., [présentation en ligne].
    • Tome II, - , Paris, Librairie C. Klincksieck, 1965, [présentation en ligne].
    • Tome III, - et addenda, Paris, Librairie C. Klincksieck, 1972, 536 p.
    • Tome IV, - , avec la collaboration de Bernard Barbiche et Henri Zuber, Paris, Librairie C. Klincksieck, 1984, 376 p.
    • Tome V, - , édition établie par Jacqueline Boucher, Paris, Honoré Champion, 2000, [présentation en ligne].
    • Tome VI, - , édition établie par Jacqueline Boucher, Genève, Droz, 2006, [présentation en ligne].
  • Pierre de L'Estoile, Registre-journal du règne d'Henri III, édition établie par Madeleine Lazard et Gilbert Schrenck, Genève, Droz, coll. « Textes littéraires français », 1992-2003, 6 volumes.
  • René de Lucinge, sieur des Allymes, Lettres sur la cour d'Henri III en 1586, texte établi et annoté par Alain Dufour, Genève, Droz / Paris, Minard, , coll. « Textes littéraires français », 1966, 340 p. [présentation en ligne].
  • Pierre du Marteau (1666) « Recueil de diverses pièces servant a l'histoire de Henry III., Roy de France et de Pologne », augmente en cette nouvelle édition. Cologne (numérisé par Google).
  • Jacqueline Vons (éd.), « Rapport d'autopsie du roi Henri III par le chirurgien Jacques Guillemeau », extrait de : Jacques Guillemeau, Les Œuvres De Chirurgie, Rouen, 1649, chez Jean Viret, François Vaultier, Clement Malassis et Jacques Besonge [De l’imprimerie de Pierre Maille], p. 857 [lire en ligne].

Bibliographie

Biographies

Études d'ensemble

  • Arlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi et Guy Le Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1526 p. (ISBN 2-221-07425-4, présentation en ligne).
  • Nicolas Le Roux, Les guerres de religion : 1559-1629, Paris, Belin, coll. « Histoire de France » (no 6), , 607 p. (ISBN 978-2-7011-3363-8 et 2701133637, OCLC 495304986, présentation en ligne).

Études portant sur des aspects particuliers du règne

Personnalités du règne d'Henri III (1574-1589)

Dans les arts

Théâtre

  • Pierre Matthieu, La Guisiade (1589).
  • Christopher Marlowe, The Massacre at Paris (1593).
  • George Chapman, The Tragedy of Bussy D'Ambois (1607).
  • George Chapman, The Revenge of Bussy D'Ambois (1613).
  • Alexandre Dumas, Henri III et sa cour (1829).

Opéra

  • Emmanuel Chabrier, Le Roi malgré lui (1887), opéra comique en trois actes, livret d'Émile de Najac et Paul Burani, d'après une pièce d'Ancelot.

Cinéma et télévision

  • L'Assassinat du duc de Guise, film français réalisé en 1897.
  • L'Assassinat du duc de Guise (1908), film français réalisé par André Calmettes. Rôle interprété par Charles Le Bargy.
  • L'Assassinat d'Henri III (1912), film français réalisé par Henri Desfontaines.
  • La Reine Margot (1954), film français réalisé par Jean Dréville. Rôle interprété par Daniel Ceccaldi. Ceccaldi incarne un prince outrageusement efféminé et maniéré, dans la veine comique. Également dépeint comme un comploteur brouillon ligué avec Henri de Navarre, le personnage du duc d'Anjou reprend ainsi des traits et caractères propres à François, duc d'Alençon (personnage absent de cette version cinématographique mais tenant un rôle plus important que celui de son frère aîné dans le roman d'Alexandre Dumas).
  • Si Paris nous était conté (film, 1955), film français réalisé par Sacha Guitry qui relate les grandes pages de l'Histoire de France. Une scène est consacrée à l'assassinat du roi Henri III (interprété par Jean Weber) par le moine Jacques Clément.
  • La Dame de Monsoreau (1971), feuilleton télévisé français réalisé par Yannick Andréi. Rôle interprété par Denis Manuel. Dans cette adaptation du roman d'Alexandre Dumas, Manuel interprète un roi intelligent, conscient de ses devoirs et soucieux de la dignité de sa charge bien que velléitaire et prompt au découragement face aux cabales des Guises et de son frère cadet François, duc d'Alençon. Confronté à cette succession de complots et de crises politiques, Henri III préfère se reposer entièrement sur son bouffon et confident Chicot ainsi que sur sa mère, Catherine de Médicis. Quant aux supposées tendances homosexuelles et possessives du roi vis-à-vis de ses mignons, elles sont illustrées par une scène où il surprend les époux Saint-Luc au lit, ce qui vaut sa disgrâce à François d'Espinay. Ce dernier se réfugie en Anjou dont le gouverneur, Louis de Bussy d'Amboise (Nicolas Silberg) se moque du souverain en évoquant le choc occasionné par cette liaison hétérosexuelle.
  • La Guerre des trois Henri, (1978), téléfilm français réalisé par Marcel Cravenne dans la série Les Grandes conjurations. Rôle interprété par Jacques Rosny.
  • Catherine de Médicis, (1989), téléfilm français réalisé par Yves-André Hubert, d'après une biographie du romancier Jean Orieux. Rôle interprété par Jean Dalric.
  • La Reine Margot (1994), film français réalisé par Patrice Chéreau. Rôle interprété par Pascal Greggory.
  • Elizabeth (1998), film britannique réalisé par Shekhar Kapur. Rôle interprété par Vincent Cassel. Alors duc d'Anjou, Henri est l'un des prétendants à la main de la reine d'Angleterre (Cate Blanchett). Cependant, à l'opposé du viril duc de Foix (personnage interprété significativement par Éric Cantona), le prince Valois n'est qu'un personnage maniéré et sans-gêne ; son goût pour le travestissement finit d'ailleurs par détourner Élisabeth Ire de son projet d'alliance matrimoniale. Par ce portrait de prétendant falot, le film contribue à l'idéalisation de son héroïne en dédouanant la « reine vierge » de la responsabilité de la rupture. En réalité, Henri et Élisabeth ne se sont jamais rencontrés ; c'est le frère cadet d'Henri, François, qui débarqua en Angleterre en tant que prétendant de la reine. De même, ni Henri, ni François ne séjournèrent en Écosse afin d'y rencontrer Marie de Guise (jouée par Fanny Ardant), décédée plusieurs années avant le début des négociations matrimoniales.
  • La Courtisane (1998), film américain réalisé par Marshall Herskovitz. Rôle interprété par Jake Weber.
  • La Dame de Monsoreau (2008), téléfilm français réalisé par Michel Hassan d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas père, France 2. Rôle interprété par Patrick Fierry.
  • La Princesse de Montpensier (2010), film français réalisé par Bertrand Tavernier, d'après la nouvelle éponyme de Madame de La Fayette. Le duc Henri d'Anjou, futur Henri III, y est interprété par Raphaël Personnaz.
  • L'émission Secrets d'Histoire sur France 2 du , intitulée Et si Henri III n'était pas mignon ?, lui était consacrée : — Dominique Bonnet, « Le roi des Mignons fut très amoureux de sa femme », Paris Match,‎ (lire en ligne).

Littérature

Henri III apparaît d'abord comme duc d'Anjou, puis comme roi de Pologne, et enfin comme roi de France dans la série de romans historiques d'Alexandre Dumas que forment La Reine Margot (1845), La Dame de Monsoreau (1846) et Les Quarante-cinq (1847).

Il apparaît également dans certains volumes de Fortune de France de Robert Merle dont Le Prince que voilà, ainsi que dans le roman Charly 9 de Jean Teulé et dans le roman La Saga des Bourbons : Henry, roi de Navarre, de Louis-Gilles Pairault (La Geste, 2018, 372 p., présentation en ligne).

Articles connexes

  • Liste des comtes et ducs d'Anjou
  • Guerres de Religion
  • Renaissance française
  • Liste des souverains de Pologne

Liens externes

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Maison Lubomirski


Maison Lubomirski


La maison Lubomirski est une famille princière de la noblesse polonaise.

Origines

La famille est connue en Pologne dès le Xe siècle, où sa bravoure au combat contre le paganisme lui valut, selon la théorie de l'héraldiste polonais Adam Boniecki, le titre de chevalier et la concession d'armoiries (celle du clan Szreniawa, sans la croix) de la part du roi Mieszko Ier de Pologne. La seconde théorie, proposée par l'historien médiéval Władysław Semkowicz, défend l'idée que ce blason serait le signe d'un pouvoir épiscopal ou séculier, indiquant que la famille exerçait déjà d'importantes fonctions plusieurs siècles auparavant.

Le plus ancien document concernant cette famille date du XIe siècle, époque à laquelle les Lubomirski sont des intimes du pouvoir royal.

Histoire

Les fondements d'une puissance économique

Piotr (mort vers 1480), hérite de Lubomierz dont le nom est à l'origine du nom de la famille. Il est considéré comme le progéniteur de la famille Lubomirski. L'explotation des mines de sel de la province de Cracovie, permet à la famille de s'enrichir et d'investir sur ses propres fonds dans de nouveaux établissements dans la province de Petite-Pologne. Sébastien (1546-1613), qui en 1581 devient administrateur des mines de Cracovie, est le fondateur de cette puissance économique. Tout en prenant ses fonctions, Sebastian a le soutien d'Étienne Báthory. En 1595, il reçoit de l'empereur Rodolphe II le titre de comte de Wiśnicz. En 1591, il entre au Sénat comme gouverneur de Małogoszcz et ouvre une nouvelle mine à Siercza, qui sera exploitée pendant environ 100 ans.

L'argent gagné par le commerce du sel permet à la famille Lubomirski de prêter de l'argent aux personnes les plus riches du pays. Cela leur a permet d'acheter des propriétés ou d'en récupérer auprès de débiteurs insolvables. La famille conforte sa position économique pendant de nombreuses générations, accumulant les actifs au cours des siècles.

Les Lubomirski introduisent plusieurs processus innovants dans l'exploitation de leurs domaines. Leurs fermes cultivables adoptent des méthodes de production industrielle. Des usines de sucre, des distilleries et des usines sont construites. Ils introduisent également des pratiques sociales éclairées, telles que l'octroi de droits égaux pour les sujets. Ils permettent ainsi aux Juifs d'acheter des propriétés dans leurs villes et de construire des maisons. Jerzy Sebastian Lubomirski est particulièrement impliqué dans les activités de démocratisation. Il est persuadé que l'augmentation des droits économiques de tous ses sujets le rendront plus riche. Des écoles et des hôpitaux sont créés pour les paysans. Les Lubomirski embauchent des individus des classes défavorisées, s'occupent de leurs études, offrent un lieu de résidence, des vêtements et un salaire payé deux fois par an. Pour un service loyal et fidèle, les travailleurs deviennent propriétaires de terres qu'ils possèdent à vie et peuvent transmettre à leurs descendants.

Branches

À l'origine petite en nombre d'individus, la famille Lubomirski, s'agrandit considérablement. Si cela conduit à un partage des richesses, son influence politique grandit également. Plusieurs de ses membres siègent à la Diète, au Sénat ou à la cour royale. Les membres de la famille peuvent compter sur le soutien de leurs proches dans les activités politiques ou judiciaires.

La famille est divisée en cinq grandes lignées:

  • Aleksander Michał Lubomirski (1614-1677) fonde la lignée de Wiśnicz,
  • Stanisław Herakliusz Lubomirski (1642-1702) fonde la lignée de Łańcut,
  • Aleksander Michał Lubomirski (1642-1675) fonde la lignée de Przeworsk,
  • Hieronim Augustyn Lubomirski (1647-1706) fonde la lignée de Rzeszów,
  • Jerzy Dominik Lubomirski (1665-1727) fonde la lignée de Janowiec.

La plus grande lignée, celle de Przeworsk, se divise elle-même en trois branches : Dubrowieńsko-Kruszyńska, Równieńsko-Przeworska et Dubieńska. De nombreux descendants de cette lignée vivent de nos jours.

Premiers sujets de Pologne

Les membres de la famille Lubomirski servent l'État comme maréchaux, starosts, voïvodes ou hetmans. Quatre des princes Lubomirski occupent le poste de Grand maréchal de la Couronne: Jerzy Sebastian, Józef Karol, Stanisław Herakliusz et Stanisław. Ils sont actifs dans la politique, président les Diètes, forment une armée privée, représentent le roi dans les tribunaux européens. Leur influence est décisive lors de l'élection des monarques. Ils sont les défenseurs de la noblesse, qui leur donne procuration pour voter à la Diète et aux élections royales. Bien que grand maréchal et Hetman de la Couronne, Jerzy Sebastian n'hésite pas à soutenir la Rébellion de la noblesse.

Les mariages sont également très importants. Les membres de la famille Lubomirski sont liés aux plus puissantes et riches familles. Cela leur permet d'étendre leurs propriétés et même de prendre en charge une partie de la succession d'Ostróg.

Ainsi Stanisław Lubomirski épouse Zofia Ostrogska, Aleksander Michał Lubomirski épouse Helena Tekla Ossolińska, Anna Krystyna Lubomirska épouse Albert Stanisław Radziwiłł, Józef Karol Lubomirski est l'époux de Teofilia Ludwika Zasławska (en), Teresa Lubomirska épouse Charles III Philippe, prince de Neuburg, et Marianna Lubomirska épouse Paweł Sanguszko, grand maréchal de Lituanie.

Candidatures et alliances

En 1647, Stanisław Lubomirski reçoit de l'empereur Ferdinand III le titre héréditaire de Prince du Saint-Empire. Après la mort du roi Jan III Sobieski, la famille Lubomirski est candidate à la couronne. Hieronim Augustyn, grand hetman de la Couronne, est le candidat le plus sérieux. Après la mort d'Auguste II le Fort, le prince Teodor Konstanty, gouverneur de Cracovie, présente sa candidature. Le prince Stanisław Lubomirski, gouverneur de Kiev et président du trésor de Radom, fait campagne pour le trône en 1764. Les princes Lubomirski sont également candidats aux couronnes tchèque et hongroise. Jerzy Ignacy Lubomirski présente sa candidature au trône de Hongrie.

La famille Lubomirski est liée à presque toutes les dynasties régnantes en Europe comme les Capétiens, Bourbons, Ottoniens, Wittelsbach, Hohenzollern ou Riourikides. Elle est également liée à la dynastie des Piast de Mazovie. Zofia Lubomirska était l'arrière-petite-fille d'Anna Lubomirska, la fille de Conrad III, prince de Mazovie. Katarzyna Lubomirska est l'épouse de Konstanty Bazyli II, prince d'Ostróg, étroitement lié à Bolesław IV, descendant de Conrad Ier de Mazovie.

