La présente liste se propose de recenser les marquisats français authentiques d'Ancien Régime, créés par lettres patentes octroyées par un souverain et pour la plupart assis sur un fief. Les auteurs de la liste y ont ajouté les titres de marquis authentiques concédés au XIXe siècle, quoique les fiefs aient disparu, et qu'un grand nombre de majorats soient en réalité devenus financiers, et non plus terriens. Loin des prétentions mondaines, cette liste historique s'efforce de localiser précisément les fiefs, d'identifier les titulaires, de retrouver les Lettres patentes avec leurs références d'archives, et (dans la mesure du possible) d'indiquer le devenir du titre.
Sur la notion, lire l'article Marquisat.
Pour les titres attachés à d'anciennes marches médiévales, on se reportera aux articles :
Pour des biographies de personnalités ayant porté ce titre, voir les catégories : Marquis français (par siècle) et Marquise française.
Les principaux ouvrages qui en traitent sont d'abord, au XVIIIe siècle, les Tablettes historiques de Chasot de Nantigny, dont les précieuses notices, établies sur le dépouillement des registres des Cours judiciaires (sans toutefois couvrir toute la France, d'où des lacunes) ont servi aux Dictionnaires suivants, Moreri, Expilly ou La Chenaie-Desbois [LCB]. L'Histoire de la Maison de France... du Père Anselme [PA], quoique arrêtée aux duchés, donne d'utiles renseignements sur quantité de marquis, ainsi que d'Hozier (H), qui n'a publié que 700 familles (avec pièces justificatives).
Parmi les auteurs modernes, se remarquent Chaix d'Est-Ange (CEA, Dict. des familles françaises..., 1903-1923, arrêté à Gaullier) ; Henri Woelmont de Brumagne (+ 1931, W ou WB), qui a étudié près de 1160 familles marquisales dans ses Notices généalogiques ; et surtout Éric Thiou, Dictionnaire des Titres...sous l'Ancien Régime (2003), qui s'est appuyé sur les répertoires d'archives (mais encore lacunaires dans certaines régions), en localisant les fiefs et citant les cotes des enregistrements. Pour le XIXe siècle, les travaux de Révérend (RAE, TAP et RTC) font encore autorité. De nombreuses autres sources peuvent être utilisées en complément (voir la bibliographie in-fine). Le Grand Armorial de France de Jougla de Morenas est une vaste compilation, utile pour les généalogies, mais trop succinct et timide pour les titres ; il en omet beaucoup par crainte d'erreur sur leur authenticité.
Si le tableau est correctement rempli, les colonnes doivent permettre d'élaborer des statistiques utiles à l'histoire sociale : Outre le classement des noms de terres, celui des noms des familles, la localisation des titres par départements ou provinces, leurs dates, leur fréquence par règne ou par ministère, le pourcentage des enregistrements, leur durée d'existence (idéalement, le nombre de titulaires)... ; mais pour que ce classement fonctionne, il est essentiel de respecter les règles de tri.
On entend par titres authentiques les titres érigés par lettres patentes du Souverain (le Roi, ou l'Empereur Napoléon III, ou éventuellement un souverain étranger dont les terres sont devenues françaises), enregistrées ou publiées dans des formes régulières, c'est-à-dire auprès d'une cour de justice, de préférence souveraine (parlement, cour des comptes, etc.), ou même subalterne, ce qui leur confère un statut légal et permanent. Ces marquisats authentiques sont inscrits en gras. Le cas particulier des lettres non enregistrées est étudié ci-après.
Les patentes se différencient des simples brevets (comme celui de la marquise de Pompadour) et autres titres d'honneur, qui sont purement formels, le plus souvent viagers, n'ont pas besoin d'être vérifiés ou enregistrés, et qui par conséquent ne peuvent s'imposer aux justiciables concernés (parmi d'autres effets). Dans cette colonne, un lien sera fait avec un article spécifique sur le château, ou dédié au marquisat (histoire du domaine, liste des seigneurs, etc.), mais non avec la commune (placé en col. 3), Les références d'archives sont rappelées dans la dernière colonne (cf. Commentaires).
