Aller au contenu principal





Text submitted to CC-BY-SA license. Source: by Wikipedia (Historical)






Text submitted to CC-BY-SA license. Source: by Wikipedia (Historical)


Friedrich Nietzsche


Friedrich Nietzsche


Friedrich Wilhelm Nietzsche ([ˈfʁiːdʁɪç ˈvɪlhɛlm ˈniːt͡sʃə]  ; souvent francisé en [nit͡ʃ ]), né le à Röcken en Prusse et mort le à Weimar en Saxe-Weimar-Eisenach, est un philosophe, critique culturel, compositeur, poète, écrivain et philologue allemand dont l'œuvre a exercé une profonde influence sur l'histoire intellectuelle contemporaine.

Il commence sa carrière comme philologue classique avant de se tourner vers la philosophie. En 1869, à l'âge de 24 ans, il devient la plus jeune personnalité à occuper la chaire de philologie classique de l'université de Bâle. Il démissionne en 1879 en raison de problèmes de santé qui le tourmenteront presque toute sa vie, puis achève la plupart de ses écrits fondamentaux au cours de la décennie suivante. En 1889, à 44 ans, il est victime d'un effondrement et, par la suite, d'une perte totale de ses facultés mentales. Il vit ses dernières années sous la garde de sa mère, puis chez sa sœur Elisabeth Förster-Nietzsche.

Origines et jeunesse (1844-1869)

Röcken

Friedrich Wilhelm Nietzsche naît à Röcken en province de Saxe le dans une famille pastorale luthérienne. Son père Karl-Ludwig, né en 1813 à Eilenbourg, pasteur de l’Église luthérienne de Saxe, et son grand-père paternel, Friedrich August Ludwig, pasteur à Wohlmirstedt, puis superintendant à Eilenbourg, ont tous deux enseigné la théologie. Le père de Nietzsche, qui étudie la théologie à Halle avant de devenir précepteur de membres de la famille royale de Prusse, à la cour ducale d'Altenbourg, est un protégé de Frédéric-Guillaume IV. Mais la maladie (de violents maux de tête) le contraint à demander une paroisse dans la région de sa famille, vers Naumburg. Karl-Ludwig et une partie de sa famille s'installent à Röcken en 1842.

Il épouse Franziska Oehler (1826-1897), fille d'un pasteur, en 1843. Ils ont deux fils : Friedrich Wilhelm et Ludwig Joseph (1848-1850), et une fille, Elisabeth Nietzsche (1846-1935).

En , le père de Nietzsche fait une chute, sa tête heurte les marches de pierre d'un perron. Il meurt un an plus tard, l'esprit égaré, âgé de trente-cinq ans, le . Quelque temps plus tard, en , le frère de Nietzsche meurt à son tour :

« En ce temps-là, je rêvai que j'entendais l'orgue dans l'église résonner tristement, comme aux enterrements. Et comme je cherchais la cause de cela, une tombe s'ouvrit rapidement et mon père apparut marchant dans son linceul. Il traversa l'église et revint bientôt avec un petit enfant dans les bras. […] Dès le matin, je racontai ce rêve à ma mère bien-aimée. Peu après, mon petit frère Joseph tomba malade, il eut des attaques de nerfs et mourut en peu d'heures.[réf. souhaitée] »

Naumburg

En 1850, alors qu'il a six ans, ce qui reste de la famille vient s’installer à Naumbourg. Friedrich Nietzsche ressent ce départ de Röcken comme un abandon de son village natal :

« l'abandon du village natal ; l'entrée dans l'agitation urbaine, tout cela agit sur moi avec une telle force que chaque jour je la ressens en moi »

— Note d'octobre 1862.

Il souhaite à cette époque être pasteur comme son père. Il développe une conscience scrupuleuse, particulièrement portée à l'analyse et à la critique de soi, et fière, croyant à la noblesse de la famille Nietzsche (selon une tradition familiale transmise par sa grand-mère, les ancêtres des Nietzsche venaient de Pologne et s'appelaient alors Nietzki). Son caractère est bien résumé par cette remarque qu'il fit à sa mère : « Un comte Nietzki ne doit pas mentir. »

Vers 1853, à l'âge de neuf ans, il se met au piano, compose des fantaisies et des mazurkas et écrit de la poésie. Il s'intéresse à l'architecture et même, pendant le siège de Sébastopol, en 1854, à la balistique. Il crée également un théâtre des Arts, où il joue avec ses amis des tragédies qu'il écrit (Les dieux de l'Olympe, Orkadal).

Il entre au collège de Naumburg à l'âge de dix ans, en 1854. Élève brillant, sa supériorité fait que sa mère reçoit le conseil de l'envoyer à Pforta. Elle accepte et obtient une bourse du roi Frédéric-Guillaume IV. En 1858, avant de partir pour Pforta, le jeune Nietzsche, 14 ans, s'interroge sur la nature de Dieu :

« À douze ans, j'ai vu Dieu dans sa toute-puissance. »

— Note de 1858.

Cherchant à expliquer le mal, il l'intègre à la Trinité : le Père, le Fils et le Diable. Nietzsche rédige alors un cahier où il consigne l'histoire de son enfance, et conclut :

« Il est si beau de faire repasser devant sa vue le cours de ses premières années et d'y suivre le développement de l'âme. J'ai raconté sincèrement toute la vérité, sans poésie, sans ornement littéraire… Puissé-je écrire encore beaucoup d'autres cahiers pareils à celui-ci ! »

Pforta

En 1858, âgé de quatorze ans, il entre au collège de Pforta, collège où passèrent Novalis, les frères Schlegel, Fichte. Il y fait ses humanités, y rencontre Carl von Gersdorff (1844-1904) (de), avec qui il entretiendra une longue correspondance, et Paul Deussen (1845-1919), le futur sanskritiste. Cette époque est marquée par les premières questions angoissées sur son avenir, par de profonds troubles religieux et philosophiques, et par les premiers symptômes violents de la maladie.

L'unique document dont nous disposons sur les premiers mois de la vie de Nietzsche dans ce collège relate une anecdote qui exprime sa personnalité : il y avait une discussion à propos de l'histoire de Mucius Scævola. Les camarades de Nietzsche la tenaient pour une légende, personne ne pouvant avoir le courage de plonger sa main dans le feu. Nietzsche, alors, se saisit d'un charbon brûlant dans un poêle allumé et le tint devant les yeux de ses camarades.

Dans le Crépuscule des idoles (« Ce que je dois aux Anciens ») Friedrich Nietzsche rend hommage au philologue Wilhelm Paul Corssen pour la formation de son style littéraire :

« Mon sens du style, de l'épigramme comme un style, a été éveillé presque instantanément lorsque je suis entré en contact avec Salluste. Je n'ai pas oublié la surprise de mon honoré professeur Corssen, quand il eut à donner, à son plus mauvais élève de latin, la meilleure note – j'en avais fini avec un seul coup. »

— Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles

Pendant les vacances d'été 1859, âgé de quinze ans, il visite Iéna et Weimar, écrit quelques récits philosophiques :

« C'est ma vie que je découvre. […] – Même en ce beau monde, il y a des malheureux. Mais qu'est-ce donc, le malheur ? »

À partir de la rentrée d', il rédige un journal, projette des plans d'études en géologie, astronomie, latin, hébreu, sciences militaires et enfin en religion. Dévoré d'un appétit de connaissances sans borne, il éprouve de grandes difficultés à se décider pour un domaine d'étude bien délimité :

« Je devrai détruire plusieurs de mes goûts, cela est clair, et, pareillement, en acquérir de nouveaux. Quels seront les malheureux que je jetterai par-dessus bord ? Peut-être mes plus chers enfants ! »

Les années passent dans la discipline sévère de Pforta et, à dix-sept ans, il lit Schiller, Hölderlin (Hypérion et Empédocle), Lord Byron où il trouve son inspiration. Il se passionne pour Manfred. Une phrase le marque :

« Souffrir, c’est connaître : ceux qui savent le plus sont aussi ceux qui ont le plus à gémir sur la fatale vérité ; l’arbre de la science n’est pas l’arbre de vie. »

— Lord Byron, Manfred

Nietzsche aime improviser au piano, provoquant l'admiration de Gersdorff et de Paul Deussen :

« De sept heures à sept heures et demie, nous nous rendions ensemble à la salle de musique. Je ne crois pas que les improvisations de Beethoven aient été plus poignantes que celles de Nietzsche, surtout lorsque l'orage couvait au ciel. »

— Lettre de Gersdorff à Peter Gast, .

Il souhaite alors abandonner la théologie pour devenir musicien, mais sa mère l'en dissuade : il doit continuer ses études. Sa foi est néanmoins de plus en plus faible ; les écrits de cette époque témoignent d'une inquiétude profonde face aux problèmes religieux et philosophiques qu'il rencontre. Il hésite à délaisser l'autorité de la tradition pour les enseignements positifs des sciences naturelles :

« Qu'est-ce que l'humanité ? Nous le savons à peine : un degré dans un ensemble, une période dans un devenir, une production arbitraire de Dieu ? L'homme est-il autre chose qu'une pierre évoluée à travers les modes intermédiaires des flores et des faunes ? Est-il dès à présent un être achevé ? que lui réserve l'histoire ? ce devenir éternel n'aura-t-il pas de fin ? […] Se risquer, sans guide ni compas, dans l'océan du doute, c'est perte et folie pour un jeune cerveau ; la plupart sont brisés par l'orage, petit est le nombre de ceux qui découvrent des régions nouvelles… »

Il commence alors à souffrir de violents maux de tête et de troubles visuels.

Il passe enfin les derniers examens et les réussit de justesse, à cause des mathématiques. Il choisit comme sujet de mémoire de fin d'étude Théognis de Mégare. Malgré ses résultats en mathématiques, ses professeurs lui donnent son diplôme au vu de l'excellence dont Nietzsche fait preuve dans les autres matières. En , il quitte Naumburg en compagnie de Paul Deussen et d'un cousin de ce dernier, et se rend à l'université de Bonn.

Bonn

En 1864, âgé de vingt ans, il entre à l'université de Bonn. Il participe à la vie étudiante, malgré son caractère réservé : promenades sur le fleuve, auberges et un duel qu'il fait avec un bon camarade, n'ayant pas d'ennemi. Il reçoit un coup d'épée au visage et en garde une cicatrice. Mais Nietzsche ne se sent pas à son aise dans ce milieu, et il passe seul, dans la tristesse, les fêtes de fin d'année. C'est le début d'une longue série de Noëls solitaires, passés à examiner sa vie, à se reprocher le temps perdu. Cherchant à remédier à la situation, il propose de réformer l'association d'étudiants la Bonner Burschenschaft Frankonia mais il est mis à l'écart.

D'abord inscrit en théologie, il délaisse celle-ci pour des études de philologie, une discipline en accord avec son intérêt pour l'Antiquité et notamment la tragédie antique. Mais sa passion de la connaissance rend difficile un choix qui lui soit véritablement agréable. Il travaille avec intensité, pour oublier sa solitude, et aussi grâce au soutien vigoureux de Friedrich Wilhelm Ritschl (1806 – 1876), un professeur latiniste auteur d'ouvrages importants sur Plaute. Nietzsche écrit alors quelques mémoires. Il ne trouve aucun intérêt aux modes matérialistes et démocratiques de pensée de bien des étudiants de son âge, et se sent toujours tourmenté par la recherche de la vérité :

« Pour un véritable chercheur, le résultat de la recherche n'est-il pas indifférent ? Dans notre effort que cherchons-nous ? le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, tout effrayante et mauvaise qu'elle puisse être. »

— Lettre à sa sœur.

Leipzig

Nietzsche suit Ritschl à Leipzig où ce dernier est nommé professeur. Il y découvre Diogène Laërce et Schopenhauer, et fait la connaissance d'Erwin Rohde.

Au cours de ses études à l'université de Leipzig, la lecture de Schopenhauer (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818) va constituer les prémices de sa vocation philosophique. Toutefois, l'importance de cette lecture, qui sera au fondement de sa relation avec Wagner, est contestée, car Nietzsche, à cette même époque, s'intéresse à des penseurs rationalistes, en particulier Démocrite. En outre, il lit bien d'autres penseurs et scientifiques : Lange, von Hartmann, Emerson notamment. C'est à cette époque qu'il s'enthousiasme pour la musique de Wagner, en 1868, à Leipzig.

Une anecdote bien connue, datant de , rapporte que Nietzsche qui s'est rendu à Cologne pour assister à un festival de musique, est conduit dans une maison de tolérance où il se retrouve au milieu de femmes en tenue très légère : « J'allai droit à ce piano [dans le salon] comme au seul être qui, dans cette pièce, eût une âme. » Il fait une improvisation, se lève et s'enfuit.

De Bâle à la maladie (1869–1879)

Élève brillant, doué d'une solide éducation classique (milieu dominé par les femmes et imprégné de piétisme protestant), Nietzsche est nommé à 24 ans professeur de philologie à l'université de Bâle, puis professeur honoraire l'année suivante. Il développe pendant dix ans son acuité philosophique au contact de la pensée de l'Antiquité grecque dans laquelle il voit dès cette époque la possibilité d'une renaissance de la culture allemande — avec une prédilection pour les présocratiques, en particulier pour Héraclite et Empédocle, mais il s'intéresse également aux débats philosophiques et scientifiques de son temps. Pendant ses années d'enseignement, il se lie d'amitié avec Jacob Burckhardt et Richard Wagner (qu'il revoit à partir de 1869) dont il serait un parent éloigné.