Exploits militaires

Le prince Stanisław Lubomirski est célèbre pour son action à la Bataille de Khotin en 1621, contre les forces Ottomanes et Tatars. D'abord à la bataille à la tête d'un régiment privé, il prend le commandement après la mort de l'hetman Jan Karol Chodkiewicz et la capture de l'hetman Stanisław Koniecpolski.

Pendant le Déluge, le prince Jerzy Sebastian Lubomirski est un des rares aristocrates polonais à ne pas prêter serment à Charles X Gustave. Au contraire, il donne abri à Jean II Casimir Vasa sur son domaine à Lubowla (aujourd'hui en Slovaquie) et lance une contre-offensive des troupes polonaises. Il prête son armée privée, qui combat la bataille de Warka, et reprend Varsovie et Toruń, occupés par les Suédois. En 1660, à la tête des armées privées et royales, le prince Jerzy Sebastian Lubomirski mène une campagne éclair qui prend fin avec la défaite des forces russes à Cudnów et Połonka. En 1661, les relations avec le roi se dégradent et lance une rébellion. Après son échec il se retire en Silésie et est dégradé par le tribunal de la Diète.

Le prince Hieronim Augustyn, consacre sa vie à combattre les Turcs. Il bat Petro Dorochenko lors du soulèvement cosaque (en). En 1670, il combat contre la Horde de Crimée à Bracław et Kalnik. En 1683, pendant la bataille de Vienne, ses troupes sont les premières à atteindre les portes de la ville. Pendant la période de la première république de Pologne, huit membres de la famille servent comme généraux. Deux d'entre eux participent à la guerre contre la Russie tsariste, qui aboutit à l'Insurrection de Kościuszko.

Sous domination russe

Après 1795, les princes Lubomirski se livrent à des activités clandestines et insurrectionnelles contre les occupants russes. Leurs biens sont accaparés. Le prince Jerzy Roman Lubomirski (1799-1865), propriétaire de Rozwadów, participe aux batailles de l'Insurrection de novembre 1830 et de janvier 1861 et organise dans ses propriétés des hôpitaux pour les blessés. Après l'effondrement du soulèvement, son palais devient le lieu de réunions secrètes de patriotes polonais. Jerzy est actif dans les domaines social et scientifique et finance le fonctionnement d'un lycée et d'une maison de pauvres. Il crée aussi deux fondations, l'une finançant les tests d'équipement scientifiques, l'autre récompensant les auteurs de travaux remarquables. Son frère Adam Hieronim Karol Lubomirski (1811-1873) reçoit la croix la Virtuti Militari, pour sa participation à l'insurrection de novembre.

En 1883, le prince Henryk Ludwik Lubomirski (1777–1850) donne à l'Institut national d'Ossoliński à Lviv une importante collection de livres, archives, œuvres d'art et antiquités, qui est devenue depuis, une importante institution scientifique et culturelle. Pendant de nombreuses années le prince fait office de conservateur de l'installation. Il contribue également à la création du Musée des Princes Lubomirski, premier musée privé polonais accessible au public. Il est familier avec le poète Zygmunt Krasiński, qui commémore le prince dans sa Comédie non divine, en la personne d'Orcio. En 1823, Henryk Lubomirski crée l'ordynat de Przeworsk, mais à la suite de ses activités subversives, la propriété n'est officialisé par les autorités de partage qu'après sa mort. En 1869, son petit-fils, le prince Andrzej Lubomirski en devient le premier entail reconnu.

Le prince Aleksander Ignacy Lubomirski (1802-1893) fonde un centre pour jeunes garçons (au siège actuel de l'Université d'économie de Cracovie) et un autre pour jeunes filles (à Łagiewniki) au centre de Cracovie. Les enfants pauvres y sont préparés à la vie adulte et reçoivent gratuitement une formation pratique qui leur donne les bases d'un emploi futur.

Pologne indépendante et Entre-deux-guerres

Le , 123 ans après le troisième partage de la Pologne, à l'initiative du prince régent Zdzisław Lubomirski (1865-1943), l'indépendance de la Pologne est proclamée et publiée dans le Moniteur Polski (en). Zdzisław est un homme politique, président du Comité Civique et président de la ville de Varsovie (pl). Il développe l'autonomie gouvernementale, organise des travaux, des coopératives de crédit et pris en charge l'éducation et les conditions de vie des Varsoviens. Ses activités tracent les orientations d'un futur État indépendant. En 1926, il assume le rôle de médiateur entre les parties lors du coup d'État de mai. Dans les années 1930, il est sénateur des affaires étrangères et des comités militaires. Pendant la Seconde Guerre mondiale il est emprisonné et torturé par la Gestapo. Il meurt des suites de ses blessures.

Dans les années 1919 à 1939, les princes Lubomirski sont députés, sénateurs et ministres. Ils sont également engagés dans l'industrialisation du pays. Ils appartiennent aux principales organisations impliquées dans la modernisation des routes, des chemins de fer et de l'aviation. Ils participent à la reconstruction de l'armée polonaise. Ils forment des banques et des coopératives d'épargne et de crédit qui fournissent des prêts bon marché aux plus pauvres, sont actifs dans les organisations éducatives, financent des écoles et s'engageant dans la culture polonaise.

Le prince Stefan Lubomirski (1862-1941) est le fondateur du Comité national olympique polonais et en devient le premier président (son successeur sera son cousin, le prince Kazimierz Lubomirski) et membre du Comité international olympique. Le prince Stefan, également passionné par l'élevage de chevaux de course, forme avec ses frères le haras le plus moderne de Pologne au manoir de Widzów près de Częstochowa. Stefan est le propriétaire de la Warszawska Kolej Dojazdowa compagnie des chemins de fer de Varsovie) qui permet aux citadins d'atteindre les usines situées à l'extérieur de la ville et aux résidents des banlieues d'atteindre la capitale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les chemins de fer construits par Lubomirski ravitaillent la ville occupée.

Le prince Stanisław Sebastian Lubomirski créé le Centralny Związek Przemysłu Polskiego, Lewiatan (Union centrale de l'industrie polonaise Leviatan), qu'il préside à partir de 1932. Le syndicat fait la promotion du développement de l'industrie, préconise la baisse des impôts, la sécurité sociale pour les ouvriers et l'augmentation des aides de l'état à l'industrie. Les membres de l'organisation sont élus à la Diète et au Sénat, sont membres du gouvernement de la deuxième république de Pologne, et servent d'autres institutions d'état. Ils éditent trois magazines: Economic Review Przegląd Gospodarczy (revue économique), Kurier Polski (en) (Courrier polonais) et Depesza (Le Télégramme). Stanisław Sebastian fonde la Bank Przemysłowy Warszawski (Banque Industrielle de Varsovie) et préside de la Bank Handlowy (Banque Commerciale) à Varsovie, la Centralny Związek Przemysłu Polskiego (Union centrale de l'industrie polonaise), la Związek Banków Polskich (Banque Polonaise) et la Stowarzyszenie Przemysłowców Polskich (Association des industriels polonais). Il consacre sa vie à lutter pour l'indépendance de l'économie polonaise et de celle des pays voisins.

Seconde Guerre mondiale, la lutte armée

Pendant l'occupation, le prince Stefan Lubomirski (1898-1948) est arrêté pour avoir gardé secret un dépôt de médicaments pour la résistance polonaise de l'Armia Krajowa (Armée de l'Intérieur). Il est emprisonné à la prison de Montelupich. Il est sur la liste des condamnés mais s'échappe à Cracovie, où il se cache. Sa famille est déportée à Auschwitz.

Le prince Eugeniusz Karol Lubomirski (1895-1982) est arrêté par le NKVD et interné à la prison de Lubianka, où il rencontre le général Władysław Anders, il deviendra plus tard son adjoint et combattra à son côté au sein du Deuxième Corps de l'armée polonaise dans toute l'Europe. Il atteint finalement le Royaume-Uni et se porte candidat pour la présidence du gouvernement polonais en exil.

Le prince Hieronim Lubomirski (1927-1943) est tué à l'âge de 17 ans, lors de l'action de sauvetage du résistant Jan Bytnar de la prison de Pawiak le . Elle est organisée par une unité du groupe Tempête des Szare Szeregi (rangs Gris) spécialement créé en coordination avec l'Armia Krajowa (Armée de l'Intérieur) pour récupérer les prisonniers et punir les autorités d'occupation.

Le prince Jerzy Ignacy Lubomirski (1882-1945) était actif dans la communauté locale. Il aide des gens particulièrement touchés pendant la guerre. Il est arrêté en 1944, détenu et torturé à la prison à Tarnobrzeg. Il est assassiné par la police du Ministère de la Sécurité intérieure polonais en tant que membre de l'Armia Krajowa (Armée de l'Intérieur).

Arbre généalogique

Membres de la famille Lubomirski

Première génération

  • Feliks Lubomirski

Deuxième génération

  • Stanisław (?-1585), fils de Feliks Lubomirski

Troisième génération

  • Sebastian (?-1613), fils de Stanisław Lubomirski, castellan de Małogoszcz (1591), Biecz (1598), Wojnicz (1603), staroste de Sandomierz, Sącz et Spisz.

Quatrième génération

  • Barbara Lubomirska (en), épouse de Jan Zebrzydowski. Elle est la fille de Sebastian Lubomirski.
  • Stanisław (1583-1649), voïvode de Ruthénie (1625 ou 1628), Cracovie (1638), En 1647 il reçoit de Ferdinand III de Habsbourg le titre héréditaire de prince du Saint-Empire. Il est le fils de Sebastian Lubomirski.
  • Joachim (en) (1588-1610), staroste de Lipnice, Dobczyce et Tymbark. Il est le fils de Sebastian Lubomirski.

Cinquième génération

  • Aleksander Michał (1614-1677), échanson de la reine, maître de cavalerie de la Couronne, voïvode de Cracovie (1668), staroste de Sandomierz et Bydgoszcz. Il est le fils de Stanisław Lubomirski.
  • Jerzy Sebastian (1616-1667), staroste, maréchal de la cour de Pologne, grand maréchal de la couronne, grand hetman de la couronne. Il est le fils de Stanisław Lubomirski.
  • Anna Krystyna (1618-1667), épouse de Albert Stanisław Radziwiłł. Elle est la fille de Stanisław Lubomirski
  • Konstanty Jacek (en) (1620-1663), maître-d'hôtel et échanson de la Couronne (1668), staroste de Sącz. Il est le fils de Stanisław Lubomirski.

Sixième génération

  • Stanisław Herakliusz (1642-1702), intendant de la Couronne (1669), maréchal (1673) puis grand maréchal de la Couronne (1676), staroste de Spisz. Il est le fils de Jerzy Sebastian Lubomirski.
  • Aleksander Michał (1642-1675), staroste de Perejesław et Nowy Sącz. Il est le fils de Jerzy Sebastian Lubomirski.
  • Krystyna Lubomirska (1647-1669), épouse de Feliks Kazimierz Potocki. Elle est la fille de Jerzy Sebastian Lubomirski.
  • Hieronim Augustyn (1648-1706), voïvode de Cracovie, castellan de Cracovie (1702), grand hetman de la Couronne (1702). Il est le fils de Jerzy Sebastian Lubomirski.
  • Anna Krystyna (?-1701), épouse de Dominique Nicolas Radziwiłł, puis de Franciszek Stefan Sapieha. Elle est la fille de Jerzy Sebastian Lubomirski.
  • Jerzy Dominik (1654-1727), intendant (1695) et chambellan de la Couronne (1702), voïvode de Cracovie (1726). Il est le fils de Jerzy Sebastian Lubomirski.
  • Franciszek Sebastian (en) (1666-1699), staroste de Olsztyn, officier de cavalerie. Il est le fils de Jerzy Sebastian Lubomirski.

Septième génération

  • Józef Karol (1638-1702), maréchal de la cour (1692), grand maréchal de la Couronne (1702), staroste de Sandomierz and Zator. Il est le fils d'Aleksander Michał Lubomirski (1614-1677).
  • Franciszek (en) (?-1721), général. Il est le fils de Stanisław Herakliusz Lubomirski.
  • Józef Lubomirski (1676-1732), voïovode de Czernihów. Il est le fils de Stanisław Herakliusz Lubomirski.
  • Elżbieta Helena (1669-1729), épouse de Adam Mikołaj Sieniawski. Elle est la fille de Stanisław Herakliusz Lubomirski.
  • Teodor Józef (1683-1745), voïvode de Cracovie, staroste de Spisz. Il est le fils de Stanisław Herakliusz Lubomirski.
  • Jerzy Ignacy (1687-1753), général de la Couronne, puis général de Saxe, grand porte-étendard de la Couronne (1746). Il est le fils de Hieronim Augustyn Lubomirski.
  • Jerzy Aleksander (1766-1735), voïvode de Sandomierz (1729), staroste de Nowy Sącz. Il est le fils d'Aleksander Michał Lubomirski (1642-1675).
  • Jan Kazimierz (1691-1736), staroste de Bolimów. Il est le fils de Hieronim Augustyn Lubomirski.
  • Anna (?-1736), épouse de Franciszek Wielopolski (en). Fille de Hieronim Augustyn Lubomirski.
  • Franciszek Ferdynant (1710-1774), grand porte-épée de la Couronne (1761-1771), grand porte-étandart de la couronne (1776). Il est le fils de Jerzy Dominik Lubomirski.
  • Antoni Benedykt (1718-1761), général, grand porte étandard de la Couronne (1754). Fils de Jerzy Dominik Lubomirski.

Huitième génération

  • Teresa (1685-1712), épouse de Charles III Philippe du Palatinat. Fille de Józef Karol Lubomirski.
  • Marianna Teofila (1693-1729), épouse de Paweł Sanguszko. Elle est la fille de Józef Karol Lubomirski.
  • Aleksander Dominik (1693-1720), staroste de Sandomierz, Zator et Ryki. Il est le fils de Józef Karol Lubomirski.
  • Józef Lubomirski (pl) (1704-1755). Fils de Jerzy Aleksander Lubomirski
  • Stanisław (1704-1793). Fils de Jerzy Aleksander Lubomirski
  • Antoni (1718-1782), grand gardien de la Couronne (1748), lieutenant-général, voïvode de Lublin, castellan de Cracovie, staroste de Piotrków. Fils de Józef Lubomirski (1676-1732).
  • Teodor Hieronim (pl) (1720-1761), fils de Jerzy Ignacy Lubomirski (1687-1753).
  • Stanisław (1722-1782), gardien de la Couronne (1752-1766), maréchal de la Couronne (1766). Fils de Józef Lubomirski (1676-1732).
  • Kasper Lubomirski (pl) (1724-1780), fils de Teodor Lubomirski (1683-1745)
  • Anna (?-1763), épouse de Wenceslas Rzewuski. Fille de Józef Lubomirski (1676-1732).
  • Maria Karolina (1730-1795), épouse de Charles Stanisław Radziwiłł. Fille de Jan Kazimierz Lubomirski (1691-1736).
  • Jerzy Marcin (1738-1811), fils de Antoni Benedykt Lubomirski (1718-1761)
  • Magdalena Agnieszka (1739-1780), épouse de Aleksander Michał Sapieha. Elle est la fille de Antoni Benedykt Lubomirski (1718-1761).
  • Jerzy Ignacy Lubomirski (?-1797), fils de Jerzy Ignacy Lubomirski (1687-1753)
  • Franciszek Grzegorz (1752-1812), fils de Jerzy Ignacy Lubomirski (1687-1753).