Certains fiefs ayant été érigés plusieurs fois pour diverses familles, ces confirmations peuvent recevoir un numéro d'ordre.
Les titres d'Ancien Régime étaient généralement attachés à un fief (en toute justice), constitué par l'union de 3 à 5 paroisses (indiquées en dernière colonne), parfois jusqu'à 12 ou davantage (alors reportées en note), avec indication de la province (colonne 2 : pour faciliter le tri, on fera référence à un des 33 gouvernements du royaume (+ le Comtat et la Savoie, unis postérieurement), non à des sous-ordres comme Albigeois, Bugey, etc.). En colonne 3 se trouve sa localisation actuelle (département-commune principale, lien avec cette commune). Il a existé, dès le règne de Louis XIV, des titres "en l'air", créés par lettres patentes "sans obligation de les affecter à aucune terre", mais ils sont rares, et Saint-Simon s'en indignait avec vigueur. Pour les majorats du XIXe, on s'efforcera de retrouver le lieu concerné, parfois très différent du fief d'Ancien Régime s'il s'agit de la confirmation d'un ancien titre, antérieur aux bouleversements de la Révolution.
Parfois, l'érection s'accompagnait d'un changement de nom (suivi par un *). Certaines communes ont pu garder ce nom (comme Villandry*, autrefois Colombières, ou Ormesson*, anciennement Amboile). Éric Thiou pense que 15,8 % des marquisats (environ 177) ont pu changer de nom.
Les titres qualifiés d'incertains, résultant peut-être d'une concession royale mais non-enregistrés, ne sont inscrits dans cette liste qu'à titre indicatif, sauf si les Lettres patentes sont publiées, ou les originales conservées en archives (cas de Kerjean, par exemple). En cas de doute, ces titres sont inscrits en caractères maigres. Différentes raisons pouvaient s'opposer à l'enregistrement, des jalousies, des querelles de voisinage, mais surtout l'absence de "clause dérogatoire" à l'édit de juillet 1566. Pour décourager les impétrants, de plus en plus nombreux, Charles IX avait prévu par cet édit (resté en vigueur jusqu'à la Révolution) que toute terre nouvellement titrée ferait retour à la couronne en cas d'absence d'héritier mâle ; mais il y fut rapidement apporté des clauses dérogatoires. Si le titulaire n'obtenait pas de dérogation à cette condition (lorsque le Roi ne l'en jugeait pas digne, ou bien voulait l'encourager à mieux faire, ou à se convertir s'il était protestant), il s'abstenait généralement de faire enregistrer ses patentes, si dangereuses pour sa descendance féminine, et au bout d'un an celles-ci devenaient lettres mortes, de sorte que le titre restait viager et non héréditaire. Toutefois, la justice du lieu pouvait continuer d'être exercée par un seul tribunal, ce qui peut donner l'illusion d'un titre authentique.
La date est celle des lettres patentes, généralement sans quantième du mois, sauf quelques titres étrangers devenus français (en Flandres, Franche-Comté, Lorraine, Comtat Venaissin, Savoie...) et les titres du XIXe siècle. Pour des raisons de tri, on inscrira d'abord l'année puis le mois. La date d'enregistrement (qui était la plus importante au regard de l'ancien droit) figure en dernière colonne (7 - Commentaires). Les titres qui ne sont datés que par une année, voire un règne, sans mention d'enregistrement, doivent être considérés comme incertains, voire suspects. Cependant, si Éric Thiou donne 707 références d'archives pour 1782 terres érigées (tous titres confondus), les dépouillements qu'il a consulté ne concernent qu'un tiers des registres existants. Quelques titres, mentionnés par lui sans date ni titulaire, se sont ainsi révélés authentiques, avec des lettres enregistrées (notamment en Flandre et Artois), c'est pourquoi ils ont tous été conservés.