Guerre franco-allemande de 1870

En 1870, il s'engage comme infirmier volontaire dans la guerre franco-allemande, mais l'expérience est de courte durée, car Nietzsche contracte la diphtérie. Bien qu'il soit à cette époque patriote, Nietzsche commence à formuler quelques doutes à propos des conséquences de la victoire prussienne.

Dix ans d'amitié avec Wagner

En 1872 paraît La Naissance de la tragédie, qui obtient un certain succès, mais qui le discrédite comme philologue et fait l'objet d'une vive querelle avec le philologue Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff. Erwin Rohde, philologue et ami de Nietzsche, et Wagner qui considère ce texte comme l'expression de sa pensée, prennent sa défense. Nietzsche formera ensuite le projet d'écrire une dizaine d'essais, les Considérations Inactuelles, mais il n'en paraîtra finalement que quatre, et, mis à part Richard Wagner à Bayreuth, ces œuvres eurent très peu de succès.

Au premier semestre de l'été 1872, il donne des cours sur Eschyle, Les Choéphores, et sur les philosophes “préplatoniciens”. Il fait également un séminaire sur Théognis. Erwin Rohde publie un compte rendu de La Naissance de la tragédie le et, à la fin du mois, parait le pamphlet de Willamowitz-Moellendorff contre ce premier ouvrage :

« Que M. Nietzsche tienne parole, qu'il prenne son thyrse, qu'il aille d'Inde en Grèce, mais qu'il descende de sa chaire, où il doit enseigner la science ; qu'il réunisse tigres et panthères à ses pieds, s'il le veut, mais non les jeunes philologues allemands. »

Sa sœur vient s'installer à Bâle le .

Le , Wagner publie une lettre ouverte à Nietzsche dans la Norddeutsche Allgemeine Zeitung pour prendre sa défense. Dans une lettre du 25, Wagner lui écrit :

« À strictement parler, vous êtes, après ma femme, le seul gain que la vie m'ait apporté. »

Nietzsche se rend à Munich, où se trouve également l'intellectuelle Malwida von Meysenbug, du 28 au pour assister à une représentation de Tristan et Isolde dirigée par Hans von Bülow. Le , Nietzsche envoie à ce dernier sa Manfred-Meditation qui est qualifiée d'épouvantable et de nuisible par le chef d'orchestre, et de « viol d'Euterpe. » Franz Liszt jugera bien moins sévèrement une autre œuvre de Nietzsche.

Il prépare une étude, La Joute chez Homère. En septembre et octobre, il se promène en Suisse. Au semestre d'hiver 1872-73, il donne un cours sur la rhétorique grecque et romaine. Les étudiants se font rares, il n'a que deux auditeurs. Rohde se retrouve également isolé et dans une situation difficile. Wagner fait lui-même l'objet d'attaques assez basses (il est jugé cliniquement fou par un professeur de l'université de Munich).

Nietzsche passe Noël 1872 avec sa mère et sa sœur ; il offre à Cosima Wagner, pour son anniversaire, Cinq préfaces à cinq livres qui n'ont pas été écrits. Le , il est à Weimar pour assister à une représentation de Lohengrin. Il rencontre Ritschl à Leipzig qui le blâme de son manque de réussite en tant que professeur. L'incompréhension, ou peut-être l'amertume, du maître est extrême ; dans une lettre à Wilhelm Vischer datée du , il fait de Nietzsche ce portrait instructif :

« Mais notre Nietzsche ! – C'est vraiment un chapitre affligeant, comme vous l'exprimez vous-même dans votre lettre – en dépit de toute votre bienveillance pour l'homme remarquable qu'il est. Il est étonnant de constater comment dans cet être deux âmes cohabitent. D'une part, la méthode la plus rigoureuse dans la recherche scientifique et académique […] d'autre part, cet engouement wagnéro-schopenhauérien pour les mystères de la religion esthétique, cette exaltation délirante, ces excès d'un génie transcendant jusqu'à l'incompréhensible ! »

Du 6 au , Rohde et Nietzsche sont à Bayreuth. Nietzsche lit à Cosima et à Wagner le manuscrit de La Philosophie à l'époque tragique des Grecs. Il revient à Bâle le , où il commence sa première Considération inactuelle sur David Strauss.

Vers 1875, Nietzsche tombe gravement malade, et, à la suite de plusieurs malaises, ses proches le croient à l'agonie. Presque aveugle, subissant des crises de paralysie, de violentes nausées, l'état d'esprit de Nietzsche se dégrade au point d'effrayer ses amis par un cynisme et une noirceur qu'ils ne lui connaissaient pas. Nietzsche commence à se détacher de Wagner qui le déçoit de plus en plus, et il considère le milieu wagnérien comme un rassemblement d'imbéciles n'entendant rien à l'art wagnérien. Alors que Nietzsche rédige Richard Wagner à Bayreuth, il écrit dans ses carnets une première critique de son ami. Non seulement il ne se sent plus lié avec ce dernier par la philosophie de Schopenhauer, mais Wagner se révèle un ami indiscret, ce qui conduira Nietzsche à ressentir certains propos de Wagner comme des offenses mortelles. Wagner soupçonne en effet Nietzsche de quelques penchants « contre nature » censés expliquer son état maladif : « un effet de penchants contre nature préfigurant la pédérastie ».

Nietzsche abandonne alors ses idées sur l'Allemagne dans lesquelles il ne voit plus que grossièreté et illusions. Il discute longuement avec Paul Rée, avec qui il partage ses idées et son cynisme sur l'hypocrisie de la morale, et commence à écrire un livre, d'abord intitulé Le soc, puis Humain, trop humain. Quand Wagner reçoit ce dernier livre (envoi auquel il ne répondra pas), Cosima Wagner, l'épouse de Richard, écrit dans son journal : « Je sais qu'ici le mal a vaincu. » L'antisémitisme de Cosima semble également avoir joué un rôle dans la rupture entre son mari et Nietzsche.

En 1877, Marie Baumgartner traduit en français Richard Wagner à Bayreuth.

En 1878, il rompt avec Wagner.

En 1879, Nietzsche obtient une pension car son état de santé l'oblige à quitter son poste de professeur. Il commence alors une vie errante à la recherche d'un climat favorable aussi bien à sa santé qu'à sa pensée, à Venise, Gênes, Turin, Nice, Sils-Maria… :

« Nous ne sommes pas de ceux qui n'arrivent à former des pensées qu'au milieu des livres — notre habitude à nous est de penser en plein air, marchant, sautant, grimpant, dansant… »

Errance en Italie et en France (1879-1888)

À la fin du mois d', Nietzsche, à Gênes, travaille à la correction des épreuves d'Aurore avec Peter Gast. Le travail est achevé à la mi-juin. En juillet, il est à Sils-Maria et lit Hellwald (Histoire de la civilisation, La Terre et ses habitants) et le livre de Kuno Fischer sur Spinoza. Il voit en ce dernier l'un de ses précurseurs.

C'est au mois d'août que lui viennent ses pensées sur l'éternel retour.

En septembre, il étudie les sciences de la nature, il écrit à Overbeck () :

« Sum in puncto desperationis. Dolor vincit vitam voluntatemque. »

— Je suis désespéré. La douleur a vaincu la vie et la volonté.

Il retourne à Gênes à la fin du mois où, toujours en mauvaise santé, Nietzsche entend la Sémiramide de Rossini, Giulietta e Romeo et Sonnambula de Bellini. Il entend également Carmen, l'opéra de Bizet, qui le marquera à vie. À la mi-décembre, Nietzsche projette d'écrire une suite à Aurore.

Invité à Rome par Malwida von Meysenbug, en , Nietzsche fait la connaissance de Lou Andreas Salomé dont il tombe éperdument amoureux. Puis Lou, Rée et Nietzsche se rendent en Suisse. Nietzsche corrige les épreuves des Idylles de Messine et met au propre une copie du Gai Savoir.

Nietzsche passe les mois de novembre et , à Rapallo. Ses relations avec Lou Andreas-Salomé et Paul Rée se dégradent. À la fin du mois de , il écrit au propre la première partie d'Ainsi parlait Zarathoustra.

Le , Wagner meurt. Nietzsche l'apprend le lendemain et écrit à Cosima.

Nietzsche est ensuite de nouveau à Gênes à partir du . Il lit le livre de son ami Paul Deussen sur la doctrine des Védanta. Il rompt ses relations avec Rée et Lou, et déprime gravement :

« Je ne comprends plus du tout « à quoi bon » je devrais vivre, ne fût-ce que six mois de plus »

— Lettre à Overbeck, 24 mars.

Le jugement de Gast à propos de Zarathoustra lui remonte le moral : « À ce livre il faut souhaiter la diffusion de la Bible, son prestige canonique, la série de ses commentaires, sur laquelle repose en partie ce prestige. » (Lettre à Nietzsche, ). Vers la fin du mois, il renoue avec sa mère et se décide à rencontrer sa sœur à Rome, où il loge chez le peintre Max Müller. Avec sa sœur, il voyage en Suisse et séjourne de nouveau à Sils-Maria. Il écrit la deuxième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra au mois de juillet. Il se brouille définitivement avec Lou :

« Elle me manque, même avec ses défauts. […] Maintenant c'est comme si j'étais condamné au silence ou à une sorte d'hypocrisie humanitaire dans mes rapports avec tous les hommes. »

— Lettre à Overbeck, fin août.

Fin , il retrouve Overbeck à Schuls, et envisage de donner des cours à Leipzig. Le recteur de l'université, qui est un ami de Nietzsche, lui explique que sa candidature serait un échec à cause de ses idées sur le christianisme. Il part alors pour Naumburg le . Sa sœur se fiance avec Bernard Förster, l'antisémite soi-disant admirateur de Nietzsche.

Il passe à Bâle début octobre, chez les Overbeck, puis à Gênes. Il tombe malade, ressent la solitude de plus en plus durement, et fait le bilan accablant des dernières années qu'il vient de passer. À la fin novembre, il passe à Villefranche, puis s'installe à Nice pour l'hiver. Il rencontre Joseph Paneth, l'ami de Freud. Il est de plus en plus malade : Malade, malade, malade ! (Lettre à Overbeck, ). Il écrit néanmoins la troisième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra en , après notamment des promenades le long du chemin qui portera son nom à Èze. Enthousiasmé par Peter Gast, Nietzsche s'interroge avec inquiétude sur la portée de sa philosophie :

« Est-elle « vraie » ou plutôt sera-t-elle crue vraie — c'est ainsi que « tout » changera et se renversera et que « toutes » les valeurs traditionnelles seront dévaluées »

— Lettre à Overbeck, ).

Il rompt de nouveau avec sa sœur : « Ce maudit antisémitisme est la cause d'une rupture radicale entre ma sœur et moi. » (Lettre à Overbeck, ).

À la fin du mois d'avril, il se rend à Venise avec Peter Gast :

« je frémis à la pensée de tout l'injuste et l'inadéquat qui un jour ou l'autre se réclamera de mon autorité »

— Lettre à Mawilda von Meysenburg, juin 1884).

Puis il est de nouveau chez les Overbeck, à Bâle, de la mi-juin au . Il fait la connaissance de la militante Meta von Salis à Zürich vers la mi-juillet : le philosophe est « fasciné par cette aristocrate éloquente, avec qui il passe beaucoup de temps ».

Il séjourne pour la troisième fois à Sils-Maria de juillet à septembre. Du 26 au , il reçoit Heinrich von Stein (de).

À Nice, en , il écrit la quatrième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra et la fait paraître à ses frais, vers la fin mars, en tirage limité à 40 exemplaires.

Le , Nietzsche, venant de Venise, arrive à Turin. Il s'installe à la Pension de Genève :

« Dix ans de maladie, plus de dix ans ; et pas simplement une maladie pour laquelle il existe des médecins et des remèdes. Quelqu'un sait-il seulement ce qui m'a rendu malade ? Ce qui, des années durant m'a tenu au seuil de la mort, et appelant la mort ? Je n'en ai pas l'impression. […] Ces dix dernières années que j'ai derrière moi m'ont fait amplement apprécier ce que cela signifie d'être seul, isolé à ce point. […] Pour n'en retenir que le meilleur, cela m'a rendu plus indépendant ; mais aussi plus dur, et plus contempteur des hommes que je ne le souhaiterais moi-même. »

— Lettre à Overbeck, 12 novembre.

Il écrit beaucoup, avec le sentiment de la tâche accomplie ou sur le point de l'être :

« je sais ce qui est fait, et ce qui est définitivement réglé : c'est un trait qui est tiré sous toute mon existence jusqu'alors : — voilà le sens des dernières années. Sans doute, par cela même, l'existence que j'ai menée jusqu'ici a révélé ce qu'elle était réellement — une simple promesse. »

— Lettre à Peter Gast, 20 décembre.