Neuvième génération

  • Franciszek Ksawery (1747-1819), militaire de l'Empire russe. Il est le fils de Stanisław Lubomirski (1704-1793).
  • Aleksander Lubomirski (1751-1804). Il est le fils de Stanisław Lubomirski (1704-1793).
  • Józef Aleksander (1751-1817), staroste de Romanów (1774-1817), castellan de Kiev (1790-1795). Il est le fils de Stanisław Lubomirski (1704-1793).
  • Michał Lubomirski (1752-1825), général. Il est le fils de Stanisław Lubomirski (1704-1793).
  • Elżbieta (1755-1783), épouse de Ignacy Potocki. Fille de Stanisław Lubomirski (1722-1782).
  • Aleksandra (en) (1760-1836), épouse de Stanisław Kostka Potocki. Fille de Stanisław Lubomirski (1722-1782).
  • Konstancja Małgorzata (en) (1761-1840), épouse de Séverin Rzewuski. Fille de Stanisław Lubomirski (1722-1782).
  • Julia (en) (1764-1794), épouse de Jan Potocki. Fille de Stanisław Lubomirski (1722-1782).
  • Łucja Franciszka Lubomirska (pl) (1770-1811), fille de Jerzy Marcin Lubomirski (1738-1811), épouse de Jerzy Janusz Tyszkiewicz
  • Ludwika (?-1829), épouse de Józef Makary Potocki (en). Fille de Stanisław Lubomirski (1704-1793)
  • Jerzy Roman Lubomirski (1799-1865), fils de Franciszek Grzegorz Lubomirski (1752-1812)
  • Adam Hieronim Karol Lubomirski (1811-1873), fils de Franciszek Grzegorz Lubomirski (1752-1812)
  • Adam Lubomirski (1812-1873), fils de Franciszek Grzegorz Lubomirski (1752-1812)

Dixième génération

  • Henryk Ludwik Lubomirski (1777-1850). Fils de Józef Aleksander Lubomirski.
  • Fryderyk Wilhelm Lubomirski (1779-1848). Fils de Józef Aleksander Lubomirski.
  • Helena Lubomirska (1783-1876), fille de Józef Aleksander Lubomirski ( (1751-1804)
  • Józef Lubomirski (1785-1870), sénateur et castellan. Il est le fils de Michał Lubomirski (1752-1825).
  • Aleksandra Franciszka Lubomirska (1788-1865), épouse de Wenceslas Séverin Rzewuski. Elle est la fille d'Aleksander Lubomirski (1751-1804)
  • Eugeniusz (1789-1834). Fils de Franciszek Ksawery Lubomirski.
  • Edward Kazimierz Lubomirski (1796-1823). Il est le fils de Michał Lubomirski (1752-1825)
  • Aleksander Ignacy (1802-1893), homme d'affaires. Fils de Franciszek Ksawery Lubomirski.
  • Hieronim Adam Lubomirski (1844-1905), fils d'Adam Lubomirski (1812-1873)

Onzième génération

  • Izabela Maria (1808-1868). Fille de Henryk Ludwik Lubomirski, elle est l'épouse de Władysław Hieronim Sanguszko.
  • Marceli (1810-1865). Fils de Józef Lubomirski (1785-1870).
  • Kazimierz (1813-1871). Fils de Fryderyk Wilhelm Lubomirski (1779-1848).
  • Jadwiga Julia Wanda (1815-1895), fille de Henryk Ludwik Lubomirski, épouse d'Eugène Ier de Ligne.
  • Jerzy Henryk (1817-1872), fils de Henryk Ludwik Lubomirski (1777-1850).
  • Władysław Emanuel (1824-1882), fils d'Eugeniusz Lubomirski (1789-1834).
  • Eugeniusz Adolf (1825-1911), fils d'Eugeniusz Lubomirski (1789-1834).
  • Jan Tadeusz (1826-1908), fils d'Eugeniusz Lubomirski (1789-1834).
  • Jerzy Ignacy Lubomirski (1882-1945), fils de Hieronim Adam Lubomirski (1844-1905)

Douzième génération

  • Józef Maksymilian (1839-1911), fils de Marceli Lubomirski (1810-1865)
  • Andrzej Lubomirski (1862-1953), fils de Jerzy Henryk Lubomirski (1817-1872)
  • Stefan (1862-1941), fils d'Eugeniusz Adolf Lubomirski (1825-1911)
  • Zdzisław (1865-1943), maire de Varsovie (1916-1917), sénateur (1928-1935). Fils de Jan Tadeusz Lubomirski.
  • Władysław (1866-1934), mécène et compositeur. Il est le fils d'Eugeniusz Adolf Lubomirski (1825-1911).
  • Kazimierz (1869-1930), fils de Jerzy Henryk Lubomirski (1817-1872).
  • Stanisław Sebastian (1875-1932), fils d'Eugeniusz Adolf Lubomirski (1825-1911).

Treizième génération

  • Helena (1886-1939), fille de Andrzej Lubomirski, épouse de Stanisław Sierakowski (pl) (1881-1939)
  • Hieronim Lubomirski (1892-1931), fils de Stefan Lubomirski (1862-1941)
  • Eugeniusz Karol (1895-1982), fils de Władysław Lubomirski (1866-1934)
  • Cecylia (1907-2001), épouse de Gabriel de Bourbon-Siciles. Fille de Kazimierz Lubomirski (1869-1930).

Quatorzième génération

  • Hieronim Lubomirski (1927-1943), fils de Hieronim Lubomirski (1892-1931)

Résidences

Les premières mentions de Lubomierz - la ville qui donne son nom à la famille - remontent à 1398. Le domaine, qui se compose initialement des villages de Gdów et Szczyrzyc, s'agrandit considérablement au cours du XIIIe siècle. Au XVIIe et XIIIe siècles, il comprend, entre autres Lubomierz, Wiśnicz, Bochnia, Wieliczka, Łańcut, Baranów Sandomierski, Puławy, Rzeszów, Równe, Tarnów, Jarosław, Przeworsk, et Janowiec sur la Vistule. De nos jours, le château de Nowy Wiśnicz (pl) appartient à la Fondation princes Lubomirski (pl).

De nombreuses propriétés sont situées dans la périphérie des plus grandes villes de Pologne : à Varsovie (Palais Lubomirski (en), actuel palais présidentiel), Mokotów, Ujazdów, CzerniakówCzerniaków, Cracovie (Wola Justowska (en), Kamienica Pod Baranami, Rzeszów (Château (en)), Sandomierz ou Lviv. La famille entretient aussi de prestigieuses résidence à Dresde, Vienne et Paris. Les membres de la famille sont surnommés les « propriétaires de la banque de la rivière Dniepr » parce que beaucoup de leurs biens sont sur le territoire de l'Ukraine et de la Slovaquie moderne. La famille Lubomirski bénéficie d'une influence politique, militaire et économique, qui se porte principalement sur les provinces de Cracovie, Sandomierz, Stanisławów et Ruthénie, pour s'étendre finalement sur l'ensemble du territoire de la république des Deux Nations. Cette puissance persiste jusqu'à l'effondrement de l'État polonais. À cette époque, la famille est privée de nombreux domaines à la suite des sanctions prises pour la participation de ses membres au mouvement de révolte de Lubimirski (en).

La famille Lubomirski s'efforce consciemment de rassembler ses propriétés en un seul ensemble contigu. L'expansion territoriale commence dans le domaine ancestral situé au sud de Cracovie et s'étend vers l'est, pour atteindre son paroxysme, vers 1649, à la mort de Stanisław. C'est le troisième plus grand domaine privé sur le territoire de la République, juste après les domaines des familles Ostrogski et Radziwiłł. En plus d'acheter des propriétés, les Lubomirski louent de riches demeures royales, telles que les Starostwo (en) de Spisz, Sandomierz et Sącz. Les revenus provenant des terres louées par le roi sont comparables à ceux des domaines privés.

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « House of Lubomirski » (voir la liste des auteurs).
  • (pl) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en polonais intitulé « Lubomirscy herbu Szreniawa bez Krzyża » (voir la liste des auteurs).
  • (en) Site de la fondation Lubomirski
  • Produkcja i handel zbożowy w latyfundium Lubomirskich, c.1650-1750 ("La production céréalière et le commerce du latifundium Lubomirski, c.1650-1750", Adam Hornecki, Académie polonaise des sciences, Wrocław, 1970
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Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Maison Lubomirski by Wikipedia (Historical)



Histoire du royaume des Deux-Siciles en 1848


Histoire du royaume des Deux-Siciles en 1848


L’histoire du royaume des Deux-Siciles en 1848 traite les événements impliquant le règne de Ferdinand II depuis la révolution sicilienne qui commence par l'insurrection de Palerme le 12 janvier, se poursuit avec la participation marginale dans la première guerre d'indépendance italienne, la concession et la répression qui s'ensuit des libertés constitutionnelles, l'invasion de la Sicile et enfin l'invasion ratée de la République romaine.

Révolution et guerre

Émeutes révolutionnaires et constitution

La révolution débute le , quand Palerme s'insurge pour la seconde fois en trente ans contre les Bourbons du royaume des Deux-Siciles. Les troupes royales se trouvent alors réduites à la seule citadelle de Messine.

Le , les événements de Palerme provoquent une insurrection constitutionnelle analogue à Naples, qui contraint, deux jours après, Ferdinand II à promettre une constitution qui est promulguée le .

La première guerre d'indépendance

Avec les cinq journées de Milan du 18 au , la première guerre d'indépendance italienne commence. Elle prend fin le 9 août, au détriment du royaume de Sardaigne avec la signature de l'armistice Salasco.

La guerre implique, en plus de l'armée piémontaise, les armées du grand-duché de Toscane et des États pontificaux malgré la résistance de pape Pie IX.

La sortie du conflit du royaume des Deux-Siciles

Le coup d'état à Naples

Ses armées auraient dû être rejointes par une importante force expéditionnaire de royaume des Deux-Siciles (environ 16 000 hommes) qui partent effectivement de Naples, mais, arrivée au Pô et alors qu'elle s'apprête à entrer dans la Vénétie, elle reçoit l'ordre de Ferdinand II des Deux-Siciles de revenir à Naples. Le général Guglielmo Pepe, en vieux patriote, refuse l'ordre et avec l'artillerie et le génie, il rejoint Venise, où il reçoit le commandement suprême des troupes et participe au long siège de la ville.

Pepe ne peut soutenir Giovanni Durando, commandant en chef de l'expédition des États pontificaux car, le , Pie IX, au cours d'une allocution au consistoire condamne la guerre. Cela conduit Ferdinand II de Bourbon à changer d'option : le , il dissout le Parlement et la garde nationale, il nomme un nouveau gouvernement et proclame l'état de siège. Ceci s'accompagne d'une féroce répression à Naples qui fait environ 500 morts, parmi les victimes Luigi La Vista, jeune écrivain fusillé à l'âge de vingt ans.

Conséquences de la volte-face

La soudaine volte-face décide du sort de la guerre (comme le dit, par exemple, Pieri), car l'armée pontificale de Durando n'est pas en mesure, seule, d'empêcher la jonction du corps d'armée autrichien de Nugent, avec le gros des troupes de Radetzky à Vérone. Il est attaqué à deux reprises à Vicence : La première fois il repousse Nugent lors des cinq journées de Vicence, mais la seconde fois, il ne peut rien contre l'armée autrichienne entière composée d'environ 40 000 hommes, commandée par d'Aspre lors de la bataille du . En conséquence, la ville de la Vénétie qui avait été libérée, tombe. Seule la ville-forteresse de Venise résiste et Durando se retire du conflit.

Raisons de la volte-face

Ferdinand II aligne ainsi sa politique étrangère sur celle de son allié traditionnel, l'Autriche. La politique réactionnaire de cette dernière répond à la culture absolutiste du monarque. Par ailleurs, Vienne a, en trente-trois ans, déjà réalisé deux expéditions militaires pour réinstaller les Bourbons sur le trône de Naples : en 1815, l'Autrichien Federico Bianchi (son père est natif de Côme) défait Joachim Murat lors de la bataille de Tolentino et de nouveau en 1821 l'Autrichien Johann Maria Philipp Frimont défait le général Guglielmo Pepe lors de la bataille de Rieti et Antrodoco. Deux invasions militaires qui ont conduit à la défaite des armées entièrement napolitaines.

À ceci, s'ajoute une aversion à l'ambition des dirigeants des autres maisons d'Italie. Une éventuelle réduction de la Lombardie-Vénétie aurait inévitablement conduit à un élargissement du royaume de Sardaigne de Charles-Albert lequel se démène déjà, avec le consentement de la population, pour l'annexion du petit duché de Parme aux mains, aussi, de Bourbons. Le , le plébiscite pour l'union de la Lombardie au royaume de Sardaigne qui se conclut triomphalement le est annoncé.

Même en Sicile, le gouvernement révolutionnaire relance l'ancien royaume et envoie une délégation à Turin pour offrir la couronne à un prince de Savoie bien que Charles-Albert n'ait pas donné le moindre signe d'approbation. Ferdinand II peut finalement se consacrer à la répression de la révolution sicilienne.

L'insurrection en Calabre

Le début de la reconquête de la Sicile

Seconde tentative constitutionnelle

Afin de reprendre les choses en main par la voie constitutionnelle, le , Ferdinand II abroge l'état de siège et des élections générales sont réalisées le . Les résultats sont à l'opposé des ceux attendus : presque tous les députés du parlement dissout, et en majorité favorable à la guerre contre l'Autriche, sont réélus.
Le , dès sa première session, une insurmontable divergence sur la priorité de la politique nationale se manifeste : Ferdinand souhaite uniquement réprimer l'insurrection sicilienne, le parlement répond que « notre politique de régénération ne peut être parfaite sans l'indépendance et la reconstruction de l'entière nationalité italienne ».

Le débarquement en Sicile

Ferdinand II ordonne malgré tout la reconquête de la Sicile et envoie le lieutenant-général Carlo Filangieri, avec 14 000 hommes, une importante artillerie et la flotte à Messine, où les troupes royales de Pronio tiennent toujours la citadelle qui dispose d'une artillerie qui pointe sur la ville. L'expédition quitte Reggio le . Après avoir débarquée, le , elle est commandée par le général Lanza et Nunziante.

Assaut et saccage de Messine

Messine est prise le après l'ouverture de brèche dans les murs de la ville. La ville forte ne s'étant pas rendue, comme il est d'usage, les troupes victorieuse se lancent dans un féroce saccage qui dure plus de huit heures. Ferdinand II y gagne le surnom de re bomba (roi bombe) en raison du bombardement de la ville.
Le , la forteresse de Milazzo est occupée et le , une trêve est imposée par la France représentée par l'amiral Baudin et par le Royaume-Uni, qui a de forts intérêts dans l'île, représenté par l'escadre de l'amiral Parker.

L'achèvement de la conquête de la Sicile (1849)

Troisième et dernière tentative constitutionnelle

Dans le même temps, dès le , Ferdinand II repousse la réouverture de la chambre au puis au après que les élections. Cette date a été étendue au , après que les élections complémentaires du ont vu augmenter les votes pour l'opposition libérale.

À peine rouverte, la chambre vote un projet d'orientation où elle se lamente de la continuelle violence politique contre l'opposition et revendique les pouvoirs concernant le financement de la guerre en Sicile ce qui aurait entraîné la coupure des crédits pour la guerre. Après quoi, le , Ferdinand II dissout une seconde et dernière fois les chambres.

Reprise de l'avancée

Entretemps, le , Ferdinand II adresse une proclamation aux Siciliens, leur promettant un nouveau statut pour l'île ce qui conduit le gouvernement palermitain à mettre fin à l'armistice et le les hostilités recommencent. Les quelque six mille Siciliens du général polonais Ludwik Mierosławski (1814-1878) ne peuvent pas grand chose face aux 13 500 soldats de Filangieri : ceux-ci, le , reprennent l'offensive et, le , conquièrent Catane.

La reddition de Palerme

Le , le parlement palermitain accepte les propositions de Ferdinand II. Le , une flotte se présente devant Palerme avec une injonction afin que les rebelles se rendent et le , l'armée napolitaine atteint Bagheria. Ferdinand II concède l'armistice et le , Filangieri prend possession de Palerme.

Filangieri devient duc de Taormina et gouverneur de la Sicile. Le statut régional n'est plus proposé ainsi que la constitution napolitaine.

L'exil des chefs de la révolution sicilienne

Quarante-trois responsables s'embarquent pour Gênes. Il s'agit, bien sûr, de l’intelligentsia sicilienne, au cours des années suivantes, beaucoup d'entre eux ( La Masa, Farina Crispi Amari, Cordova, Fardella di Torrearsa) partagent la cause du Risorgimento, et onze ans plus tard, ils sont à la base de l'expédition des Mille.

La tentative d'invasion du Latium

Pendant que Ferdinand II résiste victorieusement à l'opinion publique et au parlement majoritairement libéral et favorable à la guerre conte l'Autriche, dans des conditions identiques, Léopold II de Toscane à Florence et Pie IX à Rome doivent céder. Le , ce dernier se réfugie, dans la forteresse napolitaine de Gaète et Léopold II le rejoint, après avoir fui Florence, le .

Les deux souverains acceptent les offres d'aide de l'Autriche du jeune François-Joseph, de l'Espagne et de la Seconde république française du président nouvellement élu Louis Napoléon.
Cependant rien ne se passe, jusqu'à la défaite de Charles-Albert à Novare le qui décide, définitivement, de la suprématie sur la Lombardie et contraint le nouveau roi piémontais, Victor-Emmanuel II de Savoie, de se concentrer sur la situation politique intérieure qui est devenue chaotique. Personne n'est en mesure de s'opposer à l'ingérence étrangère en Italie centrale.

Proclamation de la république romaine

Le premier à agir est Louis Napoléon, qui le fait débarquer à Civitavecchia un corps expéditionnaire emmené par le général Oudinot qui tente de prendre Rome le mais est battu. Il se replie à Civitavecchia et demande des renforts.

Ferdinand II a donc l'occasion de réaffirmer son prestige militaire et d'endosser le rôle de « second gendarme d'Italie » en concert avec son grand allié l'Autriche. La répression de l'opposition en Sicile et du parlement napolitain est sur le point de se terminer, ce qui permet d'envisager l'opération. Il constitue un corps expéditionnaire de 8 500 hommes, avec 52 canons et la cavalerie aux ordres sur général Winspeare[réf. nécessaire]. Celui-ci est battu par Garibaldi lors de la Palestrina, le 9 mai et il se replie sur Capua et Gaète.

En même temps Radetzky est autorisé à libérer du royaume de Lombardie-Vénétie deux importants corps expéditionnaires envoyés dans le grand-duché de Toscane d'une part et sur Bologne et Ancône de l'autre.

Les Français assiègent Rome

La fin de la république se décide par un second corps expéditionnaire français fort de plus de 30 000 soldats et de puissants moyens de siège aux ordres d'Oudinot. Il attaque Rome à l'aube du . La résistance dure jusqu'au 1er juillet quand une trêve est acceptée. Le , l'assemblée constituante de la République romaine approuve la reddition de la ville.

Pie IX rentre dans la ville le , après que l'opposition libérale ait été réprimée.

Note

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Storia del Regno delle Due Sicilie nel 1848 » (voir la liste des auteurs).


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Révolution de Mars


Révolution de Mars


La révolution de Mars (Märzrevolution en allemand), également dénommée révolution allemande de 1848, est le Printemps des peuples germaniques. Il s'agit de l'ensemble des révolutions qui éclatent entre et la fin de l'été 1849 au sein de la Confédération germanique et dans les provinces et pays sous domination de l'empire d'Autriche (Hongrie et Italie du Nord) et du royaume de Prusse (province de Posnanie).

Le Vormärz qui précéda est marqué par la restauration politique mise en place par la Sainte-Alliance et en particulier par le chancelier autrichien Klemens Wenzel von Metternich. En outre, le début de la révolution industrielle en Allemagne provoque un appauvrissement des artisans et une aggravation des problèmes sociaux.

Après les révolutions en Italie début et en France en février, les États allemands rejoignent le soulèvement européen. Les révolutionnaires des États allemands aspirent à l'établissement des libertés politiques ainsi qu'à l'unité nationale.

La révolution commence dans le grand-duché de Bade. Elle se propage en quelques semaines dans les autres États de la Confédération. Elle force la désignation de gouvernements libéraux et l'élection d'un parlement national qui se rassemble dans la ville libre de Francfort. Après les premiers succès du printemps 1848, le mouvement se fait plus défensif à l'été. L'automne 1848 et les campagnes pour la reconnaissance de la Constitution de Francfort de mai 1849 connaissent un nouveau pic de soulèvements, ayant localement des allures de guerre civile, mais ne peuvent empêcher l'échec de la révolution.

Les libéraux et les démocrates s'opposent au parlement de Francfort. Les premiers privilégient la monarchie constitutionnelle ; les seconds donnent davantage d'importance à la souveraineté du peuple. Enfin, les plus radicaux revendiquent une république. Après de longs débats, ils s'entendent en sur un ensemble de droits fondamentaux et, en , sur une constitution. Le suivant, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV refuse cependant la couronne impériale proposée par la Kaiserdeputation et met ainsi fin aux espoirs d'unification. Cette tentative de création d'un État-nation unifié et démocratique est violemment réprimée en par les troupes prussiennes et autrichiennes. La révolution de Mars se solde donc par un échec.

La révolution est suivie par une période de réactions politiques. Les acquis de la révolution ne sont cependant pas négligeables, marqués par la fin de la féodalité et un fort développement de la presse. Elle est aussi souvent considérée comme essentielle pour le développement du mouvement ouvrier et du féminisme en Allemagne.

La révolution de Mars est mise au ban par les régimes qui suivent. Ce n'est qu'à partir de la république de Weimar (1918-1933), qui s'inspire de la constitution de Francfort () pour sa Loi fondamentale, que l'héritage révolutionnaire a valeur de référence politique. Par la suite, l'Allemagne de l'Ouest et celle de l'Est se le disputent.

Causes et signes avant-coureurs

Contexte économique et social

Un signe avant-coureur de la révolution de en Europe centrale est la crise de 1847 consécutive à la très mauvaise récolte de l'année précédente. Dans les pays allemands, l'augmentation des prix des denrées agricoles entraîne des famines et des révoltes de la faim presque partout. La fraction la plus pauvre de la population composée des ouvriers, artisans appauvris, travailleurs agricoles, etc., soutient les revendications des cercles démocratiques et libéraux. Une autre conséquence de la crise est la diminution de la valeur de la monnaie dans la commercialisation des produits industriels, ce qui cause, entre autres, le déclin du secteur textile, encore largement dominé par l'artisanat.

Le secteur textile est encore le fait d'un travail à domicile généralisé : pour un faible salaire, nombreuses sont les familles des campagnes allemandes qui cèdent leur production à quelques riches entrepreneurs et propriétaires fonciers. Son déclin et généralement celui de l'ensemble de l'artisanat sont aussi dus à la progression de la révolution industrielle dans toute l'Europe, celle-ci bouleversant peu à peu les rapports sociaux, économiques et industriels de tout le continent autour du milieu du XVIIIe siècle sous l'effet des inventions techniques venant du Royaume-Uni. De plus, il y a à cette époque une forte croissance démographique à la campagne comme à la ville résultant de l'augmentation de la productivité agricole, tandis que l'industrie ne peut employer un tel volume de main-d'œuvre, ce qui cause un taux de chômage extrêmement important et l'émergence d'un prolétariat. La main-d'œuvre excédentaire forme une « armée de réserve de travailleurs ». Les villes étant en expansion continuelle, de plus en plus de personnes cherchent du travail dans les manufactures et les usines construites pour la fabrication de produits nouveaux et à bon marché grâce à une production en série plus efficace.

Les conditions de vie et de travail dans les entreprises industrielles et leur environnement sont, en règle générale, des plus mauvaises au XIXe siècle. Les ouvriers connaissent généralement les conditions misérables des ghettos et bidonvilles, ayant à peine de quoi vivre, sans couverture sociale, et sont menacés par le chômage. Déjà quelques années avant la révolution de Mars se produisent régulièrement des émeutes locales contre les « barons d'industrie ». Par exemple, la « révolte des tisseurs » de en Silésie, une révolte de la faim des tisserands de Bielawa et de Pieszyce, est considérée comme le premier soulèvement public significatif du prolétariat allemand, même s'il est réprimé en quelques jours par les troupes prussiennes. La bourgeoisie aisée se voit, elle aussi, de plus en plus freinée dans son développement. En raison de la politique douanière des principautés, les possibilités de libre-échange sont très limitées. Dans les États allemands également, les aspirations à une libéralisation de l'économie et du commerce se font entendre de plus en plus dans les premières décennies du XIXe siècle. Le est fondé le Zollverein qui facilite le commerce entre les pays allemands. Cependant, à la fin des années 1830, l'essor économique global ne profite que peu aux couches de population les plus pauvres.

Contexte politique

Congrès de Vienne et début de la Restauration

La révolution de Mars a pour moteur l'opposition à la politique de restauration en vigueur depuis le congrès de Vienne de 1815, aux traités qui ont suivi, tels le recès de Francfort en 1819 et aux décrets de Carlsbad ; restauration principalement incarnée par le diplomate et chancelier autrichien réactionnaire Klemens Wenzel von Metternich.

Cette politique de restauration a été décidée par la plupart des États européens lors du congrès de Vienne le (juste avant la défaite de la bataille de Waterloo, fatale à Napoléon Bonaparte le ), et doit restaurer les rapports politiques de la « société d'Ancien Régime » en Europe, tels qu'ils sont avant la Révolution française de 1789. Cela implique la prédominance de la noblesse, le rétablissement de ses privilèges, et le maintien d'un éclatement en différents États germaniques, malgré les désirs d'unification apparus durant la lutte contre l'armée napoléonienne,.

Sur le plan de la politique intérieure, dans le cadre de la restauration, les exigences de réformes libérales ou d'unification nationale sont étouffées, les mesures de censure renforcées et la liberté de la presse très diminuée. Ainsi en , les œuvres de la Jeune-Allemagne, un groupe de jeunes écrivains révolutionnaires, sont censurées ou interdites. D'autres poètes sociocritiques ou nationalistes sont censurés, et pour certains contraints à l'exil, notamment vers la France ou la Suisse. C'est le cas par exemple d'Heinrich Heine, de Georg Herwegh, de Georg Büchner (auteur du libelle « Le Messager des campagnes hessoises » (Der Hessische Landbote) dont le mot d'ordre est « Paix aux chaumières, guerre aux palais ! » (Friede den Hütten, Krieg den Palästen!),, ou encore d'August Heinrich Hoffmann von Fallersleben (qui écrit le chant patriotique Deutschlandlied).

Fête de la Wartbourg et décrets de Carlsbad

Les Burschenschaften (sociétés étudiantes) de cette époque exigent l'unité nationale ainsi que la reconnaissance de droits démocratiques. Le , elles se réunissent massivement à proximité du château de la Wartbourg à l'occasion du quatrième anniversaire de la bataille de Leipzig et du 300e anniversaire de la réforme protestante de Martin Luther. C'est pendant cette fête de la Wartbourg qu'elles défendent avec véhémence leur revendication d'unité allemande, recourant à des autodafés : des participants brûlent des œuvres d'écrivains réactionnaires qualifiées d'anti-allemandes, comme la Deutsche Geschichte d'August von Kotzebue, le Code Napoléon, ou encore des œuvres d'auteurs juifs comme la Germanomanie de Saul Ascher, une condamnation du nationalisme allemand,,.

Heinrich Heine, aux opinions démocrates, est néanmoins réservé à l'égard du nationalisme exacerbé des Burschenschaften, et énonce à cette époque une formule prophétique et devenue célèbre « Ce n'est qu'un début. Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes. » Celle-ci fait certes littéralement référence à la Reconquista espagnole dans sa pièce de théâtre Almansor, mais elle est également empreinte d'une expérience contemporaine, Heine ayant toujours été un poète critique à l'égard de son temps.

Les frasques de la fête de la Wartbourg attirent l'attention des autorités sur les Burschenschaften qui subissent bientôt une répression grandissante. En 1819, cette répression prend une forme légale : les décrets de Carlsbad, en réaction à l'assassinat du poète August von Kotzebue par Karl Ludwig Sand, un nationaliste fanatique, membre d'une Burschenchaft. Malgré l'interdiction et les persécutions, les membres des Burschenschaften restent souvent actifs dans la clandestinité. Des organisations se camouflent sous une apparence apolitique, comme le mouvement gymnique allemand (Turnbewegung) du « Turnvater Jahn », où on continue à la fois à développer des idées libérales inspirées des romantiques, mais aussi culturelles et nationales qui portent cependant des aspects contraires aux idées émancipatrices et à celles des Lumières. Ainsi, l'antisémitisme est très répandu dans ces groupes comme dans l'ensemble des Burschenschaften, signes précurseurs des concepts antisémites à base de préjugés racistes biologiques de la fin des années 1870, auxquels Friedrich Ludwig Jahn se reconnaît ouvert. Pendant le Vormärz, l'expression de cette haine des juifs se matérialise par les émeutes Hep-Hep de 1819. Elles commencèrent à Wurtzbourg, mais s'étendent rapidement à presque tous les États allemands. Ces émeutes dirigées contre l'émancipation des Juifs en général et contre leur égalité économique en particulier, dégénèrent en bien des endroits en pogrom.

Révolution de 1830

En France, la révolution de Juillet de 1830, pendant laquelle la maison de Bourbon représentée par Charles X est renversée, et au cours de laquelle les forces libérales instituent le « roi des Français » (et non « roi de France ») Louis-Philippe Ier, donne aussi un élan aux forces libérales en Allemagne et dans d'autres régions d'Europe. Cela provoque dès 1830 des soulèvements dans plusieurs principautés allemandes, comme à Brunswick, en Hesse-Cassel, dans le royaume de Saxe et à Hanovre, et conduit à l'adoption de constitutions.

Il y a également des soulèvements en 1830 dans les États italiens ainsi que dans les provinces polonaises de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie (royaume du Congrès) dont le but est l'autonomie d'un État national. Dans le royaume uni des Pays-Bas, la révolution belge mène au détachement des provinces du sud et à la création d'un État belge indépendant prenant la forme d'une monarchie constitutionnelle.

Fête de Hambach et attaque de la Garde de Francfort

Dans l'ensemble, le système de Metternich se maintient néanmoins, même si des fissures apparaissent dans de nombreux endroits. Ainsi, les décrets de Carlsbad n'empêchent pas des rassemblements spectaculaires dans la lignée de la fête de la Wartbourg, comme la fête de Hambach en 1832, pendant laquelle on arbore des drapeaux républicains tricolores, noir, rouge et or pourtant interdits (comme déjà en 1817 lors de la fête de la Wartbourg,).

L'attaque de la Garde de Francfort du est la première tentative, menée par une cinquantaine d'étudiants, de déclencher une révolution dans toute l'Allemagne. L'action vise le siège du Bundestag situé à l'époque à Francfort-sur-le-Main et considéré par les démocrates comme un instrument de la politique de restauration. Après la neutralisation des deux postes de police de Francfort, les insurgés veulent capturer les envoyés des princes et ainsi favoriser le soulèvement de toute l'Allemagne. Révélée avant même de commencer, l'action tourne court, dès le début, après un échange de coups de feu qui fait quelques morts et blessés.

En Italie, en 1831, le révolutionnaire et patriote Giuseppe Mazzini fonde la société secrète Giovine Italia (Jeune Italie). Elle donne naissance à d'autres sociétés en Europe comme Junges Deutschland (Jeune-Allemagne) ou « Jeune Pologne ». Ensemble elles forment en 1834 la société secrète supranationale Giovine Europa (Jeune Europe).

En 1834, Georg Büchner et Friedrich Ludwig Weidig diffusent clandestinement le libelle Le Messager des campagnes hessoises (Der Hessische Landbote) avec le mot d'ordre « Paix aux chaumières, guerre aux palais ! » (Friede den Hütten, Krieg den Palästen!) dans le grand-duché de Hesse. En 1837, la lettre de protestation solennelle des Sept de Göttingen (groupe de professeurs d'université, libéraux notables, parmi lesquels on comptait les frères Grimm) contre la révocation de la constitution du royaume de Hanovre, trouve un écho dans toute la Confédération germanique. Les professeurs sont renvoyés et certains expulsés du pays,.

Guerre du Sonderbund et veille de la révolution de Mars

En 1847, la guerre du Sonderbund éclate en Suisse qui est une confédération d'États peu solidaires et politiquement très hétérogènes, avant que la constitution fédérale de 1848 la transforme en un État fédéral libéral,.

Les libéraux et démocrates des États allemands aspirent à la mise en place de libertés politiques par le biais de réformes démocratiques ainsi qu'à l'unité nationale des principautés au sein de la Confédération germanique. Ils soutiennent particulièrement les idées du libéralisme,.

Déroulement

Prémices

Le facteur déclencheur de la révolution de Mars est la révolution française de 1848, à partir de laquelle l'étincelle révolutionnaire se propage rapidement aux États allemands limitrophes,. Les événements aboutissent en France à la destitution du roi Louis-Philippe Ier qui s'éloigne de plus en plus des idées libérales et à la proclamation de la Deuxième République, ce qui amorce une agitation révolutionnaire qui tient le continent en haleine pendant plus d'un an et demi. Des mouvements analogues se développent dans le pays de Bade, le royaume de Prusse, l'Empire d'Autriche, l'Italie du Nord, le royaume de Hongrie, le royaume de Bavière et le royaume de Saxe, tandis que se produisent des soulèvements et des rassemblements revendicatifs dans d'autres États et principautés. À la sortie de l'assemblée populaire de Mannheim du , pendant laquelle les « revendications de Mars » sont formulées pour la première fois, les principales revendications de la révolution en Allemagne consistent en « 1. Armement du peuple avec libre élection des officiers, 2. Liberté de la presse inconditionnelle, 3. Cour d'assises selon l'exemple anglais, 4. Établissement immédiat d'un parlement allemand,. » Les droits fondamentaux avec les « exigences du peuple » sont exigés durant l'assemblée d'Offenbourg de 1847 du 12 septembre, où les politiciens badois radicaux-démocrates s'assemblent. Le suivant, lors de la réunion d'Heppenheim, les libéraux modérés rédigent leur programme politique.

Dans certains pays de la Confédération germanique, comme les royaumes de Wurtemberg et de Hanovre, ou le grand-duché de Hesse, les princes cèdent rapidement au profit de ministères de Mars d'orientation libérale, qui répondent en partie aux exigences révolutionnaires, en instituant notamment des cours d'assises, en abolissant la censure de la presse et en libérant les paysans,. Cependant, il ne s'agit souvent que de simples promesses. Ces concessions rapides aux révolutionnaires permettent à ces pays de connaître des années 1848 et 1849 relativement pacifiques,.

Au Danemark également, le roi Frédéric VII de Danemark cède sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré.

Dès mai et , les maisons princières affirment de plus belle leur volonté de restauration, si bien que les révolutionnaires des pays de la Confédération germanique se raidissent dans la défensive. Au même moment, la défaite à Paris des insurgés des journées de Juin constitue une victoire décisive pour la contre-révolution. Elle influence fortement la suite de la révolution de Février en France ainsi que les événements révolutionnaires dans toute l'Europe. Ce soulèvement des ouvriers parisiens en marque aussi historiquement la scission entre le prolétariat et la bourgeoisie révolutionnaire.

Repères chronologiques

Il est difficile d'établir un déroulement chronologique de la révolution dans son ensemble, car les événements ne peuvent pas toujours être mis en relation de manière univoque.

Fin

La prise de Rastatt par les troupes prussiennes, le marque la fin de la révolution badoise et est traditionnellement considérée comme étant le point final de la révolution allemande de 1848-1849.

Théâtres de la révolution de Mars

Grand-duché de Bade

Le , une assemblée populaire se forme à Mannheim qui, par ses revendications, pose les bases de la révolution à venir. Parmi les révolutionnaires badois, c'est l'aile radicale-démocrate, assez représentative du mouvement, qui réclame les changements les plus extrêmes.

Menés par les avocats Friedrich Hecker et Gustav Struve, les révolutionnaires exigent entre autres la création d'une souveraineté populaire de fait, l'abolition des privilèges, la fin de la censure, l'armement du peuple et un impôt sur le revenu progressif ; exigences qui sont reprises ailleurs par tous les mouvements sociaux-révolutionnaires et socialistes. Le , la Ständehaus du parlement de Bade à Karlsruhe est occupée.

Struve et Hecker, en tant que représentants de l'aile gauche au pré-parlement de Francfort (qui doit préparer l'élection d'un parlement chargé de la rédaction d'une constitution) exigent une république allemande fédérative qui conduit à des changements politiques et sociaux. Un programme représentatif publié par Struve est cependant refusé par la majorité du pré-parlement.

Le , Hecker et Struve prennent la route en essayant de promouvoir leurs idées en chemin. En Allemagne du sud-ouest, leur action est appelée « soulèvement d'Hecker ». Ainsi à Constance, ils prétendent avoir proclamé la république le avec le professeur de faculté de Bonn Gottfried Kinkel et d'autres sympathisants ; cependant, aucun des trois journaux de Constance ne mentionne le discours en question. Le cortège d'Hecker, composé d'environ 1 200 hommes, se met en route vers le fossé rhénan, où il veut fusionner avec un cortège, dit « Légion des démocrates allemands », mené par le poète révolutionnaire de gauche Georg Herwegh et sa femme Emma qui joue le rôle d'éclaireuse ; tout cela en vue de marcher sur la capitale badoise Karlsruhe et ainsi d'étendre à partir de là la république à tout le grand-duché de Bade. Mais les deux groupes sont en peu de temps vaincus et dispersés par l'armée régulière : celui d'Hecker le dans un combat à Kandern et celui de Herwegh, une semaine plus tard, à Dossenbach. Hecker parvient à s'exiler aux États-Unis,.

En , à Lörrach, une nouvelle insurrection menée par Gustav Struve échoue également. Avec ses partisans, il tente de proclamer la république le , mais est défait dès le 24. La suite du développement révolutionnaire du grand-duché de Bade se réduit aux algarades au parlement de Francfort. Struve est arrêté et condamné à une peine d'emprisonnement avec quelques autres révolutionnaires lors d'un procès pour haute trahison, et n'est libéré que lors des troubles de .

En , après l'échec du parlement à Francfort, il y eut de nouveaux soulèvements dans des États allemands, dont le grand-duché de Bade, appelés les « soulèvements de mai ». Les démocrates veulent ainsi obtenir par la force, dans une constitution impériale, la reconnaissance de leurs gouvernements respectifs.

Le , la garnison badoise se mutine dans la forteresse de Rastatt. Peu de temps après, le grand-duc Léopold Ier de Bade fuit en Alsace-Lorraine. Le , un gouvernement provisoire dirigé par le politicien libéral Lorenz Brentano prend le pouvoir. Cela mène à des combats contre des troupes de la Confédération et l'armée prussienne sous les ordres du « prince de la mitraille, » Guillaume de Prusse, le futur empereur allemand Guillaume Ier. L'armée révolutionnaire badoise cède devant la supériorité des troupes prussiennes,.

En , les révolutionnaires badois sont sous les ordres du général révolutionnaire polonais Ludwik Mierosławski, un stratège et un soldat expérimenté de la révolution. Au cours de la révolution de Mars, il a déjà conduit des soulèvements en Pologne dont, en 1848, le soulèvement de la province de Posnanie contre la domination prussienne. Mierosławski abandonne cependant dès le le commandement des troupes révolutionnaires badoises ; il est déçu par l'attitude frileuse du gouvernement de Brentano, qui mise sur des négociations et retarde l'armement général du peuple. Cela mine le moral des troupes, Mierosławski conclut que la situation militaire ne permet pas la victoire de la république badoise,.

Aux côtés des révolutionnaires badois, le socialiste Friedrich Engels participe aussi aux combats. En 1848-1849, Engels est rédacteur de la Nouvelle Gazette rhénane (Neue Rheinische Zeitung) publiée par Karl Marx, ainsi qu'un observateur critique et sympathisant de la révolution. Un an auparavant, en , Engels a publié avec Karl Marx le Manifeste du parti communiste. Wilhelm Liebknecht, le futur cofondateur du Parti ouvrier social-démocrate (SDAP), est également adjudant de Gustav Struve et actif aux côtés des révolutionnaires.

Le , la forteresse de Rastatt tombe après trois semaines de siège, ce qui met un terme à la révolution badoise. 23 révolutionnaires sont exécutés, d'autres comme Gustav Struve, Carl Schurz ou Lorenz Brentano sont purement exilés. En tout, environ 80 000 Badois quittent leur pays après la révolution, c'est-à-dire environ 5 % de la population.

La caractéristique majeure de la révolution badoise, par opposition aux autres soulèvements de la Confédération germanique, est la fermeté avec laquelle la revendication d'une république démocratique est défendue. En effet, dans les commissions et les parlements révolutionnaires des autres principautés de la Confédération germanique, une monarchie constitutionnelle héréditaire est privilégiée.

Territoires sous domination prussienne

Prusse

Sous la pression des événements révolutionnaires ayant lieu à Berlin depuis le , le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse fait des concessions dans un premier temps. Il consent à la mise en place d'un Landtag, à introduire la liberté de la presse, à supprimer les barrières douanières et à réformer la Confédération germanique. Le , après la lecture de la loi en question, deux tirs surviennent des rangs de l'armée et dispersent des milliers de citoyens qui sont réunis sur la place du château de Berlin. Cela provoque d'abord un mouvement de panique puis des combats sur les barricades et dans les rues de Berlin entre les révolutionnaires et l'armée régulière prussienne ; les rebelles réussissent dans un premier temps à l'emporter. Le , les troupes sont retirées de Berlin sur l'ordre du roi. Ces combats ont pour conséquence plusieurs centaines de morts et plus d'un millier de blessés, des deux côtés,,.

Au vu du nombre des victimes, le roi honore les révolutionnaires tués. Le , il s'incline devant les corps exposés des « victimes de Mars » (Märzgefallenen), avant qu'ils ne soient enterrés le au « cimetière des victimes de Mars », et il se montre en public avec un bandeau aux couleurs de la révolution (noir, rouge et or). Cette manœuvre sert surtout à gagner du temps : en utilisant le vocabulaire des révolutionnaires et en allant dans leurs sens, il s'assure de calmer une révolution aux conséquences incertaines. Dans un appel à « Mon peuple et la nation allemande », il promit la dissolution de la Prusse dans l'Allemagne. Le , un ministère de Mars libéral est mis en place, qui ne peut cependant pas s'imposer face à la noblesse et à l'armée. Le , le premier ministre Ludolf Camphausen présente sa démission. Son ministre des finances David Hansemann est alors chargé de former un nouveau gouvernement dont le ministre-président est Rudolf von Auerswald. Ce gouvernement dure jusqu'au , date à laquelle est appelé Ernst von Pfuel, militaire de formation, à la tête du gouvernement.

Fin , lorsque les troubles se sont un peu calmés, le roi entreprend un revirement réactionnaire. Le , avec « l'attaque de l'arsenal », le bouillonnement révolutionnaire reprend : le peuple prend les armes de l'arsenal. Le , le général Frédéric Guillaume comte de Brandebourg est nommé ministre-président de Prusse,. Une semaine plus tard, les troupes royales entrent à Berlin. Le député conservateur Otto von Bismarck se trouve parmi les personnes qui participent activement à cette contre-révolution ; il devient plus tard ministre-président de Prusse, puis chancelier impérial de l'Empire allemand, fondé en 1871. Les négociations de l'assemblée nationale prussienne, menées depuis le pour l'obtention d'une constitution (promise sans cesse depuis 1815 par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV et ses successeurs), sont infructueuses. L'ébauche de constitution présentée en , la charte Waldeck, qui prévoit quelques réformes libérales-démocrates, est rejetée autant par les députés conservateurs que par le roi.

Les 10 et , le roi fait disperser par l'armée l'assemblée nationale prussienne. Le , il ordonne la dissolution de l'assemblée nationale, qu'il a fait déplacer à Brandebourg et accorde le jour-même une constitution, bien en dessous des revendications de la révolution de Mars,. Le pouvoir royal reste ainsi intact. Le roi s'octroie un droit de veto suspensif contre chaque décision du Landtag prussien, aussi bien que le droit de dissoudre le parlement à tout moment. Le gouvernement prussien n'est pas responsable devant le parlement, mais seulement devant le roi. Néanmoins, la constitution dite « octroyée » contient quelques concessions libérales tirées de la charte Waldeck, qui sont cependant modifiées dans les mois suivants,.

À la fin du mois de , l'assemblée nationale est remplacée par la deuxième chambre des députés prussienne. Un système des trois classes est mis en place, afin d'assurer la suprématie des grands propriétaires. Ce droit de vote inégalitaire reste en vigueur jusqu'en 1918,.

Cette réaction aboutit avant tout à des mouvements de protestation dans les provinces occidentales de Prusse. Dans les anciennes circonscriptions à dominante libérale ou catholique de la province de Rhénanie et de la province de Westphalie, de multiples députés démocrates sont élus à la chambre des députés prussienne. Les troupes du roi ont cependant, au plus tard en , repris le dessus sur la révolution, avec l'échec du soulèvement d'Iserlohn en Westphalie et de celui de l'attaque de l'arsenal de Prüm en Rhénanie.

Posnanie et Pologne

Le grand-duché de Posnanie, la région la plus peuplée de Pologne, est en 1848 une province prussienne. L'ancien État lituano-polonais est déjà au XVIIIe siècle le jouet politique des grandes puissances européennes. Après plusieurs partages de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l'Autriche, l'État cesse d'exister en 1795.

Au début du XIXe siècle, il n'y a un État polonais qu'entre 1807 et 1815 en tant qu'État vassal sous protection napoléonienne : le duché de Varsovie du duc Frédéric-Auguste Ier de Saxe, qui est également roi de Saxe. Après la victoire des alliés (Russie, Prusse et Autriche) sur Napoléon Ier, le duché de Varsovie est partagé en 1815 entre la Russie et la Prusse au congrès de Vienne mais reconnaissent une obligation de garantir l'identité polonaise des habitants.

Par la suite, de plus en plus de conjurations se forment dans les régions polonaises de Russie, de Prusse et d'Autriche, ayant pour but d'établir de nouveau une Pologne autonome. À la suite de la révolution de Juillet de 1830 en France, il y a une insurrection dans la partie russe, qui est cependant un échec.

En 1846, un soulèvement polonais préparé secrètement dans le grand-duché de Posnanie est découvert et étouffé dans l'œuf. Son meneur, le révolutionnaire polonais Ludwik Mierosławski, est fait prisonnier et condamné à mort en au procès polonais de Berlin, mais ensuite gracié avec sept autres personnes le , et sa peine est convertie en détention à vie.

Après les combats des 18 et à Berlin, quatre-vingt-dix révolutionnaires polonais, dont Mierosławski et Karol Libelt, sont relâchés de la prison de Moabit. Au premier stade de la révolution de Mars, qui est ressentie en Europe comme le Printemps des peuples, une attitude pro-polonaise prédomine encore parmi les révolutionnaires, qui salue et encourage les insurrections en Posnanie. Peu après sa libération, en avril et , Mierosławski se place à la tête du soulèvement de la Posnanie contre la domination prussienne, qui est à présent ressentie comme étrangère. Le soulèvement se dirige contre l'intégration des régions majoritairement polonaises aux votes pour l'élection du parlement de Francfort, et ainsi contre l'incorporation d'une partie de la Pologne au sein d'un État national allemand. Un objectif plus lointain est la réunification de toute la Pologne. À cet égard, la révolution en Posnanie vise également la libération du royaume de Pologne, nommé Royaume du Congrès, qui est depuis 1831 une province sous la domination indirecte de la Russie.

Au cours du déroulement de la révolution en Prusse, où les forces conservatrices ont de nouveau progressivement gagné une position déterminante, l'enthousiasme initial pour la Pologne se mue en une position nationaliste. En outre, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV ne veut pas risquer une guerre avec la Russie à cause du soulèvement en Posnanie. Le 9 mai 1848, l'insurrection en Posnanie est écrasée par les troupes prussiennes, largement supérieures, et Mierosławski est de nouveau arrêté. Sur intervention de la France révolutionnaire, il est amnistié peu après et expulsé en France — jusqu'à ce que, en juin 1849, il soit appelé par les révolutionnaires badois qui veulent le placer à la tête de leur armée révolutionnaire (voir ci-dessus).

Après la révolution de 1848, les Polonais de Prusse reconnaissent qu'un soulèvement violent ne conduit jamais au succès. Comme méthode pour maintenir leur cohésion nationale et en parade à la politique de germanisation de la Prusse, le « travail organique » prend une importance toujours grandissante au sein du désormais État prussien constitutionnel.

Territoires sous domination autrichienne

Autriche

Dans l'Empire des Habsbourg et l'État plurinational de l'Empire d'Autriche, la monarchie est pas menacée par de violents soulèvements en Autriche, c'est-à-dire l'État central de l'Empire, et par d'autres troubles révolutionnaires, comme en Bohême, en Hongrie et en Italie du Nord. Le royaume de Sardaigne soutient militairement les révolutionnaires. Alors que les soulèvements hongrois, bohémiens et italiens visent entre autres à l'indépendance vis-à-vis de la domination autrichienne, la révolution autrichienne a pour objectif un changement libéral et démocratique de la politique du gouvernement, et la fin de la Restauration,,.

1847-1848 est pour l'Autriche un hiver de famine pour les plus défavorisés. Dans les milieux ouvriers également, la colère contre le système politique devient très forte. Des œuvres comme Nouveaux esclaves d'Alfred Meissner ou Pourquoi nous sommes pauvres, ainsi qu'un poème de Karl Isidor Beck donnent une image parlante de la colère et du désespoir qui règnent dans la population.

Finalement, la révolution éclate en Autriche le avec l'attaque de la Ständehaus à Vienne et des attentats de révolutionnaires socialistes contre des magasins et des usines dans les faubourgs. La chanson Ce qui nous vient d'en haut, où « haut (Höh) » désigne la police et les casernes, devient la chanson de la révolution. Elle est chantée aujourd'hui encore par diverses fraternités d'étudiants pour commémorer la participation de la légion académique. Avant l'attaque de la Ständehaus, la colère contre le système policier et les revendications des révolutionnaires pour une transformation constitutionnelle de la monarchie et la mise en place d'une constitution dans les pays autrichiens a déjà été exprimées le dans un discours rédigé par le chef nationaliste hongrois Lajos Kossuth.

Le soir du , le chancelier Metternich, âgé de 74 ans, détesté par les socialistes et les réformateurs, démissionne et s'enfuit en Angleterre. Cet événement inspire notamment Hermann Rollett, qui écrit le poème Le Tilleul de Metternich.

Le , l'empereur Ferdinand Ier d'Autriche fait ses premières concessions : il consent à l'établissement d'une garde nationale et lève la censure. Le lendemain, il précise à ce sujet qu'il a « octroyé une totale liberté de la presse » et il promet également par décret une constitution.

Le , le premier gouvernement est formé ; son ministre de l'intérieur Franz von Pillersdorf esquisse une constitution à laquelle on donne son nom par la suite, et qui est rendue publique pour l'anniversaire de l'empereur, le . Cette constitution ne va pas assez loin selon les révolutionnaires. Le bicamérisme et le système électoral pour l'élection du Reichstag publié le provoquent notamment l'indignation, et mènent ainsi à de nouvelles perturbations (révolution de mai). En raison de la pétition du , cette constitution est réaménagée : le Reichstag ne doit plus être constitué que d'une seule chambre et celle-ci doit être déclarée « constituante », c'est-à-dire qu'elle a la charge d'établir une constitution définitive,. La constitution de Pillersdorf reste en vigueur de façon provisoire. L'empereur, dépassé par les émeutes qui s'intensifient, part se mettre en sécurité à Innsbruck,.

Le , le Reichstag constituant autrichien, composé de 383 délégués venus d'Autriche et des pays slaves, est ouvert par l'archiduc Jean-Baptiste d'Autriche. On y décide, entre autres, la libération des paysans de la féodalité le ,.

Les événements qui ont lieu en Hongrie à partir du , pendant lesquels le soulèvement hongrois dirigé par Lajos Kossuth mène à un affrontement contre les troupes impériales puis par la suite à l'assassinat du ministre de la Guerre autrichien Theodor Baillet von Latour le , provoquent à Vienne la troisième phase de la révolution autrichienne, appelée insurrection viennoise d'octobre 1848. Au cours de son développement, les citoyens, étudiants et travailleurs viennois parviennent à prendre la capitale après que les troupes du gouvernement s'enfuirent. Mais les révolutionnaires ne peuvent la garder en leur pouvoir que pendant une courte période,.

Le , Vienne est encerclée par des troupes contre-révolutionnaires venant de Croatie, sous les ordres du Ban Josip Jelačić, et de Prague, sous les ordres du maréchal Alfred de Windisch-Graetz. Malgré la résistance farouche quoique désespérée de la population viennoise, la ville est reprise par les troupes impériales en une semaine. Quelque 2 000 insurgés sont tués. D'autres meneurs de l'insurrection viennoise d'octobre sont condamnés à mort ou à de longues peines de prison,.

Parmi les victimes des exécutions sommaires, figure notamment le député populaire gauche-libéral et républicain du Parlement de Francfort, Robert Blum, qui est exécuté le en dépit de son immunité diplomatique et est ainsi élevé au rang des martyrs de la révolution. Cet événement est repris dans la Chanson de Robert Blum qui est surtout chantée dans les États allemands en dehors de l'Autriche.

Le , il y a en Autriche une passation du pouvoir impérial. Les événements révolutionnaires ont mis en évidence les faiblesses de l'empereur Ferdinand Ier. À l'initiative du ministre-président autrichien, le maréchal-prince de Felix zu Schwarzenberg, l'empereur Ferdinand abdique et cède le trône à son neveu âgé de 18 ans, qui prend pour nom d'empereur François-Joseph Ier d'Autriche.

C'est ainsi que la révolution en Autriche est matée. La constitution élaborée en mars n'entre jamais en vigueur. Cependant, les événements qui suivent en Hongrie et en Italie demeurent un obstacle à la prétention de François-Joseph d'imposer son pouvoir dans l'ensemble de l'Empire des Habsbourg.

L'année 1848 est marquée par l'abolition de courte durée de la censure. En conséquence, on publie une multitude d'œuvres, les magazines se multiplient puis disparaissent et la culture écrite se modifie radicalement. La Presse libre ! de Friedrich Gerhard, Le Censeur mort de Moritz Gottlieb Saphir, Police secrète de Ferdinand Sauter ou Chanson du censeur permettent de dresser un tableau de cette ambiance de renouveau. On critique aussi sévèrement le système existant. On en trouve des exemples dans certaines œuvres de Johann Nestroy comme Liberté à Krähwinkel, dans les poèmes politiques d'Anastasius Grün ou dans les écrits de Franz Grillparzer.

Bohême

La Bohême est également touchée par la vague révolutionnaire. Le , František Palacký, l'une des figures du nationalisme tchèque, refuse de s'associer aux révolutionnaires allemands dans une lettre adressée au Parlement de Francfort. Il adopte cette position au nom de l'austroslavisme, à savoir la création d'un État confédéral dont Vienne sera la capitale. Il écrit ainsi que « si l'Empire d’Autriche n'existait pas depuis longtemps, il faudrait l'inventer, dans l'intérêt même de l'Europe et dans celui de l'humanité ». Puis, entre le 2 et le se tient le congrès panslave auquel assistent 350 participants tchèques, polonais, moraves, croates, serbes et slovaques, sous la présidence de Palacký. Ils réclament la conversion de la « Monarchie du Danube » en un État confédéral garantissant l'égalité des droits entre les peuples.

La revendication d'un État national tchèque est expressément rejetée, les Moraves (des Allemands) craignant de se retrouver en minorité face aux Tchèques. Ils demandent seulement, à la place, des droits d'autonomie vis-à-vis du gouvernement central autrichien, et refusent l'intégration dans un État allemand. L'empereur Ferdinand Ier d'Autriche refuse strictement chacune de ces revendications. Ainsi, le , les révolutionnaires tchèques commencent leur soulèvement à Prague contre la suprématie autrichienne. L'insurrection est écrasée le par les troupes autrichiennes menées par Alfred de Windisch-Graetz.

Hongrie

En Hongrie, les nouvelles de la révolution à Vienne arrivent le . Lajos Kossuth fait alors une déclaration devant le parlement hongrois pour réaffirmer ses revendications libérales. Le , une délégation hongroise se rend à Vienne y transmettre ses souhaits. Le lendemain, le Stadthalterbeirat (l'organe administratif suprême de la partie hongroise de l'empire d'Autriche), impressionné par 20 000 manifestants, satisfait les « douze points » de revendication des intellectuels hongrois radicaux rassemblés autour de Sándor Petőfi (notamment un ministère et un parlement hongrois indépendants de Vienne, le départ de toutes les troupes autrichiennes de Hongrie, la mise en place d'une armée nationale hongroise et la création d'une banque nationale) et fait ainsi réellement du royaume de Hongrie un État indépendant. Lajos Kossuth succède le au ministre-président libéral Lajos Batthyány. Les révolutionnaires hongrois empêchent, à la suite des événements révolutionnaires autrichiens, l'empereur Ferdinand Ier d'être reconnu roi de Hongrie.

Fin août, Josip Jelačić est nommé gouverneur de Croatie. Le , il déclare la guerre à la Hongrie. Le 29, ses troupes sont repoussées à Pákozd par les Hongrois.

Le décret impérial octroyant la constitution de Mars pour la Hongrie comme pour l'Autriche débouche le sur un soulèvement pour l'indépendance. Afin d'écraser l'insurrection, l'armée impériale, menée par Alfred de Windisch-Graetz, marche sur la Hongrie. Mais, devant l'armée révolutionnaire renforcée par des corps franc et des émigrants polonais, elle se retire le .

Le , la Diète de Hongrie annonce son indépendance vis-à-vis de la maison de Habsbourg-Lorraine et proclame la république. Lajos Kossuth est alors nommé régent et investi des pleins pouvoirs.

Cependant, les autres États européens ne reconnaissent pas l'indépendance de la Hongrie. Ainsi, les troupes russes prêtent assistance à l'armée autrichienne et, ensemble, elles écrasent la révolution hongroise. Le , les dernières unités hongroises capitulent à Világos. Dans les semaines qui suivent, plus de cent meneurs du soulèvement hongrois sont exécutés à Arad. Le , les derniers révolutionnaires hongrois capitulent face aux Autrichiens dans la forteresse de Komárom. Le , au jour anniversaire de la révolution d'octobre à Vienne, l'ancien ministre-président Batthyány est exécuté à Pest,.

Lajos Kossuth, le représentant politique le plus important du mouvement de libération hongrois, s'exile en . Jusqu'à sa mort à Turin en 1894, il plaide pour l'indépendance de la Hongrie.

Provinces et États italiens

Au XIXe siècle, après la fin de l'hégémonie napoléonienne en Europe et dans les principautés italiennes, l'Italie est composée de différents États. Les régions d'Italie du Nord (Lombardie, Émilie (duchés de Parme et Plaisance et de Modène et Reggio), grand-duché de Toscane et république de Venise) sont sous domination autrichienne. À partir des années 1820 a lieu les soulèvements du Risorgimento, mouvement qui aspire à un État unitaire italien et s'oppose ainsi à la domination autrichienne en Italie du Nord. À la suite de la révolution de Juillet, dans les années 1830, plusieurs soulèvements sont initiés dans différentes régions italiennes par des groupes clandestins comme ceux gravitant autour des groupes radicaux-démocrates partisans du Risorgimento de Giuseppe Mazzini et Giuseppe Garibaldi, mais tous échouent.

À l'époque de la révolution de Mars, ces révolutionnaires jouent également un rôle important en Italie. Les thèses de Mazzini d'une Italie unie et libre au sein d'une Europe des peuples libérée des dynasties monarchiques, qui sont diffusées par le journal interdit Giovine Italia, n'ont pas seulement une influence sur les révolutions des États italiens, mais sont aussi significatives pour les courants radicaux-démocrates dans de nombreuses autres régions d'Europe.

Les événements révolutionnaires de 1848 ont un fort retentissement, non seulement en Italie du Nord, mais aussi dans d'autres provinces d'Italie. En déjà, de premiers soulèvements de combattants pour la liberté ont lieu en Sicile, à Milan, à Brescia et à Padoue contre la suprématie des Bourbons au sud et des Autrichiens au nord, qui s'intensifient le à Venise et à Milan le 18. Les combats durent cinq jours dans la capitale lombarde. Finalement, les révolutionnaires déclarent l'indépendance de la Lombardie vis-à-vis de l'Autriche, et son rattachement au royaume de Sardaigne. Cette situation mène à la guerre entre le royaume de Sardaigne et l'Autriche.

Le , le roi Charles-Albert de Sardaigne a déjà concédé dans son État une constitution représentative d'inspiration française, avec laquelle il introduit une monarchie constitutionnelle, de façon à tirer profit de l'élan révolutionnaire pour unifier l'Italie sous son règne. Le , malgré leurs premiers succès, les troupes du roi Charles-Albert sont défaites par les Autrichiens menés par le maréchal Joseph Radetzky lors de la bataille de Custoza,. Selon l'armistice du , la Lombardie doit retourner à l'Autriche et seule Venise demeure insoumise. Les révolutionnaires italiens ont déclaré la ville indépendante le et proclamé la république de Saint-Marc, dirigée par Daniele Manin.

En , lorsque les insurgés fomentent un putsch contre le grand-duc Léopold II de Toscane de la maison des Habsbourg, la guerre est relancée. Celle-ci tourne de nouveau en faveur des Autrichiens menés par Radetzky, lors de la bataille de Novare contre l'armée de Sardaigne,, forte de 100 000 hommes. Le mouvement d'unification italien est ainsi momentanément anéanti, et la prédominance autrichienne en Italie du Nord est, pour l'essentiel, de nouveau restaurée. Le roi Charles-Albert de Sardaigne abdique au profit de son fils, Victor-Emmanuel II, et part en exil au Portugal. Le nouveau roi conclut le à Milan un traité de paix avec l'Autriche.

Le , la république révolutionnaire de Venise, dernier bastion des soulèvements italiens de 1848-1849, est écrasée. Joseph Radetzky reçoit de l'empereur la charge de gouverneur général, civil et militaire du royaume de Lombardie-Vénétie.

Dans de nombreuses régions non-autrichiennes d'Italie, il y a également en 1848-1849 des troubles révolutionnaires ; dans le royaume des Deux-Siciles par exemple, où les soulèvements de poussent le roi Ferdinand II à se doter d'une constitution le .

En , le pape Pie IX fuit Rome et abandonne les États pontificaux devant les troubles qui s'intensifient. Il se replie à Gaète, sur la côte du royaume des Deux-Siciles. Le , les révolutionnaires romains menés par un triumvirat comprenant Giuseppe Mazzini proclament la République romaine dans les États pontificaux. Le , la révolution romaine est écrasée par les troupes françaises essentiellement, mais aussi espagnoles et autrichiennes aux ordres des gouvernements de partis cléricaux, ce qui provoque, cependant, des protestations en France, comme à Lyon. Par la suite, le pouvoir du comité exécutif est transféré aux cardinaux. Ce n'est qu'en 1850 que le pape revient ; il annule une grande partie de ses réformes de 1846 et met en place des mesures particulièrement réactionnaires dirigées contre les libéraux.

Bavière

À partir du , il y a en Bavière une recrudescence de troubles et de soulèvements à visée démocratique et libérale. Le roi Louis Ier de Bavière cède le à certaines revendications des révolutionnaires et convoque un cabinet plus libéral. Cependant, le roi se trouve dans une situation délicate en raison d'une liaison non conforme à son rang avec la prétendue danseuse espagnole Lola Montez, qui lui fait délaisser en partie les affaires d'État. Cette affaire expose également Louis aux critiques des camps conservateur et catholique. Le , Lola Montez est bannie de Munich. Il y a de nouveaux troubles lorsque le bruit court que la danseuse est de retour. À la suite de cela, le , le roi abdique au profit de son fils Maximilien II de Bavière,.

Après l'échec de la Constitution de Francfort, survient en Rhénanie-Palatinat (qui appartenait autrefois à la Bavière) le soulèvement palatin de . Au cours de ce soulèvement, la Rhénanie-Palatinat est temporairement séparée du pouvoir bavarois. Cependant l'insurrection est rapidement écrasée par l'armée prussienne.

Saxe

Dans le royaume de Saxe il y a, à la suite des événements révolutionnaires, un changement de ministres et quelques réformes libérales. Après que le roi de Saxe refuse la constitution de l'empire votée à Francfort le , il y a un soulèvement à Dresde le .

La figure centrale de ce soulèvement d'environ 12 000 insurgés est l'anarchiste russe Mikhaïl Bakounine. La Saxe est un bastion des démocrates radicaux, organisés au sein des « associations de Mars », le drapeau rouge flotte donc au côté de celui noir-rouge-or. Comme le déclare Stephan Born, la lutte pour la constitution est secondaire, la souveraineté du peuple est plus importante à ses yeux.

Après que le roi fuit la ville pour se réfugier dans la forteresse de Königstein, que les chambres sont dissoutes et que les ministres se retirent, les révolutionnaires forment un gouvernement provisoire. Les troupes saxonnes sont pour la plus grande partie dans le duché de Holstein. Le gouvernement saxon en fuite se tourne vers la Prusse pour obtenir de l'aide. Les troupes prussiennes et les unités militaires régulières saxonnes restées sur place écrasent l'insurrection le après des combats de rue acharnés.

Holstein et Schleswig ; première guerre dano-allemande

Fin , un soulèvement allemand national se produisit dans les duchés nordiques de Schleswig et de Holstein, après que le roi Frédéric VII de Danemark, sous l'influence des nationaux-libéraux danois, a voulu faire adopter une constitution commune au Royaume de Danemark et aux duchés de Schleswig et de Holstein. Ces duchés dépendent à l'époque du roi danois en sa qualité de duc. Le Holstein, en tant que fief allemand, est cependant membre de la Confédération germanique depuis 1815, tandis que le Schleswig est un fief du Royaume de Danemark. Les nationaux-libéraux allemands craignent l'incorporation du Schleswig dans le Danemark et forment un gouvernement provisoire. Il est reconnu par le Bundestag de la Confédération germanique à Francfort avant même l'ouverture du Parlement de Francfort, toutefois l'absorption formelle du Schleswig dans la confédération est évitée. À la suite de la formation du gouvernement nationaliste, la première guerre dano-allemande commence. À la demande de la confédération, les troupes prussiennes, dirigées par le Generalfeldmarschall Frédéric von Wrangel, parviennent jusqu'au Jutland.

Cette manœuvre conduit à une pression diplomatique sur la Prusse de la part de la Russie et du Royaume-Uni qui menacent de soutenir militairement le Danemark. La Prusse cède et le roi Guillaume IV conclut l'armistice de Malmö avec le Danemark le . Le retrait des troupes de la Confédération germanique du Schleswig et du Holstein ainsi que la dissolution du gouvernement provisoire de Kiel y sont prévus.

Cette action arbitraire de la Prusse conduit à une crise au sein du Parlement de Francfort, qui a commencé entre-temps à siéger. Il devient clair que les moyens et l'influence du Parlement sont minimes. Il est soumis au bon vouloir de la Prusse et de l'Autriche. Puisque le Parlement ne dispose d'aucun moyen de poursuivre la guerre contre le Danemark sans la Prusse, il se voit contraint d'approuver l'armistice le . Cette approbation a pour conséquence de nouveaux troubles dans toute l'Allemagne, et plus particulièrement à Francfort. Puis, les troupes prussiennes et autrichiennes sont envoyées à Francfort contre ce qui dégénère en combats de barricades. Lors de ces affrontements, il n'est plus tellement question du Schleswig-Holstein pour les insurgés, mais désormais, et de manière grandissante, de la défense de la révolution elle-même.

Le , le Danemark adopte une constitution établissant une monarchie constitutionnelle ainsi qu'un parlement à deux chambres élu au suffrage universel.

Le parlement de Francfort

Formation du parlement

Après que Friedrich Daniel Bassermann a exigé le au parlement de Bade une représentation populaire au sein du Bundestag de la Confédération germanique, cette revendication se propage au-delà du parlement et ainsi, le , l'assemblée d'Heidelberg se conclut par une invitation à un pré-parlement constituant. Après que le Bundestag de la Confédération germanique a réagi à la pression publique en accordant la liberté de la presse, il essaie aussi de regagner sur-le-champ la souveraineté de la constitution et de la représentation parlementaire en reconnaissant la nécessité d'une révision de l'Acte confédéral allemand et de la mise en place du comité des dix-sept afin d'élaborer une nouvelle base à la constitution pour une Allemagne unie. Le « pré-parlement », au sein duquel les libéraux ont le dessus sur la gauche radicale, décide dans les premiers jours d'avril de travailler en commun avec la Confédération germanique et d'amorcer avec elle les élections pour une assemblée nationale constituante afin de donner un cadre juridique au mouvement. Le comité des cinquante est mis en place pour représenter le mouvement révolutionnaire auprès du Bundestag, et celui-ci appelle les États de la Confédération germanique à mettre en œuvre l'élection de l'assemblée nationale. Elle se réunit pour la première fois le en l'église Saint-Paul de Francfort et élit le libéral modéré Heinrich von Gagern comme président.

L'assemblée nationale établit le pouvoir central provisoire le , un gouvernement faisant office d'exécutif pour le parlement, et reprend le pouvoir étatique du Bundestag. Le poste de chef de l'exécutif (régent impérial) est attribué à Jean-Baptiste d'Autriche, connu pour ses opinions libérales. Le prince Charles de Linange est nommé ministre-président de ce nouveau « ministère de l'empire ».

Structure et constitution du parlement

Le parlement de Francfort doit préparer l'unité allemande et élaborer la constitution de l'empire. Au sein de ce parlement, la plupart des membres sont issus de la bourgeoisie : de grands propriétaires cultivés, de hauts fonctionnaires, de professeurs, d'officiers, de magistrats, d'avocats, etc. Pour cette raison, le parlement est affublé de surnoms peu flatteurs par le peuple goguenard : « parlement des notables » ou « parlement des professeurs »,. Dans le cadre du travail parlementaire, différents groupes parlementaires se forment bientôt. Ils sont baptisés en fonction des cafés où leurs membres se rencontrent après ou entre les séances pour convenir de leurs propositions et de leurs idées. À l'exception d'un grand groupe de députés qui n'appartiennent pas aux factions (33 % des députés en ), deux ailes idéologiques et deux partis centristes se constituent. Leur répartition au sein du parlement est la suivante en  : la gauche démocratique, le centre gauche, le centre droit et la droite conservatrice,. La première, également appelée die Ganzen à l'époque, est composée des fractions du Deutscher Hof (8 %), du Donnersberg (7 %) auxquels se joint en novembre le Nürnberger Hof. À partir de début 1849, elle est globalement réunie au sein de l'Association centrale de Mars duquel naquit le parlement croupion allemand. Le deuxième groupe est celui de centre gauche parlementaire-libéral, également appelée die Halben. Il est composé du Württemberger Hof (6 %) et du Westendhall (7 %), puis du Augsburger Hof (7 %) à partir de septembre. Il s'unit avec le centre droit en février 1849 au sein du groupe Weidenbusch. Le troisième groupe est le centre droit constitutionnel-libéral : à partir d'août, avec le détachement du Landsberg (6 %), il est absorbé par la grande fraction Casino (21 %). Avec le centre gauche, il forme la liberale Mitte (centre libéral), connu sous le nom die Halben. Début 1849, une partie de la fraction Casino fusionne avec les fractions de droite pour former le Pariser Hof. Enfin, la droite conservatrice est principalement composée de conservateurs protestants. Ils siègent au départ dans la Steinernen Haus, puis ils sont connus à partir de septembre comme la fraction du Café Milani (6 %).

Débats

Le parlement de Francfort voit s'opposer les libéraux, die Halben, et les démocrates, die Ganzen. Les premiers, plus modérés, acceptent le compromis avec les monarques et privilégient la monarchie constitutionnelle héréditaire adoptant soit la solution petite-allemande (sans l'Autriche), soit la solution grande-allemande (avec l'Autriche) ; tandis que les seconds plus intransigeants donnent plus d'importance à la souveraineté du peuple et donc à un régime fortement parlementaire. Les plus radicaux d'entre eux revendiquent la mise en place d'une république. Les libéraux redoutent dans ce cas une « république rouge », l'anarchie et une nouvelle terreur. La solution grande-allemande a les faveurs des démocrates.

Les groupes parlementaires débattent vivement sur le droit de veto à accorder à l'exécutif sur les décisions du parlement. La majorité souhaite un veto suspensif, mais certains libéraux comme Friedrich Christoph Dahlmann souhaitent attribuer un veto absolu pour faciliter l'acceptation du titre impérial au roi de Prusse. Un autre débat concerne le suffrage, les plus radicaux réclamaient le suffrage universel masculin direct secret, tandis que les libéraux, par peur des démagogues, lui préféraient un suffrage censitaire,,.

Le désaccord des députés paralysant le parlement, il vient à manquer un pouvoir exécutif capable de faire appliquer les décisions (qui échouent souvent en raison des initiatives individuelles de l'Autriche ou de la Prusse). Cela mène à plusieurs crises, comme la guerre contre le Danemark au sujet de la question du Schleswig-Holstein.

Vote de la constitution, puis refus de la couronne impériale

Malgré tout, le parlement se prononce le pour un ensemble de droits fondamentaux, puis, le , vote la Constitution de Francfort avec une majorité de 42 voix. Pour ce vote, les libéraux du centre-droit s'allient à ceux du centre-gauche, on parle de « pacte Simon-Gagern, ». Elle prévoit une monarchie constitutionnelle héréditaire, une unification avec la solution petite-allemande dont le roi de Prusse sera l'empereur, le suffrage universel direct et secret, ainsi qu'un veto suspensif.

Le , lorsque le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV refuse la dignité d'empereur que lui propose la députation impériale, le Parlement de Francfort est de fait un échec,. Vingt-neuf des États de moyenne puissance approuvent la Constitution. L'Autriche, la Bavière, la Prusse, la Saxe et Hanovre la refusent. Les députés prussiens et autrichiens quittent le Parlement lorsqu'ils sont révoqués par leur gouvernement.

Fin du parlement et de la révolution

Afin de faire toutefois aboutir la Constitution dans les Länder isolés malgré le renforcement de la contre-révolution, il y a en mai 1849 dans certains centres révolutionnaires des « soulèvements de mai » dans le cadre de la campagne pour la Constitution du Reich. Ces soulèvements créent un deuxième sursaut révolutionnaire radicalisé qui prend des proportions semblables à une guerre civile dans certaines régions de la Confédération, par exemple le pays de Bade et le royaume de Saxe. Le Parlement de Francfort perd la plus grande partie de ses membres en raison des révocations et d'autres défections, et se retire à Stuttgart le sans les députés prussiens et autrichiens sous la forme d'un parlement croupion. Il reste 130 députés. Le , ce parlement est violemment dissous par les troupes du Wurtemberg. C'est avec la défaite des derniers combats révolutionnaires du à Rastatt que la révolution de Mars est définitivement mise en échec,.

Répercussions et conséquences en Allemagne

Conséquences immédiates

Après l'échec de la révolution, une contre-révolution réactionnaire triomphe. Dans la décennie qui suit 1848, appelée « ère réactionnaire », s'établit de nouveau une période de Restauration, qui ne prend cependant pas tout à fait les proportions de la répression de Metternich pendant le Vormärz,.

En dehors de la Confédération germanique, la révolution est aussi écrasée. En France, la République se maintient jusqu'en 1851-1852. Les constitutions ne se maintiennent durablement qu'au Danemark, en Prusse et au royaume de Sardaigne. La constitution du royaume de Sardaigne est la base du royaume d'Italie unifié en 1861 (voir Risorgimento).

Après son échec provisoire lors de la conférence d'Olmütz de 1850, l'idée d'une union de la petite Allemagne est imposée et réalisée « d'en haut » par les puissances conservatrices dominantes menées par la Prusse sous la direction d'Otto von Bismarck en tant que ministre-président de Prusse à partir de 1862, après les trois guerres d'unification allemande menées par la Prusse contre le Danemark, contre l'Autriche et contre la France. En 1871, à la suite de la victoire de la Prusse sur la France, le roi Guillaume de Prusse est couronné premier empereur allemand à Versailles sous le nom de Guillaume Ier et l'Empire allemand est proclamé ; jusqu'en 1890, le chancelier impérial Bismarck joue un rôle prépondérant dans sa politique. L'influence de la révolution dans le processus d'unification est indéniable.

Acquis de la révolution

L'échec des objectifs nationalistes de la révolution de Mars détourne souvent l'attention des succès certains et des progrès durables qui sont atteints dans les années de la Révolution et sur lesquels la contre-révolution victorieuse ne peut revenir, comme en premier lieu la fin définitive de l'ordre féodal. Une grande partie de la population rurale et paysanne adhère aux revendications d'abolition du servage héréditaire et des redevances féodales, ce qui la conduit à participer aux mouvements de , en particulier en Autriche.

Un autre succès certain des années révolutionnaires est l'abolition de la justice inquisitrice secrète des périodes de la Restauration et du Vormärz. L'exigence du caractère public de la juridiction répressive et de la cour d'assises fait partie des revendications fondamentales de Mars. Sa mise en place conduit à une amélioration durable de l'équité juridique. La Constitution prussienne est également un acquis certain.

De plus, pendant la Révolution, à la suite de l'assouplissement de la censure, une presse plus ou moins pluraliste émerge. Le nombre de journaux politiques passe ainsi de 118 en 1847 à 184 en 1850. En Autriche, il n'y a que 79 journaux avant la révolution, contre 388 ensuite. Dans toute l'Allemagne, le nombre de journaux a atteint 1 700 en 1848. Ceux de gauche comme de droite gagnent en influence sur les actualités politiques. À gauche, on peut citer par exemple le journal publié par Karl Marx, la Neue Rheinische Zeitung (Nouvelle Gazette rhénane), qui est interdit le . Le centre modéré est entre autres représenté par la Deutsche Zeitung (Journal allemand) et la droite par la Neue Preußische Zeitung (Nouvelle Gazette prussienne) à la création de laquelle Otto von Bismarck est associé. C'est avec le Kladderadatsch (Patatras) que voit le jour le l'un des premiers grands magazines satiriques d'Allemagne,.

Influences sur les différentes mouvances politiques et associatives

Le rétablissement de la liberté associative en Allemagne a pour conséquence la formation de nombreuses associations, politiques notamment. Elles peuvent être classées en associations ouvrières, démocratiques, constitutionnelles, catholiques, rurales, et groupes d'intérêt citoyens, les associations conservatrices étant peu développées. Les premières, rassemblées dans la fraternité générale des travailleurs allemands fondée le à Berlin,, sont au nombre de 170, pour un total de 15 000 membres au début de 1849. C'est la première organisation de travailleurs présente dans plusieurs régions en Allemagne : elle a notamment un rôle important dans l'émergence des syndicats. Les associations démocratiques, également nommées « populaires », sont à leur apogée, au nombre d'environ 200 pour 200 000 membres. Début 1849, elles se rassemblent pour former l'Association centrale de Mars qui, en mars, compte 950 associations et 500 000 adhérents. Les associations constitutionnelles, appelées aussi « patriotiques », rassemblent les libéraux. Elles sont moins importantes en nombre d'adhérents que les associations populaires, leur association nationale rassemble ainsi, en , 160 associations locales. Les associations catholiques, dites aussi « Pi », sont aussi très répandues : dans le seul pays de Bade, il y a 400 associations pour 100 000 membres. Les associations rurales, présentes seulement en Silésie, se regroupent en août 1848 dans le Hauptristikalverein. Elles sont au nombre de 200, pour 200 000 membres. Enfin, le mouvement ouvrier est naissant.

Les nouveaux mouvements réclamant une émancipation, en particulier le mouvement ouvrier et les féministes, n'ont pas eu un poids important dans la révolution. Ils ne sont pas directement représentés au parlement, tout au plus la gauche libéral-démocrate bourgeoise défend leurs intérêts. La révolution a cependant fortement influencé leur développement.

En ce qui concerne les féministes, le la journaliste et avocate du droit des femmes Louise Otto-Peters fonde le journal politique Frauen-Zeitung (Journal des femmes), où elle appelle au regroupement des ouvrières au sein d'associations afin de défendre leurs intérêts,.

Une période de réaction suit directement la révolution, marquée par les procès contre les démocrates et les communistes, et par la censure et le contrôle de l'administration. Elle laisse cependant rapidement la place à une ère plus libérale dite Neue Ära entre 1849 et 1866. Elle voit notamment les forces libérales se renforcer et se rassembler en 1861 dans le premier parti politique allemand : le parti progressiste allemand. Toutefois, Wolfgang Siemann note que toutes ces associations politiques préfigurent les partis politiques modernes. Il faut par ailleurs définir avec précision le terme de « parti » pour déterminer quel est le premier parti allemand.

La plupart des démocrates radicaux, quand ils n'ont pas été emprisonnés ou exécutés, se sont exilés. Les années 1848-1849 voient une vague d'émigration massive. Pendant les années 1847, 1848 et 1849, respectivement 78 800, 59 000 et 61 700 Allemands émigrent, surtout vers les États-Unis. Les émigrants y sont désignés par le nom de Forty-Eighters ce qu'on peut traduire par « quarante-huitards ». Beaucoup de ces émigrés s'impliquent dans la vie démocratique locale. Ainsi ils sont nombreux à soutenir Abraham Lincoln lors des élections présidentielles américaines, à combattre l'esclavage ou à prendre part à la guerre de Sécession au côté des États du Nord de 1861 à 1865. Certains font également une carrière politique comme Lorenz Brentano ou Carl Schurz (ministre de l'intérieur de 1877 à 1881).

Les autres démocrates radicaux, qui sont restés en Allemagne ou qui y sont revenus après l'amnistie de 1862, rejoignent massivement le mouvement ouvrier et la social-démocratie.

Historiographie

Postérité de la révolution

D'abord mis au ban, par le royaume de Prusse notamment, l'Empire allemand se considère comme l'aboutissement de la révolution de Mars, mais en sous-estime l'influence et ne suit pas son esprit. Ainsi le parlement national et une partie de la constitution sont repris des acquis de la révolution de Mars. Toutefois les droits fondamentaux ne sont pas inscrits dans la constitution mais seulement assurés au moyen de lois.

La République de Weimar est fidèle à la révolution de Mars et remet en avant ces événements. Sa Loi fondamentale est fondée sur le projet de constitution élaboré dans l'église Saint-Paul de Francfort,.

Adolf Hitler détourne la révolution à des fins expansionnistes, y trouvant une justification pour l'Anschluss. Finalement, après la Seconde Guerre mondiale, les deux États allemands se disputent l'héritage révolutionnaire : la RFA se prévaut de la liberté d'expression, de presse et de circulation réclamée en 1848 ; la RDA, de sa tradition révolutionnaire. Au XXe siècle, un grand nombre de mouvements politiques allemands, surtout en Allemagne de l'Est, de la gauche radicale aux nationalistes en passant par les démocrates, se réclament de la révolution de 1848.

Causes de l'échec

Les causes de l'échec de la révolution ont longtemps été analysées. Pêle-mêle, on peut citer le dualisme austro-prusse, qui empêche toute évolution ; la division entre les libéraux et les démocrates ; le rejet de la révolution par les bourgeois et les libéraux de peur de la voir se transformer en nouvelle Terreur française ; le manque de soutien des autres grandes puissances européennes ; le choix personnel du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, qui est trop vu comme l'homme providentiel ; et la rapide victoire en Mars, qui donne aux députés des attentes irréalistes comme la création simultanée d'un État-nation, la proclamation des droits fondamentaux et d'acquis sociaux. Botzenhart dit résumer la pensée de Dieter Langewiesche, Hans-Ulrich Wehler et Siemann en disant qu'il y a trop de problèmes à régler. Il ajoute que les difficultés de la Révolution française, alors que là-bas la situation est plus simple, montre combien la tâche est difficile. Nipperdey expose les « pour » et les « contre » de la politique des libéraux et conclut que la faute n'est à imputer ni aux démocrates ni aux libéraux puisque leur mésentente est inévitable et que les éléments contraires sont trop nombreux.

La répression de la révolution et la victoire des réactionnaires engendrent un dualisme spécifiquement allemand entre les idées de « nation » et de « démocratie », qui marque pour longtemps l'histoire allemande et qui est encore sensible au XXIe siècle. À la différence de la France, des États-Unis et d'autres pays où, à la suite de révolutions victorieuses, « nation » et « démocratie » sont plutôt vues traditionnellement comme une unité et l'adhésion à la nation inclut en général également l'adhésion à la démocratie, la relation entre nation et démocratie en Allemagne est encore un objet de débats polarisants, controversés et souvent très empreints d'une dimension émotionnelle (voir Sonderweg).

Notes et références

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Deutsche Revolution 1848/1849 » (voir la liste des auteurs).

Références

Citations originales

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

En allemand

En anglais

  • (en) Christopher Clark, Iron kingdom, The rise and fall of Prussia, 1600-1947, Munich, Pantheon, (ISBN 978-3-570-55060-1). 

En français

  • Heinrich August Winkler (trad. Odile Demange), Histoire de l'Allemagne XIXe-XXe siècle : Le long chemin vers l'Occident, Fayard, (ISBN 2213624437)

Articles connexes

  • Absolutisme.
  • Biedermeier.
  • Constitution de Francfort.
  • Décrets de Carlsbad.
  • Histoire de l'Autriche.
  • Ligue des communistes.
  • Libéralisme.
  • Nationalisme.
  • Révolution allemande de 1918-1919.
  • Révolution industrielle.
  • Vormärz.
  • Histoire de l'émigration allemande en Amérique.
  • Heimat (film, 2013) d'Edgar Reitz : Heimat : Chronique d'un rêve (Die andere Heimat : Chronik einer Sehnsucht) et Heimat : L'Exode (Die andere Heimat : Die Auswanderung), préquelle à la mini-série Heimat, pour la période Vormärz (1815-1848)
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Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Révolution de Mars by Wikipedia (Historical)