Pour des raisons de tri, la particule est rejetée à la fin, entre parenthèses. Des liens sont faits avec des articles généalogiques ou historiques sur Wikipedia. Les titres sont essentiellement masculins, mais on connait une vingtaine de marquisats dévolus à des femmes. Ce sont, soit des princesses, soit des héritières (veuves ou filles) dont on veut favoriser la succession, soit encore quelques maîtresses royales (mais elles ne sont pas les plus nombreuses).
Il a existé, entre 1506 et 1566, de rares marquisats perpétuels, érigés comme des titres d'ancienneté attachés à la terre (cas de Trans). Mais depuis lors, le titre, devenu patrimonial, s'éteint à l'extinction de la branche issue du premier titré, et la terre "retourne à son premier état". En principe, et sauf disposition contraire des lettres patentes, un titre n'est en effet dévolu qu'à l'ainé de la descendance mâle, agnatique, naturelle et légitime du premier titré.
Pour qu'un titre puisse se transmettre à une ligne collatérale, il faut que celle-ci descende légitimement du premier titré, et qu'elle entre effectivement en possession de l'intégralité du fief titré, par héritage ou autrement (toutefois, depuis la Révolution et la restauration des titres en 1814, cette dernière condition semble caduque, tous les titres étant devenus "en l'air", sauf constitution d'un majorat). C'est ainsi qu'il faut comprendre l'adresse "au [titulaire], ses hoirs et ayant-cause". En cas de succession féminine, le titre ne se transmet pas automatiquement au mari de l'héritière du fief, même si quelques patentes semblent autoriser une succession à tous les hoirs "tant mâle que femelle" (transmission féminine), Le règlement sur les duchés et pairies de mai 1711 (articles IV et V), extensible à toute la titulature, décide qu'une telle transmission ne pourra avoir lieu qu'une seule fois et avec l'agrément du Roi. Hors ces circonstances, un titre ne peut se transmettre par testament. Au XIXe siècle, il arrive que les lettres patentes prévoient une possibilité de transmission par adoption.
La substitution, disposition féodale de l'ancien régime qui permet de conserver un fief dans une même famille en cas d'extinction d'un rameau ou de vente, assure la transmission du domaine entre diverses branches, mais pas nécessairement celle du titre, qui demande une confirmation du souverain.
Un marquisat peut également s'éteindre par vente ou démembrement. Le titre n'était pas transféré à l'acquéreur lors de la vente du fief, sans confirmation par de nouvelles lettres patentes délivrées par le Roi. Par courtoisie, l'ancien possesseur conserve souvent l'usage du titre sa vie durant ; parfois, il peut même obtenir de transférer son titre sur une autre terre (cas des Chaumejean, marquis de Fourilles, par exemple, ou transport du nom de Craon en faveur des Beauvau). Le nouvel acquéreur n'est qualifié que de "seigneur du marquisat". Généralement (et sauf en cas de démembrement), la justice continue d'être exercée en un seul lieu, et les aveux rendus à une seule foi et hommage, même si le titre est réputé éteint.
Des démembrements formels ont existé, qui compliquent la tache du chercheur. Certains marquis avaient pris l'habitude d'énumérer dans leur titulature toutes les terres composant leur marquisat, et les fils cadets pouvaient en prendre le nom pour se distinguer, multipliant ainsi les titres fictifs. Ainsi les marquisats de La Villeneuve-au-Comte et Nedde n'en sont qu'un (voir Nedde), et celui de Lostange (pour le même titulaire) est incertain.
La date d'extinction légale est souvent difficile à déterminer. Un marquisat peut avoir été vendu ou partagé subrepticement, ou un titre repris indûment par une branche cadette ne descendant pas du premier marquis, mais d'un frère ou cousin de celui-ci ; à l'inverse, une transmission féminine ou par adoption peut avoir été prévue. Il faut donc connaître -1) l'histoire du domaine ; -2) les règles de transmission exactes inscrites dans les patentes ; -3) la généalogie détaillée de chaque famille. Ces conditions sont loin d'être réunies pour tous les titres étudiés. Par exemple, le marquisat de Cépoy (1748) passe pour avoir eu 8 titulaires (famille Bouvier de Lamotte) et s'être éteint en 1918, mais un érudit local nous apprend qu'il a été vendu vers 1775 par la veuve du second marquis durant la minorité de son fils (3è marquis) ; les 5 derniers titrés sont donc "de courtoisie". L'indication "existe" signifie que le titre est actuellement porté, mais pas nécessairement par une dévolution authentique et conforme aux dispositions des patentes.