Il lit Montaigne, Galiani, le Journal des Goncourt. Le , il reçoit une lettre de Georg Brandes :

« Vous faites partie du petit nombre d'hommes avec qui j'aimerais causer. »

Vers la fin de l'année, Nietzsche retombe dans la dépression :

« le poids de mon existence pèse à nouveau plus lourd sur mes épaules ; presque pas un jour entièrement bon ; »

— Lettre à Overbeck, 28 décembre.

Néanmoins, dans les mois suivant, qu'il passe à Nice, il travaille beaucoup et annonce à Gast, dans une lettre du , qu'il a terminé la mise au propre du premier livre de l'Essai d'une inversion des valeurs. (cf. Cahiers WII 1, WII 2, WII 3). Il lit Plutarque, Baudelaire, Dostoïevski, Tolstoï, Renan, Benjamin Constant. Sa célébrité s'accroît : Carl Spitteler fait des comptes rendus des livres de Nietzsche dans le canton de Berne, et Georg Brandes fait des conférences sur la pensée de Nietzsche à Copenhague.

Il quitte Nice le , et se rend en pèlerinage à Gênes le 4, avant de parvenir à Turin, ville « pour les pieds comme pour les yeux, un lieu classique ! » (Lettre à Gast, ). Il rédige le Cas Wagner et travaille toujours autant (cf. Cahiers WII 5, WII 6). Son humeur est particulièrement joyeuse :

« il souffle ici un air délicieux, léger, espiègle, qui donne des ailes aux pensées trop lourdes… »

— Lettre à Gast, 1er mai.

À Sils-Maria depuis le début du mois de juin, sa santé se dégrade de nouveau. Il se diagnostique un épuisement nerveux général incurable en partie héréditaire (Lettre à Overbeck, ). Il s'occupe de l'impression du Cas Wagner et élabore un dernier plan de la Volonté de puissance. Essai d'une inversion de toutes les valeurs, daté du . Il lit la Vie de Richard Wagner par Ludwig Nohl, et Rome, Naples et Florence de Stendhal qu'il admire. Il passe quelques semaines avec son amie Meta von Salis. Richard Meyer, un étudiant d'origine juive, lui offre anonymement 2 000 marks. Nietzsche emploie alors toutes les ressources dont il dispose pour faire imprimer ses livres et se plaint des pratiques douteuses[précision nécessaire] de certains éditeurs :

« Mais je suis en guerre : je comprends que l'on soit en guerre avec moi. »

— Lettre à Spitteler, 25 juillet.

Il reste à Sils-Maria jusqu'au .

Après un voyage difficile, Nietzsche arrive de nuit à Turin. Le Cas Wagner paraît alors, tandis qu'il travaille avec Gast à l'impression du Crépuscule des Idoles et que le manuscrit de L'Antéchrist est prêt pour l'impression, le .

Folie (1889-1900)

Effondrement

Nietzsche s'effondre, le , à Turin. Croisant une voiture dont le cocher fouette violemment le cheval, il s'approche de l'animal, enlace son encolure, éclate en sanglots, et interdit à quiconque d'approcher le cheval. Comme le commentera Derrida : « [I]l fut assez fou pour pleurer auprès d'un animal, sous le regard ou contre la joue d'un cheval. Parfois je crois le voir prendre ce cheval pour témoin, et d'abord, pour le prendre à témoin de sa compassion, prendre sa tête dans ses mains. »

Son ami Franz Overbeck, alerté par des lettres délirantes de Nietzsche, accourt le , à Turin. Nietzsche chante et hurle sans cesse depuis plusieurs jours, prétendant être le successeur de Napoléon pour refonder l'Europe, créer la « grande politique ». Vu l'état d'agitation extrême de Nietzsche, Overbeck se fait aider par un dentiste bâlois de passage à Turin, qui, pour le calmer, lui fait croire qu'à Bâle on prépare des festivités et des cérémonies en son honneur. Au départ de la gare de Turin, Nietzsche veut haranguer la foule ; on lui fait comprendre que ce n'est pas digne d'un homme de son rang.

Arrivé à Bâle, on le conduit dans une clinique d'aliénés dont le directeur s'est entretenu avec Nietzsche sept ans plus tôt. Nietzsche se rappelle en détail cette rencontre, mais ne se rend pas compte qu'il est dans un asile d'aliénés — il remercie pour le bon accueil qui lui est fait.

Au début de cette folie, Nietzsche semble s'identifier aux figures de Dionysos et du Christ, pour lui symboles de la souffrance et de ses deux expressions les plus opposées. Il parle constamment et chante beaucoup, se rappelant encore ses compositions musicales et ses poèmes. Selon le témoignage de son ami Overbeck, il est alors encore capable d'improviser au piano de bouleversantes mélodies ; pendant quelque temps, il sera encore capable de tenir des conversations, mais celles-ci, selon son ami Overbeck, sont stéréotypées et Nietzsche ne semble capable que d'évoquer certains souvenirs. Il prononce encore quelques phrases, comme ce jour où, sur une terrasse ensoleillée, il s'adresse à sa sœur : « N'ai-je pas écrit de beaux livres ? » ; il note encore quelques phrases plus ou moins cohérentes comme celle-ci : « Maman, je n'ai pas tué Jésus, c'était déjà fait. » Sa mère est en effet très pieuse, et les différends de Nietzsche avec elle en matière de religion remontent à l'adolescence.

Il reçoit plusieurs visiteurs, certains tentent de le récupérer pour leur propre cause[réf. nécessaire]. Puis, au bout de quelques années, il sombre dans un silence presque complet, jusqu'à sa mort. Quand Overbeck le revoit pour la dernière fois, en 1892, il trouve Nietzsche dans un état végétatif.

Sa mère, puis sa sœur revenue d'Amérique du Sud, le soignent jusqu'à sa mort, le .

Poursuite du déclin

Après la Seconde Guerre mondiale, le psychiatre Lange-Eichbaum (de) affirme que Nietzsche souffrait de la syphilis, mais sans aucune preuve.

On s'est beaucoup interrogé sur les causes de sa maladie et l'image même d'un penseur devenu fou a conduit à diverses appropriations, du vivant même de Nietzsche. Certaines théories à ce sujet ont eu pour but de réduire la pensée de Nietzsche à sa folie. Une explication qui fut couramment acceptée, est relative à la syphilis que Nietzsche aurait contractée, comme nombre d'artistes et écrivains célèbres de son temps, et qui dans sa phase tertiaire, dite de « neurosyphilis » peut mimer toutes sortes de pathologies psychiatriques. Nietzsche, au début de sa folie (« folie » qui ne l'empêchait pas dans les premiers temps de discuter presque normalement), déclara avoir été infecté en 1866. Il semble, d'après les travaux d'Otto Binswanger, qui s'est occupé de lui lors de son internement, que Nietzsche ait présenté une démence vasculaire : maladie de Binswanger comparable à la leucoaraiose, ce qui va dans le sens des propos de Franz Overbeck, qui, quand il le revoit pour la dernière fois, en 1892, trouve Nietzsche dans un état végétatif.

Un médecin, le docteur Leonard Sax, directeur du Montgomery Centre for Research in Child Development, a émis l'hypothèse que Nietzsche avait en réalité une tumeur cérébrale[réf. nécessaire]. L'autopsie du père de Nietzsche avait déjà montré la présence d'une tumeur au cerveau. Les témoignages rassemblés par Curt Paul Janz, grand biographe de Nietzsche, montrent que plusieurs proches de Nietzsche étaient des « originaux », et quelques-uns malades des nerfs. On peut donc également évoquer une affection psychiatrique ou une pathologie neurologique au travers de ces antécédents. Nietzsche a également rapporté le témoignage de sa tante Rosalie, selon laquelle le père de Nietzsche fut soudain atteint de troubles mentaux, qu'il devint incapable de parler, avant de mourir quelques mois plus tard.[réf. nécessaire]

Des hypothèses de 2006 évoquent une dégénérescence lobaire fronto-temporale de type comportementale, ou alors la maladie de CADASIL qui indirectement rejoint l'idée d'une leucoaraiose.

Curt Paul Janz (tome I, page 172, 173) conclut formellement à une syphilis, contractée à Leipzig, classiquement et pudiquement diagnostiquée, à l'époque, comme « paralysie générale » (c.à.d. une neurosyphilis) lorsqu'elle entre en phase finale : « Si le moment de la contamination demeure donc incertain, nous ne saurions, pour le reste, mettre en doute le témoignage d'un psychiatre aussi sérieux que Lange-Eichbaum. D'après l'état actuel des recherches médicales, nous pouvons ainsi considérer comme établi que la paralysie ultérieure de Nietzsche ne put être causée que par la syphilis, et que celui-ci fut donc, comme l'affirme Lange-Eichbaum, soigné de cette maladie à Leipzig ». Les conséquences physiques, neurologiques et psychiatriques de la neurosyphilis sont désormais bien connues. Nietzsche se savait contaminé, les conséquences d'ordre biographiques ne pouvaient être que considérables, notamment quant à ses rapports aux femmes, déjà problématiques avant cette contamination. Idéalement, l'exhumation et un examen médico-légal mettraient un terme aux controverses à ce sujet.

Influence d'Elisabeth

Nietzsche devenu aliéné, c'est sa sœur, Elisabeth, qui gère la publication des œuvres et des carnets de son frère. Elle fonde dans ce but le Nietzsche-Archiv et met toute son énergie à faire connaître les œuvres de son frère. Sœur dévouée que Nietzsche aimait profondément jusqu'à ce qu'elle se marie avec un antisémite virulent, Bernhard Förster, elle a été une fervente admiratrice de Guillaume II et adhèrera ensuite à certaines idées nazies, rencontrant Hitler (qu'elle soutiendra comme elle soutiendra également Mussolini). Elle fait publier les dernières œuvres de Nietzsche, mais manipule certains textes de son frère. Elle compose ainsi La Volonté de puissance, livre dont Nietzsche a élaboré plusieurs plans sans jamais l'achever, préférant en tirer plusieurs livres distincts. Elle écrit également plusieurs livres sur son frère, qui ont été remis en cause en raison de leur caractère hagiographique. La critique historique a même établi qu'Elisabeth avait falsifié des œuvres de jeunesse, des lettres et des fragments posthumes de son frère.

Malgré les opinions nazies et les manipulations avérées de la sœur de Nietzsche, ces falsifications et l'enrôlement par le nazisme sont deux aspects de la réception du texte nietzschéen qui restent nettement distincts,. Si Elisabeth a cherché activement à associer le nom de Nietzsche à ceux d'Hitler et de Mussolini, elle a eu également l'occasion d'écrire à plusieurs reprises combien son frère était opposé à l'antisémitisme, et a expliqué les propos anti-juifs de Nietzsche dans les années 1870 par une influence du milieu wagnérien dont il s'était par la suite libéré. Il est donc difficile de voir dans la sœur de Nietzsche une instigatrice de la récupération des textes nietzschéens.

Philosophie

Collection James Bond 007

Œuvres

Chronologie générale

Légende :

<Nom> = première rencontre de "Nom".
Publications. — Les années indiquées sont celles de première parution. Les abréviations suivantes sont utilisées : A = Aurore. — AC = L’Antéchrist. — CI = Le Crépuscule des idoles. — CW = Le Cas Wagner. — DD = Dithyrambes de Dionysos. — EH = Ecce homo. — GM = La Généalogie de la morale. — GS = Le gai Savoir. — HTH = Humain, trop humain. — Inact = Considérations inactuelles. — NT = La Naissance de la tragédie. — NW = Nietzsche contre Wagner. — OS = Opinions et sentences mêlées. — PBM = Par delà bien et mal. — VO = Le Voyageur et son ombre. — [VP] = La Volonté de puissance (compilation arbitraire de notes de N., publiée par sa sœur). — Za = Ainsi parlait Zarathoustra.


Portraits

Notes

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Erich Friedrich Podach (de), L'Effondrement de Nietzsche, coll. « Idées », Gallimard, 1978
  • Dorian Astor, Nietzsche, coll. « Folio » biographies, Gallimard, 2011
  • Paul Deussen, Souvenirs sur Friedrich Nietzsche, Le Promeneur, Gallimard, 2002
  • Henri Guillemin, Regards sur Nietzsche, Seuil, 1991
  • Daniel Halévy, Nietzsche, Grasset, 1944
  • Curt Paul Janz (de), Nietzsche, biographie [1978-1979], vol., Gallimard, 1984-1985
  • Franz Overbeck, Souvenirs sur Nietzsche, éd. Allia 1999
  • H.F. Peters, Nietzsche et sa sœur Elisabeth
  • Cosima Wagner, Journal, 4 volumes, Paris, Gallimard, 1979
  • Michel Onfray, L'Innocence du devenir : la vie de Frédéric Nietzsche, coll. « Incises », éd. Galilée, 2008
  • Michel Onfray (Scénario) / Maximilien Le Roy (Dessin, Couleurs), Nietzsche tome 1 - Se créer liberté, Le Lombard, SIGNE, 2010
  • Dominique Lacout, Nietzsche l'Intempestif, Le Flâneur des Deux Rives, 2019.
  • Pierre Girier-Timsit, Nietzsche en schémas, Ellipses, 2024
  • Marc Sautet, Nietzsche pour débutants, La Découverte, 1986.
  • Marc Sautet, Nietzsche et La Commune, Sycomore, 1981.
  • Arno Münster, Nietzsche et le nazisme, éditions Kimé, Paris, 1995.
  • Arno Münster, Nietzsche et Stirner, éditions Kimé, Paris, 1997.
  • Paolo D'Iorio, Le voyage de Nietzsche à Sorrente. Genèse de la philosophie de l'esprit libre, Paris, CNRS Éditions, 2012
  • Stefan Zweig, Le Combat avec le démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche, éditions Stock, traduction de l'allemand par Alzir Hella, Paris, 1948. (Der Kampf mit dem Dämon : Hölderlin, Heinrich von Kleist, Friedrich Nietzsche [Die Baumeister der Welt. Versuch einer Typologie des Geistes, volume 2], 1925), tr. fr. 1937.
  • (de) Hans Gutzwiller (de): Friedrich Nietzsches Lehrtätigkeit am Basler Pädagogium 1869-1876. in Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde, volume 50, 1951, p. 147–220.
  • (de) Peter Pütz (de) : Friedrich Nietzsche, J. B. Metzlersche Verlagsbuchhandlung, Stuttgart 1967.
  • (de) Curt Paul Janz (de) : Friedrich Nietzsche in Basel in Basler Stadtbuch 1970, p. 53-68.
  • (de) Alfred von Martin: Nietzsche und Burckhardt. Reinhardt, München 1941 (4. Auflage, Erasmus-Verlag, München 1947).
  • (de) Christian Niemeyer (de) (Hrsg.): Nietzsche-Lexikon. Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt 2009 (ISBN 978-3-534-20844-9).
  • (de) Bernd Oei (de), 4 Bände: Nietzsche unter französischen Philosophen, Nietzsche unter französischen Literaten, Nietzsche unter deutschen Philosophen, Nietzsche unter deutschen Literaten, Dt. Wiss.-Verlag, Baden-Baden 2008.
  • (de) Henning Ottmann (de) (Hrsg.): Nietzsche-Handbuch: Leben – Werk – Wirkung. Metzler, Stuttgart/ Weimar 2000 (ISBN 3-476-01330-8).
  • (en) Stephen Hicks, Nietzsche and the Nazis, Ockham's Razor, , 172 p. (présentation en ligne)

Articles connexes

Bibliographie complémentaire

  • (en) Nietzsche's brief autobiography

Banques de données

  • Ressources relatives à la musique :
    • International Music Score Library Project
    • AllMusic
    • Bayerisches Musiker-Lexikon Online
    • Carnegie Hall
    • Discogs
    • Grove Music Online
    • MusicBrainz
    • Muziekweb
    • Répertoire international des sources musicales
  • Ressources relatives à la recherche :
    • Canal-U
    • Les Classiques des sciences sociales
    • Internet Encyclopedia of Philosophy
    • Persée
    • PhilPapers (travaux)
    • Stanford Encyclopedia of Philosophy
  • Ressources relatives aux beaux-arts :
    • British Museum
    • Grove Art Online
    • Musée d'Art du comté de Los Angeles
    • National Gallery of Art
    • RKDartists
    • Union List of Artist Names
  • Ressources relatives au spectacle :
    • Archives suisses des arts de la scène
    • Les Archives du spectacle
    • Kunstenpunt
  • Ressources relatives à la littérature :
    • Internet Speculative Fiction Database
    • NooSFere
  • Ressources relatives à la bande dessinée :
    • BD Gest'
    • Comic Vine
  • Ressource relative à la vie publique :
    • Documents diplomatiques suisses 1848-1975
  • Ressource relative à l'astronomie :
    • Biographical Encyclopedia of Astronomers
  • Ressource relative à la santé :
    • Bibliothèque interuniversitaire de santé
  • Ressource relative à la religion :
    • Dictionnaire de spiritualité
  • Ressource relative à plusieurs domaines :
    • Radio France
  • Ressource relative à l'audiovisuel :
    • IMDb
  • Portail de Friedrich Nietzsche
  • Portail de la philosophie
  • Portail du royaume de Prusse

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Friedrich Nietzsche by Wikipedia (Historical)


Pornographie sur Internet


Pornographie sur Internet


La pornographie sur Internet est la pornographie accessible sur Internet via les sites web, l'échange de fichiers par des réseaux peer-to-peer et les réseaux Usenet.

Même si la pornographie était disponible sur internet chez les professionnels dans les années 80, c'est l'explosion du nombre d'internautes grand public dès 1993 qui a mené à une très forte expansion de la pornographie sur Internet.

Histoire et méthodes de distribution

Avant Internet

Usenet

Pages payantes et pages gratuites

En 2005, l'arrivée des vidéos en streaming sur Internet s'accompagne d'une création importante de sites pornographiques. Rapidement, ces sites proposent une catégorisation des pratiques sexuelles sous la forme d'une encyclopédie de la sexualité, permettant aux utilisateurs de filtrer leurs recherches en fonction de leur attente ou de leur désir. Les règles des algorithmes des moteurs de recherche participent de cette concentration.Les plateformes de diffusion comme Pornhub ou XHamster proposent à leur public la possibilité de créer un profil personnalisé, permettant à l'utilisateur de liker une vidéo, de la partager ou de la commenter, voire la télécharger. À l'instar de l'ergonomie et des fonctionnalités des réseaux sociaux, les plateformes ont contribué à une forme de "normalisation sociale" de la pornographie.

Distributions

49 % de la population adulte du Royaume-Uni avait visité un site pornographique en septembre 2020, soit 26 millions de visiteurs uniques, soit encore un peu moins qu’Instagram mais un peu plus que Twitter.

78% du trafic féminin ont entre 18 et 34 ans. La consommation est faite à 21% par les femmes en France -32% pour Pornhub et à 23% au niveau mondial.[pas clair]

Les produits

Vidéos

Les sites de diffusion de contenu vidéo relaient des vidéos tournées par des amateurs ou des professionnels, vidéos soumises à une modération a priori par des équipes spécialisées.

Web cam

  • Camgirl

Autres formes

Statut légal

En France, l'Arcom est chargée de faire respecter l'interdiction d'accès aux mineurs.

Pornographie et protection des mineurs

Consommation des adolescents

L'arrivée dans les foyers de la connexion internet à haut débit au début des années 2000 et le développement des smartphones ont facilité l'accès à internet : 97 % des adolescents ont une présence régulière en ligne. Cette aisance de connectivité, à défaut de contrôle parental efficace, engendre une exposition à du contenu pornographique. Un rapport de l'Assemblée Nationale révèle qu'en 2O05 trois-quarts des garçons de 9 ans ont déjà vu un film pornographique . En 2007, une étude américaine révèle que 47 % des adolescents américains (garçons et filles) ont visionné des images à caractères pornographiques en ligne, de manière consenti ou non. En 2017, l'IFOP publie une étude sur la consommation de pornographie des adolescents français : 63 % des hommes et 37 % des femmes interrogés déclarent avoir « surfé sur un site pour y voir des films ou des images pornographiques ». L'IFOP rapporte également que le smartphone est le support de visionnage le plus utilisé devant l'ordinateur portable, l'ordinateur de bureau et enfin la tablette tactile.

Encadrement législatif

France

En France, la majorité gouvernementale sous le quinquennat d'Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises, énoncé le souhait de mieux contrôler l'accès des sites pornographiques aux mineurs. Emmanuel Macron s'est plusieurs fois exprimé sur le sujet, évoquant que « nous ne pouvons pas [...] fermer les yeux sur l'influence que peut exercer sur de jeunes esprits, un genre qui fait de la sexualité un théâtre d'humiliation et de violences faites à des femmes qui passent pour consentantes ». Jusqu'à présent, un simple bandeau d'avertissement (appelé aussi « disclaimer ») invite l'utilisateur a déclarer sur l'honneur qu'il présente l'âge requis l'autorisant à accéder au contenu pour adultes. En , Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, précise les réflexions du gouvernement, évoquant un renforcement et une généralisation d'un contrôle parental. Le même mois, différents acteurs du numériques, comprenant les FAI et des opérateurs, signent une charte d'engagement dans le but de protéger les mineurs des contenus pour adultes.

Le milieu pornographique réagit également de son côté, avec la publication en d'une charte de déontologie,. Initiée par la société Marc Dorcel, elle est rédigée par l'ancienne actrice pornographique Liza del Sierra, le sociologue Alexandre Duclos et l'avocat Matthieu Cordelier. 18 recommandations sont ainsi proposées, parmi lesquelles le respect de l'hygiène et de la sécurité au moment des tournages, la description des pratiques et des scènes attendues lors de la signature du contrat ainsi que l'annonce de la rémunération.

Le CSA demande une restriction d'accès pour les mineurs de 18 ans. Devenu ARCOM, il a attaqué en justice 8 des plus gros sites pornographiques mondiaux en 2023

États-Unis

Une loi fédérale visant à réglementer le contenu pornographique d'Internet, le Communications Decency Act, a été annulée par la Cour Suprême en 1996.

Ukraine

La pornographie est interdite depuis 1998 en Ukraine. En 2023, des députés proposent une loi qui pourrait dépénaliser la pornographie.

Collection James Bond 007

Filtres et logiciels de contrôle parental

Le contrôle parental est un système intégré à des appareils électroniques (ordinateur, smartphone, console de jeux vidéo, télévision...) permettant de limiter l'accès à certains sites internet ou de limiter la durée d'usage d'un appareil. Il est généralement utilisé par les parents afin d'éviter que leurs enfants n'aient accès à certains contenus jugés inappropriés pour leur âge, telle que la pornographie.

Pornographie infantile et juvénile

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • David Courbet (préf. Ovidie), Féminismes et pornographie, Paris, La Musardine, coll. « L'attrape-corps », , 304 p. (ISBN 978-2-84271-777-3)
  • Ovidie, À un clic du pire : la protection des mineurs à l'épreuve d'Internet, Paris, Éditions Anne Carrière, , 124 p. (ISBN 978-2-8433-7877-5)
  • Lionel Renaud (dir. Fabrice Montebello), Le spectacle du sexe : l’évolution de la consommation du film pornographique des années 1990 à nos jours et ses enjeux esthétiques et sociaux, Université de Lorraine (thèse de doctorat en étude de cinéma), 2019, 447 p. [lire en ligne]

Articles connexes

  • MindGeek
  • xHamster
  • XVideos
  • Portail de la pornographie
  • Portail d’Internet

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Pornographie sur Internet by Wikipedia (Historical)


Rudolf Höss


Rudolf Höss


Rudolf Franz Ferdinand Höss (ou Höß, forme allemande standard, ou Hoeß ou Hoess, prononcé [hœs]) est un officier supérieur (Obersturmbannführer, grade équivalent à celui de lieutenant-colonel) allemand de la SS, né le à Baden et mort par pendaison le à Auschwitz. Criminel de guerre, il occupe une fonction de premier plan dans les génocides des Juifs d'Europe et des Tsiganes.

Dès son enfance, Höss se montre peu sociable, préférant les promenades solitaires et les animaux à la compagnie des hommes. Il se détourne de l'éducation catholique que tente de lui donner sa mère. À seize ans, il s'engage dans l'armée impériale allemande et sert au cours de la Première Guerre mondiale sur le front du Proche-Orient ; il est décoré de la croix de fer. Après le conflit, il s'engage dans les corps-francs ; il est condamné en 1924 à dix ans de prison pour le meurtre d'un militant communiste.

Affilié au parti nazi dès 1922, il entre dans la SS en et commence sa carrière au sein du système concentrationnaire nazi en novembre de la même année. Il est commandant des camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, le plus vaste complexe du système concentrationnaire nazi, du au , puis de nouveau entre le 8 mai et août 1944, période durant laquelle la déportation massive des Juifs hongrois, au nombre de plus de 320 000 hommes, femmes et enfants, a porté la machine de mort à son paroxysme.

Nazi convaincu, il fait preuve non seulement d'une totale obéissance aux ordres du plus haut gradé de la S.S., Heinrich Himmler concernant l'extermination des Juifs, mais aussi d’initiative, afin d'augmenter les capacités exterminatrices d'Auschwitz, notamment en utilisant le Zyklon B dans un ensemble de chambres à gaz.

Après la capitulation allemande en mai 1945, Höss réussit à se cacher pendant près d'un an, sous une fausse identité et est finalement dénoncé, par sa femme. Il est arrêté par les troupes britanniques le . Il témoigne lors du procès de Nuremberg, puis il est livré aux autorités polonaises et est ainsi jugé par le Tribunal suprême de Pologne du au . Condamné à mort, il est exécuté par pendaison le dans le camp d'Auschwitz même.

Ses mémoires, intitulés Le commandant d'Auschwitz parle, popularisés en France par les pseudo-mémoires de l'écrivain Robert Merle dans le roman La mort est mon métier, constituent un document historique d'une importance reconnue pour la compréhension de la Shoah, de l'univers concentrationnaire et de la mentalité des bourreaux.

Biographie

Premières années : 1900-1918

Issu d'une famille profondément catholique, et assez aisée, Höss passe les six premières années de sa vie dans une région isolée voisine de Baden-Baden, à la limite de la Forêt-Noire,. À sept ans, Rudolf Höss, ses parents et ses trois sœurs, déménagent dans les environs de Mannheim, toujours en dehors de la ville. Son père, Franz Xaver Höss, qui a servi dans l'armée du Reich en Afrique orientale allemande, avant de se lancer dans des activités commerciales, s'y montre beaucoup plus présent qu'à Baden-Baden : il élève Rudolf dans une discipline toute militaire et destine son fils à une carrière ecclésiastique ; ce dernier perd la foi au cours de son adolescence. Dans son autobiographie, Höss caractérise ses années d'enfance par trois éléments : une profonde piété, l'habitude de ne pas extérioriser ses sentiments et une soumission totale aux ordres de tous les adultes. De plus, Höss se définit comme un enfant très solitaire et « n'ayant jamais eu de réelle intimité avec ses parents, ni avec ses sœurs ». Son enfance se déroule sans problèmes de santé, à part une rougeole qu'il a eue très tôt ; son parcours scolaire est limité et ses résultats, vagues.

Le père de Rudolf Höss meurt subitement en 1914, d'une crise cardiaque, peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale ; alors que les blessés évacués du front affluent à Mannheim, Rudolf obtient de sa mère l'autorisation d'entrer à la Croix-Rouge comme secouriste. En 1916, à l'insu de sa mère, il rejoint le régiment dans lequel avaient servi son père et son grand-père ; après une courte période de formation, il est envoyé au front en Turquie, en Palestine puis en Irak. À 17 ans, il devient l'un des plus jeunes sous-officiers de l'armée allemande et est décoré de la croix de fer de 1re classe. Sa mère meurt en 1917, à trente-neuf ans, alors qu'il est au front.

Militant nationaliste et nazi

En 1919, après la Première Guerre mondiale, Höss s'engage dans le corps-franc Rossbach, fort de 3 000 hommes et combat les groupes armés communistes dans la Ruhr, la Haute-Silésie et les pays baltes. De 1921 à 1923, il travaille comme apprenti agricole en Silésie et dans le Schleswig-Holstein. Il s'inscrit au parti nazi dès .

Le , Höss participe, notamment avec Martin Bormann, au meurtre de Walter Kadow, soupçonné d'être un communiste infiltré et accusé d'avoir livré aux troupes françaises d'occupation l'activiste nationaliste Albert Leo Schlageter, dont il avait fait la connaissance dans les corps-francs. Arrêté, Höss est condamné à dix ans de prison le . Il est libéré dès 1928, à la suite d'une amnistie concernant les prisonniers politiques. À sa libération, Höss travaille dans des fermes et des propriétés du Mecklembourg et du Brandebourg, comme régisseur et rejoint la ligue d'Artam, organisation dont est également membre Heinrich Himmler ; c'est à cette époque qu'il rencontre sa future femme, qu'il épouse en 1929, trois mois après leur première rencontre. En , il renonce à l'agriculture et rejoint la SS, selon lui à la demande de Himmler, qui l'aurait remarqué à la suite de son initiative de créer un peloton de cavaliers au sein de la SS.

Au mois de novembre, il arrive à Dachau et commence sa carrière au sein du système concentrationnaire nazi. C'est à Dachau que Höss apprend la « philosophie essentielle des SS », élaborée par Theodor Eicke et centrée sur la dureté à l'égard des détenus. Selon Laurence Rees, « en apprenant à réprimer des émotions telles que la compassion et la pitié, Höss intégra un sentiment de fraternité qui était aussi très fort dans les SS. » C'est également à cette occasion qu'il « apprit une autre leçon significative qui devait avoir des conséquences pour Auschwitz […] et observa que les détenus supportaient mieux leur emprisonnement parce que les SS leur permettaient de travailler. » « Membre modèle de la SS », Höss est promu Rapportführer, premier adjoint du commandant du camp puis il est nommé Sturmführer (équivalent de lieutenant) et transféré à Sachsenhausen, en tant que chef de la garde.

En , il est chargé par l'Inspection des camps de concentration de présider une commission chargée d'étudier la possibilité de créer un camp de concentration à Auschwitz : cette commission émet un avis favorable qui est transmis à Heinrich Himmler.

Commandant du camp d'Auschwitz : 1940-1943

Création et extension du camp

Richard Glücks, qui a succédé à Theodor Eicke en tant qu'inspecteur des camps de concentration, nomme Höss commandant du nouveau camp d'Auschwitz, dont la création a été décidée le . Höss et une poignée de gardes SS y arrivent le , suivis, le , par les premiers internés, 30 criminels allemands de droit commun transférés de Sachsenhausen pour remplir la fonction de Kapo. Après un renforcement de la garde par 120 SS provenant notamment des camps de Buchenwald, Dachau et Flossenburg, 728 détenus politiques polonais arrivent au camp le . Comme à Dachau et Sachsenhausen, Höss fait apposer sur le portail d'entrée du camp la devise Arbeit macht Frei (le travail rend libre). Dès le , Höss demande au responsable des constructions un rapport hebdomadaire sur l'état d'avancement des travaux visant à alimenter le camp en eau potable, à évacuer les eaux usées et à drainer les terres marécageuses.

Dès , Oswald Pohl ordonne à Höss d'augmenter la capacité du camp en ajoutant un étage aux bâtiments existants, afin de développer le travail forcé dans les carrières de sable et de gravier voisines. En , Höss a une entrevue avec Heinrich Himmler au cours de laquelle les deux hommes évoquent les projets de développement du camp, dans le cadre d'expérimentations agricoles. « À la fin de 1940, Höss avait mis en place nombre des structures et principes élémentaires qui allaient régir le fonctionnement du camp dans les quatre années suivantes. » « Pour empêcher les évasions, la politique de Höss était simple : répression brutale. » Si les évadés, le plus souvent des Polonais, ne sont pas repris, Höss fait interner leur famille ou fait sélectionner dix détenus du bloc dont provient l'évadé pour les laisser mourir de faim dans les caves du bloc 11, la prison du camp, « une mort lente et atroce. ». Promu Sturmbannführer (équivalent de commandant) le , Höss est rapidement débordé par les travaux d'agrandissement du camp principal (Stammlager) d'Auschwitz I ; il délègue donc à ses adjoints la construction du camp de Birkenau (Auschwitz II), initialement destiné à l'internement de prisonniers de guerre soviétiques.

Heinrich Himmler effectue sa première visite à Auschwitz le  ; lors de celle-ci, il donne l'ordre à Höss d'entamer des travaux permettant d'interner 30 000 détenus et de construire une usine de caoutchouc synthétique, pour IG Farben, sur le site de Monowitz-Buna, aussi connu sous le nom d'Auschwitz III. « Si docile qu'il fût envers Himmler, Höss avait une conscience […] aiguë de la difficulté de mettre en œuvre la nouvelle vision de son maître » : lors d'un trajet en voiture avec le Reichsführer S.S.et le général S.S. Erich von dem Bach-Zelewski, il se plaint, sans résultat, du manque de matériaux de construction et de personnel. Après avoir tenté de pallier la pénurie de matériaux, « en écumant la campagne pour chaparder des barbelés », Höss sollicite lors d'une réunion avec des représentants d'IG Farben, le , le soutien de l'entreprise pour l'extension du camp. Les délégués de l'entreprise chimique acceptent d'étudier la possibilité d'aider le camp et passent un accord avec Höss sur les montants à verser à la SS pour l'exploitation de la main d'œuvre concentrationnaire et la fourniture de gravier.

Les gazages

Fin août ou début , c'est en l'absence de Höss que son adjoint, Karl Fritzsch, mène les premiers essais de gazage de prisonniers de guerre russes en utilisant du Zyklon B dans le sous-sol du block 11 ; à son retour, Höss assiste aux gazages suivants et se déclare « soulagé » par cette nouvelle méthode d'extermination. Le sous-sol du bloc 11 se révélant peu adapté aux gazages, ceux-ci sont transférés de janvier à , dans la morgue du crématoire d'Auschwitz I ; fin avril, il est décidé de les transférer à nouveau, cette fois vers Birkenau.

Fin mai, Höss choisit une petite maison fermière située à la lisière du bois de bouleaux de Birkenau (la « maisonnette rouge », ou bunker 1) comme nouveau lieu d'extermination : après quelques travaux, ce site permet de gazer trois cents à quatre cents personnes à la fois. « Au cours des six derniers mois de 1941 et des six premiers mois de 1942, jamais Höss n'innova autant : loin de se contenter de suivre les ordres, il prit des initiatives pour augmenter les capacités d'extermination à Auschwitz ».

Début 1942, Höss est convoqué à Berlin où Himmler l'informe qu'Auschwitz a été choisi comme centre d'extermination des Juifs en raison de sa situation ferroviaire favorable et de la construction prochaine d'un crématoire permettant d'incinérer 1 440 corps par jour : le meurtre de masse doit débuter le . Les installations du bunker 1 ne permettant pas des tueries à grande échelle, Höss improvise une solution en installant dans une autre fermette (la « maisonnette blanche », ou bunker 2), quatre chambres à gaz, d'une capacité totale de 500 personnes, opérationnelles fin . Confronté à des circonstances particulières, combinant une extrême urgence et une grande liberté, Höss innove et met notamment en place la sélection des déportés voués à la mort immédiate, qui devient courante à partir de l'été 1942.

Himmler se rend à nouveau à Auschwitz le et assiste, silencieux, à l'extermination de Juifs déportés des Pays-Bas. Dans la soirée, il participe à un dîner organisé en son honneur ; selon Höss, Himmler « d'excellente humeur, parla de tous les sujets possibles évoqués au cours de la conversation [...] Il but quelques verres de vin rouge et fuma, chose qu'il ne faisait pas d'ordinaire. Tout le monde était sous le charme de sa bonne humeur et de sa brillante conversation. » Quelques jours plus tard, Himmler donne l'ordre à Höss d'extraire tous les cadavres des fosses communes, de les brûler et de disperser leurs cendres, afin de rendre impossible toute estimation du nombre des victimes ; il lui ordonne également de porter la capacité du camp à 200 000 personnes. Satisfait du travail de Höss, il lui accorde une nouvelle promotion au grade d'Obersturmbannführer (équivalent de lieutenant-colonel) .

En juillet et , le complexe d'Auschwitz est frappé par une grave épidémie de typhus, que Höss cherche à dissimuler à sa hiérarchie ; les fours crématoires ne suffisent pas pour incinérer les milliers de victimes de la maladie, qui sont enterrées dans des fosses communes dans le Birkenwald, ce qui contamine la nappe phréatique. Höss ordonne que les corps soient déterrés et incinérés à ciel ouvert ; comme les SS d'Auschwitz n'ont pas d'expérience sur ce point, le , il se rend à Łódź avec deux de ses adjoints afin de visiter une « installation spéciale » (Sonderanlage) d'incinération à l'air libre, dirigée par Paul Blobel. La technique utilisée par Blobel est adaptée à Auschwitz : sous la garde de 20 à 30 SS, 300 détenus juifs déterrent et brûlent 50 000 cadavres, entre le et fin .

Dans la nuit du 13 au , la chambre à gaz aménagée dans la morgue au sous-sol du crématoire II de Birkenau entre en fonctionnement : 1 492 Juifs considérés comme inaptes au travail et déportés du ghetto de Cracovie y sont gazés en une seule fois, au moyen de six kilos de Zyklon B.

Vie quotidienne de Höss

De 1940 à 1943, Höss mène à Auschwitz, avec sa famille, une vie normale, dans une certaine aisance. À sa table, on sert des mets raffinés, des vins fins, des cigares et du café. Il y dispose d'une maison de dix pièces, sans compter les salles de bain et les cuisines, et de deux domestiques, des internées en raison de leur appartenance aux Témoins de Jéhovah. Passionné de chevaux, il dispose d'écuries privées, mieux aménagées que les baraques des détenus, où sont abrités de superbes demi-sang provenant du Schleswig-Holstein. Ses relations avec son épouse paraissent sans problème et il semble avoir été heureux en ménage au cours des quatre années passées à Auschwitz ; tout au plus déclare-t-il à Gustave Gilbert, qu'après avoir révélé à son épouse la nature exacte de ses activités, ils n'ont plus que rarement de « désirs charnels ». Au grand chagrin de sa femme, bonne cuisinière et qui n'a jamais été membre du parti nazi, il ne prête que peu d'attention à la nourriture. L'éducation des cinq enfants du couple repose essentiellement sur l'épouse de Höss. Il n'y a, pour lui, pas de contradiction fondamentale entre sa fonction à Auschwitz et le bonheur familial. Il vit cette période en se sentant épuisé par le travail, frustré par des demi-succès, par l'épuisement, par l'incompétence du personnel et par les ennuis du service.

Administration centrale des camps de concentration et retour à Auschwitz : 1943-1945

Dans le courant du dernier trimestre 1943, une enquête interne de la SS met au jour une corruption généralisée à Auschwitz, dans laquelle Höss semble impliqué ; il est également soupçonné d'avoir eu pour maîtresse une prisonnière politique d'origine autrichienne. Malgré sa volonté de conserver ses fonctions et le soutien que lui apporte Martin Bormann, Höss est écarté de son poste sur ordre de Himmler : ce renvoi est présenté comme une promotion et Höss est muté à Oranienburg, près de Berlin, dans les services centraux, au sein du SS.WHA,. Peu avant son départ, Höss fait installer un bordel à Auschwitz, réservé à des détenus triés sur le volet, dont les Juifs sont exclus.

En , il rejoint les bureaux du SS.WHA à Oranienburg, laissant sa famille à Auschwitz. Dépendant directement de Richard Glücks, il devient chef du Bureau I (section politique) . Ses fonctions consistent à faire l'inspection des camps de concentration, à l'exception de ceux situés en Russie et en Ukraine ; dans ce cadre, Höss est chargé de « superviser totalement tous les camps de concentration, les administrations, les libérations et les punitions, les exterminations, toutes les transactions avec le RSHA, tous les dossiers des détenus : bref, tout ce qui se passait dans les camps de concentration ». Fin 1943, Höss obtient six semaines de congé pour surmenage et épuisement, qu'il passe seul dans un chalet de montagne, sa femme étant au terme de sa grossesse de leur dernier enfant.

Rappelé, le , à Auschwitz pour organiser l'extermination de Juifs déportés de Hongrie, Höss reprend le commandement de tout le complexe concentrationnaire et entend remédier au manque d'efficacité et « de vraie dureté » d'Arthur Liebehenschel, qui lui avait succédé en . Dès le lendemain de son retour au camp, il ordonne d'accélérer les préparatifs en vue de l'arrivée des Juifs hongrois : la voie ferrée principale est prolongée de deux kilomètres pour arriver directement à la rampe de sélection, située à cent mètres des crématoires 2 et 3. Afin de pouvoir éliminer des centaines de milliers de corps, Höss donne l'ordre de réparer immédiatement le crématoire 5 et de creuser des fosses pour y brûler les cadavres. Il porte le rythme des gazages à un niveau jamais atteint : en huit semaines, 320 000 Juifs sont assassinés, avec des pointes de 10 000 tués par jour. En plein massacre, Oswald Pohl effectue, le , une visite d'inspection à Auschwitz : lors de celle-ci, Höss lui demande l'autorisation de liquider les tsiganes, « c'est-à-dire d'en extraire les aptes au travail et de gazer le reste » : l'opération a lieu dans la soirée du . Son action dans l'assassinat des Juifs hongrois vaut à Höss d'être décoré de la croix du Mérite de guerre de 1re et de 2e classe ; il regagne Berlin le .

Fin 1944, Höss est affecté à Bergen-Belsen, où il tente, sans résultat, de mettre fin à une épidémie de typhus. Selon Jean-Claude Pressac, en , il essaie sans succès de régulariser les évacuations des camps d'Auschwitz et de Gross-Rosen et d'en atténuer la mortelle brutalité ; il est ensuite chargé des évacuations des camps de Sachsenhausen et de Ravensbrück durant lesquelles il aurait demandé à la Croix-Rouge de ravitailler les détenus, tout en lui refusant l'accès aux camps,.

Mi-, sur ordre de Himmler, Höss effectue une tournée d'inspection de plusieurs camps de concentration notamment avec Oswald Pohl et Enno Lolling, pour « passer au crible les règlements en vigueur, l'hygiène, l'organisation de travail, etc. » En 1946, il affirme qu'il aurait également été chargé par Himmler de vérifier « que tout soit fait pour maintenir en vie et en bonne santé les détenus juifs [survivants] ».

Arrestation, procès et exécution

Lors de la capitulation de l'Allemagne, Höss se trouve à Flensburg, où sont également présents Richard Glücks et Heinrich Himmler. Arrêté par les troupes britanniques, Höss, revêtu d'un uniforme de la Kriegsmarine, n'est pas identifié et on le relâche. Après la libération du camp de Bergen-Belsen et l'interrogatoire de survivants, les Britanniques prennent conscience de l'importance d'Auschwitz et du rôle de Höss : les services de renseignement militaire recherchent la famille de Höss, la localisent et la mettent sous surveillance. Hedwig Höss est arrêtée le et menacée d'une déportation en Sibérie avec ses enfants : elle révèle que son mari vit dans une ferme près de Flensburg ; à la suite de cette information, Höss est capturé le ,. Sévèrement battu lors de son arrestation par des soldats dirigés par Hanns Alexander, Höss est emmené à Heide où il fait à nouveau l'objet de mauvais traitements et est notamment empêché de dormir pendant trois jours ; si la confession de huit pages qu'il rédige le 14 mars a pu être influencée par ces sévices, elle n'est pas démentie par Höss par la suite.

Durant le procès de Nuremberg, Höss comparaît comme témoin lors de l'examen du chef d'accusation de crime contre l'humanité ; contrairement à Otto Ohlendorf et Dieter Wisliceny, appelés à la barre par l'accusation, il est cité par la défense, en l'espèce à la demande de l'avocat d'Ernst Kaltenbrunner, qui entend démontrer que celui-ci n'a pas eu de rôle dans la « solution finale ». Höss témoigne le et confirme le contenu de sa déclaration sous serment du et de celle faite à Nuremberg le . Il insiste sur le fait que ses ordres émanaient directement de Heinrich Himmler et qu'il s'agissait d'une « affaire d'État » ; il estime le nombre des victimes assassinées à Auschwitz de 2 500 000 à 3 000 000 personnes. Le témoignage de Höss atterre les principaux accusés : Hermann Göring et Karl Dönitz estiment qu'un Prussien ne se laisserait jamais aller à faire des choses pareilles ; pour Hans Frank, « C'était là le moment honteux de tout le procès, qu'un homme dise, de sa propre bouche, qu'il avait exterminé 2 500 000 personnes de sang-froid. C'est là quelque chose dont on parlera dans mille ans » ; quant à Alfred Rosenberg, il pense qu'on lui a joué « un mauvais tour » en le mettant dans une position très difficile pour défendre sa philosophie. Pour Arthur Seyss-Inquart, le témoignage de Höss démontre que s'« il existe une limite au nombre de gens que l'on peut tuer par haine ou par goût du massacre, […] il n'y a pas de limite au nombre de gens que l'on peut tuer, de manière froide et systématique, au nom de l'impératif catégorique militaire ».
« L'inconvénient [du témoignage de Höss à Nuremberg], qui allait se révéler beaucoup plus tard fut une grande exagération du nombre des victimes, dont les négationnistes feraient un jour leurs choux gras : il prétendit qu'Auschwitz avait vu mourir deux millions et demi de déportés, ce dont Robert Faurisson et ses adeptes devaient profiter pour semer la confusion ».

Remis aux autorités polonaises, Höss comparaît devant le Tribunal suprême de Pologne du au . Lors de son procès, il est « un accusé modèle, répondant brièvement et précisément aux questions qui lui sont posées, ne se défaussant pas sur ses supérieurs ou inférieurs hiérarchiques. Il reconnaît ses actes sans forfanterie à la différence de Göring à Nuremberg ; sans pleurnicher non plus comme von Ribbentrop ou Frank. Mais il n'en mesure jamais véritablement l'insondable horreur, comme si le sens moral ordinaire lui avait à jamais fait défaut ». Pour se défendre, il met sur le même pied l'extermination des Juifs à Auschwitz et les bombardements alliés des villes allemandes ; il tente de justifier ses actes par la nécessité d'obéir aux ordres. Sur ce point, Laurence Rees souligne que Höss ne s'est pas contenté de suivre aveuglément les ordres mais qu'il a fait preuve d'une grande ingéniosité pour augmenter les capacités d'extermination à Auschwitz ; il relève également que lorsque Rudolf Höss n'était pas d'accord avec Himmler, il ne manquait pas de le lui faire savoir : « Contrairement à ceux qui commirent des crimes sous Staline, Höss ne devait jamais agir par crainte d'un terrible châtiment s'il contestait un ordre. Il avait rejoint la SS parce qu'il adhérait profondément à la vision générale des nazis ».

Condamné à mort, il est exécuté par pendaison le ,, près du crématorium du camp d'Auschwitz I et de la maison qu'il a occupée avec sa famille durant toutes les années où il dirigeait le camp. Selon Laurence Rees, son exécution est reportée d'un jour en raison de la présence d'une foule de plusieurs milliers de personnes, pour la plupart d'anciens détenus, qui fait craindre des incidents aux autorités polonaises ; l'exécution a lieu devant une poignée de témoins et Höss monte sur le gibet sans prononcer un mot.

En , le Tribunal suprême de Pologne juge quarante officiers et gardiens du camp : 23 d'entre eux sont condamnés à mort dont Arthur Liebehenschel et Hans Aumeier.

Le procès de Höss est notamment suivi, près de vingt ans plus tard, par le « procès d'Auschwitz », qui se tient à Francfort de à  : sur les 22 accusés, 17 sont condamnés, dont seulement 6 à la peine maximale, la prison à vie ; près de 85 % des SS qui servirent à Auschwitz et survécurent à la guerre n'ont jamais été condamnés.

Aspects psychologiques

Lors du procès de Nuremberg, l'un des psychiatres américains, Leon Goldensohn, a de fréquents entretiens avec Höss dont il cherche à établir le profil psychologique. Lorsque Goldensohn pose à Höss une question directe sur son éventuel sentiment de culpabilité, il reçoit comme réponse : « maintenant il [Höss] se rend compte que ce n'était pas bien », et « que jusqu'à la capitulation il avait cru avoir exécuté les ordres correctement [...] Mais que, après la capitulation, il en est arrivé à la conclusion que l'extermination des Juifs n'était pas telle que l'on lui avait dit et, qu'aujourd'hui, il se sent aussi coupable que tous les autres ». Höss poursuit en ajoutant qu'« il y en a d'autres plus coupables que moi, en particulier ceux qui m'ont donné les ordres, qui n'étaient pas les bons ». Quand le psychiatre cherche à savoir si Höss se voit comme un dur et un sadique, il répond qu'il est « devenu dur quand il a exécuté de tels ordres » et qu'il n'a jamais « fait preuve de tendresse, qu'il s'agisse d'abattre des gens ou de les tuer dans des chambres à gaz ». Il ajoute qu'il n'a « jamais frappé aucun détenu et qu'il se débrouillait pour changer les gardes qui se montraient violents avec les prisonniers. »

Un autre membre de l'équipe américaine, le psychologue Gustave Gilbert, s'est également entretenu avec Höss durant le procès. Lors de l'un des entretiens de Gilbert avec Höss, celui-ci se décrit comme un homme « qui s'est toujours senti mieux seul, qui n'a jamais eu de relations amicales ni étroites avec quelqu'un, même dans sa jeunesse, qui n'a jamais eu d'ami et qui n'a jamais éprouvé le besoin d'avoir des amis. » Lorsque Gilbert veut savoir combien de déportés ont été tués à Auschwitz et comment il a procédé à leur extermination, Höss lui expose la façon de les gazer, « d'une façon terre à terre, d'une voix calme et apathique. » À la question sur l'ordre d'extermination donné par Himmler, Höss répond « que la pensée de refuser d'exécuter un ordre ne lui venait même pas », et que « Himmler l'avait ordonné et en avait même expliqué la nécessité, et qu'il ne s'est jamais vraiment demandé en somme si c'était mal, que cela lui semblait simplement une nécessité ». Gilbert en est finalement arrivé à la conclusion que Höss « donne l'impression générale d'un homme intellectuellement normal, mais avec une apathie de schizophrène, une insensibilité et un manque d'énergie que l'on ne pourrait guère trouver plus développés chez un franc psychopathe ».

Pour Primo Levi, Höss est « un homme vide, un idiot tranquille et empressé qui s'efforce d'accomplir avec le plus de soin possible les initiatives bestiales qu'on lui confie, et qui semble trouver dans cette obéissance un total assouvissement de ses doutes et de ses inquiétudes ».

Dans les dernières pages de son autobiographie, Höss réaffirme son attachement à la doctrine philosophique du national-socialisme, « seule appropriée à la nature du peuple allemand » et à la SS, « capable de ramener graduellement le peuple allemand tout entier à une vie conforme à sa nature ». Il termine son ouvrage en s'estimant incompris : « Que le grand public continue donc à me considérer comme une bête féroce, un sadique cruel, comme l'assassin de millions d'êtres humains : les masses ne sauraient se faire une autre idée de l'ancien commandant d'Auschwitz. Elles ne comprendront jamais que, moi aussi, j'avais un cœur... »

Autobiographie

« La lecture du livre de Höss provoque chaque fois en moi un fort malaise. [...] Dès que je lis ou recopie de telles phrases, je sens monter en moi quelque chose comme une nausée. Aucun des autres livres dont je parle ici ne me donne cette impression aussi fortement. À quoi est-elle due ? Sans doute à la conjonction de plusieurs facteurs : l'énormité du crime ; l'absence de véritables regrets de la part de l'auteur ; et tout ce par quoi il m'incite à m'identifier à lui et à partager sa manière de voir. […] En lisant, j'accepte de partager avec lui ce rôle de voyeur de la mort, et je m'en sens sali. »

— Tzvetan Todorov,

Au cours de sa détention à la prison de Cracovie et dans l'attente de son procès, Höss rédige une autobiographie, publiée en 1958 sous le titre Le commandant d'Auschwitz parle. Dans l'avertissement de l'édition française, le Comité international d'Auschwitz souligne que « conçu dans un but de justification personnelle, mais avec le souci d'atténuer la responsabilité de son auteur en colorant le mieux possible son comportement, celui de ses égaux et des grands chefs SS, ce document projette une lumière accablante sur la genèse et l'évolution de la solution finale et du système concentrationnaire ». Pour Pierre Vidal-Naquet, « Höss multiplie les détails autobiographiques, les petits faits vrais, les remarques personnelles, les commentaires politiques les plus variés (y compris une dénonciation des camps soviétiques), les accusations antisémites et anti-tsiganes. Il n'y a rien là qui sente le fabriqué et le dicté. [...] Le témoignage de Höss n'a évidemment d'intérêt que pour ce qu'il a vu. Il mérite naturellement aussi d'être critiqué ».

Dans sa préface à l'édition de 1995, la sociologue Geneviève Decrop estime qu'il s'agit d'un document capital pour de multiples raisons : la personnalité de son auteur, qui est un de ceux dont on a pu dire lors du procès de Nuremberg que Hitler aurait été inoffensif sans des exécutants aussi doués ; la sincérité de la confession de Höss, qui n'est contestée que par les négationnistes, et dont la plupart des éléments, à part quelques inexactitudes notamment sur les chiffres, ont été confirmés a posteriori par les historiens ; la clarté du texte et son caractère factuel, qui dépassent le vocabulaire codé employé par les nazis, à une époque où l'on savait très peu de choses sur la solution finale ; le caractère presque unique du témoignage ; la position de Höss, qui dispose d'un point de vue suffisamment large. Pour Annette Wieviorka, l'autobiographie de Höss « n'est pas seulement un témoignage d'une importance historique capitale pour comprendre quand, comment et pourquoi s'est effectué le choix d'Auschwitz comme lieu de la « Solution finale », et comment Höss la mit en œuvre à Birkenau, mais une plongée dans les profondeurs d'un homme ». Pour Primo Levi, qui préface l'édition italienne de 1985, il s'agit d'« un des livres les plus instructifs qui aient jamais été publiés, car il décrit avec précision un itinéraire humain qui est, à sa façon, exemplaire. »

Ce récit, comme les entretiens de Franz Stangl avec Gitta Sereny, présente une caractéristique frappante : « même lorsque les personnages concernés sont manifestement démunis de critère d'humanité qui pourrait être appliqué aux actes qu'ils ont commis, ils n'en sont pas moins extrêmement soucieux d'apparaître, non comme de « mauvais hommes », mais comme des personnes dont la force morale ne fut pas entamée par les situations pourtant extrêmes dans lesquelles s'inscrivait leur action »,.

Hannah Arendt, pointant une erreur à propos d'Adolf Eichmann, estime qu'il s'agit d'un témoignage douteux. Si Laurence Rees utilise fréquemment l'autobiographie de Höss comme source dans son ouvrage consacré à Auschwitz, il souligne également les difficultés soulevées par ce témoignage : « Non seulement il tend à se présenter en victime des exigences de Himmler et de l'incompétence de son équipe, mais les dates qu'il donne semblent aussi souvent peu fiables ». Jean-Claude Pressac est nettement plus critique : pointant les nombreuses erreurs de date et les exagérations concernant les chiffres des morts, il estime que « Höss, malgré son rôle dans la solution finale, ne peut plus être considéré actuellement comme un témoin fiable sur les dates et les chiffres ».

Imprécisions, contradictions et controverses

Les déclarations de Höss des 14 mars et , son témoignage lors du procès de Nuremberg et devant le Tribunal suprême de Pologne et son autobiographie contiennent des erreurs, imprécisions et contradictions qui ont suscité des controverses, essentiellement alimentées par les milieux négationnistes : « Ceux qui contestaient et contestent encore aujourd'hui son témoignage y ont un redoutable intérêt : ils ont fait de la négation du génocide et des chambres à gaz leur cause personnelle, qu'ils s'acharnent à hisser au rang de cause historique. On peut comprendre que le témoignage du commandant d'Auschwitz est un gros rocher dans leur jardin ».

Pour Jean-Claude Pressac, les aveux du 14 mars sont globalement justes, mais truffés d'exagérations imposées et d'erreurs volontaires : Höss espère que celles-ci seront remarquées lors du procès, ce qui lui donnerait la possibilité de les rectifier et d'atténuer son rôle. Le même auteur souligne que l'autobiographie est rédigée sans aucune documentation et que personne ne peut, à l'époque, contrôler son degré de véracité.

L'ordre de Himmler de juin 1941

Tant lors de son témoignage au procès de Nuremberg que dans son autobiographie, Höss affirme qu'il a reçu l'ordre de transformer Auschwitz en camp d'extermination dans le cadre de la solution finale lors d'un entretien avec Heinrich Himmler, dans le courant de l'été 1941, sans doute au mois de juin.

Aucun spécialiste de l'histoire de la Shoah ne retient cette date ; si Raul Hilberg estime que l'entretien s'est bien déroulé au cours de l'été 1941, vraisemblablement au cours du mois d'août, la majorité des auteurs sur le sujet estime qu'il a eu lieu plusieurs mois, voire près d'un an plus tard,. Höss déclare que Himmler a notamment choisi Auschwitz parce que les centres d'extermination déjà existants en zone orientale (Belzec, Sobibor et Treblinka) ne sont pas en mesure de mener jusqu'au bout les actions d'extermination prévues : or ces centres de mise à mort ne commencent à fonctionner qu'au cours de l'été 1942. La confusion de date est patente lors d'un des entretiens de Höss avec Leon Goldensohn : Höss décrit sa visite d'inspection à Treblinka, qu'il situe juste après son entretien avec Himmler et avant l'aménagement de chambres à gaz à Birkenau, dans d'anciennes fermes. Cette chronologie est impossible, le centre de mise à mort de Treblinka ne commençant ses activités qu'en .

Pour Laurence Rees, l'explication la plus probable est que Höss s'est laissé abuser par sa mémoire et que l'entretien qu'il mentionne a bien pu avoir lieu, mais au cours de l'été 1942 ; si Höss a bien rencontré Himmler en juin 1941, ce n'est pas pour recevoir des ordres relatifs à la « Solution finale », mais pour évoquer les plans d'expansion d'Auschwitz, notamment en lien avec le projet d'IG Farben. L'analyse la plus approfondie du témoignage de Höss confirme que celui-ci « télescope » les événements de 1941 et de 1942.

Le nombre des victimes

Lors de sa déposition au procès de Nuremberg, Höss estime le nombre de personnes assassinées à Auschwitz à 2 500 000. Signe de la confusion qui règne à l'époque sur le nombre des victimes, Leon Goldensohn demande à Höss si le chiffre ne doit pas être revu à la hausse, vers 3 000 000 ou 4 000 000 morts : Höss maintient son estimation, en précisant qu'il n'y avait pas d'archives ni de noms concernant les personnes gazées et que les chiffres ne sont que grossièrement estimés. À l'époque, le chiffre avancé par Höss n'est pas perçu comme une exagération, bien au contraire : les estimations effectuées par les autorités soviétiques en , qui évaluent le nombre de morts à Auschwitz à 4 000 000, sont généralement admises et restent en quelque sorte des « données canoniques » jusqu'à la fin des années 1970 ; les attendus du jugement du Tribunal suprême de Pologne reprennent le chiffre de 4 312 000 victimes.

L'estimation actuellement retenue par la plupart des historiens est 1 100 000 morts,, dont 1 000 000 de victimes juives,.

Selon Jean-Claude Pressac, le témoignage de Höss contient également une exagération en ce qui concerne le chiffre des cadavres incinérés à ciel ouvert, de fin septembre à fin , estimé par Höss à 100 000 et ramené par Pressac à la moitié de ce chiffre.

Les aveux

Il ne fait aucun doute que l'épouse de Höss n'a révélé la cachette de son mari au renseignement militaire britannique que sous la menace ; les mauvais traitements dont Höss fait l'objet lors de sa capture et de ses premiers jours de détention sont également établis. Lors de sa capture, il est si sévèrement battu que le médecin militaire présent lors de l'arrestation s'adresse au capitaine chargé de l'opération en s'écriant « Retenez-les si vous ne voulez pas rapporter un cadavre ! » ; pendant ses trois premiers jours de détention à Heide, il est privé de sommeil, des soldats munis de manches de hache ayant reçu pour consigne de le secouer au moindre signe de somnolence,. Si Höss affirme qu'après son transfert au centre de détention no 2 des criminels de guerre à Minden, il a subi un traitement encore plus brutal, sans donner de précision, cette assertion n'est confirmée par aucun autre témoignage. Par la suite, lors de sa détention à Nuremberg et à Cracovie, Höss est bien traité, à sa grande surprise,.

Les sévices subis par Höss servent d'argument au négationniste Robert Faurisson pour discréditer les confessions écrites de Höss des et , ses témoignages à Nuremberg et lors de son propre procès, et son autobiographie. Selon Faurisson, tous ces éléments auraient été obtenus sous la contrainte et la torture, ce qui remettrait en cause les aveux de Höss.

Laurence Rees n'exclut pas que les premiers aveux de Höss datés du aient pu être obtenus sous la contrainte, mais il souligne qu'ils ont été confirmés par la suite à plusieurs reprises, alors que Höss aurait pu les infirmer. Les affirmations de Faurisson sont également réfutées, point par point, par l’universitaire américain John C. Zimmerman : « Or les négationnistes ne révèlent jamais que si nous le savons [le fait que Höss a été sévèrement maltraité], c’est parce que Höss lui-même l’a écrit dans ses mémoires. S’il y avait eu une tentative de ses gardiens polonais pour falsifier ces mémoires ou pour faire mentir Höss, cette information ne serait jamais parue ».

Dans la culture

Dans la littérature

En 1952, paraît La mort est mon métier de Robert Merle. Ce roman est en bonne partie basé sur les entretiens de Rudolf Höss avec le psychologue américain Gustave Gilbert lors du procès de Nuremberg, dont le compte rendu semble à Robert Merle plus fiable que l'autobiographie de Höss : « Il y a une différence entre coucher sur le papier ses souvenirs en les arrangeant et être interrogé par un psychologue... » La première partie de l'ouvrage est une œuvre de fiction, une « re-création étoffée et imaginaire de la vie de Rudolf Höss [Rudolf Lang dans le roman], d'après le résumé de Gilbert » ; quant à la seconde partie, qui concerne Auschwitz, Merle estime avoir fait véritablement œuvre d'historien. L'ouvrage poursuit un objectif clairement défini dans la préface à l'édition de 1972 :

« Ce qui est affreux et nous donne de l'espèce humaine une opinion désolée, c'est que pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes. [...] Il y a eu sous le nazisme des centaines, des milliers de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs mérites portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'État. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux. »

Höss est également un personnage central du roman Le Choix de Sophie de William Styron, paru en 1979.

En 2006, dans son livre Les Bienveillantes, Jonathan Littell évoque à de nombreuses reprises la rencontre entre Rudolf Höss et le personnage principal de son roman, Maximilien Aue. À ce propos, Littell admet qu'il ne possède pas assez de recul par rapport aux mémoires de Höss.

Jürg Amann a publié en 2011 une mise en forme des notes de Höss.

Au cinéma

Rudolf Höss est interprété par Christian Friedel dans le film La Zone d'intérêt (2023) de Jonathan Glazer.

Notes et références

Notes

Références

Collection James Bond 007

Voir aussi

Bibliographie

Mémoires et témoignages

  • G. M. Gilbert, Le Journal de Nuremberg, Paris, Flammarion, , 443 p.
  • Leon Goldensohn, Les entretiens de Nuremberg, Paris, Flammarion, coll. « Champs Histoire », , 792 p. (ISBN 978-2-08-122480-3).
  • Rudolf Höss, Le commandant d'Auschwitz parle, Paris, Juliard, , traduit de l'allemand par Constantin de Grunwald.
    Réédition par La Découverte, 1995, et en 2005 avec des notes actualisées par Geneviève Decrop (ISBN 978-2-7071-4499-7).

Ouvrages historiques

  • David Cesarani (trad. de l'anglais), Adolf Eichmann, Paris, Tallandier, , 557 p. (ISBN 978-2-84734-484-4).
  • Saul Friedländer (trad. de l'anglais), Les Années d'extermination. L’Allemagne nazie et les Juifs. 1939-1945, Paris, Seuil, , 1028 p. (ISBN 978-2-02-020282-4).
  • Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d'Auschwitz. La machinerie du meurtre de masse., Paris, CNRS, (1re éd. 1993), 154 p. (ISBN 978-2-271-06537-7).
  • Laurence Rees (trad. de l'anglais), Auschwitz. Les nazis et la « Solution finale », Paris, Albin Michel, coll. « Le livre de poche », , 475 p. (ISBN 978-2-253-12096-4).
  • Tzvetan Todorov, Face à l'extrême, Paris, Seuil, coll. « Points. Essais », , 342 p. (ISBN 2-02-022222-1).
  • Annette Wieviorka, Auschwitz. La mémoire d'un lieu., Paris, Hachette, coll. « Pluriel », , 286 p. (ISBN 978-2-01-279302-6).
  • Annette Wieviorka, Le procès de Nuremberg, Paris, Liana Levi, coll. « Piccolo Histoire », , 313 p. (ISBN 2-86746-420-X).

Romans

  • (de) Jürg Amann, Der Kommandant : Monolog, Zurich, Arche-Literatur-Verlag, , 108 p. (ISBN 978-3-7160-2639-7).
  • (en) Martin Amis, The Zone of Interest, Jonathan Cape, (ISBN 978-0-385-35349-6).
  • Jonathan Littell, Les Bienveillantes, Paris, Gallimard, coll. « Folio », , 1401 p. (ISBN 978-2-07-035089-6).
  • Robert Merle, La mort est mon métier, Paris, Gallimard, coll. « Folio », , 370 p. (ISBN 978-2-07-036789-4).
  • William Styron (trad. Maurice Rambaud), Le Choix de Sophie, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », (OCLC 300045162).

Filmographie

  • 2018 : 1918-1939 : Les Rêves brisés de l'entre-deux-guerres, docu-fiction de Jan Peter et Frédéric Goupil, son rôle y est interprété par l'acteur Joel Basman.
  • 2023 : La Zone d'intérêt, film de Jonathan Glazer d'après le roman de Martin Amis

Articles connexes

  • Hanns Alexander

Liens externes

  • Ressource relative à l'audiovisuel :
    • IMDb
  • (en) Modern History Sourcebook: Rudolf Hoess, Commandant of Auschwitz: Testimony at Nuremberg, 1946
  • (en) Jewish Virtual Library: Rudolf Höss
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail du nazisme
  • Portail de la Shoah
  • Portail de la culture juive et du judaïsme
  • Portail du Bade-Wurtemberg

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Rudolf Höss by Wikipedia (Historical)


Louis Rees-Zammit


Louis Rees-Zammit


Louis Rees-Zammit, né le à Penarth (pays de Galles), est un joueur international gallois de rugby à XV qui joue au poste d'ailier.

Biographie

Jeunesse et formation

Ayant découvert le rugby jeune avec les Cardiff Blues, Louis Rees-Zammit est ensuite passé par le Hartpury College (en), dans le Gloucestershire, ce qui l'amène ensuite à l'Academy (centre de formation) du club de Gloucester Rugby.

Carrière professionnelle de rugby à XV

Rees-Zammit intègre l'équipe senior de Gloucester au cours de la saison 2018-2019, devenant le plus jeune joueur de Premiership du club. Il marque deux essais contre Worcester lors d'une victoire de 36-3 en et, plus tard le même mois, devient le premier joueur de 18 ans à marquer un triplé lors d'une défaite 33-26 contre Northampton,.

International avec les moins de 18 ans du pays de Galles, il a d'ores et déjà affirmé sa volonté de poursuivre sa carrière internationale avec la sélection galloise, bien qu'il soit aussi éligible pour l'équipe d'Angleterre du fait de sa résidence.

À l'occasion de la deuxième journée de la Coupe d'automne des nations, le , contre la Géorgie, il est titularisé pour la toute première fois, chez les seniors, par le sélectionneur gallois Wayne Pivac.

Ayant continué sa progression, en club comme en sélection, il s'impose comme un titulaire du pays de Galles pour l'édition 2021 du Tournoi des Six Nations,. Au sein d'un XV du Poireau qui ne fait pas partie des favoris après ses contre-performances lors de l'édition précédente, Rees-Zammit s'impose comme l'un des joueurs les plus en vue de son effectif, étant notamment élu meilleur joueur de la deuxième journée, puis auteur d'une passe décisive et un doublé, dont l'essai de la victoire contre l'Écosse,. Il marque en tout quatre essais lors des quatre premières journées, pour autant de victoires, qui mènent les gallois au titre, malgré une défaite contre la France lors de la dernière journée. Le jeune ailier se voit également nommé parmi les six candidats au titre de meilleur joueur du Tournoi, récompense qui est finalement attribuée à Hamish Watson.

Le , il est sélectionné par Warren Gatland pour la tournée des Lions Britanniques et irlandais en Afrique du Sud.

Reconversion vers le football américain

Le , il est annoncé qu'il arrête sa carrière de rugby à XV avec effet immédiat pour se lancer dans le football américain en rejoignant le NFL's International Player Pathway Program dans le but de rejoindre la National Football League, la principale compétition mondiale. Toutefois, il indique que son départ du rugby à XV n'est pas définitif. À l'issue de plusieurs semaines d'essai à travers le programme d'intégration, il signe un contrat avec la franchise des Chiefs de Kansas City, championne en titre, en vue de la pré-saison 2024 au poste de running back.

Notes et références

Liens externes

  • Ressources relatives au sport :
    • All.Rugby
    • ESPNscrum
    • European Professional Club Rugby
    • It's Rugby
    • Premiership Rugby
  • Portail du rugby à XV
  • Portail du pays de Galles

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Louis Rees-Zammit by Wikipedia (Historical)






Text submitted to CC-BY-SA license. Source: by Wikipedia (Historical)


Brawl Stars


Brawl Stars


Brawl Stars est un jeu vidéo de stratégie et de tir en arènes (type MOBA et battle royale) en free-to-play, développé et édité par le studio finlandais Supercell. Il sort en version bêta le sur iOS uniquement au Canada, puis en sur Android. En , Supercell annonce la fin de la bêta et la sortie globale officielle du jeu sur iOS et Android.

Système de jeu

Brawl Stars est un MOBA, c'est-à-dire une arène de bataille en ligne multijoueur, en vue de dessus en oblique, où les joueurs affrontent d'autres joueurs (JcJ) ou l'intelligence artificielle (JcE) dans plusieurs modes de jeu, seul ou en équipe de deux, trois ou cinq. Pour cela, le joueur incarne un personnage parmi les « brawlers » afin d'éliminer les adversaires. Chaque personnage possède des capacités spécifiques ainsi que ses propres forces et faiblesses. Il existe de nombreux modes de jeu. Par exemple, dans le mode razzia de gemmes, le but est de récupérer avec son équipe un total de dix gemmes, sachant que la mort d'un joueur entraîne la perte de ses pierres précieuses qui peuvent être récoltées par les adversaires.

Brawl Stars se joue à partir d'un affichage en mode paysage, tandis que le joueur utilise ses deux mains afin de manier son personnage : l'une pour déplacer le personnage et l'autre pour diriger ses attaques. Le jeu intègre aussi deux configurations de jeu : par défaut, le Tap, le joueur utilise une croix directionnelle virtuelle pour bouger le combattant puis glisse le doigt de son personnage à la cible pour attaquer ; autrement, le Stick, le déplacement du brawler s'effectue grâce à un joystick virtuel tandis qu'une attaque se produit par tapotement sur l'écran.

Brawl Pass

Brawl Stars comporte un système de passe de combat intitulé Brawl Pass. Il est introduit au cours d'une mise à jour en . Chaque saison du passe de combat dure environ deux mois. À la suite de l'achat du Brawl Pass avec des gemmes, le joueur peut obtenir des récompenses en progressant dans le jeu.

Néanmoins, à partir de , le système du Brawl Pass est réimaginé alors que chaque nouvelle saison dure désormais un mois. En effet, deux types de passes de combat sont implémentés que le joueur peut acquérir contre de l'argent réel par le biais d'un abonnement mensuel.

Développement

Brawl Stars est développé par la société informatique Supercell. C'est Jon Fronzas qui, en 2014, commence à travailler sur le projet qui avait pour but premier d'être une battle royale'. L'idée du combat en 3 contre 3 est arrivée après, lorsque les testeurs (membres de Supercell et leur entourage) ont critiqué le manque de complicité dans le jeu. Avant la sortie du titre, Supercell connaissait déjà une renommée mondiale grâce à la parution de nombreux jeux mobiles à succès tels que Clash of Clans, Boom Beach et Clash Royale.

Commercialisation

Le jeu est officiellement dévoilé le pendant l'Electronic Entertainment Expo. La version iOS de Brawl Stars sort le même jour en soft launch, seulement au Canada sur l'Apple Store, entre autres pour gérer le flux des joueurs sur les serveurs et comme test pour le studio avant une diffusion globale ou non du jeu. Il existe néanmoins des moyens légaux pour jouer depuis n'importe quelle localisation géographique. Par la suite, en , le jeu est publié dans d'autres pays comme en Irlande, au Danemark, en Malaisie et à Macao. En complément, la version Android du jeu est aussi lancé en soft launch via le Google Play.

Puis, en , la version officielle du jeu sort globalement dans le monde entier, notamment en France.

En , le jeu atteint le marché chinois dont la base de joueurs est très importante,.

En , Brawl Stars est retiré du Viet Nam, les joueurs ne pouvant ni le télécharger, ni avoir accès à son contenu pour ceux possédant le jeu.

À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en , le studio finlandais bloque l'accès de Brawl Stars aux joueurs en Russie et en Biélorussie (le pays soutenant l'invasion russe) à partir du mois d'.

Accueil

Critiques

  • Pocket Gamer :

Téléchargements et bénéfices

Le jeu reçoit l'attention des joueurs avant même sa sortie alors qu'au moins un million de préinscriptions sont effectuées sur Apple Store. À la suite de la première semaine du lancement de Brawl Stars au Canada en , il est l'un des dix jeux de l'Apple Store à engendrer la plus forte croissance de nouveaux joueurs.

Populaire, trois mois après sa sortie, le jeu est téléchargé par plus de 75 millions d'utilisateurs. Dans ce même intervalle de temps, et malgré son modèle économique en free-to-play (c'est-à-dire jouer gratuitement, sans avoir l'obligation de dépenser de l'argent réel), le jeu génère plus de 150 millions de dollars en raison des microtransactions intégrées qui permettent d'améliorer ou de débloquer les brawlers plus facilement et d'acheter des gemmes, de l'or, des points de pouvoir, etc.

Brawl Stars s'est beaucoup popularisé après sa globalisation, donnant accès au jeu sur tout type d'appareil mobile Android et iOS, et dans le monde entier.

En , après une année de commercialisation de la version officielle, le jeu génère plus de 422 millions de dollars. Les revenus sont principalement localisés en Corée du Sud (94 millions de dollars), puis aux États-Unis (73 millions de dollars) ainsi qu'en Allemagne (35 millions de dollars). Par ailleurs, l'Asie est la région du monde où le jeu engendre le plus de bénéfices avec une somme de 143 millions de dollars. La majorité des revenus proviennent de la boutique en ligne Google Play, le reste étant attribué aux utilisateurs de l'Apple Store. De plus, le jeu affiche globalement environ 140 millions de téléchargements, les trois premiers pays étant le Brésil (14 millions), puis les États-Unis (13 millions) et enfin la Russie (12 millions). De même, la version Android du jeu représente 75 % du total des téléchargements, le reste correspondant à la version iOS.

En 2020, le jeu dépasse le milliard de dollars de bénéfices, notamment grâce à son lancement en Chine.

Distinctions

Le jeu est nommé pour les prix « Mobile Game » et « EE Mobile Game Of The Year » lors de la 15e édition des British Academy Games Awards.

Collection James Bond 007

Notes et références

Liens externes

  • (en) Site officiel
  • Ressources relatives au jeu vidéo :
    • Internet Game Database
    • HowLongToBeat
    • VideoGameGeek
  • Ressource relative à l'audiovisuel :
    • IMDb
  • « Tous les Brawleurs de Brawl Stars », sur Brawlify (consulté le )
  • (en) Brawl Stars sur MobyGames
  • Portail du jeu vidéo
  • Portail de la Finlande

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Brawl Stars by Wikipedia (Historical)


Cerith Rees


Cerith Rees


Cerith Rees, né le à Carmarthen (Pays de Galles), est un joueur de rugby à XV gallois qui évolue au poste de demi d'ouverture.

Carrière

Palmarès

En club

  • Meilleur marqueur de Fédérale 1 : 2005

En équipe nationale

  • Équipe du pays de Galles A : 1 sélection en 2001 (Italie)
  • Équipe du pays de Galles -21 ans en 2000

Notes et références

Liens externes

  • Ressources relatives au sport :
    • European Professional Club Rugby
    • It's Rugby
    • United Rugby Championship
  • Portail du rugby à XV
  • Portail du pays de Galles

Collection James Bond 007


Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Cerith Rees by Wikipedia (Historical)


Albert Jan van Rees


Albert Jan van Rees


Albert Jan van Rees, né le à Oosterbeek, est un réalisateur et producteur néerlandais.

Filmographie

  • 2006 : Naakt : co-réalisé avec Diederik Ebbinge
  • 2012 : Sweet Love
  • 2015 : Bon Bini Holland
  • 2016 : Adios Amigos
  • 2018 : Doris

Notes et références

Liens externes

  • Ressource relative à l'audiovisuel :
    • IMDb
  • Portail du cinéma
  • Portail de la réalisation audiovisuelle

Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Albert Jan van Rees by Wikipedia (Historical)