Pour les marquisats subsistants, voyez la liste suivante :
Fiefs concernés, nom du titulaire (lien avec le personnage) : on peut mentionner sa principale fonction (d'épée ou de robe, intendant, ministre, etc.) mais non une biographie complète (il vaut mieux lui créer une page dédiée) ; dates d'enregistrement, références d'archives (principales abréviations : P, Parlement ; PP, Parlement de Paris ; CC, Chambre des Comptes ; CCP, Cour des Comptes de Paris ; CA, Cour des Aides ; CS, Conseil Supérieur) ou cour ordinaire (BF, Bureau des Finances ; bage, greffe de bailliage).
Cette liste est principalement informative, elle n'a pas de prétention littéraire et n'est pas destinée à la publication. Le strict respect des conventions éditoriales entraînerait une augmentation de près de la moitié de la longueur de cette liste. Il est fait une entorse à la règle de Wikipedia concernant les références (rejet en note), parce que leur abondance est telle (plusieurs milliers) qu'elle risquerait de rendre les renvois impraticables. Par ailleurs, les règles de l'Académie concernant les abréviations ou les majuscules ne sont pas obligatoirement suivies. Les capitales servent ici à distinguer tous les mots importants (titres de noblesse, fonctions éminentes, cours judiciaires, lettres patentes, etc.)
Les titres de courtoisie, ne doivent pas figurer dans cette liste. Dès l'époque de Louis XIV, on constate que les lieutenants-généraux et la plupart des lieutenants des Maréchaux de France (appelés à juger des différents d'honneur entre nobles) prennent la qualité de marquis : c'étaient des titres honorifiques et viagers, tolérés par l'usage mais en principe personnels et non transmissibles. À la fin du XVIIIe siècle, les titres pris ou portés à l'occasion des Honneurs de la Cour sont du même ordre, et doivent être considérés comme seulement viagers (ou à brevet) s'ils ne correspondent pas à un titre légalement constaté, quand bien même ces Honneurs sont réservés à l'élite de la noblesse française.
La noblesse pontificale n'est admise qu'antérieurement à la Révolution, les Papes étant alors souverains du Comtat Venaissin et d'Avignon : ils auraient créé 26 titres de marquis héréditaire sur leurs terres. Les titres postérieurs, issus d'un souverain étranger, sont exclus.
À la fin de l'Ancien Régime, la plupart des familles nobles - ou prétendues telles - ayant une certaine surface mondaine portaient un titre de courtoisie de comte ou de marquis, indûment repris ou inventé. Faute de recensement officiel, il n'y a pas de frontière claire entre les titres inachevés (non enregistrés), ceux dits de courtoisie, et les titres de pure fantaisie qui fleurissent à toutes les époques, y compris de nos jours.
La monarchie n'ayant jamais publié de liste officielle des titres français, de nombreuses initiatives privées ont cherché à y remédier (depuis le Père Anselme (1726) jusqu'au Dictionnaire d'Éric Thiou (2003), en passant par les indispensables Révérend et Woelmont de Brumagne). On distingue 1) les listes générales (y compris des ouvrages de généalogie), présentées dans l'ordre chronologique inversé, 2) les ouvrages de géographie historique, et 3) les ouvrages d'ordre local (par provinces, à l'exception des travaux consacrés à une seule famille, qui se trouvent en Notes).
Les sigles [entre crochets] sont ceux utilisés par le Répertoire des généalogies françaises imprimées du Col. Arnaud (vol. 3, 1982) qui fait autorité. Ref. à Gaston Saffroy, Bibliographie généalogique... (to 3, 1974), et Bibliographie des Almanachs et Annuaires... (1959).